Une Ténébreuse Affaire,
Honoré de Balzac
Voici ma re-connexion avec
Balzac, dont j'avais lu les classiques (Grandet, Goriot, Chabert) au temps du collège, il y a des années lumière.
J'ai choisi, je pense, un de ses livres les plus difficiles avec cette Ténébreuse Affaire.
J'avoue être presque passé à côté car c'est une lecture complexe, en tout cas, avec un niveau auquel je ne m'attendais pas. Mais sans que ce soit un rendez-vous manqué pour autant.
L'action se déroule lors d'une des périodes les plus ambiguës de l'histoire de France, c'est à dire les années post Révolution où trois partis s'entremêlent et se déchirent. Royalistes, Jacobins et Bonapartistes.
A Arcis-sur-Aube, en Champagne, le fermier-régisseur et jacobin Michu protège les biens des anciens maîtres, les Simeuse, de noble extraction et émigrés après l'exécution de Louis XVI. Quand les neveux Simeuse regagnent clandestinement la France, Michu les cache et les préserve des représailles du préfet de Police Fouché. Ils s'y allient aux frères de Hauteserre, autre famille royaliste de ces même contrées et proche des Simeuse. Ensemble, ils ourdissent un complot contre
Bonaparte, qui doit aboutir à un attentat sur la personne de celui qui n'est pas encore l'Empereur. le tout est financé et soutenu par la noblesse émigrée à l'étranger...
Fouché dépêche deux de ses meilleurs policiers parisiens, Corentin et Peyrade, afin de déjouer ce complot.
Ils finiront tous au tribunal et j'arrête ici mon résumé... car ce serait un condensé d'une intrigue déjà très imbriquée de politique, de manigances politiciennes de la part de l'âme corrompue et vénale qu'est
Joseph Fouché... , donc plutôt difficile à démêler et je ne veux pas être assommant avec ma chronique.
J'évoquerai quand même brièvement ce merveilleux personnage qu'est Laurence de Hauteserre, ardente royaliste qui brave l'autorité républicaine venue fustiger les spectres royalistes en Champagne. Elle a vu sa famille rudoyée et tourmentée en 93 et elle entretient une haine tenace à l'égard des tourmenteurs . Elle est jolie, a le verbe facile, c'est un de ces caractères dont le romantisme du XIXe est si prodigue. Elle finit par céder à l'admiration pour
Bonaparte, victorieux à Iéna, bataille à laquelle Laurence assiste.
Balzac lui-même semble tiraillé entre les camps royalistes et bonapartistes (donc jacobins par héritance). Plutôt royaliste par conviction,
Balzac ne peut empêcher sa passion pour le personnage
Bonaparte, ô combien Balzacien car pétri d'un destin, et quel destin.
Voilà, cette lecture fut un petit combat car elle ne laisse même pas une demie page de répit entre le style riche
De Balzac, l'intrigue politique et historique, les nombreux personnages.
Mais je sais qu''il s'agit d'un des plus exigeants
De Balzac, donc ma poursuite avec l'auteur sera plus aisée.
En conclusion, je cite cette phrase de Michu, dite au policier Corentin : « J'aimerais mieux avoir cent fois le cou coupé, si l'on pouvait couper cent fois le cou d'un homme, que de me trouver d'intelligence avec un drôle tel que toi ». Une phrase comme un couperet.
En relisant ma chronique, non seulement je pense avoir lu un
Balzac très difficile, mais, là, c'est une certitude. Mais sublime.