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Comme tous les matins depuis une vingtaine d'années, Dolorès Driscoll conduit le car scolaire. Un froid pourtant glacial ne l'empêche guère de démarrer. La neige n'est attendue que pour plus tard. de multiples arrêts ponctuent son parcours. Les enfants se bousculent à l'intérieur pour se protéger du froid. Rien ne présageait ce terrible accident. Sur la route, elle croit apercevoir comme le fantôme d'un chien. Quelque chose de couleur brun roussâtre. Était-ce un chien ou un chevreuil ou une vision d'optique ? Dolorès n'est sûre de rien. Pour l'éviter, elle braque le volant à droite en écrasant du pied la pédale de frein. L'inévitable se produit. le village de Sam Dent compte ses morts, 14 enfants, et les pleure.

Un tragique accident de car de ramassage scolaire va anéantir ce village de Sam Dent. Que ce soit ces parents endeuillés qui ont perdu leur enfant, parfois deux ou trois ; Dolorès, la conductrice qui se sent responsable ou encore les enfants qui ont eu la chance de s'en sortir, certains avec de graves séquelles. L'on cherche un coupable, et cet avocat venu tout droit de New-York compte bien en trouver et amener l'affaire devant les tribunaux. Russell Banks donne la voix à Dolorès, à Billy Ansel, un papa déjà anéanti par le décès de sa femme et qui a perdu ses deux enfants, Mitchell Stephens, l'avocat qui tente de rallier ces parents et enfin Nicole Burnell, une jeune fille promise à une bel avenir et qui en ressortira en chaise roulante. L'on entre alors dans la peau de chacun, l'auteur s'attardant judicieusement sur leur passé et décrivant leurs doutes et leurs failles, et l'on vit ce drame de différents points de vue. Dans cette Amérique profonde, au coeur de cette population frustrée et blessée, l'ambiance se veut parfois lourde, pesante et tragique. Porté par une écriture riche, déchirante et envoûtante, ce roman captive tout autant qu'il étreint.

A noter que ce roman a été adapté au théâtre et au cinéma par Atom Egoyan en 1997 et a obtenu le Grand Prix du jury au festival de Cannes cette même année.

La promesse de beaux lendemains...
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Il est des livres dont vous savez qu'ils vous accrocheront, vous emmèneront et vous nourriront: C'est le cas de ces Beaux lendemains de Russel Banks.
J'avais vu l'adaptation cinématographique d'Atom Egoyan, inoubliable et inoubliée d 'Horusfonck... le livre, trouvé en fin d'année dernière, était donc une évidente priorité de lecture pour moi.
Comme j'ai gardé très peu d'images du film en mémoire, je me suis reconstruit le paysage du drame, complétement.
Que faire, et comment retrouver une vie, après le décès tragique de quatorze enfants de la ville de Sam Dent? Est-ce seulement possible?
Qui ou que va-t-il falloir sacrifier?
C'est par les récits de quatre personnages, que Russel Banks va offrir au lecteur une réponse intrigante et qui laissera dubitatif plus d'un lecteur !
L'auteur nous donne à voir les deuils impossibles et la colère qui ne sait qui attraper, qui rendre responsable.
Il visite les âmes droites et les consciences noires ou salies. Il creuse les caractères, les alibis et les culpabilités de chacun, leurs vies d'avant l'accident.
L'avocat de New-York, empli de sa colère-propre et fort de son expérience, parviendra-t-il à rassembler les parents des jeunes victimes pour faire payer les supposés responsables ?
Nicole, désormais clouée dans son fauteuil roulant, témoignera-t-elle ?
À la fin du livre, tout sera dit et l'on mesurera la profondeur et l'intelligence d'un roman d'exception.
Merci à vous, Russel Banks, pour cette magistrale visite.
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Superbe ! du roman américain pur et dur, aux relances narratives bien dosées et aux personnages grandioses. Ce ne sont d'ailleurs presque plus des personnages, des scans cérébraux en polyphonie, un concert d'âmes écorchées avec leurs histoires et leurs manières d'aborder la vie dans ce patelin de Sam Dent, où la mort rôde, et s'invite dans la sortie de route d'un bus scolaire. Mais c'est aussi une immersion dans les années 90, à une époque où on s'étonnait encore de l'envahissement des avocats, et une visite des États-Unis sur les pas de ses fantômes.
Sam Dent, État de New-York, 90's : « C'est un paysage qui vous domine, qui vous dit : Assis, bonhomme, ici c'est moi qui commande. » Pas totalement convaincu par contre que ce soit le paysage seul qui commande par ici.... Une petite projection dans cette formule Mr Banks ? En tout cas c'était ma deuxième avec cet auteur, et de beaux lendemains de lecteur, j'ai l'impression qu'il m'en reste.

(Merci Onee pour le conseil :-)
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Un accident de car, tuant 14 enfants, bouleverse la vie d'un petit village….

D'un fait divers dramatique, Russel Banks tire un roman poignant en donnant la parole à 4 différents protagonistes du drame révélant les secrets et les faiblesses des uns et des autres, analysant le poids de la culpabilité et de la solitude sur chacun, avec des questions en filigrane : Pourquoi tous ces enfants sont-ils morts ? Qui est responsable ? Comment surmonter la perte d'un enfant ? Est-il possible de continuer à vivre après une telle tragédie ?

La force de ce roman est donc l'analyse d'un même événement à la différence d'une succession de points de vue, parfois concordants, parfois contradictoires. Ainsi, on entre véritablement dans la peau des personnages (très bien décrits), on comprend leurs souffrances et leurs angoisses, souvent à la lumière de leur vie passée qui surgit dans le récit par le biais de flashback.

Outre les témoignages, c'est également un portrait de toute une société américaine qui est brossé à travers les intentions des uns et des autres face à l'éventuel procès, ou à travers leurs réactions à l'absence. Aux Etats-Unis, plus qu'en France, tout est prétexte à faire un procès.

L'histoire a pour fond l' Amérique profonde, sombre, décadente, vidée de ses rêves, pleine de frustrations. L'auteur rend bien l'atmosphère lourde (la brume, la neige et le froid sont omniprésents) qui règne sur le village perdu dans le Parc des Adirondacks, superbe d'isolement, « un paysage qui vous domine ».

Ce roman, parfaitement mené, est très humain et aucunement larmoyant. C'est magnifiquement écrit, avec détachement, laissant aux lecteurs le soin d'appréhender cette situation comme il l'entend.
C'est beau, c'est simple, c'est court.

Très bon livre, excellent auteur. A lire !!!


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De nombreux enfants d'une petite ville l'état de New York ont péri dans un terrible accident de car scolaire. C'est l'hiver, froid, verglas, isolement.
Russell Banks a choisi de relater ce drame via le regard de quatre narrateurs différents : Dolorès, la conductrice du bus, Bill, un veuf qui a assisté à l'accident au cours duquel ses enfants ont perdu la vie, Nicole, une jolie fille qui se retrouve handicapée et enfin un avocat qui propose ses services pour entamer une procédure judiciaire.
Les personnages nous livrent leur version des faits, leurs émotions, leur souffrance, leur désespoir face à cette tragédie qui a fait basculer leur vie.
L'auteur, avec son talent indéniable, nous emmène dans une relation intime et intense avec les personnages. Des descriptions ciselées et puissantes. Une atmosphère parfois pesante. Un beau roman écrit avec simplicité et efficacité.






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Quelque part sur la "diagonale du vide" américaine, un car de ramassage scolaire quitte la route et plonge dans l'eau glacée, dont une quinzaine d'enfants ne sortiront pas.

Une tragédie qui, évoquée du point de vue de trois protagonistes et de celui d'un avocat, en révèle une autre : celle d'une Amérique à la dérive sous des apparences respectables, de laissés pour compte et de destins brisés, de fêlures inguérissables et de rancoeurs tenaces, de postures sociales convenues cohabitant avec des comportements abjects.

Fil rouge voire personnage à part entière de ce roman: la route qui traverse la bourgade dans laquelle plus aucun voyageur ne s'arrête, ses snack bar graisseux et son motel en fin de vie qui la bordent, et sa descente en ligne droite vers le bourg, lieu de l'accident.

"De beaux lendemains" est un roman choral sans concession, pathétique mais sans pathos car cynique, coléreux, sec, qui m'a permis de découvrir en Russel Banks l'un de ses peintres de l'envers du décor de l'American dream.J'y ai retrouvé quelques accents de Richard Russo, du Denis Lehane de "Mystic river".
Un auteur que je relirai avec plaisir.
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Sur la base d'un grave accident de car scolaire survenu dans un coin perdu aux fins fond des Etats Unis, l'état de New York en l'occurrence, Russel Banks va brosser un tableau édifiant des moeurs sociales et judiciaires américaines.
De condition modeste la communauté locale traumatisée par les conséquences humaines dramatiques de cet accident, les uns ayant perdus un voire plusieurs des leurs, les autres survivants mais broyés physiquement et psychologiquement par ses conséquences se trouvera désorientée par la douleur au point d'en perdre sa cohésion qu'une horde d'avocats à charge et à décharge ne manquera pas d'exploiter à des fins purement financières vu les sommes en jeux.
L'un de ces derniers un as du barreau doublé d'un « homme en colère » lui, aura à coeur de faire payer les responsables de cette tragédie. Il devra cependant en convaincre la communauté hésitante, celle-ci craignant en effet une retombée sur une des leurs qui pourrait faire office de bouc émissaire.
Il y parviendra mais faute de leur concours actif dans sa démarche, il restera désespérément solitaire dans son action.
En nous donnant lecture de son roman depuis les points de vue de quatre de ses personnages indépendamment les uns des autres Russel Banks use une fois de de son talent pour nous immerger et nous retenir dans une atmosphère pourtant pesante et dramatique.




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Etat de New-York, l'hiver, -27°, la neige et le verglas recouvrent les routes mais Dolorès Driscoll est habituée, depuis 20 ans, à conduire le car de ramassage scolaire et en a la maîtrise comme celle des enfants qu'elles transportent, elle les connait tous, eux et leurs familles, et pourtant, ce matin là, quatorze d'entre eux vont trouver la mort, parfois plusieurs d'une même famille. Pourquoi et qui est responsable ? La narration est donnée à quatre personnages concernés à divers degrés : la conductrice Dolorès est la première et par elle nous découvrons la ville, l'hiver et les familles au fur et à mesure que les enfants s'installent dans son véhicule. Puis Billy Ansel le père de deux enfants décédés, qui suivait le car et Nicole Burnell, une des occupantes du car,une survivante. Il y a également Mitchell Stephens, avocat, qui veut faire payer le ou les coupables parce que dans tout drame il faut un ou des responsables. Russell Banks donne la parole à chacun d'eux pour connaître non seulement leurs vies, celle d'avant car ce que l'on sait d'eux est peut-être bien différent de ce que l'on en dit et celle d'après le drame, avec leurs ressentiments, comment ils vivent désormais ou ce qui les anime.

Sam Dent est une petite bourgade où tout le monde se connaît, s'apprécie mais le drame va révéler, au-delà de l'impact sur les familles, ce qui se passe sous le voile des apparences : d'autres blessures, d'autres secrets, d'autres rancoeurs ou intérêts car bien au-delà d'un accident Russell Banks aborde, à travers ce prisme, la société américaine qui dissimule ses failles sous le voile des apparences.

Après la lecture de la réserve qui m'avait permis de découvrir Russell Banks et sa façon de sonder la psychologie de ses personnages, jouant déjà du trouble de certaines personnalités, on m'avait fortement conseillé la lecture de ce roman, adapté au cinéma par Atom Egoyan, et qui obtint le Grand Prix du Festival de Cannes en 1997 (que je n'ai pas vu). L'auteur se glisse dans chacun de ses personnages, avec logique, en partant de l'intérieur du car, puis du père qui le suivait, puis d'une des enfants pour finir par un élément extérieur au drame, mais qui va le prendre en charge au niveau juridique, adoptant et imprégnant son écriture de l'univers de chacun, avec des ruptures de to, en particulier dans la double prise de parole de Dolores Driscoll en début puis en fin de roman . Tous ont des blessures antérieures, aucun d'eux n'a été épargné dans sa vie et pourtant ils vont connaître une douleur encore plus forte : celle soit de perdre un ou des enfants, de se retrouver handicapée, de ressentir un sentiment d'impuissance, de fatalité ou de responsabilité dans l'accident mais aussi des désillusions face à une communauté qu'ils pensaient connaître.

La force de ce roman réside dans la tension installée, la manière dont les relations et sentiments de chacun vont prendre une autre dimension. On passe d'une bourgade tranquille, sans heurts à un climat de suspicion et d'interrogations. Les langues se délient, les attitudes changent, certains se noient dans leurs tristesses, d'autres vont trouver là l'occasion de régler des comptes et comme il faut toujours un responsable, qu'importe la responsabilité si cela permet d'assouvir une vengeance.

Russell Banks expose les faits, conduit le car jusqu'à sa chute puis laisse chacun exposé son ressenti, son vécu, ses convictions, sa détresse ou son ignorance mais c'est l'occasion pour l'auteur d'analyser les comportements et les revirements d'une société quand un tel drame surgit, en particulier au sein d'une petite communauté, avec la présence d'un avocat, lui-même touché dans sa vie personnelle par un enfant en difficulté, et qui permet de faire le lien entre les différents protagonistes mais également d'avoir le regard extérieur, sans affect et uniquement motivé par la réparation pécuniaire.

C'est glaçant, certes, par les faits, la perte d'enfants d'une même communauté, mais l'intérêt est surtout la manière dont chacun va réagir, faire front ou s'effondrer et remettre en question tout ce qui était les bases de sa vie d'avant. Une écriture qui tient à la fois à distance des faits parce qu'ils parlent d'eux-mêmes et qu'il est inutile d'en rajouter, s'orientant plus sur l'aspect psychologique et intime de chacun(e) des protagonistes, un style qui énonce, relate sans jamais s'apitoyer sur l'un ou l'autre, comme le constat de situations personnelles face à un drame qui touche dans ce que l'on a de plus cher, sans jugement sur les choix pris par chacun pour tenir, continuer ou trouver une issue, s'il en existe une, bonne ou mauvaise.

Décidément un auteur que j'aime.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Je n'ai lu qu'un roman de R. Banks mais celui-ci m'a semblé remarquable. Un accident de bus scolaire a fait quatorze victimes dans un village de l'Amérique profonde. Il faut absolument un coupable. Des avocats - même pas antipathiques ! - fondent sur le village comme des vautours, pour proposer leurs services aux parents de victimes. C'est la conductrice qui sera en ligne de mire des plaignants. Pourtant cette femme est présentée sous un jour favorable; mais une mécanique s'est mise en branle, impossible à arrêter. Les villageois sont individuellement attachants, pour la plupart, chacun avec leur personnalité; mais leur rancoeur les amène finalement à faire comme si un dédommagement financier était capable de supprimer leur chagrin. L'un des grands mérites de ce roman, à mon avis, c'est de mettre en évidence cette dérive de notre société, consistant à tout monnayer, même ce qui n'est pas monnayable. Malgré cet aspect très matérialiste, R. Banks donne toute sa place à l'humanité des protagonistes, et je trouve ça bien.
La forme du récit est aussi très intéressante. Quatre narrateurs successifs donnent leur version personnelle des faits. Il y a entre eux des convergences et des divergences, ce qui démontre la subjectivité de chacun. Je trouve que ce type de narration (souvent utilisé à tort et à travers par d'autres romanciers) se justifie pleinement ici. Que ce soit sur le fond ou sur la forme, "De beaux lendemains" est un beau livre En achevant ma lecture, j'étais à la fois admiratif et méditatif.
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"De beaux lendemains", titre étrange, énigmatique quand on connaît l'histoire.
USA, une petite ville de l'état de New-York où tout le monde se connaît, des habitants banals, des vies modestes, routinières, jusqu'au jour de l'accident. À partir de là, les choses changent inévitablement. Quatre voix vont se succéder, chacunes avec leurs nuances, leurs intérêts, leurs sentiments.
Le sujet est fort. Étrangement, je n'ai pas réussi à éprouver de l'empathie pour ces vies brisées, des personnages que j'ai observé à distance sans jamais véritablement entrer dans l'histoire, regardant ça d'en haut d'un regard détaché.
Sans doute cela est-il dû au style de l'auteur. Il nous évite les scènes larmoyantes, le pathos dont il aurait été facile de remplir des pages. L'écriture est recentrée, évoquant les faits et les à-côtés de la vie de chaque protagoniste.
C'est bien écrit, intéressant, mais terriblement lourd, pesant et glauque. Pas d'échappatoire, d'issue de secours pour espérer se relever, apercevoir la lumière, mais l'ensemble se tient, cohérent jusqu'au bout.
Bon livre mais je vous aurais averti si vous vous y aventurez.
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