Je connaissais
Alain Baraton de nom, parce qu'il est jardinier en chef du domaine de Trianon à Versailles. Je n'ai jamais, en revanche, écouté une de ses émissions sur France Inter, mais je vais réparer cet oubli dès que possible.
Alain Baraton a une passion pour les arbres. Depuis qu'il anime cette chronique à la radio, des tas de gens l'appellent pour lui signaler des abattages d'arbres, des destructions programmées, et autres outrages que les arbres subissent, particulièrement en ville. Nous voyons tous, sans nous en préoccuper davantage, des arbres prisonniers de long des avenues et des boulevards, aux branches tronquées, poussant au sein d'un petit cercle de fer servant la plupart du temps d'urinoir pour les chiens en promenade. Nous avons tous entendu au moins une fois l'histoire d'un arbre sacrifié parce qu'il faisait de l'ombre à une église, une nouvelle résidence, un parking…
Il y a une quinzaine de jours, je reçois un appel à pétition pour sauver le gingko biloba âgé d'une centaine d'années, planté près de la cathédrale du Mans. Comble de l'ironie, la mairie veut le faire abattre pour installer… un jardin !!
J'ai beaucoup apprécié non seulement l'humour d'
Alain Baraton mais aussi la pertinence de ses propos. Pour lui, l'arbre n'est pas qu'un « morceau de bois inerte » qu'on peut abattre et remplacer dans n'importe quelle circonstance. Bien souvent, ce sont les élus locaux qui prennent la décision d'abattre, et comme ils savent bien, dans la grosse majorité des cas, que les habitants sont attachés aux arbres, ils avancent souvent l'argument imparable : ils sont malades, donc ils sont dangereux pour la population. Je l'ai moi-même expérimenté dans ma zone rurale. A Moulins sur Allier, des platanes bordant une départementale ont été ciblés, à Cusset, la municipalité fait enlever 44 arbres, soi-disant malades, bref la liste est longue. L'élagage sévère est également un problème d'importance, et bien souvent, les arbres mutilés peinent à s'en remettre.
La vérité, c'est que plus personne n'éprouve de respect pour un arbre. Au mieux, il fait office de décor dans un jardin ou dans une rue, au pire, il embarrasse et gêne car il abrite des oiseaux qui ont l'audace de déféquer sur les voitures, il perd ses feuilles et risque de faire tomber des passants, ou il la bouche la vue imprenable sur le supermarché du coin.
C'est pourtant tellement beau un arbre ! Pourquoi serait-il plus juste de conserver une église qu'un chêne deux fois centenaire ? Pour
Alain Baraton, et je le rejoins dans ce constat, cette indifférence des gens provient essentiellement d'une méconnaissance complète du monde végétal. Combien d'entre nous savent vraiment comment pousse un arbre ? Quel est son mécanisme biologique ? Son rôle dans l'environnement, sa contribution à une meilleure qualité de vie ? Ne devrait-on pas enseigner cela dès l'école primaire ?
Enfin, pour terminer, sachez que cette haine de l'arbre n'est pas une fatalité car parfois, des citoyens, des collectifs ou des assos parviennent à faire stopper un projet néfaste aux arbres. N'oubliez pas que l'union fait la force.
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