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sur 1105 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Jules Barbey d'Aurevilly était un homme de paradoxes et de contradictions. A la fois catholique affirmé et dandy jouisseur, ses récits sont teintés d'une certaine ambivalence, partagés entre un certain moralisme religieux et une fascination pour le mal. C'est cette ambiguïté et cet attrait pour « le sublime de l'enfer » qui font le charme de ses récits en les empêchant de sombrer totalement dans le rigorisme moralisateur. Cette personnalité complexe n'est pas la seule qualité de l'auteur. Il faut reconnaitre que la langue est séduisante, Barbey d'Aurevilly écrit beau. Mais une belle plume ne suffit pas toujours. Je n'ai pas été entièrement séduite par ce recueil de nouvelles. « Les diaboliques » offre à la fois le pire et le meilleur.

La 1ère nouvelle, « le rideau cramoisi » fait indéniablement partie des réussites du recueil. Cette histoire est un petit bijou. L'intrigue, très bien menée, fait la part belle au mystère et à la sensualité. L'auteur joue sur une ambiance quasi gothique, à la lisière du surnaturel, où se mêlent joliment Eros et Thanatos. Classique, me direz-vous. Certes, mais quand c'est bien fait on ne boude pas son plaisir.

Sur le 2ème récit, intitulé « le plus bel amour de Don Juan », j'aurais bien du mal à émettre un jugement. En fait, j'ai complètement oublié cette nouvelle. Ce n'est qu'en tombant sur le sommaire à la fin de l'ouvrage que l'existence même de ce récit m'a été rappelée. Un texte totalement oublié quelques jours après sa lecture, ça n'est pas bon signe.

« le bonheur dans le crime » est l'autre perle des « diaboliques ». Cette nouvelle au titre digne du Marquis de Sade est savoureuse. La finesse des portraits psychologiques vient mettre en valeur une histoire bien menée. le récit est parcouru d'une jolie sensualité troublante dans l'évocation des amours des personnages. Enfin, la conclusion est assez osée. La morale n'est pas sauve, les amants criminels vivent heureux. Cette audace fait toute la saveur de cette nouvelle.

« le dessous de cartes d'une partie de whist » me laisse une impression plus mitigée. Si le fond de l'intrigue est intéressant et si les portraits psychologiques sont encore une fois assez subtils, cette nouvelle m'a parue très longue. L'auteur délaye, étire, allonge son récit d'une façon qui m'a semblé souvent artificielle. J'ai parfois eu l'impression que Barbey d'Aurevilly se regarde écrire et surtout je me suis ennuyée.

« A un diner d'athées » est la nouvelle qui me pose le plus de problèmes. Tout d'abord sur la forme. le récit est assommant durant les 50 premières pages. Dommage pour une nouvelle d'une soixantaine de pages. Il s'agit d'un dîner où se réunissent divers personnages, réputés pour leur conviction athéiste. L'un d'eux va raconter aux autres convives une anecdote horrible. Pendant 50 pages, l'auteur va dresser le portrait psychologique de ce narrateur. D'une part, il le fait d'une façon prodigieusement ennuyeuse (quel besoin de s'appesantir sur la généalogie et la carrière militaire de ce personnage?!) et d'autre part cela n'a pas grand intérêt puisque ce personnage n'est là que pour raconter. C'était long, mais long… Ajoutez à cela le regard accusateur et sans nuance que l'auteur porte sur les athées (en gros, c'est la lie de l'humanité, des gens sans aucun sens moral, qui se plaisent à se vautrer dans l'abject) agrémenté çà et là de quelques sorties antisémites et vous obtenez un texte insupportable. Ou plutôt qui le serait s'il ne se concluait pas par un dénouement hallucinant, une scène d'une violence inouïe qui réveille le lecteur en lui foutant une grande claque dans la gueule. Ce passage, s'il ne fait pas de ce « à un dîner d'athées » une bonne nouvelle, il fait regretter que Barbey d'Aurevilly ne se soit pas contenté de raconter simplement son histoire sans alourdir son récit de ses conceptions réductrices. Derrière l'auteur qui se regarde écrire, on sent qu'il y aurait pu avoir un grand écrivain d'horreur gothique s'il n'avait pas caché un talent de conteur derrière une écriture parfois prétentieuse.

Talent de conteur qu'on retrouve dans la dernière nouvelle « la vengeance d'une femme ». Dans ce très bon récit, rondement mené, l'auteur fait encore une fois preuve d'un talent certain pour décrire le sordide. Talent dans la description de ces horreurs mais aussi imagination et audace, qui culminent dans une scène atroce où Bien sûr on pourrait regretter la touche de misogynie qu'on sent poindre parfois, ici comme dans tous les récits du recueil d'ailleurs (la femme est par nature vénéneuse), mais il faut replacer l'oeuvre dans son époque, c'était là une conception largement répandue.

J'ai eu beaucoup de mal à venir à bout de ces textes. Une écriture dense, de nombreuses références culturelles et historiques rendent la lecture ardue. Je n'ai donc pas eu le courage de me plonger ensuite dans le dossier analytique qui venait compléter mon édition.

Une lecture en demi-teinte donc mais que je suis tout de même contente d'avoir faite. Tout d'abord pour ma culture générale, Barbey d'Aurevilly est un auteur qui a influencé nombre d'écrivains, je suis donc contente de l'avoir lu. Ensuite parce que certaines nouvelles étaient très réussies. Je pense que je lirai un jour « une vieille maîtresse », une autre de ses oeuvres cultes, mais ce sera certainement dans plusieurs années.
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Jules Barbey d'Aurevilly, je ne connais que de loin, cité lors des lointains cours de français. C'est à l'occasion d'une lecture commune que j'ai pu le découvrir. Les diaboliques c'est un recueil de six nouvelles. Six nouvelles assez dérangeantes...
Dans le rideau cramoisi, c'est un jeune militaire qui s'éprend de la jeune fille de ses hôtes mais il va se retrouver pris dans une situation quelque peu génante. L'auteur explore tout à tour, désir et désespoir du jeune homme mais le personnage au centre de la nouvelle est bien Alberte, qui devient la preuve d'une faute...
Dans le plus bel amour de Don Juan, on présente le compte de Ravila qui raconte la plus belle conquête. La chute est à la hauteur des attentes de ses convives mais des lecteurs ?
Dans le bonheur est dans le crime, l'auteur raconte la passion qui nait entre Mlle Hauteclaire Stassin et le comte de Savigny. Un amour tellement fort qu'il peut briser qu'il trouve entre eux...
Dans le dessous de cartes d'une partie de whist, on découvre des femmes et leurs petits et horribles secrets. Cette nouvelle met beaucoup de temps à se mettre en place et n'a pas plus éveillé mon intérêt que cela...
Dans A un diner d'athées, on raconte la rencontre de Mesnilgrand à l'église, que fait-il donc là ? Mesnilgrand parle de sa passion brève et secrète avec la femme de son major... L'auteur ne manque pas de qualificatifs pour évoquer la fausse pureté de la femme, le final est assez troublant...
Dans La vengeance d'une femme, une prostituée raconte son histoire assez troublante, un mariage de raison et un amour tué à la racine... très forte aussi dans sa narration, on sent toute la haine que celle-ci éprouve.
Contente d'avoir découvert l'auteur mais je ressors mitigée de cette lecture, l'introduction des nouvelles, pour arriver au coeur de l'histoire est très longue et lasse. Ce qui m'a amené à découper ma lecture des nouvelles par fragments. L'auteur ne semble pas avoir une image très flatteuse de la femme : tour à tour, allumeuse, vengeresse, facile, criminelle... diabolique. Oui j'ai aimé sa belle plume, même si elle a tendance à s'étendre un peu dans la description des différentes poupées gigognes qui entourent ses histoires, on s'ennuie avant d'arriver au coeur du sujet. Dommage aussi que la misogynie ressorte un peu trop à mon goût de ses nouvelles.
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Ces histoires à faire froid dans le dos, l'amante morte dans les bras du soldat, la fausse servante empoisonneuse, la marquise qui se fait putain, auraient pu fasciner. Elle l'auraient dû. Mais Barbey est trop bavard, il enrobe trop, il discute, il batoille, il décrit tout trop longuement pour ne pas ennuyer un lecteur de nouvelles habitué au vertige rapide et sans fioritures De Maupassant. Bref, le diabolique, chez Barbey devient barbant, anecdote, blabla de salon, morbide batifolage, que l'on lit avec intérêt mais sans frisson, tellement on s'est habitué au quotidien de l'horreur.
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Barbey d'Aurevilly est un auteur qui m'a tout d'abord attiré à cause de son nom. J'ai l'impression que même vers la fin du XIXe siècle, porter un nom pareil devait être quelque chose de rare. En tout cas, après lecture de sa biographie, ce nom correspondait bien au personnage, un dandy remarqué, nostalgique des temps bénis de l'aristocratie et fréquentant assidûment le grand monde de Paris. Pour découvrir son oeuvre, la logique m'a porté sur "Les Diaboliques", recueil de nouvelles qui provoqua un vent de panique dans une France enserrée par l'ordre moral des débuts de la Troisième République de Mac-Mahon.
Un auteur atypique qui se faisait tirer les oreilles par les saintes-nitouches ne pouvait que me plaire.
Pourtant, la lecture de ce recueil de six nouvelles (plus de 300 pages au total) m'a donné un tout autre visage que celui d'un auteur révolté. Barbey d'Aurevilly se révèle être un vrai réactionnaire. Cette nostalgie des grandeurs de la noblesse française le poursuit dans chaque histoire, et cette insistance devient assez lourde lorsqu'on arrive à la fin du recueil. On a envie de lui répondre : "Oui Barbey ! on a compris ! les aristocrates sont vraiment des gens formidables, une race d'exception, distingués, fins, subtils, de vrais hommes quoi, parce que le reste, la populace, la roture, on ne peut pas appeler cela des humains, des singes peut-être mais pas des humains. Oui Barbey ! Finalement l'Inquisition avait du bon parce qu'elle faisait courber l'échine à tous ces culs terreux qui n'avaient pas vraiment le droit de vivre. On a compris Barbey, on a compris, arrête-toi !" Je grossis un peu les traits de sa pensée ? Que nenni ! "Les Diaboliques", c'est l'apologie de l'Ancien régime.
Le thème commun aux six récits est la présence du Mal, du Diable dans le réel. Et ce Diable, s'en prend surtout aux femmes, sortes de sphinx, de femmes fatales transformées en superbes nymphomanes, le bon stéréotype du fantasme masculin en quelque sorte. Les hommes se pliant (ou plutôt profitant) aux (des) exigences de ces lionnes en furie. le choix des récits enchâssés donne de la véracité à ces histoires pourtant rocambolesques qui nous replongent en plein romantisme noir, du temps de Lord Byron ou Walter Scott, agrémenté d'une touche sadomasochiste façon marquis et, cela n'a rien à voir, d'une pointe De Balzac pour la qualité des descriptions et des peintures d'une ville de province (Valognes en Normandie). Enfin, comme les six nouvelles sont construites selon une structure commune, il est peut-être préférable de ne pas les lire d'un bloc, pour éviter l'effet de redondance.
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Le titre choisi par l'auteur est plutôt éloquent, et il suffit de lire ces quelques mots de sa préface pour ôter au potentiel lecteur le moindre doute : qu'il s'attende à lire des histoires tragiques.

Et en effet, il y a de quoi - sous réserve de n'être pas totalement blasé - frissonner. Voyez plutôt : meurtre, mutilation, vengeance destructrice, profanation des restes d'un enfant, ... Tout ou presque y passe. Nos diaboliques (des femmes, bien évidemment) attirent, fascinent, et terrorisent à la fois. Cela pour plusieurs raisons. La première parce que ces personnages se caractérisent par leur excès. Monstrueuses, ces femmes ne sont que démesures : plongeant dans le crime jusqu'au coup, elles atteignent finalement une forme de sublime. Inquiétantes et insaisissables, ce sont des hyperboles ambulantes. La seconde car l'intrigue n'est jamais complètement expliquée : ainsi, chacune des six histoires comporte des zones d'ombre. Et chaque femme étant décrite par des témoins extérieurs, il est finalement impossible au lecteur comme au narrateur de comprendre véritablement le fin mot de l'histoire. Afin d'entretenir ce lourd mystère qui plane d'un bout à l'autre du recueil, Barbey d'Aurevilly se plaît à répéter (à chaque nouvelle, ce qui en deviendrait presque lassant) que la femme qu'il nous décrit est un sphinx : incompréhensible, lointaine, elle est un modèle d'impassibilité. Vivantes énigmes, ces femmes se caractérisent également par des étrangetés, des anomalies, des incompatibilités physiques. Rosalba est une "Messaline-Vierge" (est-ce possible ? Messaline est tout de même le modèle type de la courtisane) tandis qu'Hauteclaire se caractérise par sa force et sa maculinité. le couple fusionnel qu'elle forme avec Savigny en va jusqu'à brouiller les déterminations sexuelles : "Chose étrange ! dans le rapprochement de ce beau couple, c'était la femme qui avait les muscles, et l'homme qui avait les nerfs !" Fascinantes et sublimes dans leur dépravation, les diaboliques apparaissent alors comme la preuve vivante qu'il existe quelque chose d'insaisissable qui nous échappe, et qui échappera toujours, malgré les progrès scientifiques ...


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Un préambule averti du procès intenté pour outrage à la morale publique, mais ce qui est accepté, toléré, à bien changé depuis 1874...
Ai-je été choquée? non. Ai-je été intriguée, gênée, déstabilisée par les nouvelles? oui, parfois.
Qu'est-ce que j'en retiens? Une sensation mal définie de malaise, de quelque chose qui ne s'emboite pas correctement.
Les nouvelles sont censées tourner autour de femmes, diaboliques, ou en tout cas loin d'être pures, mais elles sont parfois juste des femmes amoureuses, des femmes accusées, des enfants amoureuses... Les hommes y sont aussi coupables, souvent plus qu'elles, mais la parole leur appartient. L'Histoire est écrite, dit-on, par les vainqueurs. Au final, c'est ce que j'en conclus: les femmes sont dépossédées de leur parole, elle n'est, au mieux, que racontée par des hommes à des hommes.
Toujours un homme raconte à un autre, ou plusieurs (sauf lorsque Don Juan raconte à des femmes), une histoire où une femme est un des protagonistes principaux de ces contes licencieux, pervers, torturés.
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Rien à dire, ce dix-neuvième siècle contenait des auteurs au-x style-s épatant-s. Barbey en fait partie. Toutefois, je me suis assez ennuyé en lisant ces nouvelles, excepté à certains moments où il se passe enfin des choses au-delà des descriptions bien trop longues à mon goût. Mes contemporains ou mes cadets auront bien du mal à lire ceci, c'est trop long et lent et si il y a une certaine imagination, ils en auront déjà lu, vu, entendu du nettement plus puissant. Bref, cette oeuvre est historique, et a un intérêt et une place dans la littérature, toutefois je pense qu'elle n'a pas une puissance suffisante pour passionner les nouvelles générations... Contrairement aux Misérables de Hugo, par exemple...
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Un grand merci à ma copine de blog Rose Prune (encore !) pour ce joli cadeau reçu au cours de notre échange de colis. Barbey d'Aurevilly signe ici plusieurs nouvelles pour le moins originales, où les femmes exercent un pouvoir magnétique. Tour à tour manipulatrices, perfides, méprisantes, vengeresses ou encore froides et insoumises, ces femmes se montrent tout à la fois passionnées ou tout simplement amoureuses… le XIXème siècle. Des portraits féminins. Il n'en fallait pas moins pour me séduire ! Si j'ai grandement apprécié me plonger dans ces intrigues envoûtantes, je vous avoue avoir eu plus de mal avec l'écriture du grand Barbey d'Aurevilly. Si je reconnais qu'il est un très bon conteur, qu'il sait tenir en haleine, j'ai parfois ressenti une impression de trop : trop de descriptions qui traînent en longueur, trop de bavardages qui peuvent lasser. J'ai donc été charmée par les intrigues de ces nouvelles, par la beauté de certaines phrases, beaucoup moins par l'esprit « bavard » qui s'en dégage (mais ceci reste une affaire de goût avant tout).

Ce recueil comporte six nouvelles : le rideau cramoisi, le plus bel amour de Don Juan, le bonheur dans le crime, le dessous de cartes d'une partie de whist, À un dîner d'athées, La vengeance d'une femme.

Le rideau cramoisi

Lorsqu'un jeune lieutenant rencontre Albertine, la fille de ses logeurs, celui-ci n'a plus qu'une idée en tête : la séduire. Seulement la toute jeune femme se montre on ne peut plus déroutante. Ignorant totalement son prétendant le jour, ceci ne l'empêche nullement de le rejoindre dans sa chambre certaines nuits. Jusqu'à ce que le drame survienne… Étrangement, cette nouvelle reste ma préférée du recueil. Pour mes questionnements autour du comportement ambigu d'Albertine. Pour son atmosphère. Pour la chute si inattendue de l'intrigue, et le désarroi du narrateur. Une chose est sûre : elle aura réussi à marquer mon esprit.

Le bonheur dans le crime

Un zoo. Une femme et une panthère se font face. Curieusement, la plus humaine aura le dessus sur l'autre. Cette femme se nomme Hauteclaire. Lorsqu'elle rencontre le comte de Savigny, marié à la noble et languissante Delphine, c'est le coup de foudre ! Hauteclaire entreprend alors de se faire engager comme servante au château. le décès par empoisonnement de la maîtresse de maison, survenu peu de temps après, ne sera alors pas pour faire taire les mauvaises langues… Barbey d'Aurevilly signe ici une nouvelle étonnante. Je crois avoir été stupéfaite par l'aplomb et la détermination de Hauteclaire. Si cette fois-ci je m'attendais peut-être au dénouement de l'intrigue, j'ai aimé son atmosphère pour le moins glaçante.

La vengeance d'une femme

Paris. La nuit. Un jeune dandy décide de suivre une jolie femme jusqu'à son lieu de destination. Cette femme n'est autre qu'une grande dame espagnole, ayant sombré dans la prostitution pour… se venger de son mari ! En cause : le meurtre de son amant, son unique amour. Pour se venger, la duchesse de Sierra-Leone n'a plus qu'un objectif : salir ce qui importe le plus aux yeux de son mari, son honneur. Seule nouvelle du recueil a être rapportée par une femme (la duchesse elle-même), ceci contribue peut-être à la rendre d'autant plus cruelle et pétrifiante.

En résumé, j'ai plutôt apprécié cette balade dans des intrigues aux dénouements aussi glaçants que totalement inattendus (pour la plupart). Barbey d'Aurevilly nous plonge dans diverses thématiques telles que l'amour, l'adultère, le meurtre ou encore la vengeance. Chaque final est toujours abrupt : le lecteur ne doit donc pas s'attendre à recevoir des explications objectives quant aux curieux dénouements de ces nouvelles. Si je vous avoue avoir parfois ressenti une certaine frustration, cette stratégie fonctionne tout de même plutôt bien. Car même si j'aurais peut-être apprécié accéder davantage aux pensées de nos Diaboliques, elle contribue ainsi à les rendre d'autant plus énigmatiques.
Lien : https://labibliothequedebene..
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Ce recueil se compose de six nouvelles ayant un point commun sur le fond et un point commun sur la forme. Sur le fond, il s'agit d'histoires dans les lesquels le mal, censé être inspiré par le diable, s'exprime invariablement, à leur corps défendant ou en conscience, chez des femmes. Les hommes sont, eux, les cibles, les spectateurs ou les narrateurs. Bien sûr, le "mal" s'entend ici dans l'acceptation du 19e siècle et, si ces histoire sont effectivement dramatiques, elles ne nous apparaissent aucunement diaboliques. Sur la forme, dont la répétition lasse, les six nouvelles mettent en scène un narrateur, qui est toujours longuement décrit dans son aspect et son histoire, qui se choisit un public (une personne ou une assemblée) pour raconter avec force détails son histoire "diabolique". Tout cela se passe bien évidemment dans la bonne voire la haute société et c'est ce qui, pour l'auteur, fait le sel de ces récits.
L'écriture de Jules Barbey d'Aurevilly est belle sans être flamboyante, loin des feux d'artifice de son ami Léon Bloy. Les descriptions sont tellement pointilleuses que les intrigues finissent par passer au second plan et par manquer d'épaisseur.
Pour revenir sur l'obsession de Barbey d'Aurevilly de loger le diable dans le coeur des femmes, cela passe par la construction d'anti-héroïnes ou plutôt d'héroïnes qu'il se plaît à avilir (là encore, tenons compte que les histoires prennent place au milieu du 19e siècle).
Si elle traîne en longueur, Le dessous de cartes d'une partie de whist est sans doute la nouvelle la plus fine mais j'ai une préférence pour l'escrimeuse de le bonheur dans le crime. Paradoxalement, j'ai aimé aussi La vengeance d'une femme, bien que cette histoire soit à la fois peu crédible et convaincante, et la moins fouillée. Elle a en revanche un joli parfois de scandale.
Dans un genre proche mais plus percutant, je conseillerais les Histoires désobligeantes de Léon Bloy.
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Oeuvres irréelles, empreinte de mystère, où les femmes semblent immatérielles. Femmes vicieuses, passionnées, imprévisibles. Telles sont les nouvelles constituant Les Diaboliques.

J'ai apprécié la belle plume d'Aurevilly, marqué par l'humour et le dandysme. Il écrit ses personnages toujours avec beaucoup de justesse et de précision. On s'attache et dresse un portrait très rapidement des personnages qu'il nous présente, grâce à son talent d'écriture. J'ai senti son influence et son adhésion au monarchisme dans ses écrits, mettant en valeur et en avant des milieux aristocrates, autant que son attachement pour sa terre natale Normande, propre au roman Aurevillien. Néanmoins, malgré cette qualité, j'ai trouvé que l'auteur tournait trop autour du pot, il met du temps à mettre en place son histoire. Ce qui a pour conséquence de créer des longueurs au récit, et particulièrement dès le début.

Les personnages sont les choses les plus importantes de ses oeuvres et de son écriture. J'ai d'ailleurs a l'impression qu'ils sont plus importants que l'histoire, ils représentent à eux même la narration. Cela s'explique notamment par le fait que chaque histoire est racontée directement par quelqu'un à une autre, rajoutant une perspective, une opinion de l'histoire propre au narrateur. Comme dit précédemment, les personnages sont tous appréciables, du moins les narrateurs. Des dandys sympathiques, sociables et intéressants. de l'autre côté, les personnages des récits racontés sont plus lointains et mystérieux, par le fait que nous n'avons qu'une perspective des personnages : celui du narrateur lui-même. Nous rencontrons des femmes sans scrupules, décrites avec beaucoup d'émerveillement, de force et revêtant un caractère sournois. Les femmes dominent, font ce qu'elles veulent, détruisent pour leur opportunisme ou par amour. Des femmes empreintes d'un caractère presque sacré.

Ma nouvelle préféré est certainement "Le bonheur est dans le crime", mettant en scène un amour tel que même le crime ne l'entache pas. Nous retrouvons dans les nouvelles les thèmes de l'amour, l'adultère, la vengeance, le meurtre. Des thèmes sombres que les personnages incarnent parfaitement, dans une atmosphère construite avec brio. Néanmoins, le propre d'une nouvelle est de marquer, surprendre par son caractère court. J'ai eu l'impression à chaque nouvelle qu'une grande révélation sera faite, mais au final, pas de grande chute, pas d'émerveillement, de sursaut, de surprise. J'ai été un peu déçue des fins de ce fait.

En bref, je m'attendais à certaines choses dans ces nouvelles qui n'ont pas atteint mes attentes. Malgré une qualité indéniable de la plume de l'auteur et l'écriture saisissante de ses personnages, j'ai senti beaucoup de longueurs.
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