Cet endroit était un peu baroque. Un amoncellement hétéroclite d'objets, de meubles dépareillés qui tranchaient avec la personne de Matthias. Lui, était très différent, habillé simplement. Mais tout autour de lui, un vrai Capharnaüm ! Une pendule dorée avec un balancier fainéant qui s'arrêtait quand il voulait et se remettait à son travail de façon impromptue. Un canapé à volutes avec l'assise défoncée par endroits. Une grand table moderne, pas du tout assortie à l'imposant buffet en bois foncé dont les portes cachaient d'innombrables trésors, petits verres et petites assiettes finement décorés qu'il me prêtait gentiment pou jouer à la dînette avec mes poupées, car évidemment ma tribu, avec mon ours en tête, était désormais invitée à écouter le musicien.
Il me promit de m'écrire, toujours. Je le crus, il ne m'avait jamais menti. Il ne me promit pas de revenir. La veille de son départ, je lui remis un dessin, une feuille peinte en bleu avec, posée en son centre une maison bâtie dans un arbre. Je lui dis que ce serait notre maison, à nous deux. Moi, je savais déjà que je le retrouverais. Je dus attendre ma vingtième année.