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Challenge Lectures de guerre (Lavoleusedelivres)

C'est étrange à dire, mais malgré son sujet, ses morts, ses descriptions d'apocalypse car nous sommes dans les tranchées de la guerre 1914-1918, ce journal-roman a une écriture très poétique. Peut-être parce que son auteur s'est fait connaître pour ses poèmes ? le langage des hommes de troupe (à l'oral, ça doit valoir son pesant de cacahuètes !) ?
Le fait est que c'est un livre écrit pendant la guerre, dans les tranchées ou presque. Si l'horreur est bien présente, sous les yeux de Barbuse, il a réussi à la faire passer sans descriptions sanguinolentes. La mort n'est pas absente (comment le pourrait-elle ?), l'horreur vient surtout de ce qu'il se passe dans les hommes, rongés par l'attente, la faim, la soif, le mépris, l'habitude ; tout cela les transforme petit à petit, parfois sans qu'ils sans rendent compte. Il a observé, déduit, sans jamais les juger.
Il arrive à avoir un regard très proche, presque omniscient et à mettre de la distance en même temps, à analyser leur situation à eux tous. Ce qui ne l'empêche pas d'être affecté par la mort de ses camarades et de nous le dire (globalement, ce sont les seules données personnelles que nous sauront de lui.)
Un texte criant de vérité, sans effets dramatiques (y a t-il besoin ?), qui a bien mérité son Goncourt. Qui mérite que l'on s'en souvienne encore presque 100 ans plus tard.
Lien : http://avecvuesur.over-blog...
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Avant d' avoir lu le Feu, j'ignorais que l'on pouvait mourir noyé dans un trou d'obus, sur le champ de bataille.
Le livre de Barbusse est devenu un classique de cette littérature née d'une guerre aussi atroce qu'absurde (quelle guerre ne l'est pas? d'ailleurs)
Ce récit est l' hommage rendu à tous ces combattants, et en particulier à ceux qui ne s' en sont pas sortis ou en sont revenus mutilés, amoindris.
Des fragments de cette guerre atroce qui a fait se jeter pendant quatre horribles années, deux peuples l' un contre l'autre...et qui portait déjà le ferment putride ce celle d'après.
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J'ai enfin mis un style sur le nom d'Henri Barbusse qui m'évoquait jusque-là plutôt des noms de rues ou d'écoles.
Il est assez impressionnant. Il faut dire que "Le feu, journal d'une escouade" récompensé par le prix Goncourt en 1916 (dont cette édition est suivie du Carnet de guerre), est un témoignage sur la boucherie vécue au front par les poilus durant la première guerre mondiale. C'est un roman assez bouleversant très proche du reportage de guerre.
En vingt-quatre chapitres, Henri Barbusse nous plonge dans l'enfer des tranchées de l'Artois. On voit les entrailles et viscères sur les champs de bataille, les soldats brisés face à l'enfer de la mitraille et à la mort omniprésente.
Mais ce qui est remarquable, c'est le style de l'écrivain qui trouve l'occasion d'évoquer son engagement politique contre l'absurdité de la guerre et son humanisme.
Il utilise le langage parlé des poilus de l'escouade avec lesquels il a vécu de longues journées, entre l'attente et les atrocités dont ils sont témoins. D'ailleurs, Barbusse dédie ce livre "A la mémoire des camarades tombés à côté de moi à Crouy et sur la cote 119". Bel hommage.


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Ce livre permet de donner la parole à ces soldats, frères d'armes , pour ne surtout pas les oubliés. Ils sont les sacrifiés de ce début de XX siècle , mort pour rien, défendant des terres désolés qui mettront des siècles à les digérer.
Barbarie inimaginable comme souvent la barbarie se révèle au monde. Henry Barbusse nous livre ici, une carte postale de l'horreur, avec son quotidien, cette camaraderie, ces temps d'attente de l'attaque , l'enfer de celle-ci... Par des descriptions criantes et remuantes , il écrit tout le respect porté à ces hommes naufragés de guerre, perdus dans l'enfer des tranchés.
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Sans doute le meilleur “roman” sur la Grande Guerre. Avec un paquet de guillemets vu la masse de recherches et la part d'autobiographie. Une documentation de première main puisque Barbusse passe les deux premières années de la guerre dans les tranchées. Il SAIT de quoi il parle.
Le récit est très direct, “coup de poing” dirait-on aujourd'hui, très cru aussi bien dans ce qu'il décrit que dans la façon de le faire. L'argot des tranchées n'a pas que vocation à enrober le récit d'authenticité, c'est la langue de ceux qui ont passé assez de temps avec les pieds dans la merde pour s'économiser les artifices d'une bienséance hypocrite.
Réaliste et minutieux, le Feu dépeint l'enfer des quatre éléments déclenchés par un cinquième, l'Homme (Mila Jovovitch n'était pas née). La pluie, le froid et surtout la boue, qui aurait pu lui donner son titre tellement on patauge dans un monde de gadoue. Enfin, le feu. Celui d'une guerre qui se donne les moyens. Moderne, totale, inédite. Entre les escouades pulvérisées par l'artillerie et les charges à la baïonnette, les poilus (les nôtres comme ceux d'en face) découvrent la modernité et retrouvent le Moyen Age.
Une boucherie d'une autre trempe que les “grands” films de guerre, qui te balancent des discours patriotiques justificateurs, de la violence esthétisée “qui rend bien à l'écran”, sur fond de musique héroïque et pompière.
Barbusse, la guerre, la vraie. Et il la déteste.
Lien : https://unkapart.fr/critique..
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Plus d'un siècle après sa fin, la première guerre mondiale reste le symbole de l'absurdité des grands conflits modernes, amassant des dizaines de millier de soldats dans des tranchées boueuses et les obligeant à courir sous le feu des mitrailleuses pour gagner quelques dizaines de mètres, perdus dans la foulée après la réplique de l'adversaire.

Barbusse a fait partie de ses soldats, et s'est attaché à décrire leur quotidien plutôt misérable, à une époque où glorifier le courage et le patriotisme des troupes était la norme. Et force est de constater qu'il y a de nombreuses scènes qui frappent les esprits. La sortie des tranchées pour lancer un assaut et survivre au milieu de bombes évidemment, mais aussi les longues périodes d'ennui, les déplacements d'un point à un autre sans vraiment comprendre le but des opérations, le futur qui se limite à « survivre aujourd'hui, et pour le reste on verra plus tard ».

Frappant aussi,debout le contraste avec le monde civil. En permissions, les soldats redécouvrent des villes vivantes, des restaurants, des bistrots, des gens qui s'amusent, qui mangent sur une table et dorment dans un lit. Bien que reconnaissant qu'il faut aussi une bureaucratie, des usines et des champs pour mener une guerre, le quotidien de ces gens semble bien confortable comparé au leur, qui consiste à manger un ragoût indéterminé debout dans la boue, et à devoir trouver un coin un peu plus sec que le reste et se tasser pour dormir d'un oeil.

J'ai découvert Barbusse par Louis-Ferdinand Céline, qui déclarait que cet auteur avait un « début de quelque chose » dans son style, ce qui est un éloge dithyrambique de sa part quand on connaît ses relations avec ses contemporains. Et effectivement, on retrouve cette écriture proche du langage parlé dans les dialogues, avec ses abréviations, ses accents et l'argot des soldats. Cette écriture sert beaucoup à l'immersion dans le récit, et certains passages du livre sont vraiment suffocants.

Ce livre est un témoignage important sur ce qu'est vraiment la guerre, bien éloignée des discours enflammés de gens qui ne la feront eux-mêmes jamais.
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S'il fallait résumer ce livre en un seul mot, ce serait « boue ». C'est en effet la principale impression que j'en garde, celle d'une boue détrempée, collante, s'insinuant de partout, souillant tout.
Publié en 1916 après avoir fait l'objet d'une publication sous forme de feuilleton dans le journal L'Oeuvre, le feu est présenté comme un roman (ce qui le qualifie pour le Goncourt, qu'il remportera), mais je le qualifierais plutôt de récit, d'une part parce qu'il est basé sur les souvenirs personnel de l'auteur, engagé volontaire peu après le début de la guerre et d'autre part parce qu'il n'y a pas vraiment de progression d'une intrigue, ce livre étant plus une succession de tableaux de la vie dans les tranchées.

Après ces considérations générales, il est difficile de passer aux impressions de lecture. Un peu comme l'on peut se demander si le Goncourt a été attribué à cet ouvrage pour ses qualités littéraires ou par bienséance alors que la bataille de Verdun en est à ses derniers jours, le nécessaire devoir de mémoire, alors que tous les Poilus ont quitté ce monde depuis bien longtemps, contraint ma pensée et engonce mes phrases. Cela est d'autant plus vrai que ce livre, que d'aucuns considèrent comme un des meilleurs témoignages des tranchées, est écrit par un homme qui fut pacifiste avant et après la guerre, et qui pourtant, malgré son âge, malgré sa santé chancelante, s'engage volontairement, et ce dans un des corps les plus exposés, celui de l'infanterie, qui le mènera à plusieurs reprises en première ligne.

Pour prendre un détour qui facilitera peut-être mon écriture, je dirais que ce livre se divise en deux parties. La première, qui fait les deux-tiers du livre, est une série de tableaux, dans lesquels Henri Barbusse décrit le quotidien des poilus, mélangeant une narration et d'abondantes descriptions dans un style travaillé, poli, un peu trop esthétisant à mon goût pour illustrer son propos et des dialogues entre soldats des tranchées dans le style argotique propre à chacun de ses compagnons, un style argotique qui a vieilli et qui rend la lecture un peu ardue pour la lectrice encore jeune que je suis. Pour cette raison, je dois avouer que je suis restée en dehors de cette première partie, spectatrice plutôt distante d'un drame qui se passe là-bas, au loin, pas tout à fait réel, comme sur une toile de cinéma en noir et blanc. J'ai aussi été étonnée pendant tout ce temps de ne finalement jamais voir la guerre. Il est question des repas, des attentes interminables, des jours de repos et des permissions, certes il y a quelques morts, mais la guerre, les obus et les horreurs auxquelles je m'attendais n'étaient pas là et, même si les conditions de vie sont difficiles, inhumaines par bien des aspects, elles semblaient quand même supportables.
Est-ce un remords de l'écrivain qui, arrivé près de la fin de son livre, s'aperçoit qu'il n'a pas dit l'essentiel, qu'il a joué à l'autruche avec le sujet qu'il prétend véritablement aborder ? Toujours est-il qu'à partir du vingtième chapitre, intitulé “Le feu” (comme si le propos essentiel du livre s'y concentrait), Henri Barbusse se rattrape et assène au lecteur toute l'horreur qu'il avait refoulée jusqu'à présent. Encore une fois, ce n'est pas vraiment l'assaut qui est le pire, mais ces visions de morts défigurés, ces hommes dignes et courageux dans leur vie à qui les postures que leur donne la mort enlèvent leur dignité et leur grandeur. Cette soudaine verve noire m'a surprise et, encore une fois, m'a mise à distance.
Et que dire du dernier chapitre, “L'aube”, où le narrateur prend pour la première fois la parole, en un discours exalté et prophétique où, pour la première fois, Barbusse, qui avait su jusque-là montrer toutes les facettes des pensées et sentiments des poilus face à cette guerre et à leur situation, prend directement la parole et appelle à l'union des peuples, comme une vision de la révolution qui éclatera quelques mois plus tard en Russie.

En définitive, c'est un livre dans lequel je n'ai pas su rentrer, un livre par lequel je n'ai pas su me laisser toucher. Il semble que, lors de sa publication, il ait été bien accueilli dans les tranchées et ait fait l'objet de plusieurs controverses à l'arrière (certes, il n'est pas tendre avec les planqués et les civils aux réactions déplacées, mais il est aussi réaliste quant à l'héroïsme supposé de ceux partant au combat). Je ne peux donc que m'incliner et apprécier, sinon sa valeur littéraire, du moins sa valeur de témoignage. Un livre à lire donc, je pense, pour la mémoire, pour savoir que l'horreur des guerres d'aujourd'hui n'a rien à envier à celles d'hier, à lire pour sa valeur historique, à lire parce que même ceux qui l'ont vécu n'ont pas toujours su raconté. Mais d'autres livres sur le même sujet m'ont beaucoup plus émue et marquée. A l'ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque, lu certes lorsque j'étais adolescente, demeure pour moi l'aune a laquelle je mesure les romans de guerre pacifistes.
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Henri Barbusse n'est pas l'homme d'un seul roman, mais de son oeuvre on ne lit plus guère que le Feu, récit d'un poilu de 14, inspiré par la propre expérience de l'auteur sur le front. Il fallait d'ailleurs avoir vécu la guerre pour la raconter de manière crédible, et les récits contemporains (Lemaitre, Quélard, Dugain...) n'atteignent jamais l'intensité de ceux de Genevoix, Dorgelès, Jünger, Barbusse qui furent acteurs du drame.

On lit le Feu comme le journal d'un poilu affecté dans une escouade. L'auteur fait le choix de parler assez peu du narrateur, pour laisser voir et parler ceux qui l'entourent, donnant une large place aux expressions régionales ou populaires. le lecteur ne suit aucun personnage en particulier, aucune histoire ne s'ajoutant à L Histoire, et a presque l'impression d'être plongé dans un documentaire. le roman s'achève par 40 pages de prêche et de morale, d'un idéalisme qui n'est pas franchement en phase avec les défis qui se poseront dans les années qui suivront la Grande Guerre et explique les errements staliniens de l'auteur (C'est facile à écrire en 2022, je l'avoue).

Barbusse a obtenu le prix Goncourt pour ce roman en 1916. Dorgelès le Femina en 1919. Ceux de 14, de Genevoix n'a pas reçu de prix. Un siècle plus tard, les prix littéraires montrent une fois de plus, à mon avis, leurs limites bien connues, car j'aurais tendance à faire un classement exactement inverse…

Quoi qu'il en soit, la lecture de ces romans de 14-18 me semblent salutaires pour comprendre la suite du siècle, qui aurait été bien différent si l'on avait su éviter cette guerre.

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Ces braves soldats de la Grande Guerre,je crois qu'on ne les nommera jamais assez.D'avoir lu ce livre,m'a permis de mieux me rendre compte de leur sacrifice,de ce qu'était la vie dans les tranchees;la proximite,la boue,la vermine,les abus...Mais j'ai aussi pris conscience des abus qu'ont du subir ces braves hommes;les privations,les paiements pour un minimum de confort,de cafe achete alors que ce n'est qu'un infame jus de chaussette...
Ce livre au franc parle,au parler vrai,authentique de ces soldats,de ces hommes qui ont tout donne,leur jeunesse,leur sang,leur corp,leur vie et leur mort pour nous,pour les générations futures
Livre recommande surtout en ce centieme anniversaire
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Pas une ride ! Dans les tranchées, avec les Poilus, on a l'impression d'y être, comme un de plus parmi des hommes qui parlent tous un langage populaire, échangent avec tous les patois de toutes les régions, tous rassemblés dans les mêmes tranchées. Il faut quelques temps pour comprendre un patois ou l'autre, puis on partage les flash backs, les terreurs, les colères...
En quelques chapitres sur les grandes lignes qui décrivent les conditions des soldats dans les tranchées, tout est posé aussi des enjeux stratégiques, de l'ineptie et du cynisme de ceux qui dirigent les armées, de l'impossible retour à la normale de ces hommes, de tout ce qui les séparent des civils.
Et un final où ce sont ces hommes du peuple qui philosophent juste pardessus les tranchées, au-delà de la haine qu'on veut leur imposer et qui sentent venir celle de la génération qui montent.
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