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J'haïs les bébés » est un roman noir. Je ne connais pas très bien ce type d'oeuvres. Selon ma petite recherche, il s'agit d'un genre relié au style policier, mais qui est surtout classé pour ses perceptions négatives de la société ou de l'humain. On y voit souvent des crimes et du sexe pour développer le récit. Contrairement au polar, en général nous sommes dans la tête d'un suspect ou d'une victime.
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J'haïs les bébés » est écrit par
François Barcelo et a été publié en 2012 par la maison d'édition « Les 400 coups » dans la collection « Coups de tête ». Il est assez petit, il ne contient que 113 pages. Notons que l'auteur a déjà remporté le prix du Gouverneur général avec son roman «
La fatigante et le fainéant ».
Premièrement, le titre est un québécisme. Au Québec, l'usage de «j'haïs » à la place de « je hais » ou « je déteste » est courant. D'ailleurs, l'auteur le spécifie assez tôt dans le bouquin. Attendu que, oui, il s'agit ici d'un roman québécois. Nous sommes dans une narration-héros, dans la tête de Vivianne. Cette narration à la première personne du singulier inclut également nos termes et nos patois. Par contre, les français de part le monde ne seront pas dépaysés, car ils sont utilisés avec parcimonie.
Il est tout petit, le bouquin, mais il est très prenant. Comme il est écrit dans le résumé, Viviane déteste les nourrissons et on le ressent fort bien. Lorsqu'elle ouvre la porte de sa chambre de motel et découvre un bébé elle pense presque aussitôt qu'il serait mieux mort que vivant. C'est ce qui nous tiraille jusqu'à la fin. Est-ce qu'elle va au bout du compte le tuer et comment s'y prendra-t-elle? Magnifiquement écrit par l'auteur qui nous tient en haleine. Je me suis surpris quelques fois à rire dans ma barbe. Il est évident qu'il s'amuse avec nous comme un chat avec une souris.
Ce roman n'est pas pour tout le monde. Les gens qui s'offusquent pour rien devront passer leur chemin. Entre le four à micro-ondes qui fait éclater un animal (un test que Viviane devait faire avant de tenter le coup avec le bébé) et les essais de noyades… Certaines personnes pourraient être outrées. Il faut, bien évidemment, prendre en compte que l'héroïne est une meurtrière. C'est le but du jeu de s'immiscer dans sa tête qui ne tourne pas rond.
L'aspect que je n'ai pas apprécié est la chute. Quoiqu'une ouverture philosophique y est présente, j'aurais, pour ma part, préféré quelque chose d'un peu plus explosif. Ce n'était pas une fin en queue de poisson, mais presque. Ajoutez à ça le style noir et grinçant du récit et vous obtenez un livre qui peut être plaisant, mais pas pour tous.
Finalement,
Un roman noir qui donne le frisson tellement l'auteur nous rend avec justesse les propos d'une meurtrière. Par contre, une finale qui laisse à désirer. 8 sur 10.
On aime : l'immersion, la plume, l'ambiance et l'humour noir.
On n'aime pas : la finale
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