La presse féminine, par essence destinée aux femmes, n'est-elle aussi qu'un moyen de les asservir à l' "hétéro-patriarcat" ? C'est ce que démontre l'auteure dans cette étude courte, mais très bien documentée. Chaque chapitre aborde la presse féminine sous un angle particulier,la publicité ou l'image du corps notamment.
La presse connaît son essor au XIXe siècle. Les femmes aussi créent alors leurs journaux. Mais voilà, les sujets politiques leur sont interdits. Leur restent alors les domaines où elles sont cantonnées, la mode, la tenue de leur foyer, le soin de leur apparence, et leur dévotion, envers Dieu comme envers leur mari, naturellement. On lit donc, sans surprise hélas, que, quel que soit le journal de référence ou presque, la norme physique pour une femme y est uniforme : blanche, mince, et jeune. de même sa moralité doit être au-dessus de tout soupçon, et l'intérieur de sa maison, le royaume qu'elle saura faire briller sans ostentation ni dépenses superflues. La presse féminine construit ainsi elle-même les murs de la prison de celles à qui elle s'adresse. Comment dès lors échapper à cette image puisque c'est la seule qui ait cours ? La presse féminine semble avoir encore bien peu de recul, ou bien trop intériorisé ces injonctions auxquelles les lectrices seraient sommées de souscrire.
Les nombreuses notes renvoient à des sources à la fois originales et variées, faisant la part belle au XIXe siècle, faisant même parfois transparaître l'humour de l'auteure, comme pour vérifier que le lecteur se plonge aussi dans ces petites lettres de fin d'ouvrage.
Si c'est tout à fait compréhensible au regard des sources consultées, c'est toutefois dommage que la presse féminine de notre époque ne soit pas davantage présente ni questionnée. Les stéréotypes véhiculés semblent bien persister et un peu d'espoir concret serait toutefois rassurant après la lecture de ce travail, ou bien faut-il comprendre que "le temps ne fait rien à l'affaire" et que la presse destinée aux femmes n'a pas changé depuis qu'elles étaient considérées comme éternellement mineures et inférieures aux hommes ?
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On enferme donc les femmes chez elles en leur expliquant scientifiquement, en complément ou en remplacement des axiomes religieux, que c'est là qu'elles s'épanouiront et qu'elles seront utiles à la société. Mais les femmes, en étant au foyer, peuvent toujours écrire, et l'écriture est une arme puissante d'émancipation. Il fallait donc que nos phallocrates y remédient. Il leur a suffi de reconvoquer la science : en plus de les affirmer moins intelligentes (parce que tout est concentré dans l'utérus, on se souvient), les femmes sont considérées comme plus sujettes à l'hystérie (l'utérus, encore et toujours). Et qu'est-ce qui provoque les crises d'hystérie selon ces messieurs ? Non pas l'enfermement social, non pas les injustices, non pas les violences ; non, l'hystérie est présentée comme provoquée par les activités de réflexion et de concentration dont la lecture et l'écriture. Comprenez bien, les femmes procréent, elles ne créent pas.
Alors que la seule recette [du bikini body] est la suivante : on prend un bikini, on prend un body (petit, grand, maigre, gros, musclé, gras, blanc, non blanc, avec ou sans poils) ; on a un bikini body. Pas besoin de tuer 20 arbres pour l'imprimer en couleur sur 6 pages d'édition spéciale. Ne me remerciez pas, c'est pour vous donner envie de lire la suite.
Quand Elle.fr fait peau neuve en 2015, est-ce pour s'adapter aux nouveaux usages et nouveaux formats d'information ? Pour repenser sa ligné éditoriale numérique ? Non, du tout. Selon les mots de Lagardère, son propriétaire, il s'agit d'améliorer l'efficacité publicitaires et de répondre aux objectifs de visibilité des annonceurs. Les lecteurs.ices sont un public moins important à satisfaire.