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sur 228 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un titre, « Emmaus », c'est le nom d'un village cité dans les Évangiles où le Christ apparaît, après sa crucifixion à deux de ses disciples.
Symboliquement un lieu où les désespérés retrouvent l'espoir et qui m'a intrigué tout au long de la lecture.
Un récit court et intense qui met en scène, en Italie, quatre jeunes hommes de « seize, dix-sept ans », musiciens en quatuor, « normaux » et " n'ayant pas prévu d'autre plan que celui de l'être", comme l'évoque dès la première page le narrateur ; très attachés aux valeurs traditionnelles, sous l'influence de leur éducation, de leurs parents, croyant au Dieu des Évangiles et très impliqués dans la vie paroissiale et l'assistance aux personnes âgées. Quatre amis.
Apparaît « André, c'est une fille » libre, d'un autre milieu, belle, fascinante, insouciante, scandaleuse Cette amitié va alors se fissurer. Des actes irréparables, se produire.
Un récit sensuel, dans une atmosphère de drame.
Un roman d'apprentissage, de l'amour, du deuil, de la rédemption, d'une génération confrontée au passa à la vie adulte avec le choc des valeurs qu'il induit. On y prend la mesure de la fragilité de la vie.
Sombre et subtil comme sait si bien le faire, l'auteur, Alessandro Baricco, dont on dit qu'il y a mis de lui-même dans ce roman…

Sommes-nous aveuglés par certaines évidences ?
Est-ce bien le sens du choix du titre, si singulier ?
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On traverse ce livre comme on suit le chemin de croix... En tous cas c'est la sensation que j'ai ressentie tout au long de ma lecture. Alessandro Baricco est décidément le plus original des auteurs italiens...
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Alessandro Baricco n'a jamais écrit deux fois le même livre. Ici c'est l'étrange mélodie d'un enfant que l'on entend nous raconter une histoire que l'on devine forcément douloureuse, terrible, véritable rite initiatique, passage à l'âge adulte. Cette voix vient du fin fond des campagnes italiennes, pieuses, simples et humbles. L'enfant découvre la violence de l'amour et de la société qui l'entoure par le prisme gauchi d'un aveuglement béat dans la religion. C'est dérangeant parce que direct, brut et sans détour ; c'est aussi âpre que pur et délicat.
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Il sont quatre amis de 18 ans : Luca, Bobby, le Saint et le narrateur. Quatre jeunes italiens catholiques qui paraissent aux yeux des adultes bien sages en allant à la messe le dimanche ou en allant visiter les malades d'un l'hôpital. Quatre jeunes hommes qui vont perdre de leur candeur avec l'arrivée d'une très belle jeune fille, Andre. Chacun va être fasciné, attiré par cette démone qui va leur faire tour à tour perdre la tête. Les conséquences pour chacun d'eux se révélera dramatique.

J'ai été captivé par cette lecture. Un roman initiatique que l'on a du mal à situer dans le temps. Il pourrait se dérouler aussi bien dans les années 60 (ce qui me plait à croire) qu'à notre époque.

Ces jeunes garçons voient leurs valeurs chrétiennes voler en éclat avec l'apparition d'Andre, véritable source de fantasme. Les certitudes s'effondrent, l'amitié entre eux se fissurent. Les repères tombent. Alessandro Baricco réussit brillamment selon moi à décortiquer cette croyance mise à mal. Les références bibliques sont nombreuses, sans être pesantes. Au contraire, elle éclairent les réactions et les sentiments des garçons face à leur foi, à des notions comme la rédemption ou le rapport au corps. Leur naïveté est contrebalancé par leurs pulsions et leurs premières découvertes de la sexualité. Cette religion apparaît alors comme aliénante, frustrante et hypocrite. La confrontation à la vie, à la chair sera d'autant plus violente voire dramatique pour certains.
Lien : http://fromtheavenue.blogspo..
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Assurément l'époque est au fait religieux. José Sarramago nous avait livré il y a peu un "Caîn" assez fabuleux, puis ce fût Erri de Luca avec "Et il dit" parabole sur Moïse, et nous voilà en pleine évangile avec cette image terrible des pèlerins d'Emmaüs qui ne reconnaissent pas le Christ ressuscité, et ne s'apercevront de leur cécité que lorsque l'aimé sera parti. C'est le thème de ce beau roman mettant en scène quatre jeunes garçons de 18 ans : le Saint, Luca, Bobby et le narrateur. Ce sont des catholiques pratiquants, on y verrai bien des apôtres, tant leurs liens d'amitié semblent forts. Ce sont des hommes, en devenir, mais soumis à leurs propres faiblesses et aux incompréhensions de tout post adolescent face à un monde adulte empli de non dits et de secrets lourds.
Leur univers s'étire entre le petit groupe de musique qu'ils constituent, leur participation comme musiciens à la messe dominicale ou encore leur bonne action hebdomadaire consistant à prendre soins de vieux "les larves" dans un hospice et bien sûr "les parents".
Il émerge de cet ensemble trop bien réglé une personnalité féminine bien singulière, Andrea, jeune beauté fatale que tout le monde nomme "Andre", si belle, si libre, si sensuelle. Elle est le corps désiré, le mouvement, la vie, l'amour, le sexe bien sûr,la somme de toutes les pulsions humaines. On l'imagine assez volontiers comme la figure de Marie Madeleine ou encore dans celle exposée par Barrico, d'une curieuse Madonne non pas immaculée ni en maternité au regard volontairement vide, mais au contraire une forme humaine toute en énergie vitale.
Le roman est l'histoire de la rencontre de cette jeune femme avec ces quatre garçons, quatre histoires différentes se dessinent, comme quatre possibilités de destins différents, à partir d'une même rencontre avec une personne. La mort rôde, s'impose, offre son horizon aux interrogations non résolues et aveuglements consentis.
Ce roman n'est pas un Barrico comme les autres. le ton est sombre, désabusé, comme si l'auteur nous disait : ne commettez pas l'erreur que j'ai moi même commise plus jeune, n'attendez pas la maturité, la vieillesse, vivez, regardez autour de vous, repérez, ressentez ceux qui vous aiment, parlez, écoutez, interrogez, bref soyez vivants. Ne pas le faire vous rendra aussi stupides que ces pèlerins d'Emmaüs qui n'auront entendu le bruit du bonheur que quand il aura claqué la porte.
Pour moi ce livre n'a certes pas le souffle poétique de "Soie", mais c'est un bien beau roman lu d'une traite, comme une saine secousse littéraire et philosophique.
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Dès la première page, d'une redoutable efficacité, je me suis sentie happée par le livre. Même si ces adolescents pieux d'une autre ère (celle de l'auteur ou de ses parents peut-être) auraient pu sembler à des lieues de moi, presque instantanément, j'ai accepté de me glisser dans l'ombre du narrateur, de ses amis Bobby, le Saint, Luca, j'ai senti la belle Andre tout brûler sur son passage, se consumer de l'intérieur. (L'auteur effleure d'ailleurs avec une grande délicatesse ici le thème de l'anorexie.) Au fil des pages, j'ai accepté d'entrer de plus en plus dans leurs blessures, que je n'en sortirais pas entièrement indemne.

Lien : http://lucierenaud.blogspot...
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