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3,32

sur 228 notes
Dans ce roman Alessandro Baricco nous raconte l'histoire de quatre garçons, quatre amis. Musiciens, catholiques fervents, fils de la bonne bourgeoisie Italienne, bénévoles dans une maison de retraite, ils ne comptent pas leur temps pour soulager les pensionnaires.
Et un jour André croise leur chemin, une belle et sulfureuse jeune femme. André est peu farouche, elle accorde ses faveurs au gré de ses fantaisies sans s'embarrasser d'une morale superflue, elle fascinera les adolescents.
Chacun à sa façon vivra sa passion pour celle qui symbolise le péché.
Alessandro Baricco a mis beaucoup de sa vie personnelle et de ses souvenirs de jeunesse dans ce roman. Lui aussi jouait de la guitare à la messe le dimanche. Lui aussi allait à l'hôpital changer les poches d'urine et de sang des vieux malades.
J'ai une fois de plus été sensible à l'écriture de l'auteur qui sait à la fois par sa simplicité et son réalisme, donner à ses personnages une force qui les rend inoubliables.
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Un titre, « Emmaus », c'est le nom d'un village cité dans les Évangiles où le Christ apparaît, après sa crucifixion à deux de ses disciples.
Symboliquement un lieu où les désespérés retrouvent l'espoir et qui m'a intrigué tout au long de la lecture.
Un récit court et intense qui met en scène, en Italie, quatre jeunes hommes de « seize, dix-sept ans », musiciens en quatuor, « normaux » et " n'ayant pas prévu d'autre plan que celui de l'être", comme l'évoque dès la première page le narrateur ; très attachés aux valeurs traditionnelles, sous l'influence de leur éducation, de leurs parents, croyant au Dieu des Évangiles et très impliqués dans la vie paroissiale et l'assistance aux personnes âgées. Quatre amis.
Apparaît « André, c'est une fille » libre, d'un autre milieu, belle, fascinante, insouciante, scandaleuse Cette amitié va alors se fissurer. Des actes irréparables, se produire.
Un récit sensuel, dans une atmosphère de drame.
Un roman d'apprentissage, de l'amour, du deuil, de la rédemption, d'une génération confrontée au passa à la vie adulte avec le choc des valeurs qu'il induit. On y prend la mesure de la fragilité de la vie.
Sombre et subtil comme sait si bien le faire, l'auteur, Alessandro Baricco, dont on dit qu'il y a mis de lui-même dans ce roman…

Sommes-nous aveuglés par certaines évidences ?
Est-ce bien le sens du choix du titre, si singulier ?
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C'est un livre dérangeant, intime, habité par la douleur, l'idée de la mort, de la foi chrétienne, de la liberté, de l'innocence et de l'adolescence....
Emmaüs raconte l'histoire fiévreuse et tragique de quatre garçons ordinaires, catholiques fervents de la bourgeoisie italienne des années 70,jeunes hommes de dix sept ans: Luca, le Saint, Bobby et le narrateur.
Musiciens et pieux, ils animent les offices à l'église et passent une partie de leur temps à assister des personnes âgées à l'hospice.
"Nous sommes pleins de mots dont on ne nous a pas appris la signification et l'un deux est le mot douleur. Un autre est le mot Mort."
"Le marécage dans lequel nous avons grandi, c'est un milieu absurde, fait de douleur réprimée et de censures quotidiennes".
Ils vont se laisser happer par la beauté sulfureuse d'une jeune aristocrate nommée Andre,qui affole tous les jeunes du coin avec son prénom masculin,ils sont tous quatre amoureux d'elle sans trop se l'avouer, elle est peu farouche avec les hommes, belle ,riche, terriblement vivante et libre, mais aussi fascinée par la mort......elle met le feu en se refusant à eux, elle les fascine, elle les inquiète.....
Les quatre adolescents la voient surgir dans leur vie très pieuse, telle une improbable apparition et leur monde de certitudes ne tardera pas à se lézarder...
La vie de ces 4 garçons va changer jusqu'à un point insoupçonné que je ne peux révéler.
Ces garçons prennent tout de façon sérieuse et profonde.
Cela vient de leur sentiment religieux qu'ils vivent avec une grande intensité.....ils n'ont pas la légèreté pour faire ce qui est naturel à ce moment là: Grandir et abandonner l'enfance. Leur foi est quelque chose d'énorme.
Ces garçons vivent des moments très douloureux où ils découvrent aussi des choses très belles !
Quand on demande au narrateur :"Pour qui vous prenez - vous bon Dieu? "Il répond: Nous avons dix huit ans et nous sommes tout".
Quand bien même il applique l'éducation qu'il a reçue " qui considère la vie comme une noble obligation dont il faut s'acquitter avec dignité et intégrité".
C'est le roman du passage à l'âge adulte, un ouvrage étincelant, sur la puissance de la vie, le fardeau du passé et sur les choix possibles ou pas qu'offre l'existence à l'aube de l'âge adulte, ce bijou littéraire superbement écrit, vif, sensuel et sulfureux, juste, mystique,pose beaucoup de questions :
Qu'en est - t-il de la fragilité et de l'insouciance de ces années là ou l'on bascule de la jeunesse à l'âge adulte?
Le passage de l'innocence à l'expérience est t- il toujours aussi tragique?
Que faire de nos rêves ?
Que faire de nos désirs?
Que faire du besoin de vérité?
Roman d'apprentissage, réflexion subtile, riche sur l'idéal et le réel, serait- ce une partie de la jeunesse d'Alessandro Barrico?
On peut se poser la question légitimement tellement il habite son sujet, à chaque page?
A chaque ligne?

Mais ce n'est que mon avis.
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« Comme son amour fut immense, immense fut sa souffrance »

Elle s'appelle Andre et incarne la luxure. Elle a 18 ans. Elle est belle, riche, fascinante. Elle est désirable, désinvolte, insaisissable… D'aucuns diront qu'elle est pute, elle « s'offre », simplement, sans pudeur et sans limites. Elle vient d'un autre monde, d'une autre « normalité », là où les barrières du désir ne confrontent aucun obstacle. Elle est libre et son univers est vaste. Elle n'appartient à personne et pourtant un peu à tout le monde. Elle couche un jour avec les pères, le lendemain avec leurs fils. Où est le mal quand on répand autant de bien-être? Doit-elle se dire… Son âme n'est pas moins pure, elle est juste un peu plus fragile, immature, blessée. Et son corps est une danse sensuelle qui envoûte le regard des hommes…

« Toute sa splendeur réside dans son visage – la couleur de ses yeux, l'angle saillant de ses pommettes, sa bouche. Il ne semble pas nécessaire de regarder autre chose – son corps est simplement une façon d'être, de prendre appui, de s'en aller – c'est une conséquence »

Eux, ce sont Bobby, Luca, le Saint et le narrateur. Ils incarnent le catholique intégriste de l'Italie des années 70. On leur a appris que la beauté est une vertu morale qui n'a rien à voir avec le corps ou le galbe d'un sein. le corps d'une femme est un objet de refoulement. Ils ont appris qu'on fait l'amour pour communiquer et partager une joie, non pas pour le plaisir, encore moins pour l'épanouissement des sens. Musiciens, ils animent les services à l'église et assistent les personnes âgées de l'hospice. Ce sont les meilleurs amis du monde. Ils savent qui est Andre. D'ailleurs, tout le monde sait qui elle est. Et comme le désir est plus fort que la morale, ils finiront par tomber amoureux. Non pas d'un amour qui a « connu », mais d'un amour qui a envie de connaître, de toucher, de sentir, de ressentir. Ils se laisseront dériver doucement vers la liberté. Elle leur apprendra l'amour et le plaisir. Jusqu'au jour où elle viendra se glisser entre eux, dans le lit. Et qu'elle s'offrira tel un don inattendu…

« Andre était étendue au sol, sur le dos, et quand elle se releva, elle le fit en laissant tomber la tunique blanche qu'elle portait, la mue d'un serpent, et apparut sous nos yeux, nue. Ainsi nous était donné, sans qu'on nous demande rien en échange, ce que nous avions toujours cru hors de portée… Je continuai à l'embrasser, cherchant sa bouche. On aurait dit un jeu, elle se pencha sur moi, prit mon sexe entre ses lèvres, sa bouche loin de la mienne, selon son désir. Je mis une main dans ses cheveux et resserrai mes doigts, pliant le bras et tirant sa tête vers moi ».

Cet Emmaüs de Baricco est divinement sensuel. Mais surtout, il nous ébranle. Il est le portrait d'une génération confrontée au choc de ses valeurs. L'auteur nous démontre que lorsqu'on dérive du modèle qui constitue non seulement celui d'une époque mais aussi, plus intimement, celui de notre cadre familial, nous devenons fragiles, certains plus que d'autres. le choc peut être suffisant à nous pousser au désespoir. Et du désespoir au suicide. En ce sens, Baricco nous amène à nous interroger sur ce qui est normal ou non. Ce qui l'est est sans doute un peu du monde dans lequel chacun de nous a évolué. Qu'on le veuille ou non, nous sommes en quelque sorte un fragment de la vie de nos parents. Et quand les gens autour de nous dévient de ce moule, nous pensons qu'ils sont anormaux. Ils sont jugés sur les apparences bien plus que sur les actes. Andre n'aura eu que le courage d'affronter le monde tel qu'il est, avec son regard sur la vie. Ce roman d'apprentissage est marqué par le passage de l'adolescence à la vie adulte. Et la détresse qu'il suscite chez beaucoup de jeunes est troublant.

Comme les disciples d'Emmaüs, nous vivons dans l'ignorance, aveuglés par certaines évidences que nous refusons de voir. Ainsi le monde nous échappe, nous regardons à la surface des choses, nous effleurons l'essence même de la vie…

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Quelque part en Italie, quatre jeunes amis de dix-huit ans, le narrateur, le Saint, Luca et Bobby, sont tous amoureux d'Andre (prononcez "Anne-dré"), jeune femme de leur âge au tempérament sulfureux. Fille de bonne famille et consciente de sa beauté, elle est libre et provocante.
Les garçons, très catholiques, ont monté un groupe de musiciens pour animer les services de l'église, et apportent leur assistance auprès des personnes âgées de l'hospice.

Ils sont tous amoureux d'Andre…et la sensualité de la jeune femme devient une obsession individuelle et collective…dans un contexte d'interdits liés au poids de la religion, de leurs familles (nous sommes en Italie !), et de désir de découverte de la sexualité.
Insidieusement, les relations entre les quatre amis vont se compliquer…jalousie sous-jacente, prises de distance temporaires, rivalités pour conquérir Andre…jusqu'à une nuit où l'inévitable se produit, lorsque Andre va se donner à deux d'entre eux…scellant le sort dramatique du groupe d'amis.

L'ambiance de ce roman est étouffante, vénéneuse, l'atmosphère de drame est omniprésente, créée par ce personnage fascinant d'Andre qui focalise tous les regards et toutes les pensées lors de ses apparitions finalement assez rares et d'autant plus magnétiques.
Telle une Carmen, elle symbolise la luxure, attire le malheur et va irréversiblement bouleverser les vies des quatre garçons, qui vont commettre des actes irréparables, comme sous l'influence maléfique de cette femme-diable insouciante.

Ce texte est aussi un roman d'apprentissage, de l'amour, de la sexualité, du deuil, de la rédemption. Il dérange par les vices qui s'insinuent dans la vie du groupe pour le faire éclater, les conséquences en étant d'autant plus ravageuses qu'on est en Italie, où les valeurs de religion, de famille, d'honneur et fierté sont exacerbées, valeurs puissantes qui permettront peut-être au narrateur de surpasser les deuils et de retrouver espoir et sérénité pour accéder à l'âge adulte…

Un bon livre, sombre et puissant, un peu trop imprégné à mon goût de références religieuses.

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On traverse ce livre comme on suit le chemin de croix... En tous cas c'est la sensation que j'ai ressentie tout au long de ma lecture. Alessandro Baricco est décidément le plus original des auteurs italiens...
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Sur le thème de l'amitié entre quatre garçons de la bourgeoisie catholique italienne, l'auteur livre un récit sombre, à la fois sulfureux et sublime évoquant de façon troublante et douloureuse la perte de l'innocence, les idéaux bafoués, la notion de responsabilité et la mauvaise conscience.
J'étais passée à côté de ce récit magnifique lors de sa parution en France en 2012. Grâce à Babelio, l'erreur est réparée.
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Ils sont quatre, ils ont seize ou dix-sept ans : le narrateur, Luca, Bobby et Il Santo. Catholiques, ils jouent de la musique à la messe et sont bénévoles à l'hôpital, pleins de bonnes intentions et de pieux principes. Ils vivent dans un monde à part, celui des non-dits, des sourires qui cachent les drames, des apparences à sauvegarder, des parents parfaits et des enfants modèles.
Et puis, il y a l'autre monde, celui peuplé par "les autres". de ces autres fait partie Andre, jeune fille envoutante que tous admirent. Les filles l'imitent, les garçons la désirent, tous sont sous le charme. Elle est belle, elle est riche, elle est libre comme le vent.
Leur rencontre avec Andre bouleversera à jamais la relation que les quatre jeunes hommes ont non seulement entre eux mais avec le reste du monde.

139 pages, c'est là la longueur d'Emmaus. Des jours et des jours, c'est le temps que j'ai mis pour le lire. Ne vous y trompez pas, je n'essaie pas de dire qu'il ne m'a pas plu. Au contraire. Non, c'est que ce court roman est d'une densité inattendue. Si le style d'Alessandro Baricco ne perd jamais sa grande poésie, certains passages de ce roman sont dramatiques et j'avais besoin d'interrompre ma lecture pour les "digérer".
Ah ça ! on est bien loin de Soie ou de la jeune épouse ! L'histoire d'Emmaus est dramatique. Belle mais terrible et dramatique. L'auteur illustre à la perfection la douloureuse période qu'est l'adolescence, avec ses changements, ses prises de conscience et ses doutes, et va même au-delà. Non seulement s'agit-il pour les personnages d'un passage vers l'âge adulte mais aussi vers le monde réel, le monde tel qu'il est et non tel qu'on le leur a dépeint dans leurs familles, dans leur milieu.
Emmaus est un roman profondément dérangeant... mais que je ne regrette absolument pas d'avoir lu !
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Le titre m'a d'abord surprise. Puis j'ai découvert qu'il fait référence à un épisode de l'Évangile. Et que le cheminement des protagonistes illustre cet épisode.
Quatre jeunes garçons d'environ dix-sept à dix-huit ans, amis de toujours, sont unis par une foi solide qui leur apporte équilibre et sérénité.
On connaît leur prénom à l'exception de celui du narrateur.
Ce sont des jeunes ordinaires imprégnés de la normalité transmise de père en fils. Ils respectent et aiment profondément leurs parents et la vie. Il vivent en conformité avec cette foi profonde sans jamais douter.
"j'ai été élevé dans une résistance obstinée, qui considère la vie comme une noble obligation, dont il faut s'acquitter avec dignité et intégrité. Mes parents m'ont donné de la force et du caractère dans cette perspective " dit le narrateur.
Il y a eux, les croyants, et les autres qui leur sont étrangers.
Mais voici qu'une fille, issue de l'autre clan, libre, sans entraves, très belle, magnétique, vient bouleverser le bel équilibre et les certitudes.
Ainsi, comme dans l'Évangile, tout ce qui ne peut se cueillir au premier regard bien qu'il soit sous leurs yeux, se dévoile lentement.....

On ne trouve pas la poésie, la magie des premiers romans de Baricco mais un regard sérieux porté sur les faiblesses humaines . Et toujours une écriture élégante et maîtrisée.
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Quatre garçons et une fille. Une histoire mille fois racontée. Alessandro Baricco, dans le roman Emmaüs, tente de la réécrire à sa façon. Il y ajoute des éléments bien personnels comme l'Italie, les années 70, la religion, etc. Mais on revient toujours à la même histoire : quatre garçons et une fille. Évidemment, les garçons sont polis, respectueux, bien élevés dans la foi catholique. La fille, elle, est riche, populaire, anticonformiste, presque rebelle. Ils tenteront de la sauver (d'elle-même). Mais c'est elle qui les perdra.

Au final, c'est l'auteur qui m'a perdu. Je ne me suis jamais senti concerné par l'histoire de ces garçons. Ils pouvaient tous mourir que ça ne m'aurait pas dérangé. Quant à la fille, je n'y ai jamais crue. Après une cinquantaine de pages, l'intérêt n'y était plus du tout. À plusieurs reprises, je suis arrivé au bas de la page sans me rappeler de ce que j'avais lu. En temps normal, j'aurais relu mais pas cette fois. Je tournais négligemment des pages à peine parcourues des yeux.

Et toutes ces références à Emmaüs et au Nouveau Testament, elles étaient supposées apporter de la profondeur au texte mais les liens entre l'histoire et les passages bibliques sont si ténus qu'on aurait pu s'en passer. L'auteur voulait démontrer son érudition? Bref, moi qui n'avait pas particulièrement aimé Soie alors que tout mon entourage le portait aux nues, je ne suis pas près de retourner dans l'univers de Baricco.
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