Je voulais dire que la vie, je la veux, je ferai n'importe quoi pour l'avoir, toute la vie possible, même si je deviens folle, peu importe, je deviendrai folle tant pis mais la vie je ne veux pas la rater, je la veux, vraiment, même si ça devait faire mal à en mourir c'est vivre que je veux. J'y arriverai, n'est-ce pas ?
En équilibre sur le bord de la terre, à un pas de la mer déchaînée, reposait, immobile, la pension Almayer, plongée dans l'obscurité de la nuit comme un portrait, gage d'amour, dans l'obscurité d'un tiroir.
La mer ensorcelle, la mer tue, émeut, terrifie, fait rire aussi, parfois disparaît, par moments, se déguise en lac ou alors bâtit des tempêtes, dévore des bateaux, elle offre des richesses, elles ne donne pas de réponses, elle est sage, elle est douce, elle est puissante, elle est imprévisible. Mais surtout la mer appelle.
Ce n'est pas vraiment une maladie, ça pourrait l'être mais c'est quelque chose de moins, s'il y avait un nom pour ça il serait très léger, le temps de le dire et il a disparu.
La mer efface, la nuit. La marée recouvre. Comme si personne n'était jamais passé. Comme si nous n'avions jamais existé... S'il y a, dans le monde, un endroit où tu peux penser que tu n'es rien, cet endroit c'est ici... C'est du temps. Du temps qui passe. Rien d'autre.
De Langlais, elle apprit que parmi toutes les vies possibles il faut en choisir une à laquelle s’ancrer, pour pouvoir contempler, sereinement, tous les autres.
Écrire à quelqu'un, c'est la seule façon de l'attendre sans se faire du mal.
L'obscurité suspend tout. Il n'y a rien qui puisse, dans l'obscurité, devenir vrai.
– Quelquefois je me demande ce que nous sommes en train d'attendre.
– Qu'il soit trop tard, madame.
– Je me suis endormi, et j'ai rêvé de toi.
– Et j'étais comment ?
– Vivante.
– Vivante ? Et puis ?
– Vivante. Ne me demande rien d'autre. Tu étais vivante.
– Vivante… Moi ?