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EAN : 978B005R5HDF8
(29/09/2011)
4.5/5   7 notes
Résumé :
On connaît surtout Maurice Barrès pour ses convictions politiques, discutables a posteriori ; hélas elles font de l'ombre à son œuvre littéraire, riche et importante, influente sur la génération d'écrivains tels que Montherlant, Mauriac, Aragon ou Bernanos. Il était d'ailleurs surnommé le Prince de la jeunesse, de cette jeunesse hantée par la guerre de 1870. Nous avons souhaité exhumer de l'oubli, ce recueil de nouvelles qui délivrent des impressions de voyages, eff... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai choisi ce texte un peu par hasard, je pensais qu'il s'agissait d'un roman, alors qu'en fait c'est un ensemble de textes assez disparates, Idéologies passionnées, peut être à la rigueur considéré comme un ensemble de nouvelles, En Espagne, en Italie, Dans le Nord affiche plus clairement d'être une sorte de journal de voyages, et encore si on peut dire. En fait Barrès fait du Barrès, dépeint ses états d'âme et ses impressions,à partir de sujets qui semblent constituer ses obsessions favorites.
On ne peut pas dire que ces textes m'aient séduits, ils sont marqué à mon sens par une grande complaisance de l'auteur vis-à-vis de lui-même, et cela dans un style chargé et artificiel au possible.

Un petit échantillon :

Mot de saveur trop forte, sensuel comme un vice, et qui, arraché à une créature de finesse et de grâce qu'enivre la passion, démoralise tout l'être plus que ne feraient vingt ans de débauche. Sous cette noblesse apparente des sentiments sincères, quelle vase où se noient la dignité de l'homme et toute fierté ! L'amour enseigne le désintéressement, certes : mais c'est du meilleur comme du pire qu'il nous détache. Apre et douloureuse simplification ! L'ordinaire des convenances, le crime, les humiliations, les tares physiques, plus rien n'a de sens pour ces deux-là qui désormais ne connaissent qu'eux au monde.

Alors totalement sans intérêt ? Et bien après des débuts difficiles, et des moments où je pensais ne pas en venir à bout, il est apparu dans ces textes quelques lueurs, quelques beautés, d'autant plus agréables qu'inespérées. Un petit extrait sera parlant je pense :

De la petite table où j'écris, par un coin de rideau levé, je vois dans le jardin de mon voisin, un grand arbre, grave et patient sous la neige. Sous ce ciel bas et gris, il paraît immense ; encadré par ma fenêtre, il emplit tout l'univers. Les semaines passent ; mes idées ou mes passions que je rédige auprès de lui s'envolent en petits feuillets pour l'imprimeur, et lui aussi, à chaque saison, il a des apparences nouvelles, des manières d'être dont il se détache. Ses feuillets jonchent les allées.

Alors ces passages me font me poser la question d'une autre tentative, plus tard, d'un livre comme le jardin de Bérénice.
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Beau titre et réjouissant programme. Comme il l'indique fort bien, c'est au Barrès de la première époque auquel on a affaire ici. le jeune Barrès, fin-de-siècle, décadent, immoral, individualiste, solitaire, mélancolique, à la recherche de sensations inédites. le Barrès du « Culte du Moi », de « l'Homme Libre », le grand écrivain.
Un assortiment de petites nouvelles, d'essais, de carnets de voyage, composent cet ensemble de textes qui nous promène à peu près dans tous les pays limitrophes de la France : L'Espagne, l'Italie, la Belgique ou aux confins litigieux de l'empire Allemand.
On commence par quelques fictions, dont la plus longue, la première, « Un amateur d'âmes », est un paradigme de l'esprit décadent qui relate l'amour tragiquement chaste et incestueux entre un jeune français riche et sa pieuse demi-soeur, exilés à Tolède, la ville chérie de Barrès.
Suivent trois subdivisions : « En Espagne », « En Italie », « Dans les pays du nord », qui permettent à l'auteur de décrire rêveusement les paysages et les moeurs du peuple espagnol, les parfums entêtants, le soleil accablant, ses promenades inquiètes au milieu des tombeaux de Ravenne, ce mélange de volupté et de pressentiment de mort, ou de retracer à sa manière l'histoire De La Renaissance italienne, des paysages toscans aux créations puissantes de Michel-Ange, tout cela entrecoupé de réflexions sur le Moi.
C'est fascinant comme un bijou à l'éclat ostentatoire, plein de pierres précieuses et d'ors brillants. La glorification d'un isolement aristocrate, héroïque, pour échapper au dégoût de tout, à une société aux nerfs exaspérés et exaspérante.
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Réflexions originales d'un esthète et même d'un poète (si l'on considère certaines nouvelles comme de la poésie en prose), pourtant pas très éloignées, quand on y réfléchit, de sa vision politique - nationaliste -, elle aussi, par certains côtés, esthétique. On est séduit par une telle intelligence et un tel style. Naïvement, je continue à me demander pourquoi il n'a pas droit à la bibliothèque de la Pléiade, parce que c'est un grand écrivain, indéniablement.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Combien il doit être vif, le frisson de ces aventureux qui, tout en s’accommodant de leur milieu ordinaire, goûtent et réalisent les voluptés de deux ou trois vies morales différentes et contradictoires! C’est peu vivre de ne faire qu’un personnage. Et je pense parfois avec un goût extrême à cet homme étrange, dont le prélat disait : « Il a voulu entrer dans les ordres, puis il s’est mis dans le tiers-ordre et le voilà dans le désordre. »
Sans doute, il est fâcheux que sa mémoire soit liée pour moi à un badinage de mots aussi pitoyable, mais cette tâche de sang trop âcre qui masque son impassible visage me révèle qu’il possède le don précieux, qu’on peut blâmer, mais qu’il est difficile de ne pas admirer : le sérieux qui couvre et permet toutes les fantaisies.
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Par son sacrifice, Socrate promulgue les lois de la Cité. Jésus la loi de Dieu, l’amour. Que fondent Gundry, Tannhäuser, Tristan, héros déchirants de Wagner ? Les lois de l’Individu. Une seule loi vaut : celle que nous arrachons de notre cœur sincère. Pour nous diriger dans le sens de notre perfection, nul besoin de nous conformer aux règles de la Cité, de la Religion. Un citoyen ? Un fidèle ? Etre un individu, voilà l’enseignement de Wagner. Mais que nul ne s’y trompe. Ce n’est point une doctrine de jouissances faciles. La culture du Moi, aussi bien que le culte de Dieu et de la Cité, exige des sacrifices.
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Vidéo de Maurice Barrès
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