Un album dont la richesse du texte se prêterait admirablement bien à une lecture à voix-haute.
L'auteure
Clémentine Beauvais rendra la "vie d'Après" très romantique.
Pourtant, un fantôme n'est-il pas rien d'autre qu'un esprit qui n'a pas trouvé la paix?
Une âme tourmentée qui n'a pas trouvé de fin acceptable à son histoire et qui inconsciemment de ne se résoud pas à trouver une sortie vers son paradis?
Il existerait donc un autre paradis pour les fantômes, c'est ce que nous raconte l'auteure et Il est sur terre. Entre les bruits dans les escaliers, les volets des appartements qui claquent, les facéties dans la nuit, il y a assez de place encore dans l'agenda fantomatique pour connaitre de nouveau... l'Amour.
Notre premier fantôme est un homme, d'une autre époque, sans doute de l'époque Napoléonienne au vu de sa redingote.
Le temps ne semble plus l'user depuis le XIXème siècle mais il ne serait pas contre un peu de compagnie.
Justement dans son quartier parisien-en reconnaissant les toits français -, il y a une nouvelle.
Le fantôme aux bonnes manières semblerait prèt à revivre une seconde jeunesse et vouloir compter fleurette mais il craint d'être...comment dire...trop vieux ou si peu au goût du jour pour une jeune demoiselle fantôme.
L'idée, bien amenée, joliment racontée, nous séduira.
" ... Elle dit "Hello!". Elle danse quand les gens du troisième mettent leur musique qui fait trembler les murs. Elle fait des " tope-là" aux bébés.
Elle effraie les voisins qui trient mal leurs ordures.
Elle est d'aujourd'hui. Et moi d'hier.
Comment pourrais-je lui plaire?..."
Elle est d'aujourd'hui, c'est un peu vite dit pour notre fantôme qui manquera un peu de repère avec le temps qui passe.
Coupe afro, pantalon à " pattes d'éléphants", les illustrations de
Gérald Guerlais nous en disent un peu plus sur l'apparition féminine.
Les personnages sont d'une autre époque, ça c'est certain, lui si timide et protocolaire, elle, si décontractée et spontanée.
Ils croiseront un peu le fer sur le langage et mettront ensemble à jour leur vocabulaire pour mieux se comprendre, s'apprivoiser.
On ne s'interressera pas à la vie de leur vivant, ni aux circonstances de leur mort, il y aura sans doute une vie à deux, ici et maintenant, plus intrigante pour le lecteur.
Il semblerait en tournant les pages qu'il ne faille pas avoir peur des fantômes. On nous les représente joyeux et animés d'une belle énergie.
Finalement, "après", ils sont aussi heureux, nous dit l'histoire.
Mais tout de même, qu'est-ce qui les retient ici bas?
La ville de Paris?
L'illustrateur nous la fait sillonner en traversant ses murs, ses quais, ses toits. le ciel est dégagé, lumineux, les hirondelles passent, le cadre est idéal pour un fantôme qui aime se balader.
Malgré une vie moderne et ordinaire que nous observeront dans les appartements, la belle histoire des fantômes exhumera une réputation à la romance qui collait à la peau de Paris et qui ici refleurira grâce à eux.
Une belle histoire.