Le photographe se contente-t'il de prélever un morceau de la réalité? Ou bien, est-il vraiment un créateur? Je n'ai pas de réponse à cette question que je me pose depuis longtemps. Béchet n'est pas non plus totalement affirmatif à ce sujet, même s'il trace une frontière plus précise sur le sujet de la post-production.
J'aime beaucoup ce petit livre que je relis de temps en temps, même si je ne suis pas toujours d'accord avec ce qu'affirme Béchet. J'adore son anecdote sur l'amateur qui devant un arc-en-ciel, farfouille désespérément dans les menus de son appareil la fonction qui correspond précisément à cette situation... et lorsqu'il finit par la trouver, bien évidemment, l'arc-en-ciel s'est évanoui.
J'ai fait mienne sa distinction entre amateur, pro, et artiste. L'amateur est celui qui se laisse dominer par le sujet; le professionnel, est dominé par son client (ou par le public potentiel à qui il pense que sa photo devra plaire, et l'on ne peut que juger de la désolante conformité quand on voit la masse de photos similaires qui envahit le web); l'artiste, lui, ne se laisse dominer par personne...
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Le grand public pense qu'il est facile de faire une bonne photo si l'on en fait huit cents d'affilée. Or cela n'a rien à voir... le photographe déclenche pour se rassurer, pour peaufiner. De même qu'un écrivain fait dix ou vingt brouillons pour trouver le mot juste. Mais on peut ré-écrire deux cent fois ses phrases ou faire deux mille dessins sans pour autant atteindre le niveau de Flaubert, Rembrandt ou Bacon.
Tout à commencé avec le cadrage comme geste photographique. Tel était l'objet de ma recherche pour mes études en philosophie de l'art.
J'ai rencontré Jean-Christophe Béchet à cette occasion et il fut l'un des rares photographes à accepter de répondre à mes questions. L'interview devait durer trente minutes... mais au bout de deux heures, je n'avais évoqué que la moitié de mes questions. Jean-Christophe abordait la photographie du point de vue de la pratique et avec le recul du journaliste ; mon angle d'approche était théorique et motivé par la curiosité, propre à l'amateur. Comme nous prenions tous deux plaisir à débattre de la photographie dans cette confrontation entre "théorie" et "pratique", nous avons décidé de nous revoir pour continuer ce dialogue.
Bien vite, le projet d'une (petite) philosophie pratique de la photographie s'est imposé. Pendant un an, toutes les trois semaines, nous avons ainsi exposé nos idées sur divers thèmes afin de mieux comprendre ce qu'est la photographie aujourd'hui.
Il en résulte une réflexion sous la forme du dialogue, qui n'a nulle autre prétention que d'apporter des éléments de réponse et éclairer quelques zones d'ombre. PAULINE KASPRZAK
Toutefois il semble assez drôle de constater qu'en 2014 un photomontage numérique semble être une photo au rabais alors qu'un photomontage découpé au ciseaux de 1920 a le statut d'oeuvre d'art autonome.
Le temps en photographie a un aspect paradoxal et fascinant. Ce paradoxe de l'instant photographique réside dans le fait que la durée enregistrée par l'appareil n'est pas celle contenue dans l'image.
Le photographe est dans un état où se mêlent angoisse et plaisir lorsqu'il découvre ses photos, car il semble qu'il y ait toujours de la place pour l'imprévu et l'effet de surprise.
CONVERSATION - AUTOUR DE LA MATÉRIALITÉ
HÉLOÏSE CONÉSA • JEAN-CHRISTOPHE BÉCHET • THIERRY BIGAIGNON
A l'occasion de la sortie du livre de Jean-Christophe Béchet, intitulé "Sauvage Matérialité", et parallèlement à l'exposition à la BnF, "Épreuves de la Matière", dont le commissariat est assuré par Héloïse Conésa, nous sommes ravis de vous inviter à une conversation autour de la matérialité en photographie.
Cet événement fait suite aux entretiens accordés à Jean-Christophe Béchet par Héloïse Conésa d'une part et par Thierry Bigaignon d'autre part, publiés en postface du livre "Sauvage Matérialité" aux éditions Loco. Une belle occasion de revenir sur l'un des thèmes cher à la galerie : la matière. Vous serez accueillis au sein de l'exposition de Morvarid K intitulée "This too shall pass", une exposition bouleversante où le travail sur la matière est particulièrement présent.
Jeudi 30 novembre 2023 à 18h
18 rue du Bourg-Tibourg, Paris 4
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