La fin est dans le commencement et cependant on continue.
CLOV. — A quoi est-ce que je sers ?
HAMM. — A me donner la réplique.
Rien n'est plus drôle que le malheur, je te l'accorde.
-Salopard ! Pourquoi m'as-tu fait ?
-Je ne pouvais pas savoir.
-Quoi ? Qu'est-ce que tu ne pouvais pas savoir ?
-Que ce serait toi.
Vous êtes sur terre, c'est sans remède !
CLOV. — (…) J’emploie les mots que tu m’as appris. S’ils ne veulent plus rien dire apprends-m’en d’autres. Ou laisse-moi me taire.
Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut être finir. (Un temps) Les grains s'ajoutent aux grains, un à un, et un jour, soudain, c'est un tas, un petit tas, l'impossible tas.
HAMM. - On n'est pas en train de... de... signifier quelque chose?
CLOV. - Signifier? Nous, signifier! (Rire bref.) Ah, elle est bonne!
CLOV. — Pourquoi cette comédie, tous les jours?
HAMM. — La routine. On ne sait jamais. (Un temps.) Cette nuit j'ai vu dans ma poitrine. Il y avait un gros bobo.
CLOV. — Tu as vu ton coeur.
HAMM. — Non, c'était vivant. (Un temps. Avec angoisse.) Clov !
CLOV. — Oui.
HAMM. — Qu'est ce qui se passe?
CLOV. — Quelque chose suit son cours.
HAMM. — Prions Dieu.
CLOV. — Encore ?
NAGG. — Ma dragée !
HAMM. — Dieu d’abord ! (Un temps.) Vous y êtes ?
CLOV (résigné). — Allons-y.
HAMM (à Nagg). — Et toi ?
NAGG (joignant les mains, fermant les yeux, débit précipité). — Notre Père qui êtes aux…
HAMM. — Silence ! En silence ! Un peu de tenue ! Allons-y. (Attitudes de prière. Silence. Se décourageant le premier.) Alors ?
CLOV (rouvrant les yeux). — Je t’en fous ! Et toi ?
HAMM. — Bernique ! (A Nagg.) Et toi ?
NAGG. — Attends. (Un temps. Rouvrant les yeux.) Macache !
HAMM. — Le salaud ! Il n’existe pas !