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EAN : 9782749166223
216 pages
Le Cherche midi (05/11/2020)
2.92/5   6 notes
Résumé :
Rendez-nous la liberté d’esprit, l’insolence, l’irrévérence !
Il y a, peut-être, un léger parfum de nostalgie dans cet ouvrage collectif qui revisite la culture et les médias des années 1970 à aujourd’hui.
Mais loin d’être une apologie du « c’était-mieux-avant », c’est avant tout un catalogue illustré, drôle et ravageur, à l’usage des générations présentes et à venir. Un cocktail subtil et subversif qui fait pleurer de rire pour mieux faire réfléchir. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Incorrect » est un florilège de l'irrévérence dans les médias et la culture des années 70 à nos jours, dispensée par les principaux trublions de la bienséance et de la « bonne morale ». Ouvrage collectif, il dresse une galerie des coupables de liberté d'expression : Coluche, Pierre Desproges, Jean Yanne, Guy Bedos, Hara-Kiri, Charlie-Hebdo et bien d'autres…, les films qui ont offensé les bonnes moeurs de la bourgeoisie, les médias en dehors des sentiers rebattus du bon goût, et la musique de voyou dégénérescente qui casse les oreilles des parents au point de pratiquer un exorcisme religieux ou laïque selon, sur leurs ados en transe…

L'ouvrage est construit sur une riche iconographie appuyée par des textes courts et des citations relatant les « méfaits » de tous ces joyeux lurons à l'humour ravageur ou à la provocation sans limite. Il se feuillette comme un album souvenir des faits de bravoure face à la censure qu'elle soit d'Etat ou non.

Les auteurs nous proposent donc un voyage commémoratif et contemplatif dans un monde qui n'existe plus ; celui de l'irrévérence, de l'insolence, de la liberté d'esprit à tous les étages. L'entretien avec l'avocat de Charlie-Hebdo, Richard Malka, est le seul moment d'explication des enjeux actuels pour défendre cette liberté d'expression remise en question par les nouvelles générations structurées dans des groupes communautaires aux dogmes assénés à coups de tweets assassins. La dernière partie du livre est d'ailleurs consacrée aux actes de censure, voire ce qui est plus grave d'autocensure, initiés par la pression de ces groupes communautaires.

Bref, c'est un ouvrage plaisir à la saveur d'un bon acidulé à qui sait apprécier cette liberté de ton mais qui aurait mérité un peu plus de matière pour définir la notion de liberté d'expression et son importance pour une société équilibrée. Si les auteurs le destine aux générations futures comme indiqué sur la quatrième de couverture, par sûr que cet art de l'irrévérence soit bien perçue et comprise.

Pour apprécier cette balade rétrospective autant vous dire qu'il vous faut avoir cette sacrée clef de lecture qu'est le deuxième degré qui manque cruellement aujourd'hui, au risque de trouver cet ouvrage particulièrement incorrect.

La liberté d'expression est un combat de tous les instants ! Ce livre y participe… partiellement.

Je conclus par un sérieux coup de gueule sur l'éditeur qui a laissé passer des erreurs de syntaxe et d'orthographe en pagaille, même jusque dans l'orthographe des noms propres. Pauvre Monsieur Cyclopède !
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Cet ouvrage collectif propose une synthèse en images de la culture incorrecte des années 1970 à nos jours, dans les domaines du cinéma, de la publicité, de la musique, de la presse et la télévision. Il est découpé en chapitres :
- Une époque formidable : autres temps, autres moeurs. Survols de quelques us et coutumes disparus que l'on ne reverra (sans doute) pas de sitôt.
- Décontracté du gland : quand le cinéma français donnait des "coups de pieds au cul" et des leçons de maintien.
- Sex, drugs & rock'n'roll : au rythme du scandale, au temps où artistes et producteurs jouaient à qui choquaient davantage le bourgeois.
- Les échappées de l'écran : télé er radios changent de fréquence, passant de la révérence à la (fausse ?) irrévérence, de la pruderie au strip-tease hebdomadaire de a censure au forum enfumé
- Mais jusqu'où s'arrêteront-ils ? : un titre honteusement emprunté à Coluche.
- La défonce du consommateur : ce chapitre dont le titre est emprunté à une rubrique du journal Lui, s'ouvre insidieusement sur une fausse pub du professeur Choron, l'inventeur du genre pour Hara Kiri. Mais le lecteur verra par la suite que certaines vraies pubs n'ont rien à lui envier.
- Censure, mode d'emploi : les brûlots auxquels vous avez échappé (ou presque) à la télévision, la radio et dans les librairies, grâce à la vigilance des censeurs.
Cet ouvrage très riche en photographies se feuillette facilement pour se plonger dans la période des année 1970-1980 marquée par beaucoup d'insouciance, d'insolence et liberté de ton des médias.

Lien : https://www.carnetsdeweekend..
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
En 1975, la chanson "Hexagone" de Renaud est interdite sur les ondes de France. Dix ans plus tard, "Miss Maggie" fera scandale outre-Manche ("Pas une femme n'est assez minable, pour astiquer un révolver et se sentir invulnérable, à part, bien sûr, Mme Thatcher"). Au moment du décès de l'ancienne Première ministre en 2013, le réseau France Bleu demande de suspendre la diffusion de ce titre. (p.198)

Hexagone de Renaud

Ils s'embrassent au mois de Janvier,
Car une nouvelle année commence,
Mais depuis des éternités
L'a pas tell'ment changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue,
La mentalité est la même :
Tous des tocards, tous des faux culs.

Ils sont pas lourds en Février,
À se souvenir de Charonne,
Des matraqueurs assermentés
Qui fignolèrent leur besogne,
La France est un pays de flics,
À tous les coins d'rue y'en a 100,
Pour faire régner l'ordre public
Ils assassinent impunément.

Quand on exécute au mois d'Mars,
De l'autr'côté des Pyrénées,
Un anarchiste du Pays basque,
Pour lui apprendre à s'révolter,
Ils crient, ils pleurent et ils s'indignent
De cette immonde mise à mort,
Mais ils oublient qu'la guillotine
Chez nous aussi fonctionne encore. J'parierai pas qu'il est allemand.

On leur a dit au mois d'Avril,
À la télé, dans les journaux,
De pas se découvrir d'un fil,
Que l'printemps c'était pour bientôt,
Les vieux principes du seizième siècle,
Et les vieilles traditions débiles,
Ils les appliquent tous à la lettre,
Y m'font pitié ces imbéciles.

Ils se souviennent, au mois de Mai,
D'un sang qui coula rouge et noir,
D'une révolution manquée
Qui faillit renverser l'Histoire,
J'me souviens surtout d'ces moutons,
Effrayés par la Liberté,
S'en allant voter par millions
Pour l'ordre et la sécurité.

Ils commémorent au mois de Juin
Un débarquement d'Normandie,
Ils pensent au brave soldat ricain
Qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui,
Ils oublient qu'à l'abri des bombes,
Les Français criaient "Vive Pétain",
Qu'ils étaient bien planqués à Londres,
Qu'y'avait pas beaucoup d'Jean Moulin.

Être né sous l'signe de l'hexagone,
C'est pas la gloire, en vérité,
Et le roi des cons, sur son trône,
Me dites pas qu'il est portugais.

Ils font la fête au mois d'juillet,
En souv'nir d'une révolution,
Qui n'a jamais éliminé
La misère et l'exploitation,
Ils s'abreuvent de bals populaires,
D'feux d'artifice et de flonflons,
Ils pensent oublier dans la bière
Qu'ils sont gouvernés comme des pions.

Au mois d'Août c'est la liberté,
Après une longue année d'usine,
Ils crient : "Vive les congés payés",
Ils oublient un peu la machine,
En Espagne, en Grèce ou en France,
Ils vont polluer toutes les plages,
Et par leur unique présence,
Abîmer tous les paysages.

Lorsqu'en Septembre on assassine,
Un peuple et une liberté,
Au cœur de l'Amérique latine,
Ils sont pas nombreux à gueuler,
Un ambassadeur se ramène,
Bras ouverts il est accueilli,
Le fascisme c'est la gangrène
À Santiago comme à Paris.

Être né sous l'signe de l'hexagone,
C'est vraiment pas une sinécure,
Et le roi des cons, sur son trône,
Il est français, ça j'en suis sûr.

Finies les vendanges en Octobre,
Le raisin fermente en tonneaux,
Ils sont très fiers de leurs vignobles,
Leurs "Côtes-du-Rhône" et leurs "Bordeaux",
Ils exportent le sang de la terre
Un peu partout à l'étranger,
Leur pinard et leur camembert
C'est leur seule gloire à ces tarés.

En Novembre, au salon d'l'auto,
Ils vont admirer par milliers
L'dernier modèle de chez Peugeot,
Qu'ils pourront jamais se payer,
La bagnole, la télé, l'tiercé,
C'est l'opium du peuple de France,
Lui supprimer c'est le tuer,
C'est une drogue à accoutumance.

En Décembre c'est l'apothéose,
La grande bouffe et les p'tits cadeaux,
Ils sont toujours aussi moroses,
Mais y'a d'la joie dans les ghettos,
La Terre peut s'arrêter d'tourner,
Ils rat'ront pas leur réveillon;
Moi j'voudrais tous les voir crever,
Étouffés de dinde aux marrons.

Être né sous l'signe de l'hexagone,
On peut pas dire qu'ça soit bandant
Si l'roi des cons perdait son trône,
Y'aurait 50 millions de prétendants.
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Parce que l'irrévérence est trop précieuse pour être laissée aux imbéciles.

Le rire. Je n'ose écrire "l'humour", petit métier abandonné à des "humoristes" pour noces et banquets. Le rire est brutal, provocateur, imprévisible, injuste, sans pitié. Il ne venge, ne punit ni ne juge. Il s'en fout. - François Cavanna

En 2020 mon père est mort. Toute ma vie, il m'aura enseigné les vertus de la liberté d'expression et de l'incorrection. Toute ma vie, je me battrai pour qu'il n'ait pas vécu pour rien. Me dispenser de le faire m'épargnerait bien des cabales numériques à deux balles, bien des messages d'insultes sur Twitter et Instagram. Mais me dispenser de le faire serait, pour le coup, d'une incroyable incorrection. - Nicolas Bedos

Aujourd'hui, il est difficile de déconner, on fait attention où on met les pieds par peur de s'embourber. 90% des canulars du XXe siècle ne pourraient pas passer. Or, sans liberté totale, on y arrive pas. Comment être comique si on commence à s'autocensurer. Les restrictions qui viennent s'agréger comme une espèce de rejet, d'interdits. Le territoire sur lequel on peut encore déconner se réduit comme peau de chagrin. On va devoir obtenir des permis sur les sujets sur lesquels on peut déconner en oubliant la religion, les femmes, les homos, les handicapés.
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Le second degré, ce n'est pas facile tous les jours. En 1970, Guy Bedos et Sophie Daumier présentent sur la scène de Bobino "Les vacances à Marrakech" : ça les a déçus "c'est plein d'Arabes". "Quand l'avion s'est posé : que des Arabes, partout, que ça. Les porteurs ? Des Arabes (bon, ça, normal). Les douaniers ? Arabes ! Les policiers ? Arabes ! Tous ! Même le roi (...) Ils sont chez eux !" La mise en scène absurde et hilarante du racisme ordinaire de ce couple de beaufs moyens deviendra, avec La Drague, leur carte de visite. Un succès, mais un succès... grinçant. [...] Pris au premier degré, le sketch déclenche quelques polémiques : le duo sera boycotté sur certaines antennes pour "racisme" ou au contraire encensé par les nostalgiques des colonies.
Cinq ans plus tard, en 1975, Bedos et Daumier présentent pour la première fois le sketch à la télévision dans Numéro un, l'émission phare de Maritie etGilbert Carpentier sur la toute jeune TF1. Mais "afin d'éviter désormais tout malentendu", la chanteuse Dani doit l'introduire par un avertissement : "Le texte qui va être présenté maintenant est d'inspiration antiraciste"
Non ? Si. (p.142)
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... si on regarde le casier judiciaire de tous les créateurs, il ne va plus rester grand-chose dans nos bibliothèques et nos musées. La création n'a pas vocation à être morale. Elle doit gêner, elle doit aller dans les marges, elle doit être incandescente. Mais, au nom de la sensibilité et de l'offense, on assiste à un retour de la morale bourgeoise. En cherchant bien, les 7 milliards d'êtres humains peuvent tous se définir comme appartenant à telle ou telle minorité religieuse, sexuelle, ethnique ou je ne sais quoi. C'est la fin de l'universalisme et le communautarisme poussé dans son absurdité la plus totale. Nous serons bientôt 7 milliards de victimes. Toutes ces demandes d'interdiction au nom du bien ou d'une indignation sacrée sont terriblement inquiétantes.
On a remplacé une censure d'Etat par une censure des individus. (p.158)

Richard Malka, avocat de Charlie-Hebdo
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La question des sensibilités est devenue centrale. Il ne faudrait heurter la sensibilité religieuse, sexuelle, physique... de personne. C'est l'arme de guerre ultime contre la liberté d'expression. Ceux qui l'utilisent ont l'impression d'être dans le camp du Bien mais ne font en réalité que perpétuer l'esprit de censure. Car la liberté d'expression, par essence, ça blesse. Le débat aussi, ça blesse. Parce qu'il confronte à des personnes qui pensent différemment et qui peuvent vous heurter. La Cour européenne des droits de l'homme est claire : il faut permettre cette liberté d'expression y compris pour les idées qui heurtent et qui blessent. Si vous voulez interdire tout ce qui vous blesse au nom d'une appartenance religieuse ou communautaire, alors il n'y a plus de liberté d'expression. Les jeunes générations n'ont peut-être pas été suffisamment sensibilisées à la liberté d'expression alors qu'elles communiquent beaucoup plus que n'importe quelle autre génération. Il faudrait transmettre cette idée que dans un régime de libertés, il faut accepter d'être blessé par le sentiment de l'autre. C'est ce qu'on appelle l'altérité. Il faut accepter d'être heurté même dans ses croyances, qui ne sont que des croyances. Sinon on ne s'enrichit pas, on ne change jamais d'avis, on se ferme à l'autre. Aujourd'hui on empêche des philosophes ou des politiques de s'exprimer dans des universités parce qu'ils ne pensent pas comme il faut, on censure une pièce de théâtre antique, des films et des livres expurgés pour tenir compte de la sensibilité de tel ou tel groupe, on demande aux musées d'expurger leurs collections, des pétitions demandent d'interdire des journalistes.... (p.158)

Richard Malka, avocat de Charlie-Hebdo
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Vidéo de Nicolas Bedos
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