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Forçats tome 1 sur 2
EAN : 9782352045496
64 pages
Les Arènes (07/09/2016)
3.98/5   30 notes
Résumé :
Guyane française, 1923
La forêt vierge, les serpents venimeux, la chaleur étouffante...et le bagne.
L'existence des forçats ne tient qu'à un fil : l'espoir fou de s'évader de cette île du malheur.
Au milieu des ténèbres, deux hommes : l'anarchiste Eugène Dieudonné, incarcéré depuis 10 ans pour un crime qu'il n a pas commis, et le grand reporter Albert Londres, venu « porter la plume dans la plaie » de ce monde inhumain.
Leur amitié va cha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« Émanations directes du corps des galères de l'Ancien régime les bagnes (…) d'abord maritimes ou portuaires (…) vont au milieu du XIXe siècle connaitre une orientation radicalement différente. La conjugaison de la révolution industrielle et de l'abolition de l'esclavage va amener le législateur à repenser l'utilisation de la main-d'oeuvre pénale. Ajouté à cela, la grande peur suscitée par les événements de 1848 et la tentation de se débarrasser à bon compte des opposants politiques, voilà grande ouverte la route des colonies pour les bagnards. Après un essai infructueux aux îles Marquises, jugées trop lointaines, et en Algérie, un peu trop près, c'est finalement la Guyane qui est désignée comme colonie pénitentiaire, dans l'article 1 de la loi sur la transportation du 7 mai 1854».

Les conditions de vie au bagne sont tellement épouvantables que les bagnards, qui doivent faire face à la dureté des travaux, aux maladies exotiques et à la malnutrition, ont une durée de vie moyenne qui ne dépasse pas cinq ans. L'anarchiste Eugène Dieudonné, incarcéré depuis dix ans pour un crime dont il est innocent, a tenté de s'évader de cet enfer, mais après avoir été repris, il est condamné à deux ans de réclusion dans un lieu pire encore, l'île Saint-Joseph surnommée « la mangeuse d'hommes » C'est là qu'en 1923, Albert Londres vient le rencontrer.

Dans cet album, imaginé à partir de l'enquête sur le bagne d'Albert Londres (publiée dans le Petit Parisien) - qui a eu pour effet la fermeture de ce lieu de malheur et de souffrance, la réalité des bagnards est parfaitement restituée. En effet, le dessin sombre et les couleurs tranchées de cette fiction historique nous plonge dans l'ambiance oppressante et malsaine du lieu. Et si le texte est souvent court, ce qui illustre plus encore la détresse physique et morale des bagnards, on est éclairé à la fin du livre par des explications historiques, claires et précises. Une vraie réussite pour cette création de Patrick Perna et Fabien Bedouel qui évoque un épisode peu glorieux de notre histoire.
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Le bagne. Une réalité qui nous paraît tellement loin. Et pourtant, il y a à peine un siècle, cela existait encore. Ce qui y a mis fin ? Le journalisme d'investigation et sa volonté farouche d'informer dans un soucis de vérité et d'impartialité, en la personne d'Albert Londres.

En 1923, le journaliste débarque au Bagne de Cayenne afin de découvrir la réalité de cette colonie pénitentiaire où sont envoyés, sans distinction, les assassins, les voleurs de pommes, les opposants politiques et tout individu a-social, débarrassant ainsi les honnêtes gens – et le territoire – de la racaille… Loin de France, qui peut bien se préoccuper de ces hommes dont l'espérance de vie ne dépasse pas les cinq ans, dans une nature tellement hostile qu'on en viendrait presque à préférer la cruauté de l'administration pénitentiaire, s'il n'y avait la liberté ?
Personne – ou si peu – avant la publication de l'article d'Albert Londres dans le Petit Parisien.

Le scandale et l'effroi que cela généra dans la population conduisirent à la fermeture du bagne. La république piquée au vif dans son orgueil, honteuse de cette barbarie d'un autre temps, qui s'accorde si peu avec son idéal, mais dont elle s'est si bien accommodée tout ce temps – quel outil merveilleux pour débarrasser la France et ses dirigeants politiques de toute persona non grata ! – jura qu'on ne l'y reprendrait plus. Donc Acte...

C'est cette enquête à travers les liens qui vont se tisser entre Albert Londres et Eugène Dieudonné – anarchiste accusé d'être membre de la bande à Bonnot, sans grandes preuves, mais parce que « ça en fait toujours un de moins» sur le territoire – que mettent en mots, dessins et couleurs Pat Perna et Fabien Bedouel dans ce tome 1 de Forçats : Dans l'enfer du bagne.

L'album est une petite merveille de justesse : l'ambiance est pesante, étouffante, les visages sont durs et sombres, les couleurs utilisées : noir, bleu sombre, métallique, rouge sang, donnent la réalité de ses lieux immondes.

Le texte nous donne à lire l'essentiel et les dernières pages nous apportent des précisions historiques utiles pour mesurer toute la répercussion de l'enquête effectuée par Albert Londres. On oscille entre récit d'aventure et récit historique, avec dans les deux cas, un fort militantisme qui fait écho aux convictions et au combat mené par le journaliste.

Une BD dont j'attendrais avec impatience la suite et que je vais m'empresser de faire connaître autour de moi. Un grand merci aux éditions les Arènes et à Babelio pour ses opérations masse critique.
Lien : http://page39.eklablog.com/f..
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« Vous voulez que je vous raconte le bagne ? Alors je vais vous parler de la Guyane. Parce que le véritable enfer n'est pas ici, entre les murs de ce cachot… mais dehors, tout autour. […] On peut dire, sans risquer de se tromper, que la Guyane est juste une putain de forêt vierge où l'homme n'a pas sa place. Pour avoir une chance d'y survivre, il faut se garder des serpents venimeux qui tombent des arbres ou se faufilent entre les herbes hautes de la savane. Des colonnes de fourmis s'y déplacent jour et nuit, dévorant tout sur leur passage. Certaines font deux centimètres de long et leur venin peut tuer un boeuf. Et puis il y a les mouches. Elles vous attaquent, pire que des abeilles et piquent au sang ou pondent leurs oeufs sous la peau, jusqu'à vous rendre dingue. Vous voulez que je vous dise, m'sieur ? Ici pas besoin de barbelés ni de gardiens ».

Ce témoignage est recueilli par le journaliste Albert Londres à Cayenne, en 1923. Il lui est fourni par Dieudonné, membre supposé de la bande à Bonnot envoyé au bagne après un procès inique. Enfermé suite à une tentative d'évasion, Dieudonné se confie et montre à Londres l'innommable réalité d'une vie de bagnard. Une prison à ciel ouvert où l'état français a mis en oeuvre une déportation de masse pour se débarrasser de ses criminels les plus dangereux. Une prison à ciel ouvert où la durée de vie moyenne n'excède pas cinq ans. Une prison à ciel ouvert où l'on paie pour attraper la tuberculose ou la lèpre afin de s'offrir un séjour prolongé à l'infirmerie et s'extraire de l'horreur du quotidien.

« Jamais je n'oublierai ce que j'ai vu ici. Quelle que soit la nature des crimes qu'ils ont commis, ces hommes ne méritent pas le traitement indigne que la république leur inflige. Rien ne justifie qu'on dépossède à ce point un homme de son humanité. La Guyane est une machine à broyer, sans distinction ni remords ».

Je crois que j'ai lu tout Albert Londres dans ma jeunesse. Au-delà de son engagement, de sa vision du journalisme (« notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie »), j'ai adoré son écriture, son lyrisme contenu et sa façon incroyablement puissante de vivre et de raconter chacun de ses reportages. C'est un plaisir de le retrouver ici dans cette libre adaptation de son recueil d'articles « Au bagne », adaptation fidèle à la réalité historique mais prenant parfois les accents d'un roman d'aventure.

Graphiquement, je découvre avec bonheur le trait aiguisé de Fabien Bedouel, ses grands aplats noirs, son bleu profond, son rouge sang, sa façon de retranscrire l'atmosphère suffocante et la violence de la colonie pénitentiaire, l'absence totale d'espoir et de lumière pour les condamnés.

Une plongée dans l'indicible sur les pas d'Albert Londres pour rappeler à quel point Cayenne et son bagne sont à jamais restés une honte pour la France (d'ailleurs l'enquête du journaliste aura un tel retentissement qu'elle aboutira à la fermeture du pénitencier de Saint-Laurent-du-Maroni).


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Nous sommes ici directement plongés dans l'enfer de la jungle Guyanaise, l'album débute par une poursuite après une évasion du bagne.
Tout au long de cette lecture on passe de l'instant présent des personnages, alterné avec des flashbacks sur le pourquoi d'une condamnation.
Les personnages sont bien choisis et représentés avec de fortes personnalités, un plus pour la narration qui trouve donc ce côté très réaliste.

Dépaysement assuré avec des dessins en aplat (sans dégradés) superbement maîtrisés, on sent le grand soin apporté au choix des couleurs ce qui donne évidemment une ambiance très proche de la réalité du vrai paysage (et c'est une affirmation ayant moi même passé plusieurs mois en Guyane française et ayant visité les lieux présents dans la BD, notamment les îles du Salut, Saint-Laurent-du-Maronie ou encore Cayenne.) En lisant et voyant la moiteur des mangroves, on en transpirerait presque tellement le rendu est immersif.

Pour conclure, je conseillerai ce premier tome aux amoureux de la Guyane française, aux férus d'histoire, d'aventure, mais surtout aux amateurs de belles bandes dessinées, j'attend le second tome avec impatience.

Voir la chronique sur mon blog :
Lien : http://unbouquinsinonrien.bl..
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Connaissant bien l'histoire de Dieudonné et d'Albert Londres après avoir lu le bouquin de l'un comme de l'autre sur le sujet (ainsi que bien d'autres), j'étais curieux de voir ce que valait cette adaptation en BD, même si le fait qu'elle soit en noir et blanc me rebutait un peu (la Guyane, on imagine ça coloré).
Pour autant, j'ai rapidement compris au moins une des raisons qui ont présidé à ce choix : l'extrême violence de certains passages aurait rendu le spectacle assez insoutenable.
D'ailleurs, le dessinateur s'en sort fort bien, ses scènes sont très dynamiques et les a-plats de noir sont très habilement utilisés.
Sur le plan du scénario, j'ai rapidement compris que l'auteur avait pris des libertés avec la véritable histoire, mais après tout pourquoi pas, c'est même quelque part plus intéressant pour quelqu'un comme moi qui connaît les faits.
Un petit bémol sur la partie relative à l'histoire de la bande à Bonnot (dont Dieudonné n'a en fait été qu'un sympathisant idéologique, car il n'a jamais participé à leurs crimes) : cet aparté en forme de flashback, qui ne pouvait prendre que quelques pages, est du coup trop vite bâclé pour être clair, de sorte qu'on se dit que l'auteur aurait carrément pu en faire l'économie plutôt que de le traiter de cette manière assez sibylline.
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critiques presse (5)
ActuaBD
07 février 2017
Un récit aussi prenant qu’intéressant.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BoDoi
23 septembre 2016
Une bande dessinée qui oscille entre le glacial et le spectaculaire, sur un sujet âpre mais si romanesque. Pari réussi.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDZoom
20 septembre 2016
Après leur excellent « Kersten » consacré au parcours étonnant du médecin d’Himmler, le dessinateur Fabien Bedouel et le scénariste Pat(rice) Perna se retrouvent pour un nouveau diptyque qui s’annonce passionnant.
Lire la critique sur le site : BDZoom
BDGest
12 septembre 2016
Œuvre généreuse et angoissante, ce premier volume de Forçats impressionne au premier abord, mais peine à convaincre totalement sur la longueur.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
06 septembre 2016
Les deux auteurs nous proposent une histoire extrêmement bien documentée, avec un travail minutieux pour coller au plus prêt de la vérité et ainsi nous montrer l'intensité extrême de la vie de bagnard, en cette époque pourtant encore si proche de la notre.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Alors Monsieur Londres, que dîtes-vous de cela ? N'est-ce pas une terre paradisiaque ?
- Et bien, je n'ai pas pour habitude de me fier aux apparences, ni aux premières impressions, mais cette forêt au loin semble bien accueillante après 20 jours de mer...
- Ha ha ! Vous avez raison de ne pas vous y fier. Ce pays suinte la crasse et la pourritude par chacun de ses pores. Vous en avez eu un petit aperçu dans les cales de ce navire.
- Je n'ai vu pour l'instant que de pauvres bougres entassés comme du bétail dans des cages.
- Ne soyez pas naïf... N'importe lequel d'entre eux vous égorgerait sur le champ, et sans une once de remords, pour voler votre chapeau.
- Voilà un verdict aussi tranchant qu'une lame de guillotine...
- Vous ne croyez donc pas à la justice de votre pays ?
-Ma foi, contrairement à elle, j'accorde aux hommes le bénéfice du doute.
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27 Février, Paris, Rue Nollet.

- Tu m'en veux ?
- Non.
- Est-ce que... tu l'aimes?
- Oui.
- Je l'aime comme je t'aime, toi. D'un amour libre et joyeux. Je sais que tu ne me comprends pas, mais c'est ainsi, Eugène.C'est la société qui a décidé que nous ne devions aimer qu'une seule personne à la fois. Mais c'est impossible. C'est une notion bourgeoise de l'amour. Moi, je suis vivante et je refuse de choisir.
- Je ne sais pas, Louise... J'ai juste... peur de te perdre.
- Mais on ne s'appartient pas, Eugène. Je ne veux pas te posséder, tu comprends ? Pas plus que je ne te laisserai disposer de moi...
- Je veux te choisir à chaque instant, parce que je ne peux aimer que sans compromis ni renoncement... (p. 28)
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Je demeure convaincu qu'un journaliste n'est pas un enfant de cœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses.
Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.

Albert Londres
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Vous voulez que je vous dise, M'sieur ?
Ici pas besoin de barbelés ni de gardiens.
C'est la nature qui fait la loi.
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On peut dire sans risque de se tromper que La Guyane est juste une putain de forêt vierge où l'homme n'a pas sa place. (p. 5)
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Vidéo de Pat Perna
Après avoir adapté en BD le roman d'espionnage (mais bien plus que ça) de Trevanian, "Shibumi" (aux éditions des Arènes), réputé inadaptable, le scénariste Pat Perna continue d'avoir de chouettes projets. En 2024, il devrait publier une BD sur l'assassinat de Trotsky et une autre sur les derniers jours de Mussolini. Puis il laissera un temps de côté la géopolitique guerrière du XXème siècle pour revenir sur une anecdote d'enfance, dans un format roman graphique confié à Jean-Baptiste Hostache, son dessinateur de "Shibumi".
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