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EAN : 9782743610722
201 pages
Payot et Rivages (14/02/2003)
3.78/5   16 notes
Résumé :
Ayant appris que Marc Behm, qu’il adore et dont il a publié une partie de l’œuvre en Espagne, avait écrit plusieurs nouvelles, mais pas suffisamment pour constituer un recueil, Paco Ignacio Taibo II s’est offert avec enthousiasme pour « compléter » ledit recueil. Ce que Marc Behm a volontiers accepté. Voici donc des nouvelles qui sont le fruit de deux des voix les plus originales et les plus « anarchistes » du polar. Marc Behm y retrouve quelques-unes de ses héroïne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
De courtes nouvelles de Behm, suivies d'autres, plus longues, de Taibo. Ce dernier admirait Behm et a propose les siennes pour permettre d'accoucher a deux un volume assez joufflu, susceptible d'etre publie.

Behm secrete un humour noir qui se rit du noir, qui le detruit ou s'autodetruit en une grimace de clown a la Jack Nicholson. Si c'est du polar c'est du polar biscornu, completement dingue, fele, pas credible pour un sou, frolant le fantastique, mais Behm sait manier la tension, l'accroitre page apres page, jusqu'a un denouement toujours inattendu, et c'est jouissif.

Il aime les serial killers, mais qui sont ils? : un serpent, un gosse de cinq ans, et le pire de tous, la Mort, deguisee en femme fatale. Et que ne fait-on pour echapper a la Mort? On se cache. Comme dans “La Planque”. Et on meurt par erreur comme dans “Feu Don Juan”.
Un autre serial killer, plus conventionnel, tue, sans le savoir, selon les lettres qui composent son nom (“Le tueur marteau”). Et quand on l'execute le bourreau jouit, decharge (“La chambre”).

Mais pas tous les personnages se font berner comme celui de “Dot". Dans “Le corps du delit”, le macchabee arrive a savoir qui l'a tue, et Bart de “L'Arnaque" se joue de la belle qui veut lui voler son ame.
La derniere nouvelle, “Il manque quelque chose”, a des relents sociaux: les femmes ont disparu. Ou ce sont les hommes? Les hommes ne voient plus les femmes? Les femmes ne croisent plus d'hommes?

Les nouvelles de Taibo sont un peu plus classiques, et en des allers-retours entre l'Europe et le Mexique, il nous fait part de ce qu'il pense de la societe contemporaine, ici ou la. Elles sont aussi policieres, comme “Au fin fond du Sud", ou il s'amuse a emprunter a Chandler son Marlowe desabuse; noires, comme “ Les merveilleuses odeurs de la vie", ou les mains d'un policier, puis d'un autre, sentent le cadavre, la charogne, insinuant une possible epidemie de remords; et surtout sociales, comme “Tlaloc”, qui restitue une certaine dignite a l'indigenisme, ou “Mariachis morts avec le sourire", ou il apostrophe entre autres industries le journaliste a sensation.

Behm se savoure mais est pratiquement impossible a citer. Une ligne quand meme: “Pas de portefeuille. Voila qui suggerait une agression. Mais en general, les agresseurs ne flinguent pas leur proie. Sauf a Los Angeles.” Et Taibo ne nous laisse pas en reste: “Si chez elle la television etait en permanence allumee, c'etait pour tuer la solitude, pas pour conjurer des peurs. […] Elle se demandait : « Si je la mets pour tuer la solitude, pourquoi est-ce que je la laisse allumee quand je sors ? Justement pour ça, pour tuer la solitude quand je ne suis pas la et pour qu'il y ait moins de solitude quand je rentre », se repondait-elle.”
Il y a pleins d'autres passages de Taibo, sur l'art, l'Europe ou le Mexique qui meritent d'etre cites. J'en posterai peut-etre quelques uns. Ou peut-etre, ce que j'aurais de mieux a faire, c'est de lire ses romans. Je verrai…
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Tu as regardé le portrait derrière la vitre épaisse. Il fallait presque faire la queue. Elle ne le méritait pas. Le portrait de Cecilia Gallerani, la Dame à l’hermine, était nettement supérieur. Oui, bien supérieure Cecilia, pour le trait, le résultat, la féminité assumée. Mais la Joconde était la Joconde, grâce à l’abondance de mythologie et de littérature, dont la phrase de Muther était le parfait exemple : « Le charme démoniaque de ce sourire ». Tu l’as répétée à voix basse, en rendant son coup de coude à une grosse Autrichienne qui voulait s’approcher du tableau. Et, bien entendu, Monna Lisa était en tête du concours d’images sur les boîtes d’allumettes, éventuellement revue par Warhol ou affublée d’une moustache par Duchamp, et en tête pour les campagnes de pub Levi’s, puisqu’elle était au Louvre et que les Français avaient su toujours convaincre le monde entier que tout devait se mesurer en fonction du kilomètre zéro au pied de la tour Eiffel, tandis que le portrait de Cecilia Gallerani, la Dame à l’hermine, se trouvait au Czartorychi Muzeum à Cracovie en Pologne, où il n’y avait même pas de cartes postales correctes en vente. Les Polonais avaient encore du boulot s’ils voulaient se mesurer au marketing historique français lancé par Robespierre.

["Retour". Paco Ignacio Taibo II]
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L’Europe qui n’existe plus, as-tu pensé. Ce n’est pas ici que cela se passe. L’Amérique latine était la seule réalité, quoi que puissent en dire El País, Boris Eltsine, la BBC, le Figaro littéraire, les petits neveux de Thatcher et Régis Debray… L’Amérique latine, le foyer, cette chose qui se bonifiait quand tout empirait. L’Europe était une gare de transit, un circuit touristique de visite de ruines, un wagon-musée rempli de momies romaines, avec des éditeurs allemands de manuels érotiques qui n’étaient pas eux-mêmes pratiquants, des fabriques italiennes d’ustensiles de cuisine design, des films français encore tournés en noir et blanc et des épiciers catalans vendant du vin et du saucisson avarié aux curieux.

["Retour". Paco Ignacio Taibo II]
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Video de Marc Behm (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marc Behm
Chasing, Marc Behm
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