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sur 360 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'avais pas écouté la radio. Une amie dans la journée m'a téléphoné : « Ton idole a foiré sa chronique ce matin, il n'avait rien préparé, apparemment ils vont le virer ». J'avais souri. Pourquoi quitter France Inter comme tout le monde ? Tôt ou tard, il en ferait un livre.

N'est-il pas génial et improbable, ce smiley imprimé sur la couverture jaune côtelée des éditions Grasset ? Ceux qui critiquent avant d'avoir lu doivent bien avouer qu'ils n'ont jamais vu ça. Quiconque parvient à raconter son suicide a le droit d'imposer son audace. Oui, il s'agit bien d'un suicide en direct. Il est venu sans feuille, juste avec une jolie gueule de bois, et il n'a rien dit, ou pas grand chose. Comme il le dit lui-même, il aurait dû ne pas venir. Oui mais voilà, Frédéric Beigbeder est trop bien élevé ou pas assez, et surtout, il n'avait plus envie de faire rire.

C'est un secret pour personne : Octave Parango, son double littéraire, n'est pas vraiment un modèle de vertu. C'est lui qui arpente Paris les mercredis soirs en poussant le chroniqueur à sortir, regarder les filles et ingurgiter un panel de substances illicites —chacun se prépare comme il peut avant de passer à l'antenne. le job était le suivant : faire l'aller-retour à Paris pour 3 minutes de chronique hebdomadaire, rivaliser d'inventivité pour maintenir l'audience et son statut d'« humoriste le plus écouté de France ». Vraisemblablement, il n'y prenait plus de plaisir, et ce livre explique pourquoi.

Regardez de plus près cet émoticône qui « pleure de rire », vous donne-t-il vraiment envie de sourire ? Non, on dirait le mélange d'un clown et d'un masque de Scream. Il est grotesque et effrayant. « La drôlerie est devenue obligatoire » et toutes les époques et les sujets ne s'y prêtent pas. Octave se remémore avec nostalgie ses années folles, où le ton était libre, sans doute beaucoup plus qu'aujourd'hui. À travers cette déambulation nocturne, Octave revient sur son passé, ses rencontres, ses soirées, fait des détours par le monde de la politique, celui de la radio et de la littérature.

Ce livre est un grand cri de résistance, non seulement contre l'uniformisation de l'humour et de ses codes, mais aussi contre le temps qui passe et la bienséance. Beigbeder n'a jamais autant été Beigbeder, drôle, subversif et en phase avec son Octave intérieur. Il l'avoue avec humilité, même auprès de la plus belle femme du monde, ce n'est pas évident de faire le grand-écart des vies, de célèbre dandy parisien à celle du papa de Tchoupi dans le Sud-Ouest… le dilemme est répandu, « il y a un Octave qui sommeille en tout homme. C'est lui, qui, le soir de Noël, a envie de finir la prune cul sec. »

Ce texte raconte la peur universelle du bonheur, il explore les forces destructrices et créatrices qui s'agitent en chacun de nous. Sincérité et pudeur se disputent le propos de l'inadaptation au réel. Source inspirante de liberté et d'audace que je n'ai jamais retrouvée chez personne, Frédéric Beigbeder n'ose pas, il sur-ose. Il ne se met pas à nu, il nous offre son squelette aux rayons X. Il ne se drogue pas, il invente un paradis perdu. Il ne se suicide pas, il sublime sa part sombre. Ce n'est pas exagéré, c'est surréaliste.

Rien n'est grave après tout, tant que cela sert la littérature. Demeure l'éternelle question : peut-on tout oser dans la vie si c'est pour l'écrire un jour ?
Lien : https://agathethebook.com/20..
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Quand j'ai vu le titre du nouveau roman de Beigbeder, j'ai levé les yeux au ciel. Quand j'ai entendu que ce livre était un pamphlet contre France Inter, je me suis interrogée. Mais comme je lis cet auteur depuis mes 14 ans et la découverte de Nouvelles sous ecstasy, j'ai ouvert son dernier livre.
C'est l'histoire d'une nuit parisienne, et d'un chroniqueur qui court vers son suicide radiophonique. La chronique d'une mort médiatique annoncée, et en direct. A 8h55, il y aura une page blanche face à lui.
C'est surtout l'histoire du double de l'écrivain, Octave Parangon, qui se découvre d'une autre époque. Un temps de fêtes et de frivolités, aux moeurs légères, d'une certaine insouciance. Comme Fitzgerald, Beigbeder danse sur les ruines de sa jeunesse, matérialisées par celles encore fumantes du Fouquet's. Un autre temps, avant Me too, avant les Gilets jaunes, avant une conscience d'un monde qui fout le camp.
C'est aussi l'avènement d'un temps qu'il ne comprend pas bien, celui où l'expression des sentiments se résume à un alignement d'emojis. Aristocrate désargenté, chroniqueur mondain (mention spéciale à la remise de légion d'honneur à Michel Houellebecq) il joue un rôle qui est aujourd'hui tellement loin de son quotidien de père de famille installé avec femme et enfants au pays Basque.

Être chroniqueur sur France Inter, pardon France publique, c'est un rôle qu'il endosse de mauvaise grâce. Il n'aime pas ce traitement de l'actualité, où tout est tourné en dérision. Il n'aime pas ce ricanement permanent qui ne laisse jamais la place au dialogue. Comment répondre à un satiriste qui a écrit une chronique au cordeau sans passer pour le rabat-joie de service ? Il n'aime pas cette manière qu'à la radio la plus écoutée de France de créer une distance avec ceux qui l'écoutent et encore plus ceux qui ne l'écoutent pas. Il est bien dommage de réduire cette réflexion sur les médias à un simpliste "Beigbeder règle ses comptes". Si le personnage vous insupporte, ce roman ne vous réconciliera pas avec lui. Mais si vous appréciez la plume de Beigbeder, foncez, c'est un bon cru !
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Idée de communicant, certes, mais brillante idée que d'avoir choisi en guise de titre l'émoticone du petit smiley qui rit aux larmes.
D'abord parce que personne n'y avait songé avant, et que cela colle à l'époque. Ensuite , et surtout, parce que cela colle idéalement au sujet, à savoir une réflexion sur la généralisation du rire, et surtout du ricanement, dans une société en fait profondément désespérée.... avec en arrière plan une allusion à L'Homme qui rit, de Victor Hugo (c'est-à-dire cette affreuse balafre qui est un sourire de mutilation, et le masque du Tragique...).
Au cours d'une errance nocturne très alcoolisée, très très "shootée", on suit le parcours d'un Octave Parango qui ressemble comme un frère, mais en bien pire, à Beigbeder lui-même, et qui se prend de plein fouet la mise à sac par les Gilets Jaunes des lieux chics et chers qu'il a l'habitude de fréquenter.
En fait Beigbeder revient sur l'incident de sa fameuse chronique -naufrage dans la Matinale de France Inter, et tout en se présentant sous le plus mauvais jour, réécrit brillamment le billet qu'il n'avait pas écrit, n'avait pas lu à l'antenne. Il y fait le bilan amer des échecs sociétaux, environnementaux, moraux, de sa génération.
Avec cela, en contrepoint, quelques très jolies pages sur le bonheur d'être papa de très jeunes enfants , très loin de Paris. Et comme toujours chez lui, beaucoup de réflexions brillantes, d'aphorismes pétillants d'intelligence et d'humour. Mais d'un humour....à pleurer de rire.
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Et voilà que Fréderic nous raconte encore Octave Parango, pour la troisième fois. Pour qui ne connait pas Beigbeder, Octave c'est lui-même. Et là le Parango il prend cher ! Car Fréderic n'est pas tendre, surtout avec lui-même.
Il n'y a pas que lui qui prend cher, la matinale de France inter où il a officié aussi. Assez méchamment d'ailleurs et c'est drôle, mais iconoclaste. Qui oserait s'attaquer à notre radio nationale, payée avec nos impôts et tellement politiquement impartiale ? le procédé stylistique que je viens d'employer s'appelle l'ironie si ce n'était pas clair à le lecture. Ceux qui sont particulièrement visés sont les humoristes, la belge et l'ancienne prof agrégée de SVT (respect quand même pour l'agreg), j'en passe et des meilleurs.
Et puis notre Frédéric en profite pour nous parler de ses années 90 avec les drogues, les boîtes de cette époque, toutes dans le secteur de l'Etoile évidement. On en apprend un peu aussi sur le CACA's club qu'il a créé avec trois copains et dont il est le président à vie dont la raison sociale est de « mettre la planète à l'envers »(sic)
Une vraie étude scientifique sur le milieu de jeunes friqués de Neuilly. Passionnant et sans complaisance! On rencontre aussi le Parangon récent avec ses nouvelles pratiques, comme l'usage exclusif des escorts et d'autres drogues plus modernes, plus chimiques comme la kétamine.
Enfin pour terminer et ce qui explique le titre il dénonce la tyrannie du rire dont France Inter s'est fait la spécialité, un rire à tout prix qui à l'image du « joker »ou de « l'homme qui rit » porte peu de joie et tellement de souffrances.
Du très bon Beigbeder.
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L'homme qui pleure de rire. Frédéric Beigbeder. Editions Grasset, 2020.

J'ai d'abord reçu les épreuves non corrigées de ce livre en décembre dernier par les éditions Grasset puis sa version numérique par Netgalley ( version finale que je relirai par ailleurs) , qu'en dire ? C'est un livre sur la tyrannie du Rire dans les médias fondée sur une expérience de l'auteur, mais transformée, habillée en autofiction et nous retrouvons les aventures paroxystiques d'Octave Parango , sorte de double de l'auteur puissance 1000 . On sent à travers le sarcasme, les saillies verbales toujours justifiées de l'écrivain mondain-chic une forme de lassitude, qui va plus loin que l'agacement, l'énervement, c'est vraiment un livre sur notre époque malade, notre monde qui va vers sa fin, en cela c'est un livre pessimiste et même s'il est " page turner ", lisible et accessible . On oubliera plus tard l'épisode autobiographique pour plus se recentrer sur la description qu'il fait des médias, tous les médias y compris internet, les réseaux sociaux, les blogs etc. mais aussi des excès de ses personnages. C'est un livre salutaire, qui complète bien la série Octave Parango : 99 Francs et Au secours pardon . Cela, c'est pour le fond. Quant au style, on retrouve la patte de Beigbeder même dans ses nombreuses digressions, peut-être que le roman manque un peu d'unité dans la forme. Mais il n'y a jamais de livre parfait.

#Lhommequipleurederire #NetGalleyFrance

Lien : http://www.le-capital-des-mo..
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Auditeur fidèle de France Inter et fan de l auteur
L auteur règle ses comptes avec la station et certains humoristes dont je suis pourtant fan
Un livre témoignage poignant sans concessions sur sa vie ses frasques et toujours avec humour..

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Ce livre trônait dans ma pile à lire depuis plusieurs mois sans que je m'y plonge. Je redoutais un simple règlement de compte contre France Inter. Finalement le thème de ce roman est bien plus ouvert. le résultat est formidable. le sujet France Inter est un alibi pour évoquer la place de l'humour dans les médias et la société, l'absence de hiérarchisation des informations, mais surtout la nuisance sur la démocratie d'une recherche permanente de rire sans autre émotion. Il y évoque ses travers, à ranger dans le passé tant il semble avoir rectifié la ligne.
Si Octave Parango est le personnage principal, c'est bien Frédéric Beigbeder qui est au coeur du roman dont on comprend bien l'auto fiction. Un Beigbeder qui se dévoile à nouveau et se révèle bien différent de celui d'Un roman français notamment. le temps passe et fait son oeuvre sur Frédéric Beigbeder...et son oeuvre ! Il nous raconte ce qu'il est et plus encore ce qu'il a été, qui conditionne son regard sur l'actualité. Ça va au-delà de la nostalgie quand il relate ses soirées exceptionnelles du Caca's club. Il est ému et émouvant.
Quant à son ultime chronique sur France Inter, je l'ai regardée à plusieurs reprises au cours de ma lecture. On comprend parfaitement son contexte et la réalité qu'elle exprime. On se dit que ce personnage d'Octave Parango existe bel et bien sous les traits de Freddy de Paris, de Frédéric Beigbeder de Guéthary.
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Il y a deux auteurs qui m'auront marqué à mon entrée dans l'âge adulte. Bret Easton Ellis et Frédéric Beigbeder. Mon premier, de l'autre côté de l'atlantique . Il dépeint les travers d'une jeunesse dorée dépravée, revenue de tout. de la côte est à la côté ouest. Il écorne, égratigne voire même écorche à vif l'image du rêve américain, vaste miroir aux alouettes sous psychotropes. C'est cru, nauséeux et nauséabond. Un pur délice. Mon second quant à lui est un noctambule avéré, issu du Paris aisé et bourgeois. Il dépeint les moeurs françaises aux vitrioles, surtout les élites de la bien-pensance – dont il fait lui même parti – en revisitant avec un cynisme certain et une hauteur embrumée ses expériences professionnelles et personnelles.

La parution des romans de ses auteurs est toujours pour moi un moment d'allégresse, certaine que je vais passer un moment particulier et suspendu, dans une bulle désabusée du monde contemporain. C'est dans cet état d'esprit que j'ai entamé ma lecture de l'Homme qui pleure de rire, de Frédéric Beigbeder. « Octave Parango a travaillé dans la publicité durant les années 1990 et dans la mode durant les années 2000. Il est désormais humoriste à 8h55, le jeudi matin, sur la plus grande radio nationale de service public. L'homme qui pleure de rire clôt la trilogie d'Octave Parango sur les aliénations contemporaines : après la tyrannie de la réclame puis la marchandisation de la beauté féminine, Frédéric Beigbeder s'attaque à la dictature du rire. Une satire réjouissante des dérives de notre société de divertissement. »

Un smiley comme titre de couverture. C'est osé. Un affront à la beauté des mots d'un titre. C'est très bien pensé. Il y a quelque chose de pathétique dans ce petit personnage visage, impersonnel, de travers, les larmes aux yeux. Sans contexte aucun. Un smiley comme ponctuation finale. Un hommage 2.0 à l'Homme qui rit, de Victor Hugo.

L'histoire part de son éviction de France Inter, suite à une absence de chronique. Un suicide professionnel en direct, devant des collègues désabusés. Et un public … médusé ? habitué ? cela, nous ne le saurons pas. Nous investiguons sur la genèse de ce fiasco, heure par heure, dans la nuit parisienne. Fantôme de ce qu'elle a été, sa superbe envolée, sa liberté perdue. Sur fond de transmutation de l'ordre en place, la révolte des gilets jaunes en second plan. Des délinquants qui mettent la ville lumière à feu et à sang.

Frédéric Beigbeder revient avec nostalgie et quelques facéties, sur les cinquantes années de sa vie. Celui qu'il a été, jeune arrogant aux verbes hauts, à la blague potage et au menton comme étendard. Fondateur du Caca's Club. Haute institution festive parisienne, basée sur l'entre soi. Ses nuits parisiennes. L'évolution des moeurs. Paris comme chimère de son passé de célibataire, flash-back en noir et blanc d'une époque révolue, mis en parallèle de sa vie de parent au bord de l'océan, qu'il compare à un dessin animé en technicolors pixelisé.

Avec L'Homme qui pleure de rire, Frédéric Beigbeder tire un majestueux point final (?) aux aventures de son double littéraire, Octave Parango, avec une plume plus acerbe et qui, je trouve, gagne en qualité au fil des années. La cinquantaine a cela de bon chez lui. Après tout.

Belle lecture à vous !
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Un suicide médiatique en direct à la radio.

Voilà le point de départ du dernier roman de Frédéric Beigbeder.
On y retrouve Octave Parango dans ce dernier livre qui clos la trilogie. Dans ce roman il est ici question d'une longue tirade sur les humoriste omniprésent dans les radio et autres émissions télévisée d'information.

On ne vois plus l'information que par l'humour, les hommes politiques ne sont plus que des clichés et les humoristes donnent leurs points de vu sur des personnage public sans droit de réponse.
Un livre qui remet en question notre façons de voir l'information.

Au milieux de cela notre bon Octave devenu quinquagénaire nous raconte ces histoires de drogues et sexuels, avec son point de vue d'homme vieillissant.

Un très bon Beigbeder, qui ne laissera personne indifférent.
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