Accrocheur,
l'outremangeur !
Si le graphisme de ce psycho-polar et sa mise en couleur tiennent globalement la route, ils n'ont rien d'exceptionnel, ils sont dans la moyenne disons. Mais une BD réussie c'est une imagerie qui nous fait plonger dans un monde et comme c'est le cas ici, bravo Ferrandez.
Benacquista, quant à lui, signe un scénar sobre qui percute et nous prend vite dans sa toile.
Avec son Richard Séléna, il campe un commissaire brillant mais taciturne, solitaire et surtout boulimique dont on comprend sans peine qu'il est devenu obèse, dangereusement énorme à la suite de quelque-chose qu'il n'a pas digéré. Malin, le récit se garde bien de nous livrer trop vite le pourquoi de cette "outrebouffe", bien sûr.
Malin, le Tonino, je vous dis...
Donc on pressent vaguement qu'il a quelque-chose à se pardonner,
l'outremangeur, même s'il ne pipe mot dans les groupes de parole qu'il fréquente assidûment après son boulot.
Ce boulot le confronte à un meurtre assez sordide et le flair de Séléna le pousse vite à "sortir des clous" quand il suspecte la jolie nièce de la victime, avec qui il entame un chantage aussi intrigant pour cette nièce que pour nous.
En effet la relation qui s'installe, quoique contrainte puisque Séléna oblige cette jeune femme à partager chez lui en tête à tête un repas chaque semaine sous peine de la livrer à la justice, cette relation n'est pas un chantage sexuel, à proprement parler.
Alors ?
Séléna n'est-il qu'un voyeur ?
Un masochiste qui se punit à bas bruit ?
Qui s'inflige un supplice de Tantale hebdomadaire ?
Mais pour quelle erreur ?
En tout cas, physiquement il change,
l'outremangeur.
L'énorme rejoint les normes, même.
Pas à pas,
pas à dire,
il change.
Il ne baffre plus. Même s'il mange,
Même si ça le démange.
Il rejoint ses semblables, il se met à leur portée.
Et le sumo, qui avait le sum, s'humanise.
Pour connaître le "faim-mot" de cette bonne histoire, faites comme moi, avalez-la en deux deux !