La patience des traces

Un livre délicat sur la reconstruction, la recherche de l'équilibre et de l'harmonie, qui mêle à la fois la puissance du corps, du désir et les questionnements philosophiques sur notre façon d'habiter le monde.
Un roman court et doux qui, presque comme un conte philosophique, laisse la part belle aux éléments naturels que sont l'océan, les plantes, la forêt et les être vivants qui la peuplent.

Un roman délicat, subtil, tout en retenue, en sensations et en silences. Très joliment écrit. Un voyage au bout du monde pour un périple intime nécessaire : revenir sur le passé, sur la brisure d'une vie symbolisée par un bol cassé. Et malgré tout, on ne sait pourquoi, et c'est peut-être injuste, un petit arrière-goût de trop peu.

Passés les premières pages, je me suis laissée embarquer dans ce beau voyage à la rencontre du passé, ce qui n'est pas toujours aisé à réaliser même pour un psychanalyse.
J'ai trouvé ce roman juste et doux avec ce voyage qui donne envie et qu'on aimerait tous faire.
On voit le travail que Simon effectue de jour en jour, rien n'est facile.
L'auteure a réussi à me troubler moi-même et j'ai bien aimé.

Un récit dans lequel j'ai eu du mal à entrer. Dans les débuts j'ai vraiment cru que je resterais spectatrice, témoin indifférent des états d'âme d'un analyste surfait. Et puis il part pour le Japon. Et dans cette ligne de faille, cette mise en déséquilibre, le personnage se dévoile. Alors j'ai partagé avec lui les silences, les échanges au-delà des mots, et cette plongée dans son propre passé, qui soudain s'éclaire autrement. Quand le récit qu'on se fait à soi-même prend un autre sens. J'ai alors ralenti ma lecture, comme pour suivre au plus juste le cheminement de cet homme et ses rencontres. J'en suis sortie avec douceur et reconnaissance.

La patience des traces est un roman de Jeanne Benameur. L'autrice récompensée par plusieurs prix littéraires est également poétesse, ce qui se ressent dans son écriture. Je ne pourrai pas comparer La patience des traces avec un autre roman de Jeanne Benameur car c'est le premier que je lis.

Nous avons tous des objets chargés de souvenirs – enfin il me semble. J'ai un petit marteau récupéré après la mort de mon grand-père qui me fait penser à lui et à son établi toujours bien rangé. Un bol avec mon prénom qui me vient de ma mamie. Un mouchoir avec le nom de mon arrière grand-père brodé Et quelques autres babioles qui comptent. En soi, elles ne valent pas forcément grand chose mais elles sont importantes pour moi. Je me doute aussi que si elles disparaissaient, elles ne me manqueraient peut-être pas. Les souvenirs vont au-delà du matériel.

Simon Lhumain, lui, prend son café du petit déjeuner dans un bol en faïence bleu qui lui rappelle son ami d'enfance. Un jour, le bol se brise. Un déclic pour le psychanalyste qui décide de laisser son cabinet et de partir en voyage. Il va se rendre dans les îles japonaises de Yaeyama chez Madame Itô et son mari Daisuke. Là, il va prendre le temps de laisser son passé remonter à la surface, de se reconnecter et de laisser partir ce qui ne lui appartient pas.

Jeanne Benameur écrit bien. La patience des traces offre une petite parenthèse de douceur. Simon Lhumain s'envole jusqu'au Japon afin de découvrir l'art de teindre des tissus avec des plantes, celui de réparer les objets cassés en y magnifiant les fêlures et surtout il va apprendre à ne pas retenir.

Ensuite, pour être honnête, il ne se passe pas tellement de choses dans ce roman et je ne suis pas certaine de m'en souvenir dans quelques temps. le jeu de mot est facile à faire et j'ai bien hésité à le faire, mais bon, je me lance : je ne garderai sans doute aucune trace de cette lecture. Mais cette lecture m'a touchée. Rappelée que même si l'on se sent concernée par l'histoire de quelqu'un, cela reste son histoire et pas la nôtre.
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Un psychanalyste décide de prendre sa retraite et ainsi quitter la profession qui lui a permis de soulager la souffrance de ses patients... mais qu'en est-il de la sienne.
En décidant de quitter sa maison et son cabinet pour changer d'air, il part pour la découverte d'un nouveau pays le Japon et se découvrir lui-même également ...

Ce roman, sélectionné pour le prix du LÀC (Genève, Suisse) sur le thème de la liberté, me permet de découvrir enfin la plume de Jeanne Benameur. Un roman contemplatif, tout en douceur, sur la quête d'un homme, un psychanalyste, qui ressent le besoin de faire une pause dans sa vie et de partir dans un pays où tout lui sera étranger (langue, alphabet, culture, végétation, etc), afin d'être vraiment coupé de sa vie et de se retrouver seul face à lui-même. Il part ainsi sur une île du Japon.

Si dans l'ensemble j'ai apprécié la plume de Jeanne Benameur, très sensuelle dans le sens où elle éveille tous nos sens, on a l'impression de voir, toucher, humer avec elle, j'ai trouvé le roman long à se mettre en route. J'ai beaucoup plus apprécié la partie au Japon, découvrir avec Simon certaines coutumes ancestrales, et vivre son voyage intérieur.

La patience des traces n'est pas un roman facile, le lecteur n'est pas d'emblée captivé, il faut des pages et des pages avant de se laisser embarquer dans « le voyage ». Puis on est gagné par la poésie du récit, les métaphores et l'on accompagne avec empathie Simon jusqu'à sa renaissance.
Le livre déroule le cheminement intérieur de Simon, psychanalyste, en rupture avec sa vie antérieure. Dans une chaleureuse maison d'hôtes au Japon, Simon mesure que sa vie a été bien plus riche qu'il ne le pense, il n'est pas que psychanalyste, joueur d'échecs, nageur. Il a été un amant fougueux. Loin de Mathieu, Louise, Mathilde, il s'écoute, prend conscience de son corps, retrouve le désir : « trouver l'élan qui fait prendre le risque de quitter son eau », « pouvoir aimer ce qu'on désire ».
Et le début de l'histoire ?
Simon va partir dans une île du Japon, une rupture avec sa ville, la ville de ses amis d'enfance Louise et Mathieu, celle où s'est façonné son désir : « oui il a aimé Mathieu et il a aimé Louise », « un désir puissant, sauvage, son vrai désir ». Ce départ est une rupture avec ses patients qu'il a accompagnés pendant des années pour rendre leur vie plus vivable. A l'aéroport il croit apercevoir Lucie F. une patiente disparue du jour au lendemain de son cabinet. Il est conduit à la maison d'hôtes que son ami Hervé lui a réservée. Madame Ito est collectionneuse de tissus anciens. Son mari pratique l'art du kintsugi, il fait des jointures sur des céramiques cassées. Il répare, comme un psychanalyste le fait. Simon partage l'intimité de ses hôtes, se découvre, s'accepte,fait la paix avec lui-même …

Un livre tout en introspection et en sensibilité, qui se mérite : le début peut paraître lent et le personnage peu sympathique. Puis s'exerce le baume d'un accueil au Japon, chez des hôtes d'une grande délicatesse, dans des paysages et aux cours de cheminements apaisants, qui vont permettre au héros de retisser des liens (et nous avec lui). Très beaux moments en lien avec les matières. Belle découverte d'un art jouant avec les fils d'or …

Simon L'humain, Matthieu et Louise. Trio perdu, égaré dans une jeunesse perdue, royaume de ses premières amours sont autant de traces à aller chercher.
L'écriture de l'autrice emplie de délicatesse dans les touches descriptives permet une immersion totale dans le récit. Nous sommes amenés sur les pentes de l'amitié, du désir, de la contemplation, du voyage. Itinérance du personnage qui s'échappe sur une île au Japon où il découvrira les vertus du kintsuge ainsi que la magie d'entendre et de se laisser bercer par une langue inconnue. Son périple sera décliné par l'autrice dans tous les sens, elle joue elle-même avec la langue et j'y ai vraiment pris du plaisir !
Cependant, l'intrigue manque de ressort, à mon avis, car ces souvenirs qui émergent au fur et à mesure sont souvent pressentis et les multiples endormissements du héros m'ont lassée et presque fait sourire. Cet amusement rompait le charme qui était opéré et cela m'a gênée.