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sur 831 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lorsque Simon Lhumain laisse tomber le bol de faïence bleue dans lequel il boit son café chaque matin, quelque chose se brise également en lui. Psychanalyste attentif, il a passé sa vie à réparer les autres, mais en voyant le bol de son ami d'enfance en deux morceaux sur le sol de sa cuisine, il réalise qu'il a oublié de s'écouter lui-même. Lui qui n'a jamais voyagé, décide alors de tout quitter pour se rendre dans les îles japonaises de Yaeyama où, accueilli par madame Itô et son mari Daisuke, il va prendre le temps de nettoyer les traces laissées par le temps au plus profond de son être…

Ah, Jeanne Benameur ! Quand le monde part en sucette, que l'on se retrouve à l'aube d'une troisième guerre mondiale, la rétine saturée d'images horribles, à l'instar du héros de ce roman, il est bon de pouvoir aller se réfugier dans un havre de paix, au coeur des mots déposés avec délicatesse par Jeanne Benameur. Enfin au calme, me laissant bercer par la poésie de ses phrases et prenant le temps de me concentrer sur les silences qu'elle installe avec patience, je me libère du bruit environnant, totalement zen. Merci Jeanne, j'en avais besoin !

Jeanne Benameur c'est une plume délicate, douce, élégante et poétique qui invite à suivre la psychanalyse d'un homme qui prend enfin le temps de renaître dans un pays de traditions qui s'y prête parfaitement. C'est avec plaisir que l'on s'installe en compagnie de madame Itô, qui collectionne les tissus anciens, et de son mari spécialiste de l'art du Kintsugi, qui consiste à réparer les céramiques brisées, non pas en masquant les fêlures, mais en les embellissant au moyen de laque saupoudrée de poudre d'or. C'est donc réparé et plus beau que l'on ressort de ce roman de Jeanne Benameur

Vous aussi, prenez une pause, laissez Jeanne Benameur allonger le temps, déposer sa prose au ralenti, offrir ce magnifique moment de respiration, tout en vous invitant à partir à la recherche de vous-même…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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J'ai fait ici la connaissance de Simon, psychanalyste. Il écoute les autres, recueille leurs émotions, les aide.
Se taire pour permettre aux autres de parler.
C'est à la faveur d'un bol qui tombe au sol et se brise en deux que sa vie va prendre un autre tournant. Les souvenirs de Louise son premier amour et de Mathieu son meilleur ami, surgissent, résonnent en lui avec vacarme.
Le hantent sans doute depuis la nuit des temps.
Ramassant les morceaux du bol brisé à ses pieds, peut-être se demande-t-il alors si l'on peut réparer certaines choses cassées des vies...
Tout psychanalyste qu'il est, les doutes, les failles ne l'épargnent pas pour autant, mais il n'a jamais pris le temps ou le soin de se pencher au plus intime de lui pour les sonder.
« Et lui, qui le guérira ? »
Il quitte une ville au bord d'un océan pour rejoindre le Japon qu'il ne connaît pas. D'un rivage à l'autre, il finit par rejoindre celui d'une des îles subtropicales de Yaeyama. C'est là-bas qu'il a réservé une petite pension chez Monsieur et Madame Itô, loin de tout, des bruits du monde, si près du silence, celui de ses hôtes, mais le sien aussi, celui de son coeur qui a des choses à dire, même si un coeur encombré peut faire beaucoup de bruit.
« le secret fait partie du coeur qui l'abrite. »
Dans La patience des traces, Jeanne Benameur est une femme qui écrit sur le chagrin d'un homme.
J'ai tout de suite aimé la grâce tranquille de ce court roman.
C'est un livre où le silence règne en souverain.
Le silence, comme un abyme profond à l'intérieur de soi, avec les voix d'avant qui reviennent de temps en temps.
Par petites touches, on devine les endroits qu'il a gâchés dans sa vie.
Ce récit ressemble à un exil. Alors il entre dans un autre royaume, celui d'Akiko et Daisuke, ses hôtes qui ressemblent à des gravures anciennes et qui portent la générosité en eux.
Simon va puiser ici la paix dont il a besoin. Quand il se baigne, une raie Manta l'accompagne dans sa danse lente et impressionnante. Tout est lenteur dans ce texte et cela fait un bien immense.
Tout est lenteur comme le rituel du thé, comme le paysage, comme des gestes ancestraux, ceux d'Akiko qui collectionne et restaure d'anciennes étoffes rares, comme Daisuke, qui, lui pratique l'art du kinstugi, réparant les céramiques abîmées et les sublimant.
L'écriture de Jeanne Benameur est délicate et ciselée comme ce fil d'or qui vient couturer dans un dernier geste la céramique enfin réparée.
Une intimité douce se faufile dans les pages comme si nous avions une raie Manta pour seule guide ou peut-être la grande et belle Nara qui s'en va chercher des plantes rares dans la forêt, qui s'agenouille sur la terre, l'embrasse...
Accueillir, écouter, aider à déposer un fardeau, Simon a toujours fait cela pour les autres... Maintenant, il veut s'alléger d'un poids...
C'est une ode sur le temps à accorder aux choses, aux êtres, à soi.
« On ne peut ni prendre ni perdre ni avoir le temps. le temps n'est pas un objet, on le sait pourtant. »
J'ai alors pensé à ces constellations qui nous renvoient dans notre présent une lumière née il y a plusieurs millions d'années, à une époque où il était inconcevable que nous puissions exister sur cette terre.
J'ai aimé aussi cette variation qui invite Simon à explorer le sentiment de l'amitié d'un homme pour une femme, à se demander s'il pourrait envisager un jour un tel chemin, atteindre un rivage qui lui est totalement inconnu, là où aucun désir ne vient mettre le désordre au corps et au coeur... Savoir s'il lui est possible d'envisager ce voyage...
Ici c'est comme une musique intime où la note est tenue jusqu'au bout... C'est un livre à l'écriture belle, qui apaise comme une caresse.
Je voudrais demeurer encore un peu dans la grâce de ce livre qui m'a habité durant sa lecture, je voudrais continuer d'être habité par lui, par ses personnages, par la raie manta, par l'océan qui surplombe le paysage.
C'est un récit initiatique, délicat et sensuel comme une plante rare dans une forêt.
Si un jour je suis malheureux, je partirai vers une de ces îles Yaeyama retrouver Akiko, Daisuke et la belle et secrète Nara...
« Presque. C'est dans le "presque" que tout se joue. Toujours. »
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Voilà un livre qui m'a emballée par sa finesse et sa sensibilité extrême.
D'ailleurs c'est simple : je l'ai immédiatement relu deux fois déjà. Et j'envisage sans difficultés une nouvelle lecture.

Le démarrage est pourtant un peu aride. On découvre un prénommé Simon, dans sa cuisine, face à son bol du matin. Brisé – le bol, pas l'homme. Mais l'homme lui : seul.
Il est question de divan dès la seconde page, alors on comprend rapidement que nous sommes en présence d'un psychanalyste. Et on comprend aussi que cet homme est sur le départ.

Il sait qu'il doit partir. Il le ressent profondément. « Parce que c'est le moment. » Mais ne sait ni pourquoi ni pour où. Alors il charge son ami Hervé, avec qui il joue aux échecs, de lui trouver la destination de son voyage. Il lui donne quelques indications et nous découvrons notre Simon dans un aéroport, un matin, prêt à partir pour une destination inconnue. Sa consoeur Mathilde Mérelle, avec qui il a dîné plusieurs fois, ne peut que constater son départ – un peu dépitée, parce qu'elle aurait bien imaginé autre chose avec lui. Mais pas Simon. Il emporte juste sur lui les 3 livres qu'elle lui a offert pour son voyage, trois livres minces – un bon signe – qu'il va découvrir dans l'avion.

Mais avant cela, dans l'aéroport, un visage féminin attire son attention. La coïncidence est trop forte pour être banale : elle pourrait bien être Lucie F., une analysante qui a disparu brutalement sans donner signe de vie, et à qui il pensait précisément quelques jours auparavant, en feuilletant ses carnets de notes et son agenda.

Sa destination ? Les îles Yaeyama, au Japon. « Une végétation subtropicale et des traditions respectées. »

Le voici sur place, dans une maison d'hôtes. Sa logeuse s'appelle Mme Ito Akiko. Elle tient une maison d'hôte très particulière : collectionneuse de tissus anciens et sa collection est assez célèbre. Et en plus elle parle parfaitement le français – elle a fait des études à la Sorbonne, en son temps. Et encore elle lui offre une tasse le jour de son arrivée en guise de cadeau de bienvenue … un signe qui le relie à la scène d'introduction avec les morceaux de bol cassé en deux …

Dans un premier temps Simon va rester seul. Il a découvert une plage magnifique où il va se baigner tous les jours. Il nage longtemps, et perd la notion du temps. Son hôtesse est très discrète, et son mari, qu'il croise à peine, « lui sourit comme on caresse la tête d'un chat de passage ». Il n'écoute plus, ne parle presque plus. Une liberté nouvelle. La grande paix. Mais « Ecouter et parler n'est-ce pas ce qui rend humain chaque être ? »
Peut-être le temps est-il venu pour lui aussi de glisser dans un abîme intérieur auquel il ne s'est pas encore confronté. Comme cette rencontre avec une raie Manta.
Et faire surgir les souvenirs de son enfance, notamment de Mathieu, l'ami d'enfance, et Louise l'autre membre du trio si important pour Simon.

Et puis il dîne avec Madame Ito et son mari, avec qui il boit de l'alcool après le repas. Ce dernier ne parle pas français, à peine anglais, Simon ne parle pas japonais, mais peu importe. Madame Ito et son mari sont des hôtes qui savent mettre à l'aise les personnes qu'ils accueillent par leur simplicité, et Simon apprécie cet accueil à sa juste valeur et il sent une belle sympathie pour Mr Ito.
Il est invité à visiter l'atelier de Mr Ito. Mr Ito parle et Simon ne comprend pas la langue, mais peu importe. L'important c'est l'envie de Simon de rendre visite, et l'envie de son hôte de le recevoir. C'est tout. Simon aussi parle. Il raconte le bol cassé. Il lui parle de Mathieu.

Madame Ito lui demande de l'appeler Akiko, ce qui signifie « Fille de l'automne ». Et lui ouvre les portes de son atelier. Ce sont de magnifiques kimonos – des fragments de tissus très anciens – son trésor à elle.
L'écriture est entrecoupée de remontée de souvenirs de Mathieu et de Louise. Dans son carnet il fait revivre le premier baiser avec Louise, un jour sur une plage après avoir nagé tous les deux. Et en rentrant dans la maison il peut s'asseoir à côté de Mr Ito – Daisuke – et lui lire les pages de son carnet pendant que l'homme travaille. S'entremêle les souvenirs des séances avec Lucie F. et sa quête de la langue maternelle, qu'il comprend maintenant qu'il entend Daisuke lui parler en japonais, et Simon L entend sans le comprendre...

Daisuke veille sur Simon - Un sentiment nouveau pour notre personnage principal, qui découvre ici enfin pour la première fois la confiance. Il l'entraîne dans son atelier, alors que Simon réalise qu'il a toujours mis une barrière de mots entre lui et la réalité.

Va commencer alors la seconde partie du roman, dans lequel Simon va se rapprocher de plus en plus de ses hôtes, Daisuke – avec qui il aura de profonds échanges, malgré l'obstacle de la langue – et Akiko, qui l'entrainera à sa suite dans la découverte d'un univers textile inconnu de Simon.
Et ce sera l'occasion pour Simon de dénouer des noeuds profondément engoncés en lui : on découvrira le secret de la rupture avec Louise, et tout ce que Mathieu lui a apporté avant de disparaître : la rencontre avec le soi profond aura été possible grâce à la rencontre avec l'autre, dans un lieu aux antipodes de chez lui.


Roman d'apprentissage, « la patience des traces » est magnifique de pudeur et de sensibilité. L'autrice n'en fait jamais trop et son ton sonne toujours très juste.

L'autrice, que je suis personnellement depuis « Les demeurées » (que j'ai beaucoup offert) et « Laver les ombres » retrouve ici l'inspiration de ses premiers écrits pour notre plus grand plaisir de lecteur.

Dans la veine de la série « En thérapie » je referme cette « Patience des traces » avec la sensation d'avoir rencontré Simon dans son être intérieur, et avec un désir de voyage pour les îles Yaeyama que je ne connaissais pas – en rêvant de rencontrer Daisuke et Akiko, un couple dont le souvenir va certainement m'accompagner encore bien longtemps.
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Je n'avais jamais lu Jeanne Benameur. Et pourtant, j'en ai lu des critiques, enthousiastes, la plupart du temps. Beaucoup saluait l'écriture, la sensibilité de cette autrice. Qualités qui ne pouvaient que me plaire, alors pourquoi ai-je tant tardé ?

Et, c'est une lecture dans laquelle je suis entrée doucement, à pas de loup, pour ne pas déranger Simon, Simon qui après une vie passée à écouter les autres, recherche le silence.
Simon était psychanalyste. Il ne veut plus l'être. Il avait déjà décidé d'arrêter quand un bol qui se brise sur le carrelage de sa cuisine précipite sa décision. Il part dans un lieu qu'il ne connait pas, un lieu étranger, un lieu où il pourra faire le vide :
« Ne pas comprendre la langue d'ici, ne pas pouvoir même la lire, sans doute est-ce là qu'est l'étrangeté la plus intime. Et la paix. Aucune tentation de comprendre. Aucune sens à chercher. Rien. »

Et Simon va faire un lent voyage, dans ce pays lointain qu'est le Japon, un voyage intérieur, aidé par la bienveillance silencieuse le plus souvent de ses hôtes.
Et peu importe si ce qu'il va trouver au fond de lui, ce qu'il va revivre, ce qu'il va comprendre, ce qu'il va admettre, est somme toute assez banal, ce qui importe c'est comment il y arrive.

Un parcours décrit à petites touches, une progression par petites étapes, rythmée par la découverte de traditions et de gestes séculaires de ce pays.
Une lecture marquée par la grâce, la bienveillance, la douceur, la paix retrouvée. Une écriture merveilleusement délicate, qui m'a bercée. Je m'y suis sentie bien.



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C'est un livre qui vient à point nommé. Étant en vacances cette semaine, j'avais besoin d'un roman pour me déconnecter de la réalité. Un livre qui amène de l'évasion, de la sérénité et un certain dépaysement. C'est un roman que j'ai tout de suite dévoré tout en prenant mon temps car je voulais y goûter chaque mot. C'est un peu contradictoire mais c'est mon ressenti. J'ai déjà lu des romans de cette autrice que j'apprécie @les mains libres @les insurrections singulières et bien sûr mon préféré @profanes.
Il m'a fait un bien fou et m'a aidé à me sentir bien et sereine.
L'histoire : Simon L'Humain est psychanalyste de profession. de part son métier il écoute beaucoup les autres mais ressent un ras-le-bol. Ce n'est pas par hasard que j'emploi cette expression.: Simon, un matin, casse son bol préféré et pour lui toute sa vie s'écroule sous ses yeux. le message est clair pour lui : il veut s'éloigner de son quotidien. Un de ses amis, Hervé lui réserve un séjour sur une île japonaise Yaeyama. Il y fait la connaissance du couple Itô qui le loge et qu'ils lui amènent une sérénité et un bonheur simple. La confiance s'établit et Simon peut se concentrer sur son travail intérieur. Plusieurs sentiments se chevauchent dans sa tête et l'aide à y voir plus clair.
Un joli roman qui m'a fait du bien.
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Certains d'entre nous ne se sont-ils jamais étonnés en apprenant la maladie d'un médecin. Ou comme dans le cas présent qu'un psychanalyste, en relation étroite et régulière avec des confrères, puisse refouler un événement perturbant alors qu'il est un professionnel accompli.

Dans La Patience des traces, Jeanne Benameur nous offre une allégorie. Simon Lhumain est un psychanalyste, à l'écoute des autres. Un objet quotidien se brise en deux dans ses mains. Acte banal, renvoi à un acte manqué ? Tout s'arrête. Plus rien ne tourne rond.

L'auteur nous raconte alors un voyage en terre inconnue. Ce séjour sur une île japonaise permet d'arrêter le cours du temps, Simon peut entamer son cheminement intérieur grâce aux autres qui le ‘révèlent'.

Le texte se décline volontairement sur deux niveaux de lecture. Ce récit pris au premier degré nous raconte comment un homme solitaire par certains aspects antipathique ose se regarder dans une glace. Mais cet écrit de Jeanne Benameur fait référence à un processus analytique, nous le comprenons dès le premier chapitre face à son insistance sur l'événement du bol. le vocabulaire et les situations sont soigneusement choisis, rien n'est anodin.

A l'image de Simon, Jeanne Benameur nous invite à réfléchir entre les lignes à ce qui fait sens dans la vie. Un livre très court qui se déguste lentement.




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Simon Lhumain (quel joli nom, ô combien significatif !), psychanalyste est en plein doute ; après avoir passé des années à écouter les autres, il s'est oublié lui-même, reléguant sa propre histoire au fond de sa mémoire. Ce matin-là, il casse son bol, et avec des souvenirs qui remontent, surgit le besoin de silence, de partir loin, pour s'écouter lui-même finalement, se retrouver, ou tout simplement se trouver ?

Pour faire table rase de sa vie d'avant, cap sur un pays mystérieux, synonyme de sagesse. Il ne part pas au hasard, son ami l'aide à trouver un lieu : les îles de Yaeyama, chez Madame Itô et son époux. Elle s'occupe de tissus, et lui répare des céramiques brisées pour leur redonner vie ; on appelle ceci « l'art du Kintsugi Kin, c'est l'or, Tsugi la jointure ». Non seulement, il répare mais il embellit, en utilisant une laque qu'il saupoudre de feuilles d'or :

"Daïsuke répare ce qui est brisé. le résultat est là. le bol, la coupe, la tasse peuvent à nouveau être utilisés. Ils ont retrouvé leur utilité d'objet. Ils servent. Mais comment s'assurer qu'un être humain a retrouvé le chemin qui permet une vie plus vivante ? Et lui, peut-il reprendre une route ?"

Simon s'interroge sur le bilan de ses années de pratique, se demandant s'il a été utile à ses patients, notamment à l'une d'entre eux qu'il a croisé furtivement lors de son départ vers l'inconnu. Ainsi que le disait Freud avec humour : « le patient guérit, avec ou sans thérapeute »

Simon découvre le silence et ses vertus, les gestes simples, les belles choses, qui sont autant de sujets de méditation, la méditation dans l'action via le Kintsugi, ou la contemplation de la collection de tissus anciens, comme Akiko, se laissant porter par les textures, les couleurs, et donc goûter l'instant présent, ce qu'on ne sait plus faire, en se projetant dans le futur en permanence, en vivant à toute vitesse, sans prendre le temps même de respirer .

Jeanne Benameur nous propose un voyage initiatique, une découverte de qui l'on est vraiment, ce qui forge, structure la personnalité, une réflexion profonde sur ce qui est important, à l'heure actuelle où tout part à vau-l'eau, après les années Covid confinement, puis la guerre…

La relation entre Akiko et son époux est belle, c'est un amour fort, pur, que l'absence d'enfants a renforcé, alors que cela aurait pu les éloigner, leur sagesse est inspirante pour Simon comme pour le lecteur.

J'ai aimé retrouver la plume, pleine de poésie et de douceur de Jeanne Benameur, auteure que j'affectionne particulièrement, et ce livre a été un vrai doudou, bibliothérapie à l'efficacité garantie. Elle m'a permis de me replonger dans le monde du Zen, son côté dénudé, épuré car cet éloge du silence rappelle l'atmosphère du Dojo. Elle m'a permis aussi de retrouver le Japon, qui me fascine toujours autant, et que j'espère visiter un jour. Inutile de le nier, j'aurais bien aimé que Simon m'emmène dans ses valises !

Fidèle à moi-même, comme chaque fois qu'un livre m'émeut, j'en parle très mal… Si vous ne l'avez pas encore lu, n'hésitez surtout pas !

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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J'ai fait un beau voyage en état de grâce et j'ai trouvé la sérénité que je cherchais entre deux lectures "coup de poing" avec ce magnifique roman ...

Le bris du bol bleu , offert par son ami Mathieu et qu'il tenait dans ses mains pour son habituel café matinal est le déclic pour Simon Lhumain, psychanalyste , qui cherchait depuis quelque temps le nouveau chemin de sa vie . le confort qu'il éprouvait à écouter et aider ses patients est devenu une solution de facilité qu'il ne veut plus suivre pour éluder sa propre histoire .
Il quitte les lieux familiers mais hantés par les souvenirs de son adolescence entre Louise et Mathieu pour une des iles japonaises de Yaeyama où il est accueilli par un couple, Akito qui collectionne les tissus anciens japonais et Daisuke qui pratique le délicat art du kintsuji. qui embellit d'un trait d'or les céramiques cassées .
Il trouve dans ce séjour le silence dont il a besoin après avoir tant écouter ses patients , la bienveillance et la délicatesse de ses hôtes lui ouvrent la route d'un nouveau regard sur son passé comme la raie Manta qu'il rencontre lorsqu'il nage et qui en se frottant aux coraux se débarrasse de ce qui la gêne .

J'aimerais bien moi aussi trouver mon île et être accueillis par ces gens si charmants , me laisser porter par le silence et la beauté ...

Jeanne Benameur offre au lecteur un moment de temps suspendu , poétique et d'une douceur incroyable et cela me comble .
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J'ai lu le livre 2 fois, coup sur coup, et peut-être le relirai-je ,pour relier tout cela, patiemment.....
Alors il faut bien 2 critiques car 2 fois la même histoire et c'est tout autre chose.
Critique 1: On ne peut pas dire que Jeanne Benameur surfe sur la vague analytique provoquée par "En Thérapie". La psychanalyse infuse toute son oeuvre avec cette langue si caractéristique où chaque phrase "oeuvre".
A force d'infusions reste-t-il encore quelque chose de cette litanie étrange ?
L'exergue déjà:
Imiter le Chinois au coeur limpide et fin
De qui l'extase pure est de peindre la fin
Sur ses tasses de neige à la lune ravie
D'une bizarre fleur qui parfume sa vie
Transparente, la fleur qu'il a sentie, enfant,
Au filigrane bleu de l'âme se greffant.

Mallarmé, bien sur.....
Simon est un psychanalyste barbant et agaçant . Il est caustique avec ses amis mais charmant ( et neutre, tellement neutre) avec ses patients. Il habite probablement La Rochelle et vient de se trouver une peut-être amie en devenir ( et de surcroît collègue ). Mais , saturé de la parole des autres, il décide de larguer les amarres pour tenter de se trouver lui-même ( sa propre analyse n'a pas tout résolu évidemment ) . Il est célibataire, a de la thune car il ne fait que bosser et hop il demande à son pote Hervé de se charger de tout. Il se retrouve à l'extrême sud d'un archipel du sud du Japon.
"En fait il a envie d'écrire qu'il n'est surtout rien parti chercher. Il s'est mis à l'écart, c'est tout"
Il est reçu comme un prince par un couple étonnant dans un endroit paradisiaque où tout est exquis: "Simon boit lentement et goûte l'eau légèrement citronnées fraiche. Après l'âpreté de la bière c'est délicieux."
Il croise une raie Manta, une fillette au nom de pluie, apprend les tissus, le kintsugi, nage beaucoup beaucoup, barbote dans des sources chaudes aux pouvoirs décapants mais énergisant . Au final ça va quand même beaucoup mieux. Il a trouvé/compris le truc qui manquait. Il va pouvoir rentrer.

J'ai failli mettre une étoile, peut-être même une demi-étoile tellement Simon m'agaçait et tellement Jeanne Benameur nous baladait.
Alors j'ai un peu réfléchi , dormi et fait un rêve étrange où Simon me disait:
"A l'intérieur de toi il n'y a pas de chez-soi.
Il y a une question. Entourée de vide.
Et tu n'arrives pas à la formuler"
Critique 2:
L'histoire de Simon est une allégorie magnifique où chacun trouvera un peu de soi à la seule condition d'accepter de lâcher . Attention, pas de se lâcher ou de "lâcher prise" . de lâcher en pleine conscience son bol unique , celui tant aimé du petit déjeuner par exemple.
Simon va suivre une quête initiatique ,magnifique , un peu magique aussi, où tous les traumas anciens vont se réactualiser pour être enfin ourlés de fils d'or, de couleurs inconnus . Cela il le doit à sa capacité recouvrée "d'aller jusqu'aux confins ignorés". Pour cela il a fallu qu'il accepte l'aide d'un couple merveilleux. Et que cela passe par le corps , ses cicatrices et donc ses traces.
Il se souviendra et comprendra alors une chose essentielle :
"Le début de tout c'est de pouvoir aimer ce que l'on désire"
Il se racontera encore et encore l'histoire avec Louise et Mathieu. Et laissera sa rage dans les récifs de la mer du Japon.
L'écriture à la fois épurée et complexe de l'auteure est absolument splendide à la condition ( une nouvelle fois) de s'y abandonner.
D'une invraisemblable délicatesse elle n'a fait qu'effleurer le sot que j'étais à la première lecture. Peut-être parce que je l'ai comparé à "Une rose seule" que j'avais tant aimé.
La vérité tient sans doute dans ce bol cassé : l'histoire me (nous?) concerne trop . Alors il est plus facile de la laisser s'échapper......
Livre sur le silence, la pulsion de vie dans ce qu'elle doit à la pulsion esthétique , livre sur le corps et ses strates, livre dense, livre-danse....



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La patience des traces...
Rien que le titre mérite que je m'y arrête et que je contemple les émotions qui s'éveillent en moi à sa simple évocation...

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Simplicité, calme et sérénité.

Sous la plume de Jeanne Bénameur, le voyage m'entraîne vers les hauteurs boisées des montagnes japonaises et vers les profondeurs de mon être en quête de silence. Je lui fais confiance. Elle me prend par la main et me guide à la recherche de mes soifs profondes, de ce Beau qui me transcende, de cette tranquillité à nulle autre pareille qui me ressource et répare.

Je suis complètement sous le charme de cette ambiance si paisible qui m'aide à avancer. Je me fonds dans les questionnements de Simon, psychiatre si apte à écouter et guider mais si incapable de mettre en avant ses propres besoins.

Je me laisse guider...
Là est toute la clé de ce petit bijou : Je n'ai rien à faire.
Qu'à me laisser modeler comme les bols entre les mains de Monsieur Itô pour qu'ils (re)trouvent leur beauté propre et lumineuse.

Je referme ce trésor et je contemple... longtemps... avec une sérénité profonde et une joie intérieure nouvelle.
Je me suis fait du bien.

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