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sur 832 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Lorsqu'il casse le bol qui le reliait à d'anciens souvenirs, Simon, psychanalyste qui a passé sa vie à écouter les autres, prend conscience qu'il a lui aussi des choses à régler avec lui-même. Pour prendre du champ avec son quotidien, il entreprend un voyage au Japon, où quelques rencontres autour du Kintsugi – art de réparer les porcelaines et les céramiques en sublimant leurs cassures par une jointure en or, devenu une métaphore de la résilience sous-tendant toute une philosophie de vie -, favorisent son cheminement introspectif personnel.


Le talent de Jeanne Benameur est indéniable. C'est une plume magnifique d'élégance, de finesse et de poésie qui vient sublimer l'intelligence et la profondeur d'une réflexion qu'elle mène de livre en livre, dans une quête que l'on sent aussi essentielle pour elle que pour ses personnages. Dans son précédent roman, Ceux qui partent, elle célébrait la force et la liberté du nouveau départ, l'élan qui vous fait tout quitter pour l'aventure de l'exil et pour l'espoir de rebond. Elle y revient d'une autre façon dans ce nouvel ouvrage, qui métaphoriquement s'émerveille du « magnifique saut de la raie Manta », cet « élan qui fait prendre le risque de quitter son eau ». Cette fois, elle fait de ces impulsions qui nous poussent au-delà de notre zone de confort, toujours plus loin dans la connaissance de nous-mêmes et des autres, des tentatives d'atteindre ce qu'elle appelle « des moments d'âme », fugaces sensations d'harmonie « quand tout de notre être s'unifie pour pouvoir se mêler enfin à tout ce qui n'est pas nous » : une finalité qui ne semble quelque part pas si étrangère à celle des approches du Zen ou du Tao.


C'est en tout cas au Japon que Simon, après avoir épuisé les ressources de la psychanalyse, va chercher la réparation de ses fêlures et la réconciliation avec lui-même et son entourage, passé et présent. Dans le petit paradis subtropical des îles Yaeyama, archipel japonais semé dans de splendides eaux turquoise, il découvre la collection de tissus ancestraux de son hôtesse Itô Akiko ; l'art Kintsugi de son mari céramiste Daisuke ; la tradition purificatrice du Onsen, ces bains dans des sources d'eau chaude volcanique ; enfin les antiques techniques de fabrication et de teinture des tissus à base de fibre de bananier que s'arrache la haute couture du monde entier. Patience et longueur de temps produisent leurs effets : dans le silence et la proximité discrète et bienveillante de ses très sages hôtes, Simon apprend à faire la paix avec lui-même et avec son passé, et s'apprête plus sereinement à un nouvel avenir.


Et c'est là que le bât blesse et qu'emporté par ce texte si merveilleusement écrit, l'on se s'en retrouve que plus déçu de la vague sensation de creux ressenti à propos de l'histoire de Simon. Tandis que l'on se laisse charmer par le sens général du propos, par son splendide hommage au métier de psychanalyste, par la découverte de très belles pratiques japonaises aux prolongations aussi poétiques que philosophiques, enfin par le si délicat et attachant couple Itô, se renforce aussi, à mesure que le passé de Simon se dévoile, le sentiment un peu dérouté de ne pas parvenir à comprendre totalement l'impact à retardement de cette vieille histoire plutôt tordue et montée en épingle, et encore moins la miraculeuse rapidité avec laquelle tout cela se résout au Japon, dans une tonalité bien trop feel good. N'est-il pas bien chanceux, cet occidental auquel se révèlent du premier coup, et par hasard, certains aspects les plus confidentiels de la culture nippone, au point de le transformer en quelques jours ?


Cette deuxième rencontre avec les livres de Jeanne Benameur me laisse donc encore, à contrecoeur, sur une impression mitigée. Si la plume est un régal d'intelligence, de poésie et de délicatesse, et si la réflexion, illustrée d'images magnifiques, ne manque pas d'intérêt, le lecteur peine à prendre son envol dans une histoire curieusement un peu trop « simpliste » pour la hauteur de son propos.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Simon est psychanalyste dans une ville de bord de mer en France. Il est reconnu et expérimenté et son planning bien chargé. Il décide , alors qu'il casse un bol, de partir sur un coup de tête au Japon, pour faire le vide et prendre du temps pour lui. Il ne va pas à Tokyo, mais sur de petites îles paisibles de Yaeyama au sud du pays où le calme et la sérénité sont partout. Il loge chez un vieux couple, Ito collectionneuse de tissu ancien, qui parle miraculeusement français et Daisutke, céramiste. Grâce à eux, il va pouvoir découvrir ces arts séculaires et pouvoir faire une introspection pour résoudre une énigme de sa vie.

Parfois le première impression ne se prolonge pas. Ainsi j'ai trouvé la forme soit l'écriture poétique, le rythme rapide. Cela a facilité ma lecture du roman, mais je n'ai pas été touché par Simon et son introspection.
Lorsque j'ai choisi ce livre, j'avais une envie de Japon. N'ayant pas trouvé à la médiathèque d'auteurs ou de roman japonais dont j'avais envie, je me suis rappelée que je devais lire une oeuvre de Jeanne Benameur pour le challenge Solidaire. Celui-ci, en plus se déroulant au Japon, pouvait donc constituer une parfaite adéquation. Mais finalement, j'ai été déçue du manque de descriptions des lieux, de ne pas aller plus en profondeur dans la culture japonaise, alors même qu'Ito et Daisutke livre à Simon de très nombreux secrets culturels, peut-être trop facilement d'ailleurs.
J'étais heureuse de retrouver ici l'art du Kintsugi, que j'ai découvert cette année aux jardins de Chaumont sur Loire. Cette technique consiste à réparer avec de l'or les fêlures d'une céramique, l'enrichissant et l'embellissant de cette expérience. J'aurai aimé que l'image et le parallèle avec le travail introspectif de Simon soit plus franc, plus poussé aussi. Il m'a semblé n'être que suggérer, mais peut-être comme le travail du psychanalyste, tout en suggestion pour que la personne en analyse fasse sa propre découverte.
Et finalement je n'ai pas beaucoup apprécié le personnage de Simon, ni ses failles et fêlures. Je l'ai trouvé très égocentré. Mais sans doute attendais-je autre chose de ce personnage et de cette histoire.
C'est donc une déception où je me suis souvent ennuyée. Heureusement que le roman était court.
J'ai depuis trouvé quel serait mon prochain roman japonais qui attend sagement son tour durant l'été.


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Un psychanalyste un peu blasé de la vie part au Japon en séjour de rupture.
Séjour de rupture à tous points de vue, puisqu'il ne se remet pas de la séparation d'avec sa femme et de la perte de son ami d'enfance.
Et qu'en plus, ce matin-là, il casse son bol préféré.
Les séjours de rupture, ce sont ces stages pour ados déboussolés où on leur fait quitter leur milieu souvent toxique, pour partir en bateau, ou en montagne…
Ce psy a davantage de moyens : il part au Japon.
Et ô surprise, son hôte pratique le kintsugi, technique pour réparer la vaisselle en soulignant les cassures d'un fil d'or, mais ça alors, quelle coïncidence étonnante.
Bref, l'intrigue est sans surprise. Ce touriste haut de gamme qui fait sortir ses souvenirs enfouis en se contemplant le nombril ne m'a pas convaincue, sans compter l'agaçant fatras psychanalytique (Vie privée, privée de quoi, ah ah).
Par contre j'ai beaucoup aimé, après un temps d'adaptation, la très jolie écriture de Jeanne Benameur. Ce n'est pas un roman qui se survole, chaque mot est pesé et réfléchi pour s'accorder avec la musique ambiante. Peut-être essaierai-je une autre de ses oeuvres.
Challenge Solidaire 2023
LC thématique de février 2023 : "Un animal dans le titre ou sur la couverture"
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Un roman poétique, presque philosophie sur l'être. Être, s'accepter et vivre. C'est le long chemin que fait Simon.
Au départ le livre m'a un peu ennuyée. C'est à l'aéroport que je me suis laissée embarquer sans mauvais jeu de mot.
La plume de Jeanne Benameur est une invitation à l'apaisement, un moment hors du temps pour écouter, s'écouter et être présent à soi.
J'ai beaucoup aimé la syntaxe des dialogues. L'absence de la ponctuation, la simple majuscule qui ouvre à la parole.
Cela dit ce n'est pas un roman pour moi. J'ai parfois laissé divaguer mon esprit au delà du texte.
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Simon Lhumain, psychanalyste, vit dans une ville au bord de la mer. A la suite d'un micro-évènement, un vieux bol qui se casse mais qui lui rappelle tant de souvenirs, il se décide à partir sur un coup de tête dans les îles de Yaeyama, les Antilles japonaises, où il va faire le point sur sa vie...

Je découvre l'auteure avec ce livre et je suis assez perplexe, car je ne peux pas dire que j'ai aimé ni que cela m'a déplu. le grand point fort de l'ouvrage est la plume de Jeanne Benameur, douce, sensible, et qui nous emmène de page en page. Néanmoins je suis restée complètement hermétique au personnage de Simon, qui sans être antipathique, n'a pas vraiment d'aspérité ou n'a pas suscité d'empathie particulière de ma part, d'autant qu'il est très autocentré. J'ai eu comme l'impression de mener un chemin parallèle au protagoniste, et, ce qui n'est pas désagréable, débloquer des fragments de ma propre mémoire dans l'expérience qui est la sienne (la caresse du soleil sur la peau, la chaleur indolente, l'abîme de contemplation dans lequel nous plonge un objet). Il est plaisant de s'imaginer sur les îles de Yaeyama, leur histoire et leur culture, en particulier l'art du kintsugi.
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Daisuke s'est levé, Akiko aussi. Ces deux êtres ne sont pas pour rien dans le retour aux sources de Simon, le psychanalyste qui quitte son emploi et se retrouve au Japon pour se retrouver justement. Je ne sais si j'ai aimé. le livre est lent, très lent malgré quelques beaux passages et il n'offre pas beaucoup de prise à l'émotion contrairement aux autres oeuvres de Benameur. Entre les découvertes du personnage et les faits qui ont marqué son passé, on s'y perd un peu et on ne voit pas toujours bien les traces qu'ont laissé en lui les êtres dont il se réclame. Rien de bien convaincant pour moi.
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Je viens de lire "La patience des traces", dont le sujet peut être vite résumé: il est d'ailleurs bien décrit dans la quatrième de couverture. Simon, est un psychanalyste qui a toujours écouté ses patients sans s'écouter lui-même. Il y a eu un drame dans sa vie personnelle. Partant sur une île tropicale du Japon, il va "revisiter" son passé après avoir laissé tomber tout ce qui faisait sa vie habituelle. La trame étant simple, tout se joue sur l'écriture de l'auteure. Par petites touches impressionnistes, avec finesse, elle nous fait entrer dans l'esprit du héros.
J'ai bien aimé cet environnement exotique - y compris les personnages japonais – qui conduira à un "déblocage" du psychisme de Simon. Par contre, j'ai trouvé certains symboles (comme le bol cassé, au début) un peu "téléphonés". L'ensemble de la situation imaginée par J. Benameur me semble un peu artificiel et, de toutes façons, le sujet est un peu mince. En lisant ce roman, j'ai retrouvé une sensation que j'avais éprouvée avec les autres livres de cette auteure: je ne me sens pas tout à fait en phase avec elle.
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Et voici achevé mon 14ème livre de Benameur. Et toujours en attente le miracle ébloui de ce qu'a été "Profanes", et trop souvent déçue...
Tout y est dans celui-là : je veux dire, tout y est pour faire une oeuvre parfaite, sensible et grave, poétique et lumineuse. Tout y est parce qu'on file la métaphore du bol brisé jusqu'à son (presque) accomplissement ; tout y est dans cette construction en miroirs multiples où les tissus de Mathilde font (presque) écho aux collections de Mme Ito ; tout y est puisque les strates du passé, de Louise et de Mathieu viennent (presque) percuter les enfouissements du présent.
Oui, malheureusement tout est dans le presque, pour moi, car il y a tout de façon "technique" et il me semble cependant qu'il y manque l'essentiel : l'âme. Je n'ai ressenti aucune empathie avec les personnages et surtout pas avec le narrateur principal : je n'ai pas compris sa retraite dans cette île du Japon, je n'ai pas compris son obsession pour cette patiente qu'il avait suivie parmi tant d'autres, je n'ai pas compris ses questionnements sur sa sexualité par rapport à Mathieu, et surtout, surtout, je n'ai pas compris que tout ceci n'aboutisse nulle part. J'ai eu l'impression que l'auteur avait collectionné les bonnes idées (mettre en miroir le bol brisé de ce matin qui fait tout chavirer avec l'art du kintsugi de Mr Ito par exemple, pour tisser la métaphore de la guérison, de la transformation, de "rien ne se perd, tout se transforme" (même dans l'âme humaine), qu'elle avait compilé comme ça différentes choses en n'ayant pas une idée précise de là où elle voulait en venir (du coup, des longueurs...) ; alors bien sûr, le style Benameur, c'est quelque chose, et c'est maîtrisé. Quelques "nouveautés" ici, avec des dialogues insérés dans les paragraphes de narration et juste introduits par une majuscule : c'est non seulement parfaitement lisible mais très adapté. Par contre, les extraits des lettres ou du journal intime de Simon... changement de narration, on passe du il au je, mais pas de changement de temps et c'est assez pêle mêle dans la construction du récit. Bref, ça n'apporte rien (à part le droit de revenir en arrière pour relire parce qu'on ne comprend plus rien).
Un peu déçue, donc, par ce dernier Benameur, qui aurait pu être (je crois) une oeuvre magistrale mais qui n'a pas pris le temps de mûrir...
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Un bol qui se casse et une vie bascule. Simon, psychanalyste, laisse tout et part au Japon dans une petite pension. Partir loin pour se trouver soi-même.

Un livre tout en suggestions et introspections, en lenteur et en drapés délicats, ceux de Madame Itô.

La vie comme les bols ne se "décasse" pas, mais à l'instar du Kintsugi nos brisures peuvent dévoiler des trésors
Lien : https://www.noid.ch/la-patie..
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Récit d'un voyage, ou d'un exil temporaire, en quête de réparation : Simon, psychanalyste, décide un jour de partir, de quitter ses patients, comme pour oser enfin partir à la rencontre de lui-même. Son séjour au Japon lui permet de s'installer progressivement dans une forme de sérénité et d'apaisement. Ce qui m'a touché dans l'écriture est l'attention portée aux petits détails, à la "matière" des journées de Simon. Cela dessine une sensualité inspirante. J'ai été moins séduite en revanche par le monologue intérieur de Simon, qui m'a semblé parfois un peu vain, hyper intellectualisé, notamment lorsqu'il repense aux souvenirs de sa jeunesse et du triangle amoureux qu'il a formé autrefois avec Mathieu et Louise. Tout cela sonne un peu faux, tout comme cette relation avec ses hôtes japonais, sortes de personnages éthérés et totalement idéalisés, qui trouvent toujours le bon mot le bon geste la bonne distance. "Le réel, comme disait l'autre, c'est quand on se cogne", et ici ça se cogne pas suffisamment à mon goût.
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