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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je me sens évidemment très concernée par le thème de ce livre et il ne pouvait être écrit que par une enseignante, quelqu'un ayant vécu les faits de l'intérieur et qui les restitue avec une émotion tendue et vibrante et beaucoup de sincérité.Beaucoup de pertinence aussi.

C'est un huis-clos: un collège dit" difficile" ( qu'a connu l'auteur) mais les questions, les réflexions que soulève ce roman touchent n'importe quel établissement scolaire.Ecrit en 2006, il présente des problèmes toujours non résolus, dix ans après.

J'ai apprécié la construction du livre: les différents acteurs de cette communauté expriment tour à tour leurs ressentis, leurs angoisses, leurs colères.Chacun montre ses failles, son impuissance aussi, bien souvent , à changer les choses.Certaines remarques me semblent vraiment proches de ce que je ressens moi-même: "Quand va-t-on prendre le temps de réfléchir vraiment à ce qu'est l'école aujourd'hui ? Quand va-t-on cesser de balancer réforme sur réforme, à court terme et vive les élections ?"s'indigne Laurence Pascalet, la professeur-documentaliste, un de mes personnages préférés car elle résiste et a une humanité lumineuse.Ce qu'en dit l'auteur est magnifique: " Créer une zone protégée au milieu du collège, c'est une gageure.La documentaliste a choisi de porter ce défi haut et loin.Elle lutte.C'est difficile de faire reconnaître cet espace, le sien.(...) Elle résiste.Elle est sur son île.Elle accueille les naufragés."

Les acteurs, ce ne sont pas que les professeurs, ce qui donnerait au livre un aspect réducteur.Ce sont aussi les élèves, un factotum, la principale du collège, un délégué parent.La richesse et la profondeur de cette histoire-témoignage tient justement à cette diversité des points de vue.Un constat unanime, en tout cas: " Il faut inventer une autre façon de mettre les élèves au travail.In-ven-ter.Un mot qui fait peur."

Certains personnages m'ont particulièrement touchée: Madison, l'élève perdue, absente au monde, qui ne trouve à s'exprimer que par le dessin.On a connu de ces élèves , mal orientés,qui ne peuvent mettre en avant leur don.J'ai aimé également le " redoutable D.", qui traduit par la violence ses difficultés face à la langue française.Et quel beau moment,pour le professeur de français épuisé et désabusé, que cette lecture d'un texte de Kafka, face à une classe subjuguée !

La fin, révolte et feu , était prévisible: " Comment rester des heures et des heures,assis, sans rien comprendre de ce qui se dit, quand on a quinze ans? Comment ne pas éclater quand on sait qu'on n'y arrive pas ?"

Le roman semble se terminer négativement mais en fait, il n'en est rien.Car des prises de conscience se sont effectuées, des comportements se sont transformées.Arrêtons de gémir et essayons de construire une école du désir et de la réussite de chacun, à son rythme .

Que "la liberté de désirer entre dans les poitrines. Les rêves respirent large."
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Je suis un ancien professeur de langues et j'ai retrouvé dans "Présent?" le monde que j'ai quitté il y a peu de temps, sans regrets même si j'ai aimé mon métier. En effet, Jeanne Benameur connaît bien ce monde, ses faiblesses, ses travers et ses richesses, puisqu'elle a été professeur de Lettres. Elle a trouvé les mots justes pour décrire les émotions, le questionnement, les doutes, les relations,de chaque acteur d'un établissement scolaire, qu'il soit élève, enseignant, personnel de direction, personnel d''entretien, parent d'élève ou autre.....On débute avec un idéal, des illusions, de l'ardeur, et au fil du temps, on découvre des choses auxquelles on ne s'attendait pas. Il y a la façade et la face cachée, pour chacun de ces acteurs. Pour certains, la chute est trop dure, ils font le choix de ne pas rester.
Ce livre est plus accessible que "Les demeurées" par exemple et parlera à chacun d'entre vous car tout le monde est passé par le collège. Les souvenirs remonteront à la surface. C'est en même temps un livre plein d'espoir. Je le recommande en première lecture à ceux qui ne connaissent pas encore Jeanne Benameur.
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J'aime Jeanne Benameur, la façon dont en quelques lignes elle nous entraîne dans une histoire, campe un environnement si authentique, décrit des sentiments et des situations qui font écho au plus profond. Son humanité, sa sensibilité et, à la fois, la possibilité qu'elle nous offre d'être aussi spectateur pour ne pas être totalement engloutie. D'emblée, j'ai été happée par le style et la profondeur du propos.
C'est un roman rédigé au présent, comme pour nous prendre à témoin, pour nous interpeller, faite oeuvre de partage. Pas de nom ou de prénom des protagonistes quasiment jusqu'à la fin sans que cela n'empêche le moins du monde de développer une profonde sympathie pour eux mais des archétypes si vivants, si humains : la proviseur - capitaine d'un bateau qui se voudrait voilier, le prof de français qui a perdu son souffle, la documentaliste si pleine d'espoir qui met la créativité au coeur de son activité, la prof de SVT, novice qui souffre, et les élèves... adolescents qui espèrent ou qui n'y croient déjà plus, plombés par la reproduction des inégalités, par leurs origines et l'incompréhension des codes qui régissent cette micro-société, des collégiens pas dans la norme et pourtant si prometteurs.
Jeanne Benameur nous immerge une journée dans la vie d'un collège de banlieue, pas n'importe laquelle, celle qui s'achève sur le conseil de classe des 3ème – échéance qui cristallise les angoisses de chacun. Autour du sort de quelques élèves, certains enseignants vont se révéler, retrouver leur souffle et ce qui fondait à l'origine leurs motivations à transmettre, d'autres – pour des motifs qui s'inscrivent aussi dans leur histoire – seront prêts à appliquer la règle bête et méchante, annihilant tout postulat d'éducabilité, refusant à l'autre la possibilité de changer, d'évoluer, neutralisant tout espoir d'avoir un avenir meilleur. Véritables censeurs, ils décideront qui peut avoir un avenir et qui subira la relégation, toujours la même.
Ce titre, en forme d'interrogation est – comme souvent chez l'auteur – polysémique. le corps enseignant est-il présent au monde, à la société ou reclus dans un son propre système, pris dans ses paradoxes ? Les enseignants sont-ils présents à eux-mêmes, à leur vocation initiale (si elle a existé) ou se sont-ils perdus en chemin ? Travaillent-ils pour le présent – notes, programmes - où sont-ils des facilitateurs d'avenir ? Et les collégiens, pris dans l'immédiateté, souvent en peine pour se projeter, l'adolescence ne s'y prêtant guère, leur présence physique suffit-elle à ce que le temps de ma scolarité les constitue en adultes ?
C'est juste un livre formidable, plein d'espoirs, qui pose un doux - mais lucide - regard sur une institution qui peine parfois à jouer son rôle.
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Jeanne Benameur a cette empathie naturelle qui m'a profondément touchée.
A travers ce roman, elle dresse le portrait de tous les acteurs d'un collège de banlieue avec comme fil conducteur, le conseil de classe d'une 3eme.
Sous une enveloppe séduisante, nous suivons avec tendresse tous ces personnages, emplis d'humanité, parcourus de doutes et d'espérances.
Je veux dédier ce livre à ma fille, toute jeune prof de lettres, qui galère en banlieue parisienne, loin de son "Cheri", loin de son environnement.
Lui dire, que cette peur de ne pas y arriver, est enfouie au fond de chacun de nous, à tous les stades de la vie. Lui dire, que moi, "mauvaise élève", j'ai eu ce déclic de la lecture grâce à une prof qui nous a lu un passage du Petit Prince. Lui dire qu'elle a choisi un beau métier, noble, et que je suis fière d'elle.
Vous l'aurez compris, j'ai eu un coup de coeur pour ce roman. Ce petit livre est une vraie pépite, pleine d'émotions. Et, Madame Benameur, vous allez prendre une place de coeur dans mes lectures.
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quel bonheur de retrouver les mots de Jeanne Benameur. ❤

« Présent? » est un roman qui se passe en une seule journée: une journée de juin dans un collège où les professeurs et les délégués de classe vont participer au conseil d'orientation. Pour certains, tout se passera bien, pour d'autres, c'est moins sûr.

De la directrice, au factotum, en passant par les professeurs, et les élèves, la journée est vue de différentes façons. Chaque chapitre décrit un des personnages sans les nommer, juste expliqués avec leur fonction. Comme si ça pouvait se passer dans n'importe quel collège. Petit à petit, on les découvre et les prénoms apparaissent, ils deviennent humains et uniques. Ces personnages décrivent avec beaucoup de justesse leurs angoisses, leurs rêves avortés d'un système éducatif idéalisé, leurs peurs mais aussi leurs espoirs et leurs combats. J'ai été touchée par trois destins: celui de la professeur de SVT (très proche du mien) « Si on lui disait Demain tu ne verras plus d'élèves, tu gagneras ta vie autrement, elle se sentirait libre et joyeuse à nouveau. Elle aurait à nouveau envie de tout. »

Celui du professeur de lettres qui ne renonce pas. « Ce n'est plus le prof. Ce n'est plus la salle de classe et les copains, pour une fois, on s'en fout. On est loin. La lecture les sépare et les réunit. . Chacun est seul avec les mots. C'est la solitude précieuse de la lecture. »Et celui de la documentaliste qui offre une bulle d'espoir à tous les élèves. « Créer une zone protégée au milieu d'un collège, c'est une gageure. La documentaliste a choisi de porter ce défi haut et loin. Elle lutte. C'est difficile de faire reconnaître cet espace, le sien. »

Cette histoire a remué beaucoup de choses. Des souvenirs d'élève, oui, mais aussi des souvenirs de moi, en tant que jeune prof, il y a quelques années. En arrivant dans une école, la première fois, on est tout fier de pouvoir se dire « moi je vais révolutionner les choses ». Et puis on est vite pris dans l'engrenage du système. J'ai été blessée et blasée par lui. Je n'y retournerai pas et je connais mes raisons. Mais à la lecture de ce bouquin, je pense à ceux qui se battent pour les élèves, ceux qui n'ont pas lâché et qui y croient encore.
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Un véritable coup de coeur tant pour l'auteur que pour l'oeuvre ! de l'élève à la chef d'établissement, de la néo-titulaire au professeur en fin de carrière, cette galerie de portraits souligne avec justesse les diverses problématiques auxquelles l'Éducation nationale est confrontée ainsi que les difficultés personnelles que peuvent rencontrer et ressentir les enseignants.
À travers l'alternance de leur vision, cette peinture de forces et faiblesses touche et interroge.
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Une prof de 3ème a donner ce livre à lire à ses élèves....merci. Une véritable ouverture sur l'humain au sein du collège, parfois écraser par l'administratif, la bureaucratie.
Un beau rappel comme quoi ceux sont des êtres sensibles avec des fragilités, des faiblesses et parfois de la lassitude, de l'usure qui travaillent pour et avec d'autres êtres avec une histoire et un avenir en devenir.

Les parents n'entrent pas souvent dans les collèges, Mme Benameur nous y invite par la grande porte...merci
Lien : https://lecturesfamiliales.w..
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Ma mère m'a acheté ce roman en me disant que c'était un de ses coups de coeur.
C'est un des miens aussi. Je me suis tellement reconnue dans ces professeurs qui ne savent plus pourquoi ils enseignent et qui, grâce à un élève, une dame de service, reprennent foi en leur métier.
Ce livre pose ces grandes questions : Comment réussir à gérer l'humain? Comment être justes en toutes circonstances? Comment faire pour que les professeurs prennent l'élève comme un tout et non seulement comme "élève"?
Je me pose toutes ces questions et j'essaie de faire en sorte d'être le plus humaine possible.
Bref j'ai adoré ce livre et je le recommande à tous les professeurs fatigués par leur travail et leurs responsabilités.
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Bonjour,

Partage de matière à réflexion avec vous compagnes et compagnons de lecture, d'écriture de mots contre les maux avec ce clin d'oeil /coup de coeur pour le livre -présents?-, ses interrogations sur les institutions scolaires mais pas que, font échos à celles de ce Jour -1 de sortie de confinement, le 11 mai 2020, date de fin ou de commencement?
Merci à Jeanne Benameur pour ce roman si éclairant qui une fois lu m'a amenée à votre lettre Oser-2 , un élan de souffle pour regonfler nos voiles de confinés et avancer de nouveau pour sortir au mieux...je me permets de vous citer:
Ne reprenons pas la vie comme si de rien n'était.
Nous avons le temps de réfléchir pendant ce confinement. Nous avons le temps. Nous pouvons même regarder les étoiles.
Le rêve ce n'est pas l'illusion. L'illusion, on nous l'a servie et on nous la servira encore, quand le confinement sera derrière nous. L'illusion des richesses et d'un monde matériel qui ne nous rend ni plus vivant, ni plus aimant.
Alors le rêve, oui, notre rêve, donnons-lui la place qu'il mérite, celle de l'élan pour transformer notre réalité. Tenons le haut et fort, il nous tiendra. Et osons le pas.
© Jeanne Benameur
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Ce livre est une relecture. Ca m'arrive vraiment très rarement, mais celui-ci ça faisait longtemps que je voulais le relire. Ma première lecture date de quand je passais le CAPES, je voulais voir ce que j'en pensais maintenant que je suis vraiment "dedans". Et puis Jeanne Benameur vient dans mon collège en février (projet Numook) alors je me suis enfin lancée dans cette relecture qui attendait depuis longtemps dans ma PAL.

Pour commencer, c'est un livre difficile, plombant, que j'aurai peut-être dû éviter pendant les vacances de Noël. La quatrième de couverture parle de la prof de SVT mais il s'agit en fait d'un roman "choral" (ça se dit pour un roman ?) dans lequel le lecteur suit les différents acteurs de ce collège de banlieue : plusieurs profs, la principale, le factotum et quelques élèves. On a ainsi une vision globale du collège. Et on ne peut nier que cette vision est assez négative. Bien sûr, il y a des points positifs, des profs bienveillants, des élèves désireux d'apprendre ou qui se découvrent pas si "bête" qu'on leur a fait toujours croire, mais dans l'ensemble le constat est négatif : les parents sont au chômage ou se sont tués à la tâche dans des boulots ingrats sans aucune reconnaissance, les enfants savent au fond d'eux qu'il ne sert à rien de rêver, ils "finiront" comme leurs parents, les profs n'ont plus beaucoup d'espoir de faire évoluer les choses, la principale et le factotum font ce qu'ils peuvent pour maintenir l'établissement à flots et éviter qu'il ne s'effondre.

C'est un roman dans lequel j'ai reconnu mon établissement, les collègues, mes élèves, pour beaucoup d'aspects. Peut-être la vraie différence est que dans mon collège il n'y a pas de "vieux" profs qui sont à l'aube de la retraite et qui sont désabusés ou, au choix, encore plein d'espoir. Mais sinon j'ai trouvé que Jeanne Benameur avait réellement su mettre de la réalité concrète dans ce roman, et c'est, finalement, pour cela que je l'ai trouvé difficile car il nous met devant les yeux ce qu'on voit au quotidien mais qu'on n'a pas le temps d'analyser avec le recul nécessaire. Ici il n'y a pas de solution apportée, mais une réflexion nécessaire.
Lien : http://blogonoisettes.canalb..
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