AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,35

sur 47 notes
5
8 avis
4
8 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Naomi Benaron nous offre donc l'histoire d'un jeune homme qui devra accepter de se faire passer pour celui qu'il n'est pas, parce qu'un Hutu a plus de chances d'aller loin avec l'appui des politiques... A moins que son identité Tutsie ne permette à ces mêmes politiques de déjouer les rumeurs malveillantes lorsqu'elles commenceront à courir... On découvre des vies d'hommes et de femmes soumis à la peur parce qu'ils sont nés dans une famille plutôt que dans une autre, des esprits étroits qui retourneront bien vite leur veste le jour où il faudra choisir son camp, et quelques personnalités qui oseront... On apprend aussi, pour ceux qui ne le savait pas, l'aveuglement des Européens et des Américains qui, bien qu'ayant envoyé des forces militaires, s'empresseront de sauver leurs ressortissants avant d'empêcher les tueurs à la machette d'égorger des populations entières lorsqu'elles saisiront ce qui se joue dans le pays.

Au milieu de toute cette haine que l'on sent monter, Jean-Patrick découvrira l'amour. Et oui, un bon bouquin américain qui se respecte, qui parle de course à pied, ne peut s'empêcher d'introduire une belle au milieu de tout ce sang qui coulera ! Mais on pardonnera bien vite à Naomi Benaron ce côté à peine trop cliché tant ses personnages restent riches et attachants. La dureté des passages concernant le génocide sera un peu apaisée par cette histoire, un peu de douceur dans ce monde de brutes... Et pour ceux qui craindraient la partie relative au génocide, sachez qu'elle n'occupe qu'un petit espace du roman, Nami Benaron nous relatant bien évidemment des choses terribles comme les annonces diffusées à la radio nationale avec les noms et les adresses des personnes à abattre, mais prenant surtout le temps de planter le contexte autour de l'histoire de Jean-Patrick.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
Commenter  J’apprécie          50
Génocide = l'extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d'un groupe ou d'une partie d'un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales (wikipedia)


À la mort de son père en 1984, le jeune Tutsi Jean-Patrick Nkuba (le roi du tonnerre) doit quitter la maison de Gihundwe — dans la province de Cyangugu, ouest Rwanda aux bords du lac Kivu, près de la frontière du Burundi — où son père officiait en tant que préfet enseignant. Il part vivre chez son oncle Emmanuel avec son frère, ses soeurs et sa mère.


« … elle n'aurait pu prévoir les barrages sur les routes où militaires et policiers réclamaient les indangamuntu – les papiers d'identité – et harcelaient toute personne grande et mince au front haut au visage étroit, des caractéristiques associées de façon systématique aux Tutsis. » (p60)

Le Tutsi devant travailler plus qu'un Hutu pour être reconnu comme capable, à force de ténacité, Jean-Patrick réussit haut la main les examens pour intégrer l'école secondaire de Gihundwe, l'équipe d'athlétisme en 1985, et l'Université à Butare en 1991.
Il a un don pour courir. Son destin est scellé. Son coach énigmatique, Rutembeza, le poussera au-delà de ses limites pour qu'il atteigne son but ultime, les Jeux olympiques.

Mais le contexte historique dans lequel vit le peuple rwandais impose une course de haies impitoyable, que l'on soit coureur ou non, jeune ou vieux. Quand Imana (Dieu) n'est pas là, les souris dansent.

Sous la présidence d'Habyarimana (pro-Hutus), fraichement réélu depuis 1983, la tolérance des Tutsis est affirmée par l'imposition de quotas dans l'administration et l'enseignement. La tension Hutu-Tutsi persiste, les réactions s'enchaînent des deux côtés : les contrôles d'identités des Tutsis s'intensifient, les rebelles tutsis (le FPR=front patriotique rwandais) perpètrent des attaques dans les villages hutus, le Président lance la chasse aux Tutsi… Les massacres et les injustices atteignent une croissance exponentielle. Les actes de barbarie touchent leur paroxysme en 1994 avec l'assassinat du Président Habyarimana et d'autres ministres de l'assemblée. La machette hutue s'abat sur tout ce qui bouge, la guerre éclate… C'est l'apogée du génocide au Rwanda qui fera des milliers de morts. Sous l'indifférence totale de l'Occident et des États-Unis.

« Il avait espéré, attendu et prié pour que le FPR soit victorieux ou que la Minuar prenne les armes et écrase les extrémistes. Quand les Belges avaient été tués, il avait été persuadé que l'Occident ne laisserait pas le massacre des siens impuni. » (P372)

Le plus fou dans l'histoire, ce n'est pas seulement que la tension a toujours existé. du moins la pression hutue seulement depuis 1957. Mais surtout, c'est que la différence raciale existe depuis la colonisation belge dans les années ‘20. Ce sont des scientifiques belges qui ont instauré la différence ethnique. le gouvernement rwandais a toujours exploité cette faille. C'est sur celle-ci que court Nkuba JP…

Pendant que son frère a rejoint le FPR, que vont devenir sa famille et ses amis ? le génocide était prévisible depuis longtemps. Est-ce que la réplique tutsie est justifiée du fait que les Hutus assassinent depuis des années ? Sont-ils égaux comme son père le défendait ? Quand il subit les événements, il ne sait plus. Les rebelles veulent rentrer chez eux à n'importe quel prix... Prétend son oncle. Il n'est pas en sécurité, comme tous les siens. Grugé et blessé constamment, il court quand même. Jean-Patrick rencontre l'amour, l'amitié, la souffrance, la détermination, la nostalgie, l'incompréhension et l'espoir. Jusqu'où pourra-t-il courir ? Jusqu'à quel point résistera-t-il aux coups ?

« Il avait cru qu'il lui suffisait de faire confiance à deux jambes assez agiles pour fendre l'air… Il devait faire confiance à Rutembeza pour qu'il le guide, à Habyarimana pour qu'il lui permette de réaliser son rêve olympique, au gouvernement pour qu'il fasse venir des troupes des Nations Unies. Et si jamais on en arrivait là, il devrait faire confiance à ces troupes pour qu'elles protègent sa vie. »(P189)

L'ÉCRITURE :
- -
Au départ, je n'ai pas trouvé la puissance d'un texte qui m'aurait subjugué. Je n'attendais pas de l'éloquence époustouflante, mais à plus d'intensité émotionnelle dans ce récit. le style est carré probablement attribuable à l'influence de la brillante carrière scientifique de l'auteure. Malgré les touches très colorées, il manque ce petit quelque chose qui fait qu'un livre est étourdissant. le décor africain a presque plus de place que la psychologie des personnages. On voyage et c'est bien écrit. Certes. Cependant, s'il n'y avait pas eu le génocide, le texte aurait été « plat ». Ce n'est pas un F. Exley par exemple. Il y a des passages simples, des scènes et des décors bien construits, très joliment. le hic vient de là, ça arrive par à-coup. le reste est répétitif. Comme ce style n'est pas toujours présent dans le texte, malheureusement, certains moments en sont plus abrupts, voire inexpressifs.

Page 235 ! Il y a une coupure nette. Préjudiciable à l'action. Selon l'état d'esprit du livre et du moment relaté, c'est une erreur. Jean Patrick va présenter Béa à la famille ! Mise en bouche jusqu'au moment où les deux amoureux arrivent à Cyhangugu et puis plus rien. C'EST LA PUB ! Croirions-nous si nous étions assis devant notre téléviseur en train de regarder une série télévisée. Non, l'auteure passe à autre chose ! Un moment clé pourtant. Ou encore en page 238 : utiliseriez-vous le terme « maxillaire » dans une phrase qui doit toucher à la poésie d'un premier baiser ?

A cause de ces détails, j'étais sur le point d'arrêter la lecture à mi-parcours…


++++
Et soudain, la vitesse supérieure s'enclenche, la dureté des événements soulève le coeur, la tension nourrit le récit, la catastrophe ouvre les portes du dégoût et facilite l'expression écrite de l'auteur qui lâche sa retenue. Un éboulement de sensations. Elle aurait dû s'y mettre dès le départ.

Autant je marchais avec des pieds de plomb sur les routes poussiéreuses et suffocantes rwandaises dans la première partie du roman, autant j'ai couru tel l'éclair tiré par Nkuba, le roi du tonnerre, dans la deuxième partie.

L'essentiel est que les imperfections sont balayées sans commune mesure par un sujet puissant. L'impuissance d'un nouveau-né, la faiblesse d'un enfant ou d'un vieillard. Tous étaient dans un état d'hébétude totale, tous étaient grisés, tous étaient sans voix ; devant la douleur d'une lame qui les transpercent, d'un éclat de grenade qui leur arrache les membres, l'odeur de leur peau qui commence à se carboniser. Oui, c'est dur. Et c'est ça que le lecteur retiendra surtout. L'abomination d'une guerre. Une pensée pour les victimes d'un combat stupide et inégale. Un combat perpétré par des manipulateurs sujets à un complexe d'infériorité prononcé. L'histoire n'a pas servi de leçon. Ce phénomène se répète à travers les siècles et encore aujourd'hui. Je ne comprends pas. L'Inquisition, l'invasion ottomane, romaine, nazie… L'Algérie, l'Afghanistan, le Congo, La Palestine, la Tunisie, le terrorisme, etc. L'histoire se répète. Pas de répit pour les cons.

Une phrase, elle est reprise de la bible du petit frère décédé de Jean-Patrick et apparaît à la page 427 du roman, pour clôturer l'article en douceur.

« Marchez dans l'unité, marchez dans l'amour, marchez dans la lumière et la sagesse » (Épitre aux Éphésiens)
Commenter  J’apprécie          40
Quand la fiction permet de mieux comprendre L Histoire, en s'attachant au destin individuel de quelques uns. le sujet peut rebuter (le génocide des Tutsis au Rwanda) et pourtant ce roman est plein de vie (certains passages comportent même de l'humour) et évite l'écueil de montrer la violence de manière crue. L'auteur est américaine, certes, mais elle a réussi à écrire son ouvrage, bien documenté, comme un roman africain et cela décrit superbement la vie au Rwanda et la beauté de ce pays. L'écriture est mêlée de mots en kinyarwanda, ce qui vaut mieux que de longues descriptions. Les informations politiques et historiques sont distillées dans l'histoire et ne constituent donc pas de longueur dans le rythme. Les personnages sont extrêmement attachants et humains. Et ô combien proches de nous. On suit 15 ans de la vie de Jean-Patrick, le héros, de son enfance à l'âge adulte, ses rêves olympiques, ses études, ses amis, sa famille et son histoire d'amour. Ce roman n'est jamais pesant (en dépit de son sujet) ni moralisateur. "Courir sur la faille" est à lire, conseiller et offrir !
Commenter  J’apprécie          30
Le Rwanda, et le terrible conflit interne qui le secoua il y a une vingtaine d'année. Un génocide de plus sur la planète qui met en joute deux ethnies d'un même pays.

C'est dans ce cadre que Naomi Benaron bâtit une fiction mettant en scène un jeune garçon Tutsi malmené par les aléas familiaux, et qui doué pour la course à pied se met e tête de représenter son pays aux prochains jeux olympiques.

Je reconnais volontiers à l'auteur un gros travail de recherche pour coller au plus près à la vérité.

Je reconnais volontiers la qualité littéraire de l'ouvrage.

Mais, je reconnais aussi avoir connu une grande lassitude en cours de lecture. L'ouvrage aurait mérité d'être copieusement écrémé, j'y ai trouvé beaucoup de longueurs. J'aurais préféré d'un texte infiniment plus condensé, mais émotionnellement plus fort. Ses longueurs ne m'ont pas permis de m'y investir et surtout de se rendre incontournable au point de ne voir que par lui.

Enfin je reconnais encore plus volontiers ne pas être dans les meilleures dispositions d'esprit et de sérénité pour lui accorder le temps et l'attention qu'il mérite.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
Commenter  J’apprécie          30
C'est effectivement la vie et la passion de Jean-Patrick Nkuba, Tutsi que nous suivons tout au long de ce roman.
L'écriture est simple, chronologique, elle suit les évènements de la vie de Jean-Patrick , avec des ellipses nous transportant d'un moment à l'autre, d'un jour à l'autre.
Mais cette simplicité nous entraine dans le déroulement de l'Histoire et nous montre la complexité des sentiments des hommes, et surtout la tragique et irréversible Histoire.
Embarqués par les évènements, par cette haine fratricide, comme Jean-Patrick et les siens nous ressentons l'angoisse , l'injustice et la fatalité .
Nous découvrons aussi un peu de la vie au Rwanda et un peu de son histoire, grâce au vocabulaire et au lexique à la fin de l'ouvrage, et aux évènements datés racontés et perçus du point de vue du personnage.
Un joli récit de vie et d'amour (puisque Jean-Patrick rencontre la femme de sa vie) même si le héros se laisse porter par les évènements, et ne comprend rien ni à L Histoire ni aux hommes. Ainsi longtemps il ne voit pas à quel camp appartient son entraîneur.
Et même si le récit se termine en "happy end" incroyable .


Commenter  J’apprécie          20
J'ai beaucoup apprécié ce livre pour un aspect en particulier: il nous donne un aperçu de ce qui s'est passé avant et après le passage le plus atroce de l'histoire rwandaise. Ainsi, au fil des pages, on découvre comme la haine de l'autre s'est petit à petit insinuée dans les coeurs. Pour ne prendre qu'un exemple, lorsqu'on entend continuellement des messages incitant à la haine raciale à la radio ou par d'autres moyens, on finit par y croire soi-même. Et on finit par assassiner froidement son voisin avec lequel on avait de bons contacts auparavant. Non que cela justifie ces actes barbares, mais on arrive, à mon avis, un tout petit peu mieux à comprendre l'inexplicable.
Le lecteur vit tout cette montée en puissance de la violence à travers les yeux d'un garçon, Jean Patrick Nkuba, qui ne rêve que d'une chose: courir et gagner les championnats nationaux. Mais il sera vite confronté aux problèmes que rencontre un Tutsi qui désire gravir les échelons...
Un livre magnifique où l'on s'instruit sur cette page noire de l'histoire récente tout en vibrant avec des personnages pleins de courage et d'humanité.
Commenter  J’apprécie          20
Un des ouvrages les plus émouvants que j'ai eu la chance de découvrir. L'histoire de ce jeune Rwandais dont le talent pour la course lui permet de rêver à d'autres horizons sur fond de génocide ne peut pas laisser indifférent. Chaque personnage remplit son rôle à merveille et ce roman laisse des traces.
Commenter  J’apprécie          00
Quand la grande histoire nous parle à travers des personnages de fiction.
Naomi Benaron a décidé de raconter le génocide du Rwanda, à travers le personnage de Jean Patrick. Jeune garçon, dont le père instituteur lui a enseigné de belles valeurs, et il découvre qu'il a une réelle passion ; la course à pied. Nous sommes au Rwanda en 1994 : mais il n'est pas de la bonne ethnie. Il n'a pourtant qu'un seul rêve ; représenter son pays aux Jeux olympiques, quelque soit son ethnie. Mais nous sommes en avril 1994, le pays s'embrasse et chacun doit prouver son appartenance à la « bonne ethnie ». Grâce à ses personnages, l'auteur réussit à nous faire comprendre l'engrenage qui a conduit à ce réel génocide. Génocide qui s'est déroulé face à l'indifférence internationale, mais le Rwanda n'a pas de richesses qui pourraient alimenter la convoitise des pays occidentaux.
Romanesque, on s'attache aux différents personnages et on suit, avec horreur à l'engrange qui a conduit à telles horreurs.
Un roman ample qui m'a permis de mieux appréhender ces événements.
Et m'ont rappelé d'autres lectures sur ce pays : « dans le nu de la vie » et « une saison de machettes » du journaliste romancier Jean Hatzfeld et « Murambi, le livre des ossements » de Boubacar Boris Diop.
Des textes qui permettent d'appréhender l'histoire avec un grand H, à travers des « petites histoires » à travers des personnages ordinaires.
Commenter  J’apprécie          00
Un livre qu'il ne faut pas hésiter à lire.
Le résumé est un peu trompeur, puisqu'il se focalise plutôt sur la fin du livre, ce qui est dommage, car il y a une vraie mise en place de l'histoire, et surtout, un réel apport en terme d'explication historique sur ce qui a pu mener au drame. Donc, c'est dommage de le réduire à ce qu'en dit le résumé, alors que Naomi Benaron a fait un boulot très sérieux de reconstitution pour bien expliciter les tenants et les aboutissants de tout cela.
Lien : https://lesmotsdemahault.wor..
Commenter  J’apprécie          00
Le récit du réveil de la bête immonde qui sommeille en chacun et que la politique et les jeux de pouvoir savent si bien utiliser... la dramatique histoire de la montée de la haine jusqu'au génocide au Rwanda. À lire
Commenter  J’apprécie          00



Autres livres de Naomi Benaron (1) Voir plus

Lecteurs (150) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1825 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}