Malika... Et les fantômes du souvenir

Le roman de Djalila Bendjelloul est de ceux qui marquent le lecteur. Et lorsque le livre est refermé, il reste gravé dans nos mémoires. Un roman-témoignage qui nous emmène en Algérie et nous plonge dans l'histoire de ce pays dans la période de 1930 à 1997. Que sait-on vraiment du destin des algériens ayant vécu la guerre d'indépendance et celle de 1990 ? de l'exil forcé de beaucoup d'entre eux, à jamais déchirés, et à l'identité questionnée ?
Alors, oui, certaines pages de ce roman sont difficiles à lire. Mais elles sont le reflet d'une réalité, et à ce titre, essentielles à notre compréhension, non seulement de la grande Histoire, mais aussi de celles des algériens qui ont tenté de surmonter l'horreur. L'auteur nous propose de faire connaissance avec trois familles de confessions différentes et de suivre leur combat pour la liberté dans ce pays où les « barbus » asservissaient la population et massacraient les « désobéissants ». Ces portraits de femmes courageuses, et plus particulièrement celui de Malika, sont très attachants et le lecteur ne peut que succomber à leurs personnalités si fortes. Il y a aussi tant solidarité, de amour, de partage des chagrins et des joies entre elles, que nous sommes séduits et admiratifs de leur grande humanité et force de résilience.
Un livre à lire, c'est certain ! Car non seulement, il parle du passé mais nous questionne sur notre présent et avenir.

Un livre poignant, fort instructif, notamment dans le contexte actuel de l'Hirak. Un témoignage-choc parfaitement mené, dans un langage simple et direct, essentiel, sur les dessous terrifiants de la grande Histoire (où tout est toujours question d'idéologie, de politique et de partage des richesses) au temps de la guerre d'indépendance d'Algérie et au cours de l'ignoble guerre civile des années 90.
Dja nous révèle à travers l'histoire de plusieurs familles amies d'origines multiples - arabo-berbères, émigrés occidentaux et colons français - aux racines bien ancrées sur plusieurs générations et de confessions diverses, le quotidien inconcevable, abominable, vécu par les civils algériens : un déchirement dans un déchaînement inhumain, sordide… qui conduira ces familles à l'exil de ce qui représentait et demeurera leur patrie.
La décennie 90-2000 est proche et lointaine. Bien sûr, l'attentat à la station Saint-Michel du 25 juillet 1995 reste en mémoire même si par chance, je n'y étais pas ce jour-là… mais, inévitablement, je me suis posé des questions : quelles étaient mes occupations de 90 à 97 ? Comment se fait-il que je n'ai pas une meilleure connaissance de ce pan de l'histoire ? Ai-je oublié ? Avons-nous vraiment su ? A priori non ou fort mal, puisque le caricaturiste Dilem évoqua le long silence international : « 11/09/2001 : USA, trois mille morts – 3 minutes de silence. Algérie, cent mille morts – 10 ans de silence », tout comme je ne connais que le b-a-ba de l'histoire algérienne : l'emprise des empires romain et ottoman, puis des Français, méconnaissant la population de ce pays stratégique à « 2 heures 30 de Paris » sérieusement abandonnée à son sort dans sa lutte contre le djihadisme.
Le peuple algérien, selon un auteur spécialisé, Pierre Montagnon, n'aurait jamais réussi à se rassembler.
« Durant plus de deux millénaires, l'Algérie s'est cherchée. Les occupants romains, arabes, turcs ou français se sont succédé sur son sol. Aucune figure de proue, hormis Abd el-Kader, aucune dynastie ne se sont imposées pour façonner une nation. Si les Algériens, déchirés par des rivalités tribales ou ethniques, se sont opposés avec vigueur aux divers envahisseurs, ils n'ont jamais pu, en revanche, se rassembler. Après plus d'un siècle d'occupation française, le 1er novembre 1954 marque le début de la guerre d'indépendance. le pays vacille, des militaires s'emparent du pouvoir. Violences, attentats, tueries, répressions déferlent de tous côtés. 50 000, 100 000 morts, davantage ? Nul ne le sait. L'Algérie tout entière plonge dans l'horreur et le dénuement. L'incertitude, la précarité caractérisent plus que jamais son destin. Pierre Montagnon qui connaît ce pays lui reste profondément attaché. Nombre de ses ouvrages en témoignent. Celui-ci rapporte et éclaire, avec impartialité et rigueur, l'aventure d'une terre et d'un peuple qui souffre mais refuse, malgré tout, de renoncer à l'espérance qui renaît peu à peu aujourd'hui. »
Pierre Montagnon, Histoire de l'Algérie. de l'origine à nos jours.
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Avant toute chose, je tiens à remercier Dja ben pour ce témoignage aussi touchant que bouleversant. Je dois dire que cette lecture m'a littéralement scotchée ! J'ai presque eu honte de mon ignorance. En fonction des dates citées, je me suis souvent demandé : mais j'étais où à l'époque ? Je faisais quoi ?
J'avoue avoir pris un grand plaisir au cours de la première partie. L'entente entre les communautés, la « dolce vita » à l'orientale, si riche de culture, d'ouverture, de gastronomie, de parfums, de joie de vivre…
Ce livre est une grande leçon sur la nature humaine. Il soulève des questions que je me pose souvent. VIOLENCE ET TERREUR font toujours recette. Les siècles défilent, mais l'homme ne semble retenir aucune leçon. Comment une poignée de fanatiques contamine et gangrène toute une société ? Comment en arrive-t-on là ? Comment peut-on infliger de telles horreurs à ses semblables ? Au nom de quoi, de qui, pour s'éviter la culpabilité et les remords ? Pour dépasser l'entendement ? Dépose-t-on notre cerveau et notre âme pour le prix de notre survie ? Devient-ont on le pire des bourreaux pour se protéger soi-même ? Tuer, dénoncer, s'allier au plus fort pour subsister coûte que coûte, quitte à se renier totalement. le pouvoir justifie toutes les exactions et l'asservissement des plus faibles décuple le sentiment de puissance. Intellectualiser la chose est facile, la juger de son canapé : encore pire.
Je ne peux que saluer le courage de l'auteure, qui à travers de ce roman très bien écrit, nous dévoile une lente descente aux enfers. J'espère qu'un jour la lumière sera faite sur cette terrible page de l'histoire algérienne. Une de plus…

Vis maintenant ! Tel est le conseil de Neruda, en épigraphe de ce roman, dont le lecteur comprend l'urgence une fois la lecture achevée.
"Malika... Et les fantômes du souvenir" retrace l'histoire de belles femmes puissantes, de leurs destins et de leurs amours dans une Algérie dont la beauté a trop longtemps côtoyé l'horreur, durement.
Un témoignage éclairant sur l'absurdité de la barbarie humaine, la difficulté du deuil et l'exil imposé, la déchirure de quitter « cette terre sanguine, ocre, blanche, aride, sèche, violente comme le désir… » Fuir l'horreur tout en emportant l'odeur de sa maison, de son quartier : ainsi de Malika, qui ne pourra oublier ni la beauté, ni la violence de son pays.
Grâce à la description minutieuse des traumatismes subis par le peuple algérien, ce roman s'impose comme un travail de mémoire. Important!

Je viens de terminer "Malika... Et les fantômes du souvenir". L'auteure nous emmène dans une Algérie toute proche, celles des années 80-90, dans un terrible moment de son histoire.

Née en 1988, je n'étais qu'une enfant lorsque ces événements se sont déroulés et je n'avais pas conscience de ce qui se passait dans ce pays dont je ne savais rien. Je n'en connais pas beaucoup plus aujourd'hui, je l'avoue, et je découvre depuis peu les difficultés et les horreurs que ses habitants ont pu vivre.
Ce texte est une belle histoire malgré l'horreur de la situation. Une histoire d'espoir, de courage et de dignité. Il donne, je pense, une assez bonne idée de ce qui s'est passé à cette époque et du ressenti des habitants de ce pays.

Un texte à lire.