LI – Labourant la terre, griffant les surfaces du ciel, mon sang, ma sueur, c'est la mer. Pauvre délire. Je tape l'univers de mes petites mains. Éruption volcanique. Tout le corps traversé par des forces profondes, des courants d'air le long des os, des soubresauts, je tremble secoué. De quelles profondeurs en moi viennent ces forces obscures, de quel centre ? Des mondes sont là-dedans au travail, des univers, des galaxies en gestation. Flux, mouvements, petites bêtes qui remontent à fleur de peau. Je porte en moi un étrange voyage. Une ménagerie. Je porte ma propre fin au-dessus de ma tête, comme épée, comme parapluie.
LI - Chut ! Ne le dîtes à personne, ne faîtes surtout pas de bruit. Tirez les rideaux de la nuit.
FO - Ah oui si on pouvait les rideaux de la nuit, les tirer en plein jour et échapper au monde. Innombrables ceux qui souffrent seuls dans le monde. Seuls isolés reclus recrus dans leurs douleurs.