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EAN : 9782490580132
195 pages
Editions le Chant des Voyelles (05/09/2022)
4.68/5   11 notes
Résumé :
Un petit village de Kabylie dans les années 1990. Une vie pauvre mais paisible où la religion et le patriarcat dominent toutes les relations sociales. Nassira a deux fils qu’elle attend avec impatience. Mais Sélim s’est laissé entraîner dans une spirale terroriste.

Un roman haletant, plein de tendresse et d’humour.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Sans aucune hésitation , voici un livre qui constituera pour moi , une trés belle et inattendue découverte .Oui , remporté grâce à une des nombreuses Masses Critiques de Babelio , pas sûr que je serais allé spontanément vers ce livre .Donc , si vous le permettez , avant toute chose , j'adresse mes sincères remerciements à l'autrice , Kabira Beniz , aux Editions "Le chant des Voyelles " et bien entendu , aux trés sympathiques administrateurs de Babelio .
La quatrième de couverture fournit clairement les éléments essentiels à une bonne compréhension de ce récit.
Le lieu , entre Alger et la Kabylie, dans les années 1990, années sanglantes s'il en est , années de guerre civile .Cette guerre va donc servir de fil rouge à ce récit dramatiquement beau .
Les personnages sont "marqués" , attachants , pleins d'empathie ou de haine et , naturellement , on imagine la dualité qui va s'installer entre les deux frères , Hassan , l'aîné , policier au service du pays et , Sélim , le cadet qui , pour différentes raisons trés bien mises en exergue , se laisse entraîner dans une spirale terroriste infernale et sans pitié .
Leur mère , Nassira , est une personne respectée et admirée au village où , bien que veuve , elle a su élever ses enfants dans l'amour , le respect , la droiture .Pas facile dans une société placée sous la tutelle masculine .
On va découvrir une foule de renseignements sur la vie quotidienne en Algérie à cette époque et je vous assure que , bien que dramatique , ce récit va tout de même nous arracher des sourires , voire des rires et , aprés nous avoir bien promenés , nous donnera " un baisser de rideau " plutôt ...Dramatique ? Heureux ? Inattendu ? .....Vous verrez bien , vous ne vous attendiez tout de même pas à ce que je vous en dise plus ?
200 petites pages passées trop vite au marché , au Hammam , dans les camps terroristes , sur les toits d'Alger , 200 pages dans une société patriarcale traditionnelle avec une approche purement et sincèrement religieuse de l'Islam ou bien plus politique et bien plus violente .
Un bel éclairage sur une civilisation qui montre combien est grand son désir de vie, de bonheur , de paix .
Ajoutez-y cette hilarante description des femmes si bavardes au Hammam , soucieuses de leurs " formes arrondies " qui plaisent aux hommes , guettant d'un oeil inquisiteur , les " arrondis " de telle ou telle avant d'en faire leur belle fille .C'est vraiment un moment de franche rigolade auquel il nous est donné d'assister .Comment ? interdit aux hommes ? Moi , je n'ai fait que lire , hein , l'autrice , c'est une femme , donc...Moi , je dégage toute responsabilité...
Et j'ajouterai que c'est une femme qui écrit trés bien et sait vraiment partager les belles ( et moins belles ) images , traduire les scènes avec douceur , tendresse , humour ou gravité , sans jamais tomber ni dans le pathos , ni dans la violence malgré le sérieux du propos.
Un trés beau voyage mais un voyage sans concession .J'ai adoré ce roman et je n'hésite pas à vous le recommander , comme je l'ai recommandé à mon épouse.....
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Algérie années 1990, « la décennie noire », en fait une véritable guerre civile. le livre commence par un court prologue : un vieil homme remet une mystérieuse enveloppe à Sélim chez le barbier. Ensuite la narratrice suit chronologiquement les journées de Nassira, la mère de Hassan et de Sélim. Celle-ci n'est pas allée à l'école et n'a que les traditions et son bon coeur comme boussoles. Son mari est mort il y a très longtemps. Elle a dû élever ses deux fils seule. Ils ont maintenant quitté le village, se sont installés à Alger. L'aîné, Hassan, va devenir lieutenant de police, il s'investit dans sa mission contre ces groupes du GIA semant la terreur dans tout le pays. le cadet Sélim, tout à la frustration d'un amour déçu – il aime Najat que sa mère, priorité à l'aîné, veut marier à son frère –, va progressivement se laisser entraîner dans la spirale religieuse et terroriste. Ce n'est pas le moindre intérêt du livre de montrer de terribles enchaînements.

Le récit s'articule autour de nombreux dialogues, avec des mots de tous les jours, liés aux courses, à la cuisine, aux commérages entre voisines ou amies La conversation est parsemée de formules de politesse consacrées, ces « à la grâce de dieu », « Dieu est avec vous », « Dieu bénisse son âme », « Dieu merci »... Toutes expressions qui me semblent hors du temps. J'avais l'impression de ne pas être dans un village, une famille, mais dans une communauté religieuse ou une secte ? L'autrice nous immerge ainsi jusqu'à la nausée dans le vécu de Nassira qui doit répondre à cette pression permanente de son entourage et surtout du Fkih, ce Maître d'école coranique omniprésent dans la communauté.

Le chapitre du voyage en car entre Alger et la Kabylie est remarquable : Hassan va voir sa mère au village, il fait la route avec Leila, son amie d'enfance. Autres passages marquants : la scène du hammam avec toutes ces femmes trouvant là un lieu où s'exprimer, la confection du couscous pour la venue des deux fils. L'autrice est habile également dans les scènes d'action, notamment dans celles de l'assaut où Hassan va se distinguer auprès de ses chefs en capturant deux terroristes.

Kabira Beniz explore les mécanismes de domination au ras du sol. le maître d'école coranique est un profiteur, abusant de la crédulité d'une population souvent inculte, s'appuyant sur le patriarcat et les traditions, mettant des vies en danger en pratiquant l'exorcisme...

« Donnez-leur du shampoing et du savon, ainsi que des vêtements propres, pour leur montrer qu'ils sont respectables, et fournissez-leur le livre sacré. Ils reviendront alors à nous, qui les avons aidés. »

Les pièces de la tragédie se mettent en place au fil des pages. Il n'y a pas vraiment de surprise dans le récit dont la tension monte graduellement avec une fin que j'ai rapidement deviné.

Voici un roman qui se lit facilement. Et pourtant que de thèmes abordés : le droit d'aînesse participant à la tragédie familiale à l'oeuvre, le sentiment d'échec à l'origine des dérives, la fraternité qui peut être chaleureuse ou pas..., le paradis de l'enfance brisé par les rancoeurs, les chemins différents, parfois inconciliables, pris par les uns et les autres.

Heureusement, il y a Leila, jeune institutrice émancipée, source vive d'espoir. On peut aussi découvrir ce chant si pur de Cheb Hasni, Nhar Lefrak Bkit (Le jour de la séparation, j'ai pleuré) qui n'était jamais autant passé à la radio depuis son assassinat le 29 septembre 1994 « ...comme s'il était appelé à témoigner par-delà sa mort de la litanie des horreurs du pays qui lui avait donné le jour. »

Voici un beau livre pour aller à la rencontre d'une mère parmi tant d'autres dont personne ne parlera mieux que les écrivains, avec cette petite porte ouverte sur l'espoir d'un autre avenir à construire, autour de la jeunesse et de l'éducation, avec Leila.

Kabira Beniz a publié le voile de la mariée où elle décrivait la condition des femmes dans un pays du Maghreb et leur accueil en France. Elle est née à Casablanca, où elle a exercé le métier de professeur d'Éducation physique. Elle vit maintenant en France. Journaliste, elle est aussi écrivaine de romans engagés.

En marge de ce livre, il peut être intéressant de lire Frère du précédent de Jean-Bertrand Pontalis. Cet éminent psychanalyste a beaucoup travaillé sur ces questions. Il est l'auteur de cet essai remarquable évoquant les fratries célèbres, leur côté solaire et leur côté sombre, à travers les frères Van Gogh, Proust, Goncourt, Camus, Dreyfus, Rimbaud sans oublier les Caïn et Abel ou Romulus et Remus...
« Faut-il pour devenir l'unique effacer l'autre ? Exclure définitivement celui qui risque d'être mon semblable, s'assurer que nul ne saurait être votre imitateur. »

Le livre est d'un format agréable avec une belle couverture et une qualité d'impression parfaite. Je remercie les Éditions le Chant des Voyelles ainsi que l'autrice pour la lecture de ce livre dont le titre m'avait fortement impressionné et qui tient toutes ses promesses.
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Une très jolie première de couverture et un titre enflammé qui annonce la suite. Un sujet sur la Kabylie ou il est question de pauvreté, de religion et vie au village tout simplement. La Kabylie, très beau pays oublié des dieux mais pas d'Allah a une population dense pour une terre pauvre pour une société archaïque qui n'évolue que très lentement
Dans le village la mère Nassira, veuve, analphabète continue de travailler pour ses fils qui vivent à Alger et ne pense qu'à eux. Elle les a élevé seules avec beaucoup d'amour et de clairvoyance faisant d'eux des hommes capables de trouver leurs voies et a acquis, grâce à sa pugnacité l'estime de ses voisins. Hassan l'aîné a suivi celle du devoir institutionnel: il est devenu policier. Selim garagiste, fervent croyant a choisi la voie de dieu. Comme lorsqu'ils étaient enfants tout les oppose. L'aîné est le chef de famille en l'absence du père le cadet le vit très mal et Nassira si elle s'en est aperçu l'a mal interprété mettant cela sur une rivalité normale entre enfants. Mais connaît-on vraiment ses enfants?
Une banale situation de famille si ce n'est que dans cette campagne pauvre ou l'avenir est très incertain les habitants sont solidaires les uns des autres et les imams très présents. Certains prêchent un islam archaïque pur et dur avec pour conséquence la montée en puissance de la violence religieuse. L'Algérie coupée en deux est en proie à la guerre civile et ce juste après l'indépendance qui promettait des jours meilleurs
J'avais avec ce livre la crainte d'une écriture trop féminine trop portée sur l'affect plutôt que sur le contexte et en fin de compte j'ai trouvé le livre très bien équilibré.
L'écriture pourrait être aussi bien celle d'un homme et cet aspect là est intéressant non pas que le style soit non genré mais qu'au contraire soit si universel. Coté affectif les états d'âme de Nassira sont sincères, ses interrogations, ses espoirs, ses soucis quotidiens sont simples comme une ceux d'une personne non éduquée peuvent l'être, simples mais authentiques.
Un portrait de femme très bien senti, très réaliste et un personnage de Nassira très attachant: on aimerait avoir une mère comme ça. Les autres personnages, Leila jeune femme institutrice qui représente l'avenir, la voisine sont aussi bien traités même celui des hommes et c'est étrangement surprenant.

En outre Kabira Beniz nous comble en nous faisant découvrir la vie quotidienne des femmes algériennes et leurs activités. le marché, lieu incontournable pour une femme ou sa présence est considérée comme indispensable, la préparation des plats à la maison avec la voisine et surtout le hammam lieu de rencontre et de papotages pour les villageoises une excellente scène longuement décrite des soins corporels des femmes. Kabira Beniz se permet même d'être franchement graveleuse sur les problèmes de sexe avec des anecdotes très croustillantes pour le plus grand bonheur du lecteur.
Une sororité vraiment réconfortante dans ce hammam plein de vie qui est une oasis de douceur.
Elle décrit avec méticulosité le comportement de certain hommes véritables tyranneaux domestiques qui prennent plusieurs femmes et le quotidien infernal vécu par ces épouses. Elle est en outre très amère sur la pusillanimité des épouses consentantes bien qu'elle en montre les limites. L'absence d'éducation nuit particulièrement aux femmes et rend le patriarcat est tout puissant

En ce qui concerne la religion Kabira Beniz dresse un bilan très sombre du fanatisme qui prévaux en Algérie et qui gangrène la société et les âmes faibles. Les discours obscurantistes de prédicateurs d'un autre âge qui perdurent et dont on voir mal comment les combattre.

La narration peut être considérée comme une chronique de la vie féminine algérienne et rien ne permet de la considérer comme un drame si ce n'est que la chute abrupte et terrible concentrée sur deux pages. Un effet très efficace et certains auteur de thrillers devraient en prendre de la graine
Kabira Beniz a trouvé, mis à part le titre un peu déclamatoire, le ton juste. Les formules religieuses qui entrecoupent le texte qui sont pénibles pour un lecteur athée n'alourdissent pas la narration passent ici très bien car elles correspondent parfaitement à la vie des musulmans. On est pris d'emblée par le climat mis en place et le style narratif est excellent. Une très belle réussite et ce pour son deuxième livre ce qui donne envie de se précipiter sur le premier « Le voile de la mariée »
Voilà de la très bonne littérature et un grand moment de plaisir.
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Merveilleuse découverte que ce beau roman, et je remercie chaleureusement les éditions "Le chant des voyelles" pour cet envoi. Non seulement la facture du livre est magnifique, mais surtout son histoire est une pépite.

Il dépeint avec subtilité l'Algérie des années 1990, en pleine guerre civile, dont la population se cherche une identité, tiraillée entre l'envie d'avancer et l'attachement aux traditions, entre la modernité et l'extrémisme religieux.

Les femmes sont mises en avant, de Nassira la veuve mère courage à la jeune Leila qui se bat pour les droits des femmes. le hammam est leur lieu d'expression, en une magnifique symphonie plurielle et diverse.
Deux hommes émergent de cette histoire, Hassan et Sélim, les fils de Nassira. Élevés dans la plus grande dévotion à leur égard, leur mère ayant tout sacrifié pour eux, ils ont pourtant pris des chemins totalement différents. L'un devient en effet policier lorsque l'autre se trouve happé par le terrorisme.
C'est incroyable de constater comme des soucis qui semblent anodins, des chamailleries d'enfants, grandissent jusqu'à devenir dramatiques. L'histoire de cette famille devient comme une allégorie de la société algérienne, avec une fin bouleversante en douloureux point d'orgue.

J'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture fluide de cette histoire, et la sensibilité avec laquelle les personnages et leurs sentiments sont présentés.

Je terminerai sur une citation, extraite du discours du formateur de l'école de police d'assainissement, criante de vérité :

"Votre fonction vous oblige à bien connaître les préceptes de l'Islam de façon à réagir de façon inflexible face aux criminels qui prétendent agir au nom d'Allah. Votre rôle ne se limitera pas à des fonctions de police comme vous l'imaginiez peut-être, vous devrez défendre votre pays contre ses propres démons. Il n'est certes pas facile de lutter contre un incendie qui se déclare dans la forêt. Chacun sait qu'il faut l'arroser pour l'éteindre, sans relâche, puis noyer les braises pour l'empêcher de renaître. C'est ainsi que notre pays a retrouvé son indépendance. Nous avons chassé le colonisateur comme on lutte contre un feu dévastateur. Mais le brasier allumé par le diable est autrement plus difficile à éteindre. Tel sera votre combat. Vous devrez montrer à notre peuple comment distinguer le bien du mal, en lui servant de modèles par votre comportement exemplaire au quotidien. [...] Ne laissez jamais personne vous faire douter de votre propre foi, quoiqu'il arrive. Nous ne sommes pas des impies. Nous sommes musulmans. Nous portons la foi de notre pays. Nos ennemis sont les ennemis de Dieu !"
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Pour Qui Brûlent Nos Âmes rend hommage aux Algériens qui ont eu le courage d'espérer un changement lors d'une des périodes les plus tragiques de leur pays, la tristement fameuse décennie noire, euphémisme pour une guerre civile qui a plus encore endeuillé l'Algérie que la guerre contre le colonisateur français. L'histoire en est une de ces innombrables tragédies minuscules, où l'on voit un mal diffus terrorisant la capitale, symbolisée par la Casbah d'Alger, venir gagner un petit village de Kabylie, la terre déshéritée des paysans berbères.
Le récit transcende cette tragédie nationale. C'est un véritable cri d'amour pour les Algériens, hommes aux rôles sexuels convenus dont ils ont bien du mal à se départir, et femmes de toutes générations, pour leur abnégation et leur courage, qui par leurs gestes les plus simples colorent la vie et lui donnent son sel, malgré les vicissitudes de destins contraints par les traditions, les rôles qu'on leur attribue ou dont elles se parent elles-mêmes à leur insu. Elles ne s'en détachent que dans l'enceinte confinée du hammam, par la dérision et l'humour. Ce lieu de confidence sur leur vie conjugale où s'envisagent les futurs mariages, seul horizon possible de la femme arabe, est aussi le sanctuaire où elles peuvent rire, d'elles-mêmes ou des hommes, rire de tout, comme un pied de nez au destin. Il donne lieu à une de scènes les plus fortes du roman, qui permet de saisir leur intimité affective et spirituelle. Les enfants ne sont pas de reste, l'autrice développant de nouveau le thème de l'innocence infantile déjà abordé dans son précédent roman le Voile de la Mariée : on y découvre une compétition périlleuse entre des enfants de la ville, les uns parcourant les ruelles de la Casbah d'Alger et les autres le même chemin en surplomb sur les toits et les terrasses de la citadelle, pendant que leurs homologues de la campagne testent leur courage en affrontant des béliers en combat singulier, avant d'aider leur père à les dépecer sur la place publique lors de l'abattage rituel, le regard rempli de fierté. Pour Qui Brûlent Nos Âmes est encore l'histoire pathétique d'un amour impossible, qui servira de combustible à la main d'un destin implacable, dans la plus pure tradition des tragédies antiques.
C'est enfin une formidable histoire d'amour maternel et filial, servie par des personnages vivants et forts, résilients.
Un texte profondément humaniste et engagé, porté par une langue exigeante, pour les amoureux de l'Algérie et des Algériens, et ceux qui souhaitent découvrir et comprendre ce pays auquel la France reste attachée.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Votre fonction vous oblige à bien connaître les préceptes de l'Islam de façon à réagir de façon inflexible face aux criminels qui prétendent agir au nom d'Allah. Votre rôle ne se limitera pas à des fonctions de police comme vous l'imaginiez peut-être, vous devrez défendre votre pays contre ses propres démons. Il n'est certes pas facile de lutter contre un incendie qui se déclare dans la forêt. Chacun sait qu'il faut l'arroser pour l'éteindre, sans relâche, puis noyer les braises pour l'empêcher de renaître. C'est ainsi que notre pays a retrouvé son indépendance. Nous avons chassé le colonisateur comme on lutte contre un feu dévastateur. Mais le brasier allumé par le diable est autrement plus difficile à éteindre. Tel sera votre combat. Vous devrez montrer à notre peuple comment distinguer le bien du mal, en lui servant de modèles par votre comportement exemplaire au quotidien. [...] Ne laissez jamais personne vous faire douter de votre propre foi, quoiqu'il arrive. Nous ne sommes pas des impies. Nous sommes musulmans. Nous portons la foi de notre pays. Nos ennemis sont les ennemis de Dieu !
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Les potins étaient la principale distraction des femmes au hammam. Une séance n’aurait pas été complète sans son lot d’anecdotes piquantes dont la véracité importait peu. Une histoire est nécessairement vraie pour peu qu’elle soit bien racontée. On aurait pu les classer en trois catégories : celles à connotation sexuelle, assurément les plus drôles ; celles se rapportant à leur condition de femmes et aux stratégies mises en œuvre pour faire avec, et enfin toutes les autres, ayant trait à tout et à n’importe quoi, notamment la bêtise et la lâcheté des hommes. Chaque histoire pouvait être racontée autant de fois qu’un nouveau public l’exigeait, car il aurait été dommage d’en priver quiconque. La règle d’or était d’écouter la conteuse jusqu’au bout même si l’on connaissait la chute, et surtout de rire, rire encore et toujours, car les femmes étaient là pour ça.
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Donnez-leur du shampoing et du savon, ainsi que des vêtements propres, pour leur montrer qu’ils sont respectables, et fournissez-leur le livre sacré. Ils reviendront alors à nous, qui les avons aidés.
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Il revint régulièrement chez elle pour des lectures gratuites de versets coraniques, jusqu’au quarantième jour de deuil. Il lui apportait des mixtures composées de versets du Coran écrits à l’encre et dissous dans l’eau, ne cessant de parler du destin, et de l’heure de la mort qu’on ne peut ni avancer ni reculer. Il parvint ainsi par ses attentions répétées à reconquérir son autorité auprès de l’ensemble de la communauté, même si certains le croisaient encore avec un regard chargé d’appréhension, sinon de rancœur. 
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Elle se laissa aller à reprendre le refrain de Nhar Lefrak Bkit de Cheb Hasni qui passait à la radio du matin au soir. Elle était devenue plus attentive au contenu de ses chansons depuis l'assassinat du chanteur il y avait presque deux ans déjà, alors que leur mélodie suffisait à la combler de joie avant le malheur. Comment de telles paroles avaient pu conduire à tuer cet homme ? Il ne chantait que l'amour ! Il y avait sans doute autre chose, une histoire de femme peut-être ?
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