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EAN : 9782930585161
236 pages
Genèse Édition (24/09/2013)
3.49/5   42 notes
Résumé :
À la mort de ses parents, le narrateur décide de ranger, non sans réticence, les archives familiales empilées depuis des lustres dans une armoire. Il redoute ce travail fastidieux, tant il est persuadé que son père, un petit pharmacien de quartier, a eu une vie « sans histoires ». Or, au fil des découvertes, se dessine le portrait d’un Don Quichotte original et aventureux qui, sous couvert de patronymes différents, a vécu plusieurs vies avec l’indéfectible optimi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Dix ans après la mort de sa mère, l'auteur/narrateur se décide enfin à mettre de l'ordre dans les archives familiales, qui prennent la poussière dans une armoire depuis trop longtemps.

Du passé et de l'histoire de ses parents, Alain Berenboom ne sait presque rien, tant ceux-ci se sont acharnés à ne rien lui raconter, à le couper de ses racines familiales, et à faire de lui un bon petit Belge pure souche. Sans doute pour éviter de faire peser sur ses épaules le poids de la tragédie juive. Car ses parents sont juifs, lui de la région de Varsovie, elle de Vilnius. Arrivé en Belgique au début des années 30, Chaïm Berenbaum a fait des études de pharmacie à Liège, avant d'ouvrir son officine à Bruxelles. C'est entre les sirops et les onguents qu'il est tombé amoureux de Rebecca, une cliente venue chercher les médicaments de son oncle.

Au fil des photos, lettres et documents, l'auteur retrace le portrait de sa famille, de son père surtout. Il découvre ainsi que celui-ci s'est lié d'amitié avec un homme qui était en réalité un espion nazi, que ses parents sont partis en voyage de noces à vélo vers Boulogne-sur-Mer sous les bombardements, que son père a transporté clandestinement de faux papiers à travers Bruxelles. Il découvre un indécrottable optimiste, bouffeur de rabbins et de curés mais lecteur assidu de la Torah, inventeur de remèdes miracles, nostalgique de la Pologne et attiré par le nouvel Etat juif, mais aussi modèle de volonté d'intégration dans son pays d'accueil auquel il voue, pour cette raison, une reconnaissance sans bornes. Un homme respectable, aventurier, naïf, entêté, amoureux, qui est parvenu à éviter les embûches de l'Occupation et la déportation, et qui a fini par devenir belge sous le patronyme de Berenboom.

L'auteure reconstitue également par bribes l'histoire du reste de la famille, disparue pour la plupart dans le ghetto de Varsovie ou dans les camps de concentration. A la lecture des lettres de ses tantes et de sa grand-mère polonaises, il s'étonne qu'elles continuent à parler chiffons, mariages et projets d'avenir, alors que le bruit des bottes est de plus en plus assourdissant et que la Solution Finale est en route. Déni, ou volonté d'épargner ceux qui sont un peu mieux lotis qu'elles ?

A travers ce portrait, à jamais incomplet, de son père, Alain Berenboom se pose la question de sa propre identité : qui est-on vraiment quand on ignore ce qu'ont été ses parents ? Aurait-il été quelqu'un d'autre s'il avait su ? Questions sans réponse, probablement. Mais cela n'enlève rien au charme de ce récit touchant et picaresque tout en tendresse et auto-dérision où, au milieu de tous les non-dits, une évidence s'impose : l'auteur utilise à la perfection l'arme de l'humour pour atténuer les horreurs du nazisme et la poigne de l'émotion.
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Ce n'est que longtemps après la mort de ses parents qu'Alain BERENBOOM trouve le courage de fouiller leurs caisses remisées à la cave, incursion indiscrète dans un passé auquel il n'a jamais eu accès. Documents, lettres et photos précieusement conservés par sa mère lui ouvre l'accès à une histoire familiale mouvementée que la vie tranquille de ses parents de ne laissait pas présager. Il découvre son père sous un jour nouveau, un père courageux, volontaire, aventurier, caché derrière le pharmacien bruxellois bien établi. Au fil de ses découvertes se dessine l'histoire d'un homme : la naissance dans un shetl proche de Varsovie, les premiers pas en Belgique terre d'accueil, la rencontre avec Rebecca, sa "princesse lituanienne", la soif d'intégration, l'amour pour sa nouvelle patrie, les années de clandestinité pendant la guerre, le deuil de ceux qui n'ont pas survécu, et surtout l'indéfectible optimisme qui lui a permis de surmonter tous les drames. Ne parlant ni le polonais, ne le yiddish, Alain attend avec de plus en plus d'impatience les traductions des lettres rassurantes et confiantes qui racontent la douceur de vivre au shetl, les espoirs, les projets de toute une communauté qui, par-delà les menaces nazies et soviétiques, continue d'étudier la Torah, d'organiser des mariages, de s'inquiéter d'un célibat prolongé, sourde et aveugle au fracas du monde. Des grand-parents, des tantes dont il ne savait rien, lui proviennent d'un passé à jamais révolu, balayé par les horreurs de la guerre. Chaïm Berenboom est devenu belge et a choisi de garder un silence hermétique sur cette ancienne vie, sur l'Occupation, sur les drames et les souffrances, préférant mettre en avant les bons côtés de la vie. Pourtant, sous ses airs débonnaires gonflait une colère sourde, sous le pharmacien respectable, athée et optimiste, se cachait l'assistant d'un magicien, un résistant, un lecteur assidu de la Bible, un admirateur des kibboutz israélien, un homme complexe et contradictoire.


Elevé dans le respect du roi, nourri à la carbonade, bilingue franco-flamand, y a-t-il outre-Quiévrain citoyen plus belge qu'Alain BERENBOOM ? C'est ainsi que ses parents l'ont éduqué, coupé de ses racines, premier d'une ligne de Berenboom, belge avant tout. Pourtant, son enquête dans les archives familiales va lui faire entrevoir une histoire familiale marquée par les affres de la guerre. Mais en bon belge, l'auteur fait fi du ton tragique de rigueur pour adopter l'humour et la dérision, cachant ses larmes derrière les folles aventures d'un père habité par la soif de vivre et la confiance en des lendemains meilleurs. Rire pour ne pas pleurer mais surtout redonner une voix à ceux qui ont été broyés par le nazisme. du shetl au ghetto, les lettres dévoilent un quotidien de plus en plus difficiles mais gardent la flamme de l'espoir, celle qui s'éteint sur le chemin des camps. Chaïm aura perdu une grande partie de sa famille mais il ne dira jamais rien de sa peine, épargnant son fils, mais le privant aussi de son histoire. Alain remonte la piste, renoue avec l'héritage familial, tentant de garder une distance pudique mais qui ne masque pas tout à fait le flot de ses émotions. Hommage aux siens et surtout au père, ce Monsieur optimiste est un hymne à la vie, une suite de chroniques drôles et émouvantes qui nous rend chers et intimes des êtres dont les voix se sont éteintes trop tôt. A lire pour la leçon d'Histoire et pour l'exploit d'avoir su alléger l'horreur des faits par des touches d'humour bienvenues.
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Edité en 2013, je n'ai pas beaucoup attendu que l'encre sèche pour acheter ce livre. C'est le Prix Rossel 2013. Généralement, ce ne sont pas les prix qui motive mon achat car il arrive que le goût du jury soit en inadéquation avec le mien. Ici, en feuilletant le livre en librairie, j'ai trouvé que le contenu se lisait facilement et n'était pas dépourvu d'humour.

Je viens de relire le livre pour en faire la critique.

Son père est né dans une petite ville à proximité de Varsovie et sa mère à Vilnius. Ils sont juifs non pratiquant. le père est même allergique au clergé, tant catholique que Juif. le grand-père paternel d'Alain Berenboom avait à coeur de lire et commenté la bible à son fils Chaïm, qui en fit de même avec Alain.

L'auteur essaye de percer l'histoire de sa famille, de ses aïeux, mais comment y parvenir alors que ses parents font tout pour éviter de lui en parler. Quant à sa grand-mère qui le promenait dans le parc Josaphat alors qu'il avait sept, il ne pouvait la comprendre. Voici ce que l'auteur écrit à ce sujet : « La mère de mon père vivait avec nous juste après la guerre. Je n'ai aucun souvenir d'elle car elle est partie vivre en Israël alors que j'avais sept ans. J'étais incapable de la comprendre. Elle parlait polonais, yiddish et hébreu, pas le français. Entre eux, mes parents parlaient polonais. Mon père, le yiddish, avec son vieux copain Maurice. Ma mère le russe avec ses amies. Des langues qu'ils avaient scrupuleusement évité de m'apprendre. Efface le yiddish, le polonais, le russe, Alain ! Néglige même l'hébreu. Etudie en français et apprend le flamand.

Après avoir perdu son père, plus tard décéda sa mère et c'est seulement dix ans plus tard qu'Alain Berenboom se décida de tenter de lever le secret sur le vécu de ses parents soigneusement engloutis par sa mère dans des caisses. Mais comme les lettres échangées en famille ou autres documents révélateurs étaient écrits en yiddish, polonais ou russe, il fait appel à des universitaires sensés connaître ces langues et qui pourtant s'y casseront les dents.

Alain Berenboom à peine à s'y retrouvé dans ses recherches. Il l'exprime : Les voix de Frania (sa grand-mère paternel), d'Aba (son grand-père paternel) de Sara (la soeur de son père) se mélangent. La soif de liberté mêlée de mélancolie et de douceur de ma tante fantôme, la force ravageuse de ma grand-mère, les leçons de morale et l'angoisse à peine tempérée par la peur du Dieu de mon grand-père. La crainte de la modernité de l'un, la soif de renouveau de l'autre, la tentation des idées de gauche : je m'y perds dans cette marmite où mijotent tant d'ingrédients hétéroclites.

Le père d'Alain Berenboom, Chaïm, après avoir eu l'idée de rejoindre sa mère en Israël dont l'accès lui a été refusé, il se fait naturalisé belge ainsi que son épouse Rebecca.

L'auteur décrit ensuite avec facilité le vécu de ses parents à Bruxelles. le père pharmacien à Schaerbeek, officie ensuite à Bruxelles centre. Il est également question : du livre de recette de cuisine bien belge de sa mère ; de la disparition du bourgmestre van de Meulebroeck ; des potions magiques de son père ; de l'enterrement de son père, faut-il faire appel à un Rabin ? Son père n'à laissé aucune consigne. Alors Alain s'en réfère à l'avis de l'ami Maurice.

Alain Berenboom nous raconte qu'il a été en Israël à l'âge de dix-sept ans dire un petit bonjour à sa grand-mère où la communication passait par les regards et la gestuelle car ils n'avaient toujours pas de langue en commun. Sa mère et lui allaient ensemble en vacances à la côte adriatique italienne alors que le père restait dans son officine.

C'est un livre distrayant ou les évènements se suivent dans un désordre relatif.

Comme, je le fais à la suite de la plupart de mes lectures, la lecture m'envoi sur des interrogations d'ordre historique, que je ne souhaite pas laisser dans l'ombre. C'est ainsi qu'à la suite d'un saut de lien à liens, je me suis documenté sur : le bloc de l'Est, les pogroms, la révolution russe, l'exil, la Russie de l'entre deux guerre ….

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J'avais lu d'Alain Berenboom La position du missionnaire roux qui ne m'avait pas enthousiasmé, j'ai voulu néanmoins lire ce lire au vu des bonnes critiques lues sur Babelio et ailleurs, et ce fut un enchantement !
L'auteur au départ d'une caisse contenant quelques rares documents, et notamment de la correspondance découvre petit à petit l'histoire de sa famille, juive mais non religieuse, histoire qui lui était cachée tant son père voulait en faire un bon belge et le préserver de certains événements dramatiques de leur vie. Au travers de courts chapitres, l'auteur nous fait partager ce qu'il découvre, sans pourtant vouloir combler par de la fiction ce qui reste inconnu.
Les portraits, les anecdotes et les événements vécus par son père, surnommé Monsieur Optimiste, mais également par d'autres membres de la famille sont touchants et plein de tendresse. L'humour, l'ironie sont omni présents.
Je sors heureux de cette lecture !
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« Monsieur optimiste » voilà un titre qui ne laisse pas indifférent ! La couverture tout comme la quatrième de couverture laissant planer le suspens, je me suis dit que c'était ce livre qu'il me fallait parmi cette multitude d'ouvrages proposés dans cette Masse Critique. Je tiens donc à remercier chaudement Genèse édition de m'avoir permis de découvrir ce roman d'Alain Berenboom en me sélectionnant.
Que dire de ce livre. L'ouvrage est aéré, correspondant tout a fait au style de l'auteur. Les chapitres assez courts se succèdent dans un rythme effréné. L'écriture répond tout à fait à la mise en page, les phrases simples permettent d'entrevoir plus facilement les propos de l'auteur qui, je pense, possède une bonne culture générale. Ainsi anecdotes et découvertes historiques s'entremêlent avec l'histoire personnelle de Berenboom.
J'ai eu pour ma part du mal à définir le genre de ce récit. Je dirai que la biographie approximative de son père à travers le dédale de papiers administratifs d'un autre temps, les lettres et l'histoire permettent de recomposer un fragment du passé du narrateur qui n'est autre que l'auteur. Par-ci, par-là les numérisations de lettres ou de morceaux de registres permettent d'encrer l'histoire de ce monsieur optimiste dans L Histoire. Pourtant je me suis souvent demandé au cours de ma lecture si certains faits n'étaient pas enjolivés ou dénaturés par la mémoire et le temps. Après tout l'auteur ne peu pas être spécialement objectif sur sa propre histoire, en démontre d'ailleurs la suite et fin du récit. En effet le début du roman démarre sur des choses très pragmatiques et la dernière partie du livre qui je qualifierai de « souvenir d'enfance » propose des récits étonnants ! En outre, je citerai la fois où un cavalier entre dans la pharmacie de son père, brave l'homme, perdant ce combat de regard capitule et s'en retourne sur son canasson... On est à la limite du fantasmagorique. Je reste un peu sceptique sur ces cinquante dernières pages qui à mon sens n'apportent au final pas grand chose au récit et au contraire le prolonge inutilement. Dommage !!
Au contraire j'ai vraiment adoré le cynisme et l'humour dont fait preuve l'auteur. le décalage est d'autant plus appréciable que nous savons très bien ce que sera L Histoire, nous, lecteur contemporain. L'ironie de certains instants prend tout son sens, l'écriture est très soignée sans pour autant retomber trop dans la redondance.
On a envie de prévenir chacun des personnages, « Attention ! Partez ! Frania ne retourne pas là-bas, il y a les camps tu sais... », ils n'entendront jamais notre voix. On reste incrédule quand on remarque qu'au final personne ne savait ce qui se passait, et même si l'information passait, personne n'aurait pu croire une telle ignominie, croire que des personnes dans le secret laisseraient faire, croire qu'une telle haine de l'autre puisse exister.
Le retour à la vie normale est difficile. Pourtant le récit n'est pas aussi sombre qu'il aurait pu l'être. Je n'ai pas trouvé le tout pathétique, au contraire j'ai trouvé le roman sincère et intéressant c'est pourquoi je le recommanderai.

Merci donc pour cette découverte, j'enlève une étoile pour les dernières pages du récit qui cassent à mon sens le rythme général du récit, et rend redondant ce qui ne l'était pas jusqu'alors. Merci également pour ces notes d'humour et cette vision contrasté de ce qu'à été l'histoire à travers le passé d'une famille aussi atypique.
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
21 avril 2015
Passionnant.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaLibreBelgique
19 novembre 2013
Magnifique et émouvante enquête d’Alain Berenboom sur son père et sa famille [...] Alain Berenboom, par pudeur, par humour, mêle à ce récit si beau et émouvant des touches d’autodérision bienvenues.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeSoir
12 novembre 2013
Un Alain qui, dix ans après la mort de sa mère, ouvre les caisses qu’elle avait conservées, retrouve des tas de papiers et remonte le fil et le film de l’histoire familiale. Avec de l’humour pour cacher l’émotion.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Ah ! Les femmes de la Bible ! Il y en a tant et elles sont si belles ! Mon enfance fut comblée, bien plus que mon adolescence. : ce n'est pas chez Jules Verne ni chez Tintin que j'aurais pu apprendre à les aimer. Rachel aux yeux tendres, Bethsabée qui ne fait pas un geste pour protester quand son amant, le roi David, envoie au front son mari, le brave Ulric, façon de s'en débarrasser sans se salir les mains. ("Placez Ulric à l'avant, au plus fort de la mêlée, et abandonnez-le pour qu'il soit frappé à mort.") Stupide Ulric qui a choisi la carrière militaire ! Dalila qui, à force de séduction, pénètre les secrets de Samson, son mari, et le livre à ses ennemis. Yaël, si belle que le chef ennemi ne résiste pas quand elle l'invite sous sa tente et qu'elle lui enfonce un clou dans la tête. Ce qu'elles m'ont grisé, les femmes de la Bible ! Enveloppées, dans la mémoire, de parfum aux consonances si mystérieuses qu'elles se mêlent à l'odeur même du Livre. L'exemplaire de mon père sentait la vanille et la farine. Le livre refermé, il le rangeait, je ne sais pourquoi, près de la boîte à gâteaux, si bien que la lecture de la Bible le dimanche matin avait déjà le goût du dessert. Et de la Méditerranée.
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Que m'a-t-il enseigné d'autre sur le judaïsme ? Pas grand-chose. Il préférait parler du peuple juif. Ce peuple, maltraité, torturé, ridiculisé par son Dieu, qu'il ne cesse pourtant d'admirer. Quand on n'est pas content d'un vendeur, d'un médecin ou d'un ouvrier, on en change. Mais pas le peuple élu qui s'obstine jusqu'à la folie à servir un dieu inefficace, grognon et méchant. Chémâ Yisraël ... De temps en temps, un Juif se met à douter. Tant de persécutions, de massacres, de misère ; plus nous prions, plus nous obéissons à Ses commandements, plus nous sommes punis. N'y a-t-il pas là un paradoxe ? Le rabbin a vite fait de donner une réponse à ses vacillations : « Comment se fait-il qu'Israël prie et ne soit pas exaucé ? C'est parce qu'il ne sait pas comment demander ». Autrement dit : voici la réponse, mais quelle est la question ?

p. 167
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Rien ne lui faisait davantage plaisir que d’accueillir une cliente désespérée. Il l’écoutait sans l’interrompre égrener la liste de ses malheurs. Son mari était devenu amer, sourd, agressif et accessoirement alcoolique. Il perdait ses cheveux, avait mal au ventre et d’affreuses rougeurs sur le visage. […]. Dès qu’elle avait fini de gémir, il se redressait et méditait quelques instants « Revenez demain, je pense avoir la solution à vos souffrances. » Le lendemain, il remettait à la dame, avec la discrétion d’un dealer, une bouteille remplie d’une substance bizarre, un peu gélatineuse, rouge, à boire trois fois par jour avant les repas ― « Attention AVANT ! Sinon, ne vous plaignez pas qu’elle reste sans effet. »
Je ne sais si mon père avait lu Knock mais, comme les patientes de Jules Romains, la cliente revenait quelques jours plus tard, les yeux humides et reconnaissante : « Il est guéri ! Même vot’ remède lui a débouché les oreilles ! »
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Les trams urbains portaient des numéros et les trams vicinaux une grande lettre noire peinte sur une plaque de bois au-dessus de la voiture de tête. […]. Ce matin-là, je passai deux heures à observer le manège des trams, quand soudain un esprit malin me souffla : « vas-y bon sang ! qu’est-ce que tu attends ? » Poussez par cette petite voix, je bondis sur la plateforme arrière d’un tram qui venait de démarrer, aussi excité qu’un cancre en goguette. A cette époque bénie, les trams circulaient portes ouvertes, ce qui permettait de les attraper au vol. En route vers l’aventure ! Tonkin, Tanger ou Matadi ? Peut-être Varsovie, De toute façon, un lieu magique au beau milieu de la jungle. […]. Le tram finit par atteindre son terminus. « Allemaal uitstappen’ » (Tout le monde descend), cria le conducteur. […]. Par malheur, mon père passa devant le terminus des trams juste quand je revenais de mon expédition. Ce qui ma valut une sacrée engueulade devant tous les passagers. D’où viens-tu ?
― De nulle part … murmurais-je d’une voix pitoyable.
― Tu refuses de me répondre ?
― De Tonkin, de Matadi, de Varsovie, qu’est-ce que j’en sais ? Regarde !
Mon tram était reparti. Mais on devinait encore sur la plaque en bois un V ou un W.
― Tu vois bien, je viens de V ou W ! insistai-je.
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Arrivée en Israël au début des années cinquante et bien décidée à reconstruire sa vie en effaçant le passé, Frania était tombée un soir sur Mishka, son amour d’enfance, à qui ses parents l’avaient arrachée jadis pour l’obliger à épouser Aba, mon terrible grand-père. Mishka, l’éternel regret de sa vie, qu’elle croyait parti en fumée comme à peu près toute la famille, se retrouva ― par magie ? ― devant elle, un verre à la main, chez de vague amis qui l’avaient invitée à diner. Comme s’il l’attendait depuis toujours. Le mariage de Frania et de Mishka fut célébré quelques semaines plus tard dans l’euphorie et l’émotion. Mais comme l’histoire de Loth l’a montré, il vaut mieux ne jamais se retourner. Frania aurait mieux fait de relire se passage de la bible qu’Aba lui avait si souvent cité, cruelle ironie. Frania ne fut pas heureuse avec Mishka.
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Vidéo de Alain Berenboom
Alain Berenboom nous parle de « Délires » d'André Baillon. Lien vers le livre : https://www.espacenord.com/livre/delires/
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