AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782875720542
192 pages
CFC-Editions (13/01/2023)
2.67/5   3 notes
Résumé :
"Ce quartier vit à jamais en moi. D'emblée, enfant, j'ai été attirée par la déclivité des rues étroites, fascinée par l'impression d'une ville enclavée dans la ville. Riche terreau de luttes, terre de métissage, mixité de la population, affirmation des différences s'avancent comme quelques-unes des strates qui composent le visage de ce tissu urbain singulier. Les Marolles composent un monde dans un monde, inventent un espace de liberté dans le tissu du centre-ville ... >Voir plus
Que lire après Marolles : La cour des chatsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un petit ouvrage (178 pages) que j'ai mis longtemps à lire. Eh oui, il s'agit d'être attentif parce que les informations sont très denses. Parce que j'ai passé beaucoup de temps sur Google street pour visualiser endroits et bâtiments évoqués. Parce que, hélas pour mes vieux yeux, le texte est écrit dans une police très petite et il y a des épigraphes, des témoignages et des notes de bas de page carrément microscopiques (du genre notice de médicament).
En parcourant la liste des titres proposés lors de l'Opération Masse critique non fiction, mon regard a immédiatement été attiré par les chats, une de mes passions. C'est donc pour ce livre que j'ai postulé . J'ai eu la chance de le recevoir.
Pourtant, mes attentes n'ont pas été comblées. En effet, dans le travail de Véronique Bergen, les chats sont présents, c'est vrai. Elle évoque Kippour, qu'elle a perdu en 2016 ou Marquis qui lui a succédé. Parfois, elle parle de félins des rues ou appartenant à des amies. Mais ce n'est que très épisodique.
Son livre présente les Marolles, un quartier de Bruxelles qui a souffert : bâtiments détruits, ruelles ou impasses disparues, gentrification, voûtement de la Senne, en abordant des caractéristiques typiques tels la zwanze ou le brusseleer.
De très nombreuses personnalités se baladent à travers ses pages : actuelles, comme Eve Bonfanti, Yves Hunstad, Toone ou encore Toots Thielemans, mais également anciennes comme Simone Max ou, bien plus loin dans le temps, Bruegel ou Vésale.
Enfant, j'allais en train à l'école, à Bruxelles. Mon père m'y emmenait, et, chaque fois qu'on disposait d'un peu de temps, il en profitait pour me faire découvrir la ville. J'ai donc retrouvé dans ce livre beaucoup d'endroits qui me sont familiers et d'autres, que je ne connaissais pas, se sont révélés. Comme il travaillait aux chemins de fer, mon père évoquait souvent la création de la Jonction Nord-Midi et la destruction de nombreux quartiers qu'elle a provoquée.
Véronique Bergen se plaît à évoquer l'étymologie du nom des Marolles, et elle le fait de façon humoristique : « Marie tu colles », « Il y a le "rollekebol" des chats », ou poétique : « il y a le "ol" de l'envol », « le "ol" de tout ce qui caracole sans bémol ». Les mots, les toponymes lui plaisent. Elle déroule de longues listes de noms de rues qui forment comme une litanie : « Les impasses du Doreur, du Pinceau rue de la Querelle, celles des Genêts, Necker, des Wallons, du Sellier rue Saint-Ghislain (...) »
Parmi les crimes patrimoniaux commis, je retiens la démolition d'un jardin urbain que les habitants nommaient « petite Amazonie », parce que cela me fait de la peine que l'on détruise des espaces verts et parce que j'ai suivi cette affaire et signé des pétitions. Pour les bâtiments, Véronique Bergen dénonce le remplacement de logements vétustes par des habitations modernes. C'est pourtant un bien, me direz-vous, mais cela provoque une hausse des loyers que les « petites gens » (comme les appelait Simenon) ne peuvent plus payer. Sans parler du chagrin des personnes âgées qui y avaient passé toute leur existence et perdent ainsi leurs souvenirs.
Moi qui aime particulièrement les cours d'eau, je suis touchée par la disparition de la Senne. Véronique Bergen mentionne un peintre dont je n'avais jamais entendu parler, Jean-Baptiste van Moer, qui lui a dédié de nombreuses aquarelles Je suis allée les voir et les ai trouvé très jolies. Elles provoquent le regret de ne plus pouvoir s'y promener. Il me semble aussi que, dans un de ses romans, Alain Berenboom évoquait cette rivière dont on a privé la capitale.
Un chapitre est consacré aux « fantômes de Bruegel et de Vésale », et on les voit déambuler dans les rues et quartiers aujourd'hui disparus. Ce qui évoque pour moi les romans de Nathalie Stalmans qui, elle aussi, s'attache à redonner vie à un passé révolu .
La « zwanze (...) cet humour gouailleur qui fait la signature des Marolles » me plaît tout particulièrement. Je connais par coeur des répliques du « Mariage de Mademoiselle Beulemans », j'adorais les romans de Dulle Griet, un auteur qui l'utilisait beaucoup dans des histoires explorant des quartiers bruxellois, et qui a, hélas pour moi, arrêté de les publier. Nous avons encore deux reines de ce type de dérision avec Ziska Larouge ou Nadine Monfils et ses délicieuses enquêtes de Margritte et Georgette.
Les vieux estaminets dont parle l'auteure donnent envie d'y entrer. Des « pavés de mémoire » ont été créés pour conserver le souvenir de déportés à Auschwitz. « Constellée de ces signes discrets, la rue des Tanneurs affiche plus que toute autre les stigmates du passé ». C'est quelque chose que m'a appris ce livre, mais je n'ai jamais vu ces petites « tombes symboliques ».
On passe ensuite à une coutume plus joyeuse, le street art, que j'apprécie beaucoup et qui illumine certaines constructions. En revanche, Véronique Bergen raconte l'arrachage d'une vigne vierge qui tapissait toute la façade d'une maison et dont les fruits attiraient chaque année de gourmands étourneaux. Cela m'a fait très mal au coeur et m'a rappelé celle qui recouvrait des dépendances dans notre jardin d'enfance. On l'a également exterminée prétextant que ses vrilles détruisaient le ciment.
Cet ouvrage est donc plein de ressources. J'ai appris de nombreuses choses, j'ai déniché des endroits insoupçonnés, je me suis rappelé de nombreux souvenirs. Sa lecture a été pour moi très enrichissante, mais il faut se donner le temps de bien en profiter en la complétant par quelques recherches.
J'adresse un chaleureux merci à Babelio qui organise ces fabuleuses Masses critiques et aux éditions cfc, dont je me suis aperçue qu'elles étaient situées Place des Martyrs, à deux pas de l'école où j'ai fait toutes mes études et où je suis retournée enseigner plus tard pendant quelques années (Gatti de Gamond).
Commenter  J’apprécie          80
Livre remporté lors d'une masse critique.
Que dire... Lecture assez voire très complexe. Chaque page demande une concentration optimale du fait de sa complexité.
Dans l'ensemble je ne retiens pas vraiment ma lecture car je suis habituée à lire en diagonale.
Pour les personnes qui adorent décortiquer et prendre des notes en cours....
Commenter  J’apprécie          00
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Un homme n'est oublié que si son nom est oublié. (Citation du Talmud)
Commenter  J’apprécie          20
La bière n'est pas soluble dans l'eau des bénitiers.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Véronique Bergen (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Véronique Bergen
Véronique Bergen présente Marolles. La Cour des chats, CFC-Editions (2022)
autres livres classés : BeneluxVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Marseille, son soleil, sa mer, ses écrivains connus

Né à Corfou, cet écrivain évoque son enfance marseillaise dans Le Livre de ma mère. Son nom ?

Elie Cohen
Albert Cohen
Leonard Cohen

10 questions
307 lecteurs ont répondu
Thèmes : provence , littérature régionale , marseilleCréer un quiz sur ce livre

{* *}