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EAN : 9782760411715
Stanké (01/02/2015)
4.19/5   8 notes
Résumé :
Marcher là où les ancêtres du peuple des Nehirowisiw ont marché, parcourir le chemin pour retourner vers soi : en langue atikamekw, on dit le moteskano. Cette marche sera l’occasion de suivre la jeune Sarah-Mikonic Ottawa, d’explorer tout ce qui est transmis de femme en femme – la mémoire des saisons et du territoire, la mort de ceux qu’on aime, la perte de ceux qui souffrent et qui ont honte, la joie de ceux qui se retrouvent –, d’entendre la grand-mère parler à la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La quatrième de couverture brosse à grands traits l'ensemble du livre mais ce n'est pas grave. Limite, ce n'est pas un livre à rebondissements, au contraire il appartient à l'ordre de l'intime, d'une quête à la fois spirituelle et universelle. Suivre le parcours chaotique de Sarah-Mikonic, personnage emblématique du désespoir et de la résilience des jeunes Amérndiens aujourd'hui , découvrir l'histoire de son père, emblème de l'atroce période des pensionnats de missionnaires qui ont arraché les enfants indiens à leurs parents pour les « civiliser » de force, écouter la voix de sa grand-mère qui, du haut des grands arbres où elle repose désormais, lui rappelle la vie originale, originelle de son peuple, c'est rencontrer un peuple particulier (les Atikamekw en l'occurrence) mais aussi se laisser interroger sur notre propre rapport à la nature, à la Terre, à la consommation, au temps qui passe, au vivre ensemble, au respect de la différence.

En lisant Matisiwin, le dernier roman publié de Marie-Christine Bernard, j'ai éprouvé des sentiments mêlés : l'horreur, le dégoût, la tristesse mais aussi une grande sérénité grâce à la voix de la grand-mère, la kokom, qui rappelle avec infiniment de bienveillance la voix des Anciens, la vie, la langue, les coutumes du peuple atikamekw. La langue de la romancière est belle, fluide, très évocatrice, notamment par l'emploi du « tu » qui nous plonge plus directement dans ce mode de vie ancestral.

Le seul petit bémol serait peut-être que, à vouloir – comme elle l'explique en fin d'ouvrage – rendre hommage au peuple atikamekw, Marie-Christine Bernard rend celui-ci parfaitement idyllique – un peu trop peut-être ? En même temps, cette lecture m'a fait penser aux écrits de la poétesse innue Joséphine Bacon, aux romans de Naomi Fontaine et de Lucie Lachapelle (et j'ai hâte de lire ceux de Michel Jean sur le sujet) et je ne peux que me réjouir que l'histoire et la place des Premières Nations soient ainsi mises à l'honneur dans la littérature du Canada et du Québec.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ils disent « le temps des Indiens ». Indian Time. Ils disent que les Indiens sont toujours en retard. Qu’il ne faut pas leur donner de rendez-vous, qu’ils ne savent pas respecter un horaire. Que c’est bien désolant. Ceux qui sont allés au pensionnat savent à quel point ils trouvent cela désolant.

Que savent-ils du temps ? Ils font comme avec le reste. Ils mettent tout dans des petites cases. Les choses à faire. Les mots à dire. Les rêves. Les gens. Le froid. La pluie. Les étoiles. Des petites cases pour ranger les animaux, les plantes, les pierres par ordre de règne, de classe, de famille ou de genre avec des noms qui parlent de toutes sortes de choses, sauf d’eux. Quand je vais à la rencontre de Wapoc dans mon chemin de collets, je ne me demande pas à quels famille, classe, embranchement va appartenir ce lièvre qui sera venu offrir sa vie pour ma famille. Je me demande s’il aura le ventre assez doux pour compléter la couverture destinée à tenir mon bébé au chaud, si sa chair sera parfumée de bourgeons de sapins ou d’écorce, si Mikeciw, le renard, est passé avant moi. Et quand je commence à préparer la peau, je ne me demande pas si je vais avoir le temps de terminer avant de commencer autre chose. Je prépare la peau. Ça prend le temps que ça prend.

Chez eux, tu commences quelque chose et quand la case change, tu dois tout laisser en plan pour commencer autre chose. Tu continueras ce que tu as commencé la semaine prochaine, le même jour, à la même heure. Même jour ? Même heure ? Aucune heure, aucun jour n’est pareil à un autre. Et si la vie s’arrête d’ici là, comment vas-tu pouvoir terminer la tâche entreprise ?

Le temps des Blancs, c’est comme si l’infini avait été cassé en petites perles toutes égales qu’ils enfilent sur un collier qui ne sera jamais refermé, qui ne parera jamais aucun cou. A quoi sert un collier qui va toujours tout droit ? Je veux bien enfiler des perles et que ces perles soient des morceaux de temps. Mais chaque perle a sa couleur et son poids, et ne ressemble à aucune autre. Chaque est heure est habitée d’elle-même et nous dicte ce dont elle doit être faite.
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Moteskano, le Chemin tracé par les pas des Ancêtres. C’est ainsi qu’on a nommé le chemin que tu es en train de suivre, Nosim, parce qu’on a voulu rappeler à ceux qui l’accomplissent que, où qu’ils aillent dans le Nitaskinan, ils marchent dans les pas de leurs ancêtres. Moteskano. Il sera là pour tes filles, et pour les filles de tes filles, ce petit sentier large comme un pied de femme, où nous avons marché toutes, comme dans une round dance infinie, nous tenant par la main depuis toujours. Tu vois bien que le temps ne se mesure pas, puisqu’il ne finit ni ne commence nulle part. (p. 34)
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Et chez les Atikamekw, le silence fait partie du langage : le corps parle. Ils sont toujours à l’aise dans le silence.
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