Quand on travaille de près avec les personnes touchées par le cancer, même si ce n'est pas à titre de membre du personnel médical, on ne fait pas exprès pour se plonger dans des livres qui traitent de cette maladie qui touchera près de deux Canadiens sur trois au cours de sa vie.
Mais il arrive qu'on passe outre, que ce qu'on a lu au sujet d'un livre nous pousse à aller y voir de plus près, nonobstant le sujet. Et même s'il est abondamment question de cancer dans
Monsieur Julot, la narratrice devant affronter une nouvelle batterie de traitements afin d'en finir, une fois pour toutes espère-t-elle, avec le cancer qui s'est attaqué à elle pour la deuxième fois, il est beaucoup question d'amour, des liens pas toujours évidents qui unissent les êtres humains et la difficulté de vivre avec un secret toute sa vie.
Véronique ne s'attendait pas à être aux prises avec le cancer à nouveau. Et si elle raconte à la fois son combat, son quotidien auprès des siens, pour elle comme pour eux, au « je », il ne s'agit pas que d'elle, mais aussi de celle qu'elle avait croisée lors de ses précédents traitements. Marie-Louise, qui a atteint un âge vénérable, ne va pas s'en sortir cette fois et, au seuil de la mort, raconte sa vie à Véronique et lui parle notamment de ce fils adoptif qui ne vient pas la voir.
Sur un coup de tête, Véronique décide de lui écrire afin qu'il vienne visiter sa tante, qui l'a élevé. Et ce qui est d'abord un cri du coeur devient une longue correspondance entre Véronique et un être totalement muet. Car Henri (Julot) ne répond pas. Même si elle en fait son confident et lui parle de sa maladie, de son fils, de tout ce qu'elle souhaite. de tout ce qui lui passe par la tête. Sans pudeur. Comme si elle le connaissait depuis toujours, comme elle se confierait à sa meilleure amie, voire à son psy.
Et j'avoue que ça m'a dérangée qu'elle se confie ainsi à un étranger. Beaucoup, même. Mais j'ai fini par me laisser prendre au jeu. Séduite par l'écriture, quelques belles envolées, le sens de la dérision de l'auteure, quelques répliques cinglantes, et son regard extraordinaire sur la vie, la maladie et même la mort.
Marie-Christine Bernard a déjà fait face au cancer. Deux fois plutôt qu'une, comme Véronique. C'est probablement la raison pour laquelle ce qu'elle a écrit est poignant sans être déchirant, parfois drôle en demeurant subtil, juste et sensible.
Monsieur Julot est un beau roman. Un très beau roman. Sur la vie, la maladie, l'amour. Quiconque y entre sera touché et ne regrettera pas son intrusion dans la vie de Véronique et de Marie-Louise. Pas une seconde.
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