La première partie du livre est vraiment très interessante car elle fait l'historique d'une intuition prospère : depuis l'hypothese de
Dawkins, jusqu'a l'état de l'art en 2005 (année de publication du livre). L'auteur fait preuve ici de talent de pédagogue en mêlant explication, illustration, anecdote et un soupçon d'humour.
La seconde partie est à l'image de l'état actuelle du paradigme : soit une impasse, soit un enlisement. D'ailleurs en consultant les pages Wikipedia consacrées à la mémétique, notamment les notes fournissant les sources (ce que l'on pourrait appeler d'une certaine manière les métadonnées), on constate que les derniers grand livres ou articles de vulgarisation date de 2009, et les papiers scientifiques cités portent plus sujets anecdotiques (par exemple la mémétique autour du phénomène Trump) que sur des percées fondamentales.
Dans cette seconde partie Jouxtel fait avec méthode et rigueur le point sur les différentes approches de la mémétique. Et on constate bien qu'il y a plusieurs (théories) mémétiques qui souvent « enfoncent » des portes ouvertes. L'auteur tente d'y croire, mais (peut être à cause de plus de 20 ans de recul) il a du mal à faire adhérer le lecteur. Car finalement toutes ces explications ces théories' n'expliquent pas grand chose.
La situation est peut être similaire à l'époque où l'idée d'hérédités était féconde, Darwin et Mendel en démontrèrent la réalité scientifique, mais on n'avait pas encore découvert les gènes, puis la la génétique et l'epigenetiques. Des sciences désormais dures (réfutable) encore en cours de construction.
Est ce à dire que la mémétique est un mème mort-né. Il est évident que non, car si on ne connaît pas ses fondations, c'est un outils que l'on use et abuse : marketing, publicité, reseaux-sociologie, story-telling pour le côté sombre, mais aussi parfois quelques usages positifs, comme les nudges. En 2005 l'auteur assistait à l'explosion d'internet, avant les réseaux socios, il voyait s'ouvrir l'age d'or de la mémétique, dans le sens d'une compréhension plus profonde de la Culture (le mème étant le gène de l'évolution culturelle), on a plutôt vue l'émergence d'une arme contre les individus et les collectifs.
Il est assez étrange que la mémétique soit (presque) exclusivement abordé sous l'angle de « quelles sont les idées/mèmes les plus efficaces ? » un peu de la manière du touriste qui faisant un safari (photo) veut voir les lions, les éléphants, etc. (les big five), sans voir la savane. Il serait plus intéressant, de mon point de vue, que la mémétique s'intéresse à un écosystème complet (les gnous mémétiques, vautours, phacochère, baobab, herbes, microbiopes mémétiques, etc.), leur relations, leurs équilibres statiques et dynamiques. Car de grande idée persistante comme par exemple la démocratie, est certainement très dépendantes de petits mèmes comme par exemple payer ses impôts.
Sinon la mémétique attend son Harry Seldon…