en langue corse, le mot "
murtoriu"revêt le double sens de "glas" et "avis de décès"
Ainsi commence ce livre. Je suis prévenue. Cela ne sera donc pas gai. Après
Colomba, Mateo Falcone, de
Mérimée et A son Image de Ferrari, mes lectures forment une suite funèbre. Existe-t-il un côté souriant dans la littérature corse?
Et comme prévu, ce n'est pas drôle du tout. le narrateur, un libraire ayant des velléités d'écriture, ferme sa librairie en saison, quand peut être des vacanciers lui achèteraient des livres. Mais le Libraire se spécialise en poésie et non en guides touristiques. D'ailleurs il méprise les vacanciers, touristes et continentaux en général sans faire de cadeaux aux Corses qui se compromettent dans le tourisme, ou qui pratiquent des extorsions ou ceux qui sont rustres...pratiquement tout le monde. Quand le narrateur parle de sa personne, il est d'une prétention agaçante et sentencieuse. Ce qui n'épargne pas la vulgarité au lecteur.
Il mêle à ses états d'âmes le récit de braquages et d'extorsion d'un couple de voyous:
"sur ces Terres, il y a une guerre éternelle. Il y a des gens qui assassinent d'autres hommes. C'est de cela que je vais parler. d'une guerre. Totale. Dans chaque recoin du pays. Je ne sais pas où ils ont appris à tuer. Mais il y a ces visages dans les journaux, presque toutes les semaines"
Ce n'est pas de Vendetta romantique comme dans
Mérimée, ni de "libération d'un colonialisme" qu'il s'agit, mais d'assassinat.
Il raconte aussi l'histoire de Marc-Antoine Cianfarani, mobilisé au mois d'août 1914, et de tous ces paysans corses dont les noms figurent sur les monuments aux morts de la Grande Guerre. Cela m'a touchée. Disproportion monstrueuse entre le nombre de morts rapporté à la population actuelle de ces villages complètement dépeuplés. Chaque fois qu'on traverse un village je peux faire cette constatation.
La description de la nature, des parties de chasse et de pêches, de la vie du berger Mansuetu sauvent le roman et m'ont touchée. Les rapports familiaux, entre le père et le fils à travers l'écriture, entre les frères sont aussi très émouvants. Rapports entre les hommes et les animaux aussi.
Des pages inégales, donc. Sur place, en Corse, je ne regrette pas cette lecture.
Lien :
http://miriampanigel.blog.le..