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EAN : 9782330035938
235 pages
Actes Sud (20/08/2014)
3.84/5   137 notes
Résumé :
Résolue à venger son frère, à qui une barbare fratrie de canailles sans foi ni loi a tranché la langue sans oublier de le défigurer, Vénérande, jeune paysanne au coeur aride, s'adjoint les services de l'Infernu, tueur à gages réputé pour sa sauvagerie. Ensemble, ils s'embarquent à travers les montagnes corses du XIXe siècle dans une bouleversante et sanguinaire épopée peuplée d'hommes sans dieu et condamnés par la misère à ne vivre que dans le chaos des armes. Un pu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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L'île de Beauté, les plages de sables fins, les criques cachées, les villages que l'on atteint par les sentiers détournés plein de senteurs, de châtaignes et cochons sauvages, le tout sous l'oeil bienveillant de la Citadelle... Tout cela est bien loin de la Corse telle que nous la dépeint Marc Biancarelli dans Orphelins de Dieu ! La beauté y est crasseuse, les plages lointaines, les sentiers raides et plein de caillasses et de boue. La sieste à l'ombre n'amène que la malaria. Les gens crèvent de faim dans des taudis, tandis qu'ils épient leurs voisins à leur fenêtre. Les héros d'hier sont les bandits d'aujourd'hui, toujours prêts à sortir les armes au moindre froncement de sourcils, et plus chatouilleux sur leur honneur qu'un Espagnol de l'ancien temps. Même les filles de joie n'enivrent leurs jeunes visiteurs que pour mieux leur soutirer leurs bourses (non, il n'y a pas de jeu de mot...). On ne va donc pas s'étonner si une jeune fille part dans l'espoir de venger son frère en lavant sa colère dans le sang, avec l'aide de l'Infernu, un ancien de la bande à Poli, le célèbre héros Corse.

Orphelins de Dieu est un drôle de livre. Nul doute que le titre est bien choisi et donne le ton de cet ouvrage résolument noir et violent, qui engendre chez le lecteur (enfin, ça a été mon cas) une sorte de fascination malsaine pour les aventures de Vénérande et le passé d'Ange. Qu'est-ce qui fait qu'un homme devient un héros ? Pourquoi Lewis Wallace est-il encore un symbole de liberté et d'indépendance, alors que Théodore Poli a finit trahi et abattu comme un chien ? Les guerres d'indépendance, quand c'est chanté par des poètes, ca va, mais quand on les vit en vrai, on n'a pas envie d'en faire des chansons. Mais à la vérité on n'était plus des héros depuis longtemps. On était des salopards.
Salopard, il faut sans doute l'être encore pour vivre de la boisson que rapportent les contrats que l'on exécute pour le compte de tiers. L'infernu, vengeant le faible et la vierge sans défense, devient-il un héros, ou à défaut peut-il se racheter une conscience au crépuscule de sa vie ? Est-ce en se vengeant qu'une jeune fille peut enfin, peut-être, vivre sa vie ?

Il y a quelque chose de sordide dans l'histoire racontée par Biancarelli, dans la succession de bagarres, de violence, de mutilations, évoquées. Mais il y a aussi parfois des éclairs de désir, de rédemption. Mais ça ne dure jamais que le temps que la réalité prenne le dessus. Il manque à mon sens quelque chose à ce livre pour en faire autre chose qu'un étalage de sévices et de morts brutales, une lumière d'espoir, un brin de compassion, un peu d'humanité, une aspiration à transcender cette vie de misères pour une autre. Et c'est dommage, parce que Orphelins de Dieu aurait pu être un livre fort et marquant.
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La couverture de "Orphelins de Dieu", avec ce cavalier squelette sur un fond noir, n'est pas de celles qui passent inaperçues. Je me souviens qu'elle avait attiré mon attention au moment de la sortie du roman il y a quelques années, mais mon intérêt s'était alors arrêté aux premières phrases de la quatrième de couverture. Hormis ma passion pour Napoléon, je n'ai aucune affinité particulière avec la Corse... Une critique d'une lectrice amatrice de westerns m'a fait changer d'avis. Car il se trouve que "Orphelins de Dieu" n'est pas qu'une simple histoire de vengeance se déroulant en Corse : son auteur, Marc Biancarelli, a décidé de réutiliser les codes du western dans un contexte autre que celui de l'Ouest américain, une démarche littéraire qui ne peut que m'intéresser et dont j'étais très curieux de voir le résultat, travaillant moi-même depuis plusieurs mois sur un western sibérien...

Un western corse : est-ce si incongru ? Certainement pas. La Corse du 19ème siècle telle qu'elle nous est décrite par Marc Biancarelli a de nombreux points communs avec le Far West. de vastes étendues où l'on peut chevaucher longtemps sans rencontrer âme qui vive ; une terre sauvage où l'autorité du pouvoir central est plus théorique que réelle et où règnent des bandes armées sans foi ni loi ; des bouges où l'alcool coule à flot, peuplés de bandits et de putains, où l'on se bat et où l'on tue à la moindre contrariété ; des armes à feu omniprésentes et son corollaire : comme à Deadwood ou à Tombstone, dans les montagnes corses la vie humaine ne vaut pas grand-chose... Ou plus précisément, elle vaut le prix qu'on est prêt à payer pour y mettre un terme brutal : par exemple, 3500 francs or pour la tête du Long, du Bigleux et de ses deux frères, les quatre crapules qui ont mutilé le visage et sectionné la langue d'un pauvre berger dont la soeur crie désormais vengeance.

Tel est le point de départ du roman, qui va rapidement introduire le tueur à gages choisi par la jeune femme pour être l'instrument de sa vengeance. L'Infernu, de son vrai nom Ange Colomba, est désormais un vieil homme malade, qui se sait arrivé au bout de la piste. La mission que lui confie la jeune Vénérande sera pour lui l'occasion d'un dernier bain de sang avant la retraite. Que les lecteurs les plus sensibles soient avertis : tout est très noir et extrêmement violent. On a notre lot de gerbes de sang, de membres coupés, de crânes qui explosent, de meurtres, de viols, de brutalités diverses et variées. Les nobles sentiments, l'espoir, le pardon, la rédemption, n'ont pas leur place dans ce roman, hormis peut-être dans ses toutes dernières pages... Même si l'on n'aura évidemment pas de happy end hollywoodien. Quoi qu'il en soit, on est à mille lieues de l'image de carte postale de l'île de Beauté, tout n'y est que laideur morale et physique. La Corse du 19ème siècle selon Marc Biancarelli était un endroit terrifiant, le théâtre des pires atrocités. Il est possible que le trait ait été grossi pour les besoins du récit. Celui-ci est néanmoins basé sur des faits historiques réels : ainsi Théodore Poli, le chef de bande que rejoint le jeune Ange Colomba au début de sa carrière, était un authentique bandit qui, vers 1820, luttait contre les Bleus, c'est-à-dire "l'occupant" français. Mais ce cadre historique ne sera qu'esquissé, on n'aura jamais une vue d'ensemble de la situation politique de l'époque, les événements passés étant narrés par L'Infernu lui-même à partir de ses lointains souvenirs de jeunesse. D'un bout à l'autre du roman, ceux-ci alterneront avec la situation présente : la mission du vieux bandit aux côtés de la jeune femme éprise de vengeance.

Lorsqu'on entame la lecture d'un roman estampillé "Littérature Française Contemporaine", il y a toujours le risque de se retrouver face à un écrivain qui croit que, pour être reconnu comme tel, il lui faut forcément violer l'une ou l'autre des conventions d'écriture. Dans "Orphelins de Dieu", ce sont ces dialogues sans guillemets, un détail un peu gênant, pas rédhibitoire, mais dont on aurait pu se passer. Car Marc Biancarelli n'a nul besoin de ce genre d'artifices : il est un vrai écrivain, très talentueux, la lecture de quelques pages de ce roman suffira à s'en convaincre. Sa dernière publication porte sur le naufrage du Batavia en 1629 ; j'ai dû lire à peu près tout ce qu'il était possible de lire sur ce sujet, pourtant il est probable, après cette belle découverte qu'a été "Orphelins de Dieu", que je me laisse tenter par "Massacre des innocents"...
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Un ouvrage que je voulais lire depuis longtemps. J'ai patienté et mon attente est récompensée. Ce roman est un monument, un très grand livre! Je suis séduite. L'écriture est superbe, histoire intéressante, captivante. Bien sûr l'aventure vécue par ces personnages est d'une grande violence, mais le lecteur est porté par la narration. La sauvagerie est dépassée, pas oubliée, mais presque admise. le personnage principal, "L'Infernu" en devient presque sympathique... Malgré le sang versé, l'empathie est au rendez-vous, et ce miracle est du au talent de Marc Biancarelli. Cet auteur Corse contemporain était pour moi une découverte, mais après ce texte grandiose, je vais me pencher sur sa bibliographie. Un roman que je conseille!
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Après le road movie américain, le road movie corse. Pas banal ma foi ! Mais inutile de s'imaginer les paysages enchanteurs de l'île de beauté, vantés par des générations de touristes. Non, fidèle à la tradition du road movie épique, Marc Biancarelli, nous dépeint une terre tourmentée en plein coeur du XIXe siècle, balayée par les vents, des paysages rocailleux et désertiques, abandonnés des hommes, vides d'âmes, des bastides ruinées, éjectant leur dernier souffle. La Corse d'Orphelins de Dieu c'est une âme vidée et souillée par la cupidité des hommes, par le souffle de l'histoire, par les guerres, livrée aux pires scélérats qui la pillent et la violent, bande de truands sans foi ni loi. Tout est dur, tout est sombre dans ce roman qui ne laisse aucune place à l'espérance.

Vénérande est une jeune femme bien décidée à venger coûte que coûte, quitte à se damner, son frère qui a été atrocement malmené (jusqu'à la défiguration) par une bande de marauds de la pire espèce, tout ça pour un misérable morceau de viande. Tenaillée par ce désir de vengeance devenu obsessionnel, elle décide de faire appel à L'Infernu, mercenaire quinquagénaire, ripailleur, fine lame, sans pitié ni compassion, qui compte des centaines de meurtres sur sa conscience. Cédant finalement aux instances de Vénérande, L'Infernu entame avec elle une traversée de l'Enfer à la recherche des coupables, duo improbable qui malgré lui va apprendre à s'apprivoiser. Notre mercenaire lui racontera ainsi son histoire, celle de sa bande, faites d'hommes dissemblables mus par la même religion, celle de la liberté à tout prix. Rien n'est épargné au lecteur, ni crimes, ni scènes de ripailles et de stupre. Nous sommes emportés dans le récit sans compromission du destin de cet homme qui a tout connu et vit ses derniers instants. C'est un roman puissant et lyrique qui m'a transportée, m'a choquée, m'a émue. Les thèmes de la vengeance, du repenti, du pardon sont brassés au coeur de cette sarabande littéraire époustouflante. Une superbe découverte.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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«J'ai ma théorie sur ce pays. Je me dis que Dieu l'a choisi pour y expérimenter tout ce que les hommes sont capables de mettre en oeuvre pour s'affronter et se détruire.»

Au XIXème siècle, dans le paysage rocailleux et hostile des montagnes de Corse, Vénérande vit avec son frère, "Petit Charles", qui a été mutilé, torturé et réduit à néant par quatre hommes dont il a croisé le chemin des années auparavant, et qui reste terré à l'étage de cette ferme isolée, à des heures de marche du village le plus proche. La barbarie l'a exclu de l'humanité et les écrase tous les deux chaque jour de son ombre infâme.

«Vue des crêtes décharnées, la maison de pierres sèches semblait écrasée par un temps et des scènes immuables. Même les chiens qui ne couraient plus auraient pu avoir été sculptes dans les débris de roche. Les ombres lointaines de la soeur ou du frère racontaient désormais la survivance et l'ennui de vivre. Des ombres qui ne se croisaient pas et ne rencontraient personne. Seuls la nuit et le secret des quatre murs pouvaient sans doute les rapprocher. On aurait pu être là au bout du monde, ou à la fin des temps.»

Cette femme droite, dont le coeur a été rempli de la folie d'une haine vénéneuse, va trouver un tueur à gages vieillissant et malade, Ange Colomba dit "L'infernu", pour partir à la recherche et se venger des bourreaux de son frère, à travers les montagnes et rochers calcifiées, miroirs des coeurs endurcis et de la noirceur des êtres plongés dans le désespoir.

«Et dans son pays l'Enfer était un nom d'homme, et cet homme, disait-on, pourvoyait à la résolution de bien des problèmes que les lointains tribunaux étrangers, et Dieu lui-même, ne semblaient pas considérer.»

Le récit magnifique entremêle plusieurs fils de l'apparition du mal, l'histoire de la vie de "L'Infernu" remontant à rebours jusqu'à son enfance, s'engageant aux côtés des rebelles pour échapper à son père, devenu mercenaire puis tueur à gages n'inspirant plus que la terreur, les révoltes du peuple corse contre leurs oppresseurs, et enfin l'épopée de la vengeance sanguinaire de Vénérande et de "L'Infernu", en une tragédie qui se dénouera dans le combat final.

«Alors, dans ce songe, dans cette rêverie hallucinée de celui qui s'apprête à regarder les ombres, il vit ses anciens compagnons d'armes, il vit Poli et Antomarchi, les grands capitaines avec qui il avait servi, eux qui avaient été ses frères et ses amis, et un instant, un court instant avant que la porte de l'abri en pierres sèches ne vint à s'ouvrir, il crut qu'ils étaient là avec lui, magnifiques de désinvolture, et qu'ils allaient de nouveau affronter ensemble leurs ennemis de toujours.»
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critiques presse (2)
LaPresse
27 novembre 2014
Dans un français imagé et soutenu, Marc Biancarelli propose un western bien ficelé, où la chevauchée finale de l'homme et de sa jeune partenaire permet une relecture de l'histoire du XIXe siècle en Corse.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Telerama
29 octobre 2014
Après Murtoriu, roman inclassable, écrit en corse, où il vitupérait contre son époque, Marc Biancarelli signe une oeuvre plus sèche et ramassée, âpre et convulsive, en français cette fois.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Moi j'aime les vers de Dante, ils me galvanisent encore. Je trouve que c'est le meilleur hymne à notre marche.
Il n'y a plus de marche, Colomba, nous avons été vaincus à peu près partout. En Terre Ferme, les sociétés secrètes sont loin d'être prêtes, nous n'aurons plus aucune aide.
Il y a une marche, depuis le début, et c'est le même pas qui nous guide. Tous les hommes pleurent et disent avoir perdu quelque chose, mais moi je n'ai rien perdu. Je suis venu du néant, et je file encore vers le néant. Je marche pour être avec vous, et je ne pense pas avoir eu une autre cause jamais.
Alors c'est pour ça que nous t'appelons L'Infernu. Tu te bats comme si rien n'en dépendait, que ta vie et celle de tes compagnons, que ce souffle qui te porte à l'instant où tu es, et tu n'es depuis toujours qu'un fils de la cité dolente. Je n'ai pas connu tes malheurs dans l'enfance, Ange, et je sais que tu as d'autres raisons que les raisons de ta patrie, mais je t'aime bien. Je t'aime beaucoup. Je pense même que j'ai combattu plus longtemps que je ne devais rien que parce que des hommes tels que toi étaient à mes côtés. Je veux dire des orphelins de Dieu. De ces jeunes combattants que le destin a jetés par les chemins. Non pas la liberté qu'on nous a prise, mais cette misère que les guerres ont semée, et ces injustices qui ont poussé sur la lie des batailles. Cette guerre, elle a duré tellement de temps qu'on ne sait même plus quand et pourquoi elle a commencé, mais ce qui est sûr c'est qu'elle t'a forgé, toi et les autres, et qu'elle vous a pris au berceau.
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Lorsque les hommes virent la tête enflée de Colomba, ils commencèrent par rire et par se moquer avant de demander à Capitaine Martini et à Saetta : et vous étiez où? Ceux-ci, gênés, s'expliquèrent comme ils purent. Mais Poli, lui, n'avait pas ri : il aimait bien le jeune Colomba, il le savait fiable et dévoué, c'est pourquoi il se tourna vers la troupe pour l'admonester. On ne riait pas des insultes, dit-il, on les lavait plutôt dans le sang, et si l'on touchait à l'un d'entre-eux, c'était comme si l'on touchait à tous les autres. Il dit aussi que si un soldat de l'armée bleue avait violé leur femme au pays, ils auraient pris le bateau et franchi des centaines de lieues pour venger l'offense, et que cette fois il en allait de même. A ces mots les hommes, sans même attendre que le chef ait fini de parler, sortirent les montures de l'étable et les chargèrent, les fusils bien sanglés sur les selles, puis ils quittèrent Montenero et partirent au galop vers Livourne sans tenir compte ni du déluge ni du vent, espérant, au contraire, être arrivés en ville bien avant que le navire russe ait pu appareiller. Au soir ils étaient parvenus à destination, et les gens s'écartaient dans les rues pour laisser passer le cortège, voyant bien, aux costumes des cavaliers, qu'ils avaient affaire à un fort parti de brigands des campagnes, et qu'une bande si nombreuse ne se déplaçait certainement pas pour rien.
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Dans sa jeunesse, Ange Colomba avait donc fait couler beaucoup de sang, et parfois, aussi, coupé des têtes. Lorsque cela s'était avéré judicieux, ou qu'il l'avait imaginé de la sorte. Evoquer son nom, c'était évoquer un diable en action, c'était appeler sur soi le mal absolu. Alors ainsi l'appelait-on, L'Infernu, l'Enfer, et ce triste anthroponyme avait depuis bien longtemps enfoui dans la plus grande insignifiance sa véritable identité. Sans doute, dans une autre vie, avait-il été l'un des plus jeunes contumaces à accompagner les bandes funestes qui avaient désolé le pays, mais le temps des rébellions était passé, et comme nombre de rebelles qui se retrouvent sans solde un beau matin, L'Infernu n'avait dû qu'à sa reconversion comme tueur à gages de pouvoir encore alimenter les abjects et innombrables chroniques funéraires.
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Une maison en pierres sèches posée sur la plateforme arasée, au sommet de la colline. Aucune branche haute des oliviers des coteaux ne parvenait à la masquer réellement, elle n'avait pas d'âge. La base des murs semblait d'une plus grande ancienneté, indéterminée, composée au fruit de blocs rustiques et quasi cyclopéens qui s'élevaient sur un pan en rétrécissant et en laissant deviner la première existence d'une tour de guet. Le reste de la bâtisse, comme s'il avait fallu reconstruire sur les vieilles ruines pour en exorciser les outrages, révélait une mosaïque étrange de pierres de taille en granit rouge de proportions diverses. Des linteaux massifs qui avaient été autrefois des idoles vénérées étaient posés sur les encadrements des meurtrières et des portes basses.
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J'ai ma théorie sur ce pays. Je me dis que Dieu l'a choisi pour y expérimenter tout ce que les hommes sont capables de mettre en œuvre pour s'affronter et se détruire. Je crois comme ça que cette ordure qui est Notre Seigneur a pris un peu de tous les ingrédients les plus pourris de la nature humaine et qu'Il a foutu tout ça dans un bocal, avec nous au milieu pour voir ce que ça pourrait donner, et comme ça Il saurait, et Il éviterait de reproduire partout le même potage. Je crois pas qu'Il y arrive vraiment, mais disons que dans son expérimentation du pire, Il nous a choisis parmi les cobayes les plus zélés. La haine, le ressentiment, la jalousie, la convoitise, la médisance, on dira que c'est à peu près ce qui se partage le mieux dans ce putain de territoire, et si l'on y rajoute l'enculerie, la politique, la tyrannie, l'oppression et la guerre permanente, la vengeance et la corruption, je crois qu'on a un terreau durable pour que le merdier légué par nos anciens se perpétue encore longtemps.
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Vidéo de Marc Biancarelli
Marc Biancarelli - Orphelins de Dieu .Marc Biancarelli vous présente son ouvrage "Orphelins de Dieu" aux éditions Actes Sud. Rentrée littéraire 2014. http://www.mollat.com/livres/biancarelli-marcu-orphelins-dieu-9782330035938.html Notes de Musique : Stickfigure/(none given)/05 Spaghetti Western. Free Music Archive.
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