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EAN : 9782226400314
144 pages
Albin Michel (31/01/2018)
2.96/5   12 notes
Résumé :
Foulques, le puissant comte d'Anjou, l'un des hommes les plus cruels du royaume de France, rentre de son troisième pèlerinage à Jérusalem. A Metz, sentant sa fin venir, il dicte à un jeune scribe ses mémoires en forme de lettre à sa première épouse, morte toute jeune dans l'incendie de leur château. Il y confie ses crimes lors des guerres incessantes qu'il a menées contre la Touraine, Saumur et Blois et le pardon qu'il a cru obtenir en édifiant moult châteaux, égli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
De temps en temps un petit roman de littérature blanche, cela permet de varier les plaisirs, surtout quand il s'agit d'aborder une période passionnante comme celle du XIe siècle angevin.

Un sujet littéraire trop rare
Cette Lettre prend place dans un contexte historique très intéressant et bien peu mis en valeur d'habitude : l'an mil et les principautés territoriales dans le contexte angevin. Roger Bichelberger a décidé de nous transcrire un long monologue de Foulque III Nerra, comte d'Anjou de 987 à 1040 : d'Angers à Jérusalem, en passant par le Maine, la Touraine et la Lorraine, nous suivons les états d'âme d'un prince du XIe siècle, prototype du seigneur féodal, trop souvent vu comme barbare et violence, alors qu'il est d'abord un homme de son temps. Sans trop en dévoiler à ceux qui ne connaissent pas ce personnage historique et son épouse, ils ont eu une relation très brève et il est historiquement difficile de savoir comment celle-ci est décédée.

Exercice intimiste
Roger Bichelberger a opté pour une vision très intimiste de ce personnage historique. On le suit à ressasser ses vieilles rancoeurs, alors qu'il décide d'écrire ses mémoires, forcément ce n'est pas le moment le plus enthousiasmant de sa vie mouvementée. Malgré sa relative petitesse, ce livre s'attarde longuement sur des aspects somme toute très mineurs, car le but ici n'est clairement pas de faire une biographie de Foulque Nerra ou de sa compagne, mais plutôt de faire une « évocation » d'un temps historique. On sent qu'on évoque plusieurs moments-clés comme l'apprentissage du pouvoir seigneurial, la construction d'une principauté territoriale angevine, l'usage politique et religieux du départ en croisade, mais ce n'est jamais très précis ni vraiment l'intérêt d'un ouvrage qui survole beaucoup d'aspects qui auraient pu diablement intéressant en s'y plongeant plus sérieusement. C'est d'ailleurs sûrement rentrer trop dans le détail de le préciser, mais citer en bibliographie finale un ouvrage très daté d'Alexandre Salies est assez dommageable, car il y a eu bien d'autres études depuis.

Ces écrits qui nous Bern
À l'image des émissions de Stéphane Bern (Secrets d'Histoire), Christine Bravo (Sous les jupons de l'histoire) ou de Franck Ferrand (L'ombre d'un doute), ce roman mise avant tout sur l'histoire people. Non seulement, on tourne constamment autour du trio sexe, argent et pouvoir, mais surtout on ne prend le point de vue que de ceux qui ont le pouvoir justement. Ce manque de pluralisme ou de diversité sociale tient avant tout aux sources utilisées, sources qui sont parfois juste décalquées, certaines phrases étant vraiment très proches de la redite de certaines synthèses historiques ou de la traduction pure de passages écrits au XIe siècle (je suis bien placé pour le savoir, j'ai commis un double mémoire de Master avec quelques traductions des dites sources). Il n'empêche que se consacrer ainsi sur le seul point de vue d'un pouvoir oligarchique, militaire, religieux, masculin, mène forcément à quelque chose d'assez restreint.

Cette Lettre à une trop jeune morte est donc une curiosité sur le fond, mais une large déception sur la forme, trop courte et caricaturale.

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Très intéressant.
Roger Bichelberger, dans ce petit livre, nous conte l'histoire de Foulques Nerra, comte d'Anjou, grand homme de l'an mil. Un personnage qui m'était inconnu de même d'ailleurs que la bataille de Pontlevoy pour le contrôle de la Touraine, évoquée dans ce livre.
Un homme puissant pourtant que ce comte d'Anjou ; il a marqué l'histoire par sa violence, sa cruauté, d'une fureur démente, un fou sanguinaire, n'hésitant à faire couler le sang pour agrandir son territoire, mais qui, en opposition à cette violence, pour le salut de son âme pécheresse fera d'importantes donations, multipliera les églises, les paroisses et les châteaux, affranchira de nombreux serfs, rendra la justice et effectuera plusieurs pèlerinage à Jérusalem.

« Avec la force et l'endurance qui étaient les miennes, je n'étais jamais loin de l'excès. Un moine de Saint-Florent est allé jusqu'à parler de moi comme d'un fauve. »

Roger Bichelberger utilise le procédé des mémoires. Il imagine Foulque Nerra souffrant, diminué, à l'aube de sa mort qui fait rédiger ses mémoires sous forme d'une lettre destinée à sa défunte première épouse Elisabeth de Vendôme. Il nous raconte ainsi sa vie, ses crimes perpétrés pour satisfaire ses ambitions de conquête, ses pèlerinages mais aussi ses remords, ses regrets, ses tourments. C'est par l'amour qu'il tentera de se racheter, d'apaiser son âme torturée, de s'absoudre de ses péchés, de demander pardon.

« Implacable abîme que celui de la passion qui, naguère, m'avait jeté avec une sorte d'obstination furieuse dans la haine de toi. Or, la passion est égoïste, impatiente, jalouse, nourrie d'orgueil, intéressée, rageuse, rancunière et souverainement injuste. »

Une écriture fluide, fine, vivante que j'ai beaucoup appréciée. J'ai repéré deux autres livres de feu Roger Bichelberger qui me tentent bien : « Bérénice », « La fille à l'étoile d'or ».
Un bon moment de lecture que je conseille aux amoureux de l'Histoire de France.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Foulques Nerra a vécu au tournant de l'an mille. Dans "Lettre à une trop jeune morte", le romancier Roger Bichelberger transporte qui le lit en cette époque mouvementée, marquée par des guerres à répétition. Car le comte d'Anjou Foulques le Noir (c'est la signification de Nerra) s'illustra par ses assauts. le roman le met en relief à la fin de sa vie, lorsqu'il raconte ses souvenirs. Ceux-ci prennent la forme d'une lettre à une femme disparue, Elisabeth de Vendôme. Elle aura été la première épouse du bouillant comte, partageant la vie de cet homme prompt à s'emporter. Pas question de retracer toutes ses campagnes ici, limitons-nous à un Foulques Nerra affrontant Conan Ier de Bretagne et le tuant en été 992 à Conquereuil. Espérant se faire pardonner ses crimes, Foulques se rendit quatre fois en pèlerinage à Jérusalem...
Elisabeth de Vendôme aurait péri dans l'incendie d'Angers en l'an mil. La rumeur accusa Foulques d'avoir mis le feu à la ville. Selon d'autres bruits, le comte envoya sa femme au bûcher parce qu'elle n'était pas parvenue à lui donner un fils. Vraies ou non, les circonstances de la fin de la "trop jeune morte" en disent long sur la réputation du comte. On pourra voir en ce roman une forme d'hommage, une incitation à ne pas oublier la tragique destinée de cette trop jeune morte.
Lien : https://www.bookcrossing.com..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quand les gens s'en emparent, la vérité - si elle existe - s'embellit ou se gâte de bouche en bouche, enfle, se propage tel un feu de brandes et finit en cauchemar ou en légende. A Angers, nourrie par le château, la rumeur avait fini par inventer la fable dont tous avaient besoin.
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Je me sentais rejeté, moi aussi, interdit de bonheur, et mes ruminations solitaires à travers halliers et futaies favorisaient l'éclosion, pestilentielles fumerolles, d'insupportables soupçons.
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Chez nous, les dames étaient fondatrices de dynastie et le mariage une institution où l'amour avait peu de part. L'alliance de deux familles permettait d'éteindre des querelles, d'agrandir qui son comté, qui son duché, qui son royaume : nos rois en savent quelque chose.
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L’amour est fort comme la mort.
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Et je regardais l'Homme cloué que mes crimes crucifiaient. De profundis clamavi...
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