Billetdoux Raphaële (1951-) – "
Mes nuits sont plus belles que vos jours" – Grasset, 1985 (ISBN 2-246-33381-4)
Un roman publié en 1985, retrouvé au hasard des "rangements" effectués dans ma bibliothèque – ce rêve inaccessible du lecteur compulsif, qui, de temps à autre, se berce de l'illusion qu'il va "ranger" ses livres tout simplement parce qu'il ne parvient plus à entrer dans son antre.
A l'époque de sa publication, ce roman produisit un effet spectaculaire, et obtint le Prix Renaudot ; le même auteur avait auparavant reçu le le Prix Interallié 1976 pour "
Prends garde à la douceur des choses", mais nollens volens, il convient de préciser qu'elle est la "fille de" François Billetdoux : cette double qualification lui assurait de solides entrées dans le monde des cultureux, il n'en reste pas moins que...
Il n'en reste pas moins que ce roman reste une grande oeuvre par son sujet profondément original – eh oui, n'en déplaise à nos féministes et autres snobinards de la bienpensance "éclairée" –, la rencontre d'une femme et d'un homme reste un thème original lorsqu'elle est narrée de façon aussi poétique, aussi novatrice, aussi pudique, aussi charnelle. C'était encore un lointain écho des années soixante-huitardes de "libération du désir" (surtout féminin, hi, hi, hi, ça arrangeait bien les z'hommes), il y avait belle lurette que les navets intitulés "Histoire d'O" et "Emmanuelle" ne circulaient plus sous le manteau, ayant fait l'objet d'adaptations cinématographiques aussi racoleuses que désastreuses (nombre d'entrées himalayesque dans les salles).
Anaïs Nin faisait un peu moins pire avec sa "
Vénus erotica" (1977) ou ses "Petits oiseaux" (1979) d'un érotisme fort convenu. Tout cela faisait la fortune de certains éditeurs...
Rien de tel ici : le récit s'avère délicat, dénué de toute mièvrerie comme de toute vulgarité, et pourtant il s'agit bien de la description que provoque – parfois – la rencontre de deux désirs charnels amoureux. Je ne vois guère qu'une comparaison avec "L'amant de Lady Chatterley" pour donner une idée de la qualité littéraire de l'ouvrage, ou encore "
Seule Venise" de
Claudie Gallay.
Ceci étant, le relire aujourd'hui, en 2017, c'est aussi constater la dégradation abyssale des moeurs ambiantes, centrée sur la destruction systématique du couple femme-homme : les cultureuses et cultureux se gavent des ignobles productions de la Despentes, des atroces tourments de la
Christine Angot, des théories du "genre". Aucune et aucun de nos bienpensant(e)s ne songerait à écrire une histoire d'amour si ce n'est entre LGBI, là ça pourrait passer, à la rigueur, et encore, dans certains pays voisins, il conviendrait d'ajouter la zoophilie...
Ce texte ne peut probablement concerner que la génération née pendant les années cinquante du siècle dernier, les ados d'aujourd'hui – gavé(e)s de pornographie et d'images glauques – n'y trouveront sans doute qu'un texte pour le pensionnat des oiseaux.
Une relecture s'impose pour les nostalgiques, un bon moment garanti.
Et si je remets la main sur "
Prends garde à la douceur des choses"...