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EAN : 9782253041320
160 pages
Le Livre de Poche (01/04/1987)
3.11/5   304 notes
Résumé :
Quatrième de couverture - Un homme, une femme, un hôtel, les draps d'un lit, la chaleur d'un mois de juillet, la lune et la mer : avec ces seuls éléments, Raphaële Billetdoux construit son roman qui a la rigueur d'une tragédie antique, où trois nuits sont toute une vie.

Mes nuits sont plus belles que vos jours est le roman d'une rencontre. Toute rencontre est un risque; à la première minute, aux premiers mots échangés, l'histoire, déjà est en marche.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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« Vous êtes tout à fait inattendue »

Je t'aime.
Un peu.
Beaucoup.
Pass... Halte là, Marguerite ! Pas le temps d'effeuiller chacun de tes pétales.

Je t'aime à la folie. Oui toi. Toi qui m'ignores. Tout de suite. Un amour dément, brûlant. Me vois-tu, de blanc vêtu ? Je suis là et je t'écoute chanter. Tu me permets de croire à nouveau. de retrouver des sensations d'enfance. C'est si bon. « Tu es ma femme. Dis-le. »

Maman, pourquoi ne pas m'avoir parlé ? Pourquoi choisir toujours pour moi au lieu de m'apprendre à savoir ce que je veux, à trouver seule mon chemin. Je crois que j'ai rencontré un homme. Très particulier. « Tout en lui était silence. » Je pourrais le revoir, entre deux concerts. Il a un côté envoûtant, hypnotique. Quand je suis près de lui, je vis. Tu comprends maman, je vis.

Quatre jours. Paris, Cabourg. D'un café de la capitale à une chambre d'hôtel de Cabourg, quatre jours pour vivre l'éternité. Pour mourir d'amour. Pour se connaître. Pour le meilleur et pour le pire.

« Le mot, blessure ouverte du silence. »

Un roman fort, une magnifique écriture, une histoire de passion, de folie, d'amour. Des personnages attachants, troublants. Des répliques fines, drôles. Et une montée puissante dans le tourbillon de la déraison, passant vite du sourire au malaise pour finir... par un mariage.
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Une écriture originale, pour une histoire très banale. Celle d'une rencontre d'un homme, d'une femme... la naissance d'un désir très fort et son assouvissement. Deux personnages assez singuliers qui deviennent amants, sans se connaître, le temps d'un week-end, et dont on peut se demander justement : Que se trouvent-ils? Pourquoi et comment peut naître une telle passion entre deux êtres si différents?, mais n'est-ce pas justement la magie de l'amour? la naissance improbable et inexplicable du désir et plus encore du sentiment amoureux?
Je n'ai pas été transportée par ce roman très moderne, trop froid à mon goût.
Le titre était trop prometteur, très poétique, trop poétique justement... "Mes nuits sont plus belles que vos jours", mais de ce fait très décalé par rapport au texte, à l'histoire, la narration, l'écriture.
Ce roman méritait-il l'obtention d'un prix littéraire? Je reste sur ma faim.
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Une fois encore je botte en touche avec ce roman de Raphaële Billetdoux récompensé par le prix Renaudot en 1986! Un début prometteur, original, une rencontre improbable. Un homme , une femme, une terrasse de café, Paris, en été...
Cabourg quelques heures plus tard, un homme une femme mais déjà la faille se fait sentir.
Si Je reconnais à l'auteure une maitrise du mot, du phrasé, je déplore cependant une atmosphère glaciale et glaçante même lorsque les scènes sont chaudes. Les personnages m'ont laissée de marbre. Seule la brièveté de ce roman m'a convaincue d'aller à son terme.
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Un homme, une femme – dirait Lelouch –, Lucas et Blanche, deux solitaires ... Leurs destins respectifs les fait se rencontrer.

Raphaële Billetdoux nous retrace leur histoire, excessive, passionnelle ; sur trois jours, d'un bar parisien à un hôtel au bord de la mer.

Un texte violent, excessif parfois, mais la passion ne l'est-elle pas… ?
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Billetdoux Raphaële (1951-) – "Mes nuits sont plus belles que vos jours" – Grasset, 1985 (ISBN 2-246-33381-4)

Un roman publié en 1985, retrouvé au hasard des "rangements" effectués dans ma bibliothèque – ce rêve inaccessible du lecteur compulsif, qui, de temps à autre, se berce de l'illusion qu'il va "ranger" ses livres tout simplement parce qu'il ne parvient plus à entrer dans son antre.

A l'époque de sa publication, ce roman produisit un effet spectaculaire, et obtint le Prix Renaudot ; le même auteur avait auparavant reçu le le Prix Interallié 1976 pour "Prends garde à la douceur des choses", mais nollens volens, il convient de préciser qu'elle est la "fille de" François Billetdoux : cette double qualification lui assurait de solides entrées dans le monde des cultureux, il n'en reste pas moins que...

Il n'en reste pas moins que ce roman reste une grande oeuvre par son sujet profondément original – eh oui, n'en déplaise à nos féministes et autres snobinards de la bienpensance "éclairée" –, la rencontre d'une femme et d'un homme reste un thème original lorsqu'elle est narrée de façon aussi poétique, aussi novatrice, aussi pudique, aussi charnelle. C'était encore un lointain écho des années soixante-huitardes de "libération du désir" (surtout féminin, hi, hi, hi, ça arrangeait bien les z'hommes), il y avait belle lurette que les navets intitulés "Histoire d'O" et "Emmanuelle" ne circulaient plus sous le manteau, ayant fait l'objet d'adaptations cinématographiques aussi racoleuses que désastreuses (nombre d'entrées himalayesque dans les salles). Anaïs Nin faisait un peu moins pire avec sa "Vénus erotica" (1977) ou ses "Petits oiseaux" (1979) d'un érotisme fort convenu. Tout cela faisait la fortune de certains éditeurs...

Rien de tel ici : le récit s'avère délicat, dénué de toute mièvrerie comme de toute vulgarité, et pourtant il s'agit bien de la description que provoque – parfois – la rencontre de deux désirs charnels amoureux. Je ne vois guère qu'une comparaison avec "L'amant de Lady Chatterley" pour donner une idée de la qualité littéraire de l'ouvrage, ou encore "Seule Venise" de Claudie Gallay.

Ceci étant, le relire aujourd'hui, en 2017, c'est aussi constater la dégradation abyssale des moeurs ambiantes, centrée sur la destruction systématique du couple femme-homme : les cultureuses et cultureux se gavent des ignobles productions de la Despentes, des atroces tourments de la Christine Angot, des théories du "genre". Aucune et aucun de nos bienpensant(e)s ne songerait à écrire une histoire d'amour si ce n'est entre LGBI, là ça pourrait passer, à la rigueur, et encore, dans certains pays voisins, il conviendrait d'ajouter la zoophilie...

Ce texte ne peut probablement concerner que la génération née pendant les années cinquante du siècle dernier, les ados d'aujourd'hui – gavé(e)s de pornographie et d'images glauques – n'y trouveront sans doute qu'un texte pour le pensionnat des oiseaux.

Une relecture s'impose pour les nostalgiques, un bon moment garanti.
Et si je remets la main sur "Prends garde à la douceur des choses"...
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Demain j’emballe sur une musique à vous donner la trique, demain je visse et je resserre, mais pour ce soir je ne veux pas qu’on me secoure, je ne veux pas qu’on me distraie, je ne veux plus parler, je ne veux plus qu’on s’immisce en moi, ce n’est pas un être humain qui peut me comprendre, c’est ce monde de suceurs qui fait couler des baignoires à minuit, qui ne respecte ni lune ni soleil, qui prend champagne pour intelligence et fait des clins d’oeil aux enfants, ce sont ces gueules de papillons, ces professionnels de l’admiration qui s’éclaboussent de se grouper autour de la beauté avec des mines de confiseurs, c’est eux qui m’écoutent quand je chante, qui me prennent par les hanches, qui m’enfoncent jusqu’à la gorge et qui tirent et qui raclent et qui m’arrachent le ventre. C’est à l’heure la plus religieuse que l’on souffre tout à coup très précisément de ne pas être aimé et qu’à l’existence des personnes de sexe contraire qui passent et qui vous ignorent il soit interdit d’attenter. Sur les plages, à cette heure terrible où l’on a pas encore faim et où il faut continuer de vivre ; les hommes et les femmes amenés à gronder plus petit que soi ; d’autres encore qui avaient chaud, envie, besoin et puis partout la licence et l’impunité des inconnus qui conservent le loisir de se renvoyer au néant…Voilà. C’était ça l’été, une gloire facile à la porte de chacun et, sous ce lustre d’honneur, la sournoise humiliation d’être imparfait. Qu’est-ce que cette innocente, à côté, pouvait connaître du sens profond de l’été ? Ce que représentait l’été pour les hommes qui survivent à leur mère ? Quand on s’était assise là par hasard, qu’on y demeurait le temps d’être remarquée et qu’on n’était qu’une fourmi parmi les fourmis, quand on s’affichait en public à l’heure de la mélancolie, qu’on estimait visiblement avoir un peu d’esprit, quand on avait de surcroît une gueule aussi douce et aussi privée que c’était par là-dessus qu’il eût été plus convenable avant de venir de passer une culotte, on ne répondait pas comme ça, légèrement : « c’est non ça va de soi » sans essayer de prendre en compte l’influence possible d’un été sur la difficulté générale de vivre, à commencer par celle de son voisin… La coupable tout en chair se poudre vivement. Instinctivement, il tourna les yeux vers la fille. D’un trait, il su que le discret malheur tombé sur lui comme le serein, c’était elle. C’était le genre de fille gonflée de sang à faire de l’été son privilège particulier, une sorte de succès tout personnel, un hommage rendu rien que pour elle. C’était la fille à s’honorer de la fraîcheur de l’eau, du rouge des fruits rouges, du désir dans un oeil d’homme, c’était la fille – et la colère lui fermait les poings – à rafler tout ce qu’il pouvait y avoir de libre et de gratuit dans le monde, c’était la fille énervante, la fille à faire un bijou d’une guêpe sur sa peau, la fille à renvoyer interminablement à l’écho flatteur de la nuit un rire de gorge satisfait, la fille à faire crever de désappointement les fauvettes, les merles, les loriots, tous les sopranos dramatiques de l’aube et mon Dieu que ma poitrine réclame de vigilance, je n’en suis que la gardienne ! La voilà, elle est comme ça avant sa mort, la fille à en profiter de ce qu’on est petit et en pyjama pour venir dire adieu jusqu’à demain dans un nuage de parfum décourageant, la fille à s’éloigner sous la lune dans sa jeunesse, la fille à faire suppurer la misère d’être né, à vous donner envie de courir paupières serrées jusqu’au fond du jardin et là, là…avant d’avoir compris ce qu’il faisait… – Félicitations ! entendit-il. Cette fois, très franchement vous piquez mon intérêt, dit la jeune femme gaiement. Je boirais volontiers quelque chose à présent, murmura-t-elle. Il se sentit rattraper par l’ennui, un imprévisible, incommensurable ennui. Qu’est-ce que c’était que cette femme qui demandait à boire ? Il ne se souvenait de rien. Il était bien. De toute façon, il n’irait pas. Il fallait parler, se donner du mal, dire je, moi ceci, moi cela, et vous ?,… Il n’en avait aucune envie. Quelle entente physique espérer d’une femme ? Celles qui «connaissent l’homme» , qui savent exactement où c’est bien, où c’est pas bien, c’est une attaque, on a envie de se révolter mais on est pris en main par des gestes précis, inéluctables, c’est atroce… Celles qui tombent à la renverse en offrant un ventre blanc, se laissent prendre comme des bébés au milieu des coussins et s’étonnent qu’on s’endorme sur elles avant d’avoir fini… Celles qu’on touche à peine, qui partent dans des hauteurs où on ne peut pas les suivre et, surtout, ne bougez pas, ça risquerait de les déranger ; il n’y a pas d’attente, pas d’espoir de réussite, c’est gagné et perdu en même temps, vous n’y êtes pour rien, un souffle de brise aurait fait l’affaire, c’est désespérant mais, celles-là, après, vous remercient… Celles qui prennent sans donner, qui exigent et ordonnent, qui appellent et insultent, elles gardent les yeux fermés, tournent seules sans fin dans les ténèbres, cherchant à s’accrocher à une terre de passage, elles battent des mains à plat dans vos reins, on se sent comme un cheval qui n’avance pas, on s’efforce de faire au mieux selon les cris et l’impatience, on ruisselle, on nage, la peau devient du bois et, à la fin, ça fait mal… Celles qui se trouvent grosses et qui ne s’aiment pas, mais puisque vous le dites, autant que toute cette chair fasse plaisir à quelqu’un, elles sont d’accord pour tout ce que vous voulez, elles compatissent de vous voir dans un état pareil, celles-là en effet on voudrait bien qu’elles ferment les yeux… Celles qui disent que vous êtes trop grand pour elles, qui pleurent un peu, boivent beaucoup d’eau et on est engouffré par un con plus large que la mer, elles s’excusent et demandent pardon… Celles qui crient non, non, puisque je te dis non, et qui pensent oui, elles serrent les cuisses, bondissent sur elles-mêmes comme des poissons à sec, plus tard on s’aperçoit qu’elles dorment avec un drôle de sourire, elles font des rêves, attention, elles vous conduisent aux assises… Il en renaissait toujours et toujours. Une seule demeurait endormie sans visage au fond de lui. Celle-là, si un jour elle venait dans une chambre, ce serait… ce serait un rocher qui serait une jeune fille qui serait des cheveux, des bouches et du ciel, qui serait pour quelques heures une autre forme de vie qui se soulèverait et respirerait dans la pénombre, et le tout dans son sang ferait le bruit d’un lac à plusieurs rivages… et c’était encore ça la tristesse. – A présent, c’est l’heure du dîner, dit-il entre ses dents.
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La seule femme sur terre qu'il aurait aimé dans l'heure cacher de Dieu et des autres était en train de lutter pour la vie d'une note plus pure, plus ténue que du verre filé, arc-boutée sur le violon elle la faisait durer à faire gicler les larmes. Il aurait donné le gémissement de la créature enfermée dans les tuyaux de la vieille maison, donné la petite voix de la porte du jardin lorsqu'on la poussait, donné tous ses plus chers souvenirs de bruits pour cette note en souffrance lorsqu'il l'entendit, soudain claire et libre, s'envoler par les lèvres de Blanche qui, gorge gonflée à la renverse, paupières closes, violon abattu, s'était mise à siffler !
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Il apprit d'elle qu'elle se prénommait Blanche, qu'elle devait rejoindre des amis fin août dans le Midi, qu'elle n'avait pas de meilleure amie que sa mère, et une soeur, plus fragile qu'elle.
Elle apprit de lui qu'il s'appelait Lucas, qu'il détestait les vacances, qu'il travaillait depuis deux ans à un essai sur le langage et les tromperies de langage. Elle leva ses sourcils et forma un "oh" sur ses lèvres en rond. Il lui fut reconnaissant de ne pas en dire plus. Plus tard peut-être, il lui dirait qu'il avait commencer de l'aimer à cette minute précise où elle n'avait pas dit "Comme c'est intéressant."
Ils ne souhaitaient pas en apprendre davantage l'un de l'autre. Tout cela n'avait aucune importance, pas plus que la nuit qu'ils savaient aller finir ensemble.
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Je m'appelle Lucas Boyenval. Je m'appelle Lucas Boyenval. Je m'appelle Lucas Boyenval. Vous n'avez connu que le prénom et le corps. Un jour de cour, un jour d'amour et vous m'envoyez dire que vous êtes fati-guée. Je connais votre constitution. Je sais jusqu'où peut aller votre folie. Ce n'est pas vrai, votre opinion n'est pas faite. Je ne comprends pas, mais je passe.
Je m'appelle Lucas Boyenval. J'étais sur terre bien avant vous. Je vous ai attendue.
Vous avez eu la grossièreté de vous marier.
Vous avez singé l'amour. Aujourd'hui, vous singez l'amitié avec un reste de mari. Je n'ai pas été élevé pour voir ça, mais je passe.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Il y a trente ans que je vous cherche. Je vous ai choisie. Je conçois que vous ayez peur, que vous rameutiez la mère, le mari, la morale et toute la merde de la vie pour essayer de m'éviter. Ils n'y suffiront pas.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Non, avec moi, on ne chante pas. On ne travaille pas.
On ne cuisine pas. On ne parle pas. On n'appelle pas sa mère. On n'a pas des rendez-vous. On n'a pas besoin de s'exprimer, pas besoin de se réaliser, on n'est pas épanoui.
Avec moi, on ne se détend pas. On ne se lave pas, on ne quitte pas le lit. On se tait et on respire.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Les filles m'appellent le fou. Elles ont du jour entre les jambes, elles foutent du parfum partout et ça veut communiquer. Vous sentez la sueur et le foin coupé, vous avez un oiseau dans la gorge et la gorge dans la chatte, j'aime ça.
Je m'appelle Lucas Boyenval. J'ai mauvais caractère. Je n'ai pas de famille, je ne veux pas d'amis. J'ai du mal avec le bonheur. Il y a trente ans que je ne pleure plus. Cette nuit, vous m'avez fait pleurer. Pour vous, je chan-gerai.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Je vous ai reconnue, vous êtes ma femme. Je vous offre de jouir. Je vous offre de vivre. Je vous offre d'aller un peu plus loin.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Il y a deux hommes en moi. C'est l'autre qui vous aime.
Je m'appelle Lucas Bovenval.
J'attends de vous que vous soyez là.
Jattends de vous que vous restiez là. J'attends que sorte de vous mon enfant. J'attends de vous voir blanche de poil et toujours femme.
Je suis déjà plus vieux que mon père.

Je m'appelle Lucas Boyenval. Je m'appelle Lucas Boyenval. Je m'appelle Lucas Boyenval. Vous n'avez connu que le prénom et le corps. Un jour de cour, un jour d'amour et vous m'envoyez dire que vous êtes fati-guée. Je connais votre constitution. Je sais jusqu'où peut aller votre folie. Ce n'est pas vrai, votre opinion n'est pas faite. Je ne comprends pas, mais je passe.
Je m'appelle Lucas Boyenval. J'étais sur terre bien avant vous. Je vous ai attendue.
Vous avez eu la grossièreté de vous marier.
Vous avez singé l'amour. Aujourd'hui, vous singez l'amitié avec un reste de mari. Je n'ai pas été élevé pour voir ça, mais je passe.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Il y a trente ans que je vous cherche. Je vous ai choisie. Je conçois que vous ayez peur, que vous rameutiez la mère, le mari, la morale et toute la merde de la vie pour essayer de m'éviter. Ils n'y suffiront pas.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Non, avec moi, on ne chante pas. On ne travaille pas.
On ne cuisine pas. On ne parle pas. On n'appelle pas sa mère. On n'a pas des rendez-vous. On n'a pas besoin de s'exprimer, pas besoin de se réaliser, on n'est pas épanoui.
Avec moi, on ne se détend pas. On ne se lave pas, on ne quitte pas le lit. On se tait et on respire.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Les filles m'appellent le fou. Elles ont du jour entre les jambes, elles foutent du parfum partout et ça veut communiquer. Vous sentez la sueur et le foin coupé, vous avez un oiseau dans la gorge et la gorge dans la chatte, j'aime ça.
Je m'appelle Lucas Boyenval. J'ai mauvais caractère. Je n'ai pas de famille, je ne veux pas d'amis. J'ai du mal avec le bonheur. Il y a trente ans que je ne pleure plus. Cette nuit, vous m'avez fait pleurer. Pour vous, je chan-gerai.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Je vous ai reconnue, vous êtes ma femme. Je vous offre de jouir. Je vous offre de vivre. Je vous offre d'aller un peu plus loin.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Il y a deux hommes en moi. C'est l'autre qui vous aime.
Je m'appelle Lucas Bovenval.
J'attends de vous que vous soyez là.
Jattends de vous que vous restiez là. J'attends que sorte de vous mon enfant. J'attends de vous voir blanche de poil et toujours femme.
Je suis déjà plus vieux que mon père.
Je m'appelle Lucas Boyenval.
Lucas Boyenval, né de mère volage, n'est pas convaincu de devoir attendre encore.
Lucas Boyenval, né de parents mortels, ne peut plus être quitté.
Lucas Boyenval, fils de criminel, n'est pas décidé à renoncer.
Lucas Boyenval est doux.
Il comprend que sa femme a besoin de se reposer. Il ne s'inquiète pas. Il va manger les légumes. Il va aller dans le lit. Il ne va pas dormir, il ne va pas pleurer et elle va revenir.
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Toute rencontre est un risque ; à la première minute, aux premiers mots échangés, l'histoire, déjà, est en marche.
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