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Ça devrait être interdit de nous régaler autant... Après quatre années de quasi-absence, Jean-Luc Bizien revient et emporte tout sur son passage, tel un torrent, bringuebalant le lecteur, brindille impuissante qui va se laisser submerger par les flots, se cogner la tête contre les rochers, abîmer son dos sur les dénivelés pour terminer exsangue, sur le cul, une fois la source tarie. Pfiouuuu, c'est pas de tout repos la vie d'un lecteur... Puissant, haletant, addictif, ce livre est à l'image de son auteur, incontournable !

Dernier-né d'une trilogie atypique (la trilogie dite des Ténèbres) mettant en scène un flic Coréen du Nord, Paik Dong-Soo et un journaliste américain frondeur, Seth Ballahan, Bizien crée un univers original, à la continuité linéaire et cohérente. Après deux incursions en Corée du Nord, c'est à New-York que nous allons suivre nos deux compères.

Il est à signaler que l'auteur ayant bien amené les choses, il n'y a aucun besoin d'avoir lu les deux volets précédents (qui eux avaient une vraie gémellité) pour lire celui-ci. Au contraire, c'est l'esprit vierge que vous aborderez cette forêt hospitalière dont les feuilles bruissent d’une douce sonorité et les sentiers lumineux vous indiquent le chemin. C'est quasiment un stand-alone. Vous pouvez donc y aller les yeux fermés.

Vif, aux enjeux débordants qui dégoulinent du bouquin tellement ils sont amples, ce livre est un condensé de sensations frétillantes. L'intrigue est intense, tendue comme un fil de corde, tranchante comme une lame de rasoirs. Tu sens bien que tes mains s'arrachent sur la surface abrupte et coupante des pages tournées. Mais tu n'arrives pas à arrêter de les tourner ces satanées pages.
Le style est fluide, maîtrisé, les chapitres claquent au vent, s'entrechoquent. De véritables bouffées d'angoisse s'insinuent insidieusement... Oubliez vos ongles soignés et propres, ça va ronger sec !

Quand Ballahan devient Callahan et que Paik dégraisse du voyou (en plus de votre vaisselle), c'est sanglant, suintant, angoissant et ça ne fait pas de quartier.

Le travail sur la caractérisation est monstrueux, autant te dire que l'empathie tu la prends en pleine gueule.
Bizien a ce talent extraordinaire de faire évoluer ses personnages d’un livre à l’autre avec finesse et cohérence que ce soit dans leur attitude, leur caractère et leur ouverture au monde qui les entoure.
A travers eux, c'est l'auteur que l'on voit grandir, sa psychologie que l'on voit évoluer. Le livre de la maturité en somme.

Avec Paik Dong-Soo, Bizien invente un personnage iconique, quasi mythique dont le mutisme et l’hermétisme en font une figure instantanée de la littérature de genre. Un vrai héros tout droit sorti des meilleurs thrillers asiatiques. Dong-Soo importe la dangerosité de la Corée du Nord en plein Manhattan. Glacial.
Quant à Seth Ballahan, le travail d’humanisation apporté par l’auteur à ce personnage est tout simplement phénoménal et hypra-réaliste. Il se dit que l’auteur a mis beaucoup de lui dans Seth, ce qui le rend d’autant plus attachant.


Mais pas de bonne histoire sans de bons méchants disait Sir Alfred.
Le vilain principal, The Ace, remplit parfaitement son rôle. C'est LE bad guy absolu, sadique, malade, tourmenté, effrayant. Une figure du mal qui ne prend plaisir que dans la souffrance. Un must !
Et il n'est pas seul, le bestiaire est riche : Truands italiens, mafia chinoise, gueules cassées des bas-fonds, psychopathes torturés… Bizien, au sommet de son art, se permet même une scène à la « Indiana Jones » qui distille, alors que la tension est à son comble, un large et généreux sourire au lecteur (un peu gore quand même). Mais c’est la force de ce bouquin d’insuffler un peu d’humour et quelques situations cocasses, de grandes envolées viriles et une bonne dose d’amitié à une intrigue poisseuse et stressante.

En parlant d’amitié, impossible de terminer cette chronique sans citer l’emprunt d’un des personnages fétiches de Maxime Chattam qui joue un rôle-clé dans le livre.

Pour résumer : c'est Beau, c'est Bien, C'est Bizien ! 4.5/5

Si vous voulez plus d’images, d’infos et de sons, n’hésitez pas à cliquer sur le lien.

Lien : http://cestcontagieux.com/20..
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Résumé éditeur :

Ancien officier des services de renseignements, militaire parfaitement entraîné, le lieutenant Paik Dong Soo est parvenu à quitter l'enfer de son pays-prison, la Corée du Nord. Grâce à son ami le journaliste américain Seth Ballahan, il a réussi à exfiltrer sa femme et son fils et à gagner New York. Pour lui, le plus dur est désormais de s'adapter à ce nouveau monde, où la liberté le paralyse. Jusqu'au jour où un étrange visiteur fait appel à ses anciennes compétences. Des enfants ont été enlevés en plein Chinatown, les gens sont inquiets et pour les commerçants, la peur est le pire ennemi des affaires. Incapable de son côté de recueillir le moindre renseignement fiable au coeur d'une communauté fermée, la police est impuissante. Pourtant, jour après jour, les rumeurs les plus atroces se propagent. Il faut intervenir vite. Puisque les voies judiciaires sont lentes, restent les méthodes radicales de Paik Dong Soo. Avec les risques qu'elles comportent...

Mon avis :

Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions du Toucan de m'avoir permise de lire la suite des aventures de Seth Ballahan.
On retrouve Seth à New York en compagnie de son ami Paik Dong Soo qui a quitté la Corée du Nord avec sa femme et son fils grâce à lui.
Toutefois, passer d'une vie d'officier des renseignements aux méthodes radicales à une existence de petit commerçant de Manhattan se révèle difficile pour Paik qui a fui l'enfer de la Corée du Nord. Quand enfin, on le sollicite pour enquêter sur des disparitions d'enfants qui ont eu lieu dans son quartier. Les deux protagonistes reformeront leur duo et tenteront d'arrêter l'homme qui se cache derrière : The Ace.

Des chapitres courts ou la tension est omniprésente. Il est impossible au lecteur de quitter le livre. Une page, puis une autre, Jean-Luc Bizien a su nous tenir en haleine jusqu'à la dernière ligne.
J'ai également apprécié les petits clins d'oeil tout au long des pages : musique et amis de plume ;-)
La boucle de la trilogie est bouclée avec un troisième opus très réussit ou encore une fois l'auteur a su nous faire voyager et nous a dépeint des personnages très chiadés.

Merci pour cette lecture.
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Le berceau des ténèbres porte magnifiquement son nom, l auteur entraine son lecteur jusqu en enfer.
On retrouve Ballahan et Dong Soo unis pour retrouver un tueur d enfants, un monstre,surnommé "the ace".Soutenu cette fois ci par un détective privé (connu des chattamistes ) Joshua Brolin. .
480 pages de pur plaisir, pour un thriller sans temps mort porté par un jean luc Bizien en pleine forme.
Si vous aimez avoir peur ,trembler, le berceau des ténèbres est fait pour vous.
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En pleine journée dans le quartier italien de New York un enfant est enlevé, mais personne n'a rien vu. Une semaine plus tard c'est un petit chinois qui est enlevé de la même manière.
Tandis que Seth Ballahan, directeur d'un journal suit l'affaire de près, le parrain chinois sollicite une rencontre avec son homologue italien. Les deux hommes se mettent d'accord pour échanger les informations qu'ils détiendront sur le criminel, mais le parrain italien semble cacher quelque chose.
Alors que ses hommes ne parviennent pas à appréhender le criminel qui semble insaisissable, le parrain chinois, sur les conseils de son secrétaire, engage Paik Dong-Soo l'ancien officier du renseignement nord-coréen sans trop y croire vu l'état dépressif dans lequel l'homme se trouve.

Si le déroulement de l'intrigue s'avère plus intéressant que dans les deux tomes précédents les recherches effectuées par Paik Dong-Soo ne sont pas assez mises en valeur par rapport aux chapitres consacrés aux maffieux.

S'il y a plus de suspense dans ce récit quelques chapitres sont néanmoins consacrés au quotidien de certains des personnages sans vraiment avoir de rapports directs avec l'intrigue principale.

Un tome légérement supérieur au deux tomes précédents.

Lien : http://imaginaire-chronique...
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Le Off de Oph
C'est avec regrets que j'ai achevé la trilogie des Ténèbres de Jean-Luc Bizien avec le tome 3: le berceau des ténèbres.
Ne vous y trompez pas, je ne regrette en rien cette lecture, mais les personnages auxquels j'ai fait mes adieux.
Comme je l'avais évoqué sur mes retours des tomes précédents, les personnages de cette trilogie sont attachants. Charismatiques, torturés, écorchés par la vie, je me suis prise d'une réelle affection pour eux et c'est donc avec regrets que je les quitte et que je les laisse poursuivre leurs vies au delà des pages de ce roman.
Ce troisième tome est mon préféré des trois. Outre les Seth Ballahan et Paik Dong-Soo qui ont pris davantage d'épaisseur et davantage vie dans mon esprit, l'intrigue est captivante.
Jean-Luc nous promène dans New York, nous fait découvrir les mécanismes des mafias de quartier…
J'ai retrouvé les références musicales chères à Mister Bizien, mais aussi des références cinématographiques et un clin d'oeil à un autre auteur de la Ligue de l'Imaginaire (sauf erreur de ma part et tu me corrigeras si c'est le cas JL).
On y découvre un Dong-Soo en pleine dissonance cognitive… comment trouver son équilibre dans une ville qui permet toutes les libertés et tous les excès quand on a grandit en Corée du Nord, sous le joug de la dictature…
Quant à Ballahan le voilà Directeur du journal, papa attentif et mari hyper attentionné…
Au coeur de la Grosse Pomme, Ballahan le journaliste et Dong-Soo l'ancien militaire Nord Coréen se lancent à la poursuite d'un énigmatique fantôme « The Ace », auteur d'enlèvements d'enfants au coeur de Little Italy et de Chinatown…
Je vous conseille vivement de plonger au coeur de cette trilogie, de partir à la découverte des deux Corées, de l'amitié, de la plume de Jean-Luc et de ses références musicales…
Merci Jean-Luc pour cette trilogie réussie!
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J'ai quand même mis 4 étoiles pour la fluidité de l'écriture et la recherche des personnages mais je dois avouer que j'ai été un peu déçue de ce livre. Déception régulièrement ressentie quand je m'attaque à des livres qui ont des critiques aussi élogieuses malheureusement, je pense que j'en attends de trop!
J'ai trouvé le scénario assez commun avec un dénouement très prévisible mais qui tient la route et pourrait peut être mieux passer sur grand écran.
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Avant de vous faire mon retour sur ce roman, il est bon de préciser qu'il s'agit du dernier tome d'une trilogie. Je ne le savais absolument pas quand j'ai lu le résumé, et que j'ai reçu mon exemplaire, mais à dire vrai, ce n'est pas très important : les faits sont bien amenés, bien écrits, et au besoin des notes en bas de page nous donnent plus de précision. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir lu les deux premiers tomes ("L'Évangile des ténèbres" et "La Frontière des ténèbres") pour apprécier pleinement "Le Berceau des ténèbres".

Le roman est axé sur deux personnages principaux : le journaliste Seth Ballahan, et son ami Paik Dong Soo, ancien militaire qui travaillait pour les services de renseignements, et qui vient de Corée du Nord. Dans un premier temps, nos deux protagonistes mènent séparément l'enquête, et ce pendant une bonne partie du livre. Cela dit, les chapitres nous permettent de vivre l'histoire par le biais de plusieurs protagonistes : tout comme dans "Game of Thrones" (premier exemple qui me vient en tête), chaque chapitre porte le nom d'un individu, que nous allons suivre de près. Les titres se nomment alors « Vito del Piero », « Mr. Wang », « Seth Ballahan », « Paik Dong Soo », etc. L'auteur nous donne alors un peu plus d'informations qu'à ses héros, sans pour autant tout nous dire ; même en regroupant l'ensemble des indices, des savoirs des uns et des autres, il faut attendre la fin pour réussir à assembler tout ça, et avoir la solution de cette énigme.
Il faut bien le dire, le Berceau des ténèbres m'a tenue en haleine jusqu'au bout, et ne pouvant décrocher du récit, je n'avais pas d'autre choix que d'enchaîner les pages ! Sur l'édition que j'ai reçu, un bandeau rouge nous dit, de la part de Bernard Minier : « Un putain de page-turner impossible à lâcher ! » Un page-turner, c'est quoi ? C'est un roman avec des chapitres assez courts, écrits de façon à créer une certaine tension car on ne cesse d'avoir de nouveaux éléments dans le récits – des cliffhangers – et le lecteur dévore alors le livre pour connaître la fin. Donc oui, le Berceau des ténèbres est un très bon page-turner.
Le petit plus qui apporte une touche de « vrai » à l'histoire, c'est l'évocation de certaines événements qui ont réellement eu lieu, comme la tempête Juno, et qui encrent le récit, fictif, dans la réalité. Autant dire que ce genre de détails est bienvenue.

Avis aux fans de thrillers, que vous ayez lu ou non les deux premiers tomes, vous allez adorer "Le Berceau des ténèbres" ! J'ai vraiment eu des frissons en lisant certains passages, qui m'ont mise assez mal à l'aise, et je n'ai pas décroché un seul instant.
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Après son dernier voyage mouvementé en Corée du Nord, Seth Ballahan est revenu à New York, où il coule des jours tranquilles, entre son travail de rédacteur en chef du journal et sa famille. A Little Italy et Chinatown, des enfants disparaissent, enlevés en plein jour, sans laisser de traces. le NYPD ne semble pas très concerné par ces enlèvements. Seth, quant à lui, pressent que ces disparitions pourraient donner matière à un article. le naturel du journaliste reprend vite le dessus et, il commence à mettre en branle son réseau d'informateurs pour mener sa propre enquête.

Contrairement à la police, le vieux parrain de la mafia italienne, Vito del Piero, et son homologue Wang, de la triade chinoise, prennent ces disparitions très au sérieux. Il pourrait s'agir de trafic d'enfants. A l'approche de Noël, la psychose qui pourrait en découler serait sans aucun doute néfaste pour leur business. Ils confient donc à leurs hommes de main la recherche des enfants disparus et la capture de leur ravisseur.
Ces « porte-flingues » n'étant clairement pas formés à ce travail d'investigation, Monsieur Wang, le parrain chinois fait appel au transfuge Paik Dong-Soo, ex-officier du renseignement en Corée du Nord, qui paraît être la personne la plus adaptée à la situation.

Ce que le parrain ignore, c'est que Dong-Soo n'est plus que l'ombre du brillant officier qui est arrivé aux Etats-Unis. Orphelin de son ancien monde et incapable de s'adapter à sa nouvelle vie, il a sombré dans la dépression. Sale et obèse, il passe le plus clair de son temps dans son canapé, dans un laisser-aller suicidaire.
« Paik Dong-Soo eut une moue écoeurée en avisant son reflet dans le miroir de la salle de bains. Des cernes violacés soulignaient ses paupières, ses yeux creusaient deux cicatrices noires sur son visage. Sa peau était fripée et terne, ses cheveux longs atteindraient bientôt ses épaules. Pire encore : ses joues bouffies étaient couvertes d'une barbe épaisse, une broussaille de poils qui le transformait en caricature de primate. Pour un peu, il se serait cru de retour en Section 49. »
Il est tout d'abord réticent, mais comme le sort d'enfants est en jeu, il va accepter la mission. Les semaines qui suivent le voient s'astreindre à un entraînement forcené pour se remettre en condition physique et mentale pour être en mesure de remplir la mission qu'on lui a confiée.
Une fois lancé dans la chasse aux indics, les méthodes, plutôt extrêmes, qu'il employait en Corée du Nord vont rapidement porter leur fruits, et dessiner une première esquisse du suspect. Il se fait appeler The Ace, on ne sait si c'est un homme ou une femme, nul ne l'a jamais vraiment vu. Son identité donne lieu à toutes sortes de spéculations et de fantasmes.
« Certains disent que c'est un homme, d'autres jurent que c'est une femme. Il apparaît et disparaît, à la manière d'un fantôme. Les gens qui ont entendu sa voix sont incapables de la décrire. Ils disent que c'est un mélange entre une voix d'enfant… et la plainte d'un animal à l'agonie. Quelque chose de doux et grinçant à la fois. »
Au travers de la recherche du kidnappeur se joue également une lutte d'influence entre les deux parrains, chacun voulant s'attribuer le mérite de sa capture.
Seth et Dong-Soo enquêtent séparément, sans rien savoir de l'implication de l'autre. Mais quand leurs recherches les mettent en contact, ils vont comme par le passé, travailler ensemble. Ce qui n'est pas sans poser à Seth quelques problèmes de conscience, car Dong-Soo ne s'embarrasse pas de considérations éthiques pour faire parler ses témoins.

Dès le prologue et le premier chapitre, on entre de plain-pied dans l'action : le lecteur est mis en condition pour plonger dans ce que sera cette histoire, un condensé de violence, de terreur et de douleur.
« Au dessus de moi, le géant se redresse. Je tremble. Mon crâne me fait mal et je voudrais sangloter pour chasser la douleur, mais le monstre me fait trop peur. Je n'ose relever la tête et je ne distingue, à travers le rideau de mes larmes, que sa silhouette massive. Il émet un grognement et je devine la moue écoeurée qui prend naissance sur son visage aux traits épais.
L'ogre me regarde un moment en silence, puis il secoue le menton de droite et de gauche avant de libérer un ricanement.
– Regarde-toi ! Tu n'es qu'une pathétique petite merde. Une sale pourriture de gosse, lâche et geignard… »
Jean-Luc Bizien déroule son histoire comme un film, en une succession de courts plans-séquences, chacun consacré aux différents personnages du roman. Les personnages, parlons-en, justement ! Ils sont nombreux, bien dessinés, depuis nos deux héros, jusqu'aux truands italiens, ou chinois, ou même les personnages de cette cour des miracles qui peuple les souterrains oubliés de la ville. On pourrait craindre de « s'emmêler les crayons » dans toute cette cohorte de personnages, mais non. Ils sont tous clairement identifiés et intégrés à l'histoire. le découpage et l'articulation de tous ces plans, bien agencés au service d'un scénario bien construit, donnent au récit une dynamique naturelle, qui nous pousse toujours plus avant vers le dénouement.
Comme le dit si justement Bernard Minier, c'est « un putain de page-turner, impossible à lâcher ».

La force de ce roman tient également à la psychologie très travaillée de ses personnages : Seth Ballahan en journaliste obstiné et risque-tout, tiraillé entre son métier de journaliste et le souci de sa famille, Paik Dong-Soo en vengeur mutique, avare de démonstrations futiles, mais d'une redoutable efficacité. Tous deux sont prêts à tout dès que leurs proches sont menacés. Et puis, il y a The Ace, un vrai méchant comme on en fait peu, d'une froide cruauté, d'une intelligence redoutable et d'une imagination fertile dans les sévices qu'il inflige à ses victimes.
« le loup-garou des souterrains était sûr de sa victoire, sûr de la terreur qu'il inspirait. Il souriait toujours plus, dévoilant une dentition de prédateur. L'intrus était grand, solide… Il devait être lourd. Et probablement trop lent. Il s'accorda encore deux pas, avant de lancer son attaque. »

Les descriptions des quartiers pittoresques de Little Italy et de Chinatown, et la visite des souterrains désaffectés de l'ancien métro de New York donnent au récit une ambiance toute particulière. L'auteur apporte aussi des informations particulièrement intéressantes du point de vue de la médecine légale, notamment sur l'ADN et ses particularités, mais chut… Je n'en dirai pas plus.
En forme de clin d'oeil, la présence de Joshua Brolin, le profileur de Portland, Oregon. Il m'a bien fallu quelques chapitres pour percuter et enfin me souvenir : où ai-je déjà vu ce nom ???
– Bon sang, mais c'est bien sûr !!! « L'âme du mal », de Maxime Chattam, lu il y a plus de 10 ans…

L'écriture très fluide, le sens du rythme et de la narration sont parfaitement maîtrisés pour nous donner un thriller tout à fait captivant et je le répète, « impossible à lâcher ».
Un excellent moment de lecture, 480 pages avalées en un rien de temps, que je pourrais résumer en deux mots : terriblement efficace.
A lire de toute urgence.

Éditions Toucan Noir, 2015
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Tome 3 de la série Seth Ballahan, nous retrouvons nos échappés de Corée du Nord quelques années plus tard à New York, avec des fortunes diverses. Seth a repris son travail au journal, sa famille poursuit sa vie harmonieuse tandis que Paik n'a pas réussi son intégration. Il a sombré dans la dépression au grand dam de sa femme et de son fils. Une série de disparitions inquiétantes d'enfants va réveiller son instinct de chasseur, lui faire renouer avec celui a qui il a sauvé la vie et à qui il doit son exfiltration aux Etats Unis et … se lier aux chefs de Chinatown et de la mafia.
Jean-Luc Bizien interpelle le lecteur par le sujet central de la maltraitance des enfants mais l'enquête est sans doute un peu moins haletante que celles développées dans les deux précédents tomes. Il reste néanmoins une précision remarquable dans le contexte qui permet au lecteur d'affiner ses jugements et une rencontre attrayante avec le héros d'un confrère de l'auteur, à qui il a tout simplement emprunté un profileur notoire, pour notre plus grand plaisir. Nous apprenons aussi des choses étonnantes sur une affection très peu connue qui frappe un protagoniste …. Dur de ne rien dévoiler !
Enfin saluons sans spolier, une fin plutôt optimiste dans ce monde de brutes où l'actualité rattrape bien souvent la fiction. Il paraît que certains protagonistes apparaissent dans « Crotales » … j'y cours !
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Et voilà la Trilogie des Ténèbres qui s'achève avec ce dernier tome, LE BERCEAU DES TENEBRES. le problème des séries, c'est qu'on est accroc après le premier opus, surexcité au début du second et pourtant, trop souvent on est déçu, parce que l'intrigue s'essoufle, parce que l'auteur n'arrive pas à faire aussi bien que le premier volume; on a l'impression qu'il a voulu surfer sur le succès initial mais que pour ça, il n'a fait qu'étirer artificiellement l'intrigue. Et du coup le troisième tome peut carrément être celui de trop.

Alors autant vous le dire tout de suite, LE BERCEAU DES TENEBRES est sans conteste pour moi le meilleur des trois! C'est dire vu l'enthousiasme dont j'avais déjà fait preuve après avoir lu le tome 1, L'EVANGILE DES TENEBRES. Alors à ce stade, il faut que je vous explique pourquoi vous ne trouverez pas la chronique du tome 2, LA FRONTIERE DES TENEBRES, dont je dois pourtant révéler qu'il était d'aussi bonne qualité que le tome 1. Hé bien, à l'époque, je n'ai pas trouvé le moyen de le chroniquer sans spoiler, et franchement, j'ai pas du tout eu envie de vous faire ça... car ça m'a trop énervée qu'on me vole mon plaisir rien qu'en lisant la quatrième de couverture du tome 2! En gros, faîtes moi confiance, si vous avez lu le tome 1 et que vous avez le tome 2, zappez absolument la quatrième de couverture. Pour des raisons qui échappent à toute logique, une partie de l'intrigue y est grillée et c'est très très énervant... bref, ceux qui ont lu les deux premiers opus savent de quoi je parle.

Pour autant et de toute façon, il était impensable pour moi de ne pas vous parler du bonheur de lecture qu'a représenté le BERCEAU DES TENEBRES. Certes, on peut lire les trois tomes indépendamment les uns des autres, mais franchement ce serait dommage.

Ici, c'est à un ravisseur d'enfant que Seth BALLAHAN va devoir faire face. Alors que deux enfants ont disparu coup sur coup dans LITTLE ITALY puis à CHINATOWN, l'affaire est savamment étouffée par les parrrains mafieux de ces territoires, et l'affaire semble peu motiver le NYPD. BALLAHAN, comme à son habitude, décide d'enquêter de son côté, avec la détermination et les méthodes borderlines qui le caractérisent. Qui a enlevé ces enfants et pourquoi, et quels obscurs liens unissent le criminel et les chefs des mafias locales?

Dans ce troisième tome, on retrouve certains des personnages découverts dans le premier, avec lesquels on a automatiquement accroché tellement ils sortent du lot et présentent une psychologie et une profondeur exceptionnelle.

Toutefois, si dans les deux premiers opus le personnage principal était clairement la COREE DU NORD à part entière, et ce malgré le charisme des protagonistes, ici l'auteur recadre son intrigue aux ETATS-UNIS et nous dévoile un tout nouveau méchant qui fait la force et la fascination de ce livre. Que vous dire à part que ce méchant est absolument parfait : mystérieux, inquiétant, perché (mentalement comme physiquement!) sa cruauté n'a d'égale que son efficacité et en plus sa cible, c'est les enfants. Il fait partie de ces méchants dont on arrive à redouter la chute, tellement il arrive à exercer sur nous, adeptes des thrillers, une sorte d'admiration-répulsion.

Et sans doute pour cela que j'aurais aimé pour lui une fin plus digne, en tout cas j'aurais aimé que ça claque un peu plus, que ça résiste un peu plus. Je crois que c'est là le seul minuscule bémol que je pourrais émettre...

Parce que pour le reste il y a tout. Autour de ce méchant très réussi se déroule une intrigue là encore très originale, ancrée dans une ambiance frénétique et réaliste par ces références à des événements ayant effectivement eu lieu, avec encore une fois des personnages dont la psychologie est fouillée et parfaitement mise en avant, et une écriture riche et incisive.

Et quand en plus Jean-Luc BIZIEN nous offre un crossover en faisant apparaître dans son récit un personnage habituellement présent dans les thrillers d'un autre maître du genre, c'est le pompon sur le bonnet et vous êtes définitivement conquis.

J'ai également beaucoup apprécié le "dernier mot" de l'auteur pour nous expliquer que dans chaque tome de la trilogie toute ressemblance avec des faits réels serait tout sauf fortuite et nous ouvrir ainsi la porte de son travail de recherches.

Jetez-vous sans hésiter dans le BERCEAU DES TENEBRES; vous n'y serez pas bercé tranquillement mais vous ressortirez du voyage avec l'envie de le prolonger... et pour ça Jean-Luc BIZIEN a écrit CROTALES...parce que quand il n'y en a plus, le lecteur en veut encore!

Lien : http://cousineslectures.cana..
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