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EAN : 9782213677620
368 pages
Fayard (26/03/2014)
2/5   1 notes
Résumé :
Lorsque les troupes françaises débarquèrent à Alger en 1830, le territoire qui s’étendait devant eux leur était à peu près inconnu. Quelques récits de voyageurs, les traités des géographes antiques : le bagage était mince. La conquête allait commencer, mais aucun Français ne savait ce qu’était l’Algérie. Quelles étaient ses limites, à l’est et à l’ouest, en direction de la Tunisie et du Maroc ? Fallait-il se contenter d’occuper une bande de terre côtière ou pénétrer... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A cheval entre le XIXème et le XXème siècle, Hélène Blais fait l'histoire de la construction territoriale de l'Algérie coloniale. Elle adopte une démarche interdisciplinaire, qui emprunte autant à la géographie qu'à l'histoire. Elle se rattache ainsi à une école dont Daniel Nordman – qui fut le directeur de la thèse qu'elle consacra en 2000 à l'EHESS aux géographies coloniales du Pacifique – est la figure fondatrice. Aux côtés de Florence Deprest, d'Isabelle Surun, de Pierre Singaravélou et de Camille Lefebvre, Hélène Blais apporte sa pierre, avec cette H.D.R. remarquablement éditée, à l'écriture d'une « histoire spatiale du fait colonial » .

Quand les troupes françaises débarquent en juin 1830, l'Algérie n'existe pas. Elle n'a pas de frontières : l'occupation française se limite à une petite portion de la côte. Elle n'a pas même de nom : le terme sera employé pour la première fois dans les textes officiels en 1838. Elle va être « inventée » par les cartographes selon un double mouvement : les cartes donnent à voir le territoire conquis et fournissent les outils concrets de cette domination.
C'est ce qui explique que la confection des cartes ait été confiée aux militaires. C'est au dépôt de la Guerre, une administration créée par Louvois en 1688, auquel succèdera après la Défaite de 1871 le Service géographique de l'armée qu'en échoit la responsabilité. Dans les deux premiers chapitres de son livre, Hélène Blais retrace les premiers pas de cette mise en carte. le bagage des explorateurs est mince : ils s'appuient sur des sources romaines, des géographes arabes, des récits de voyage européens plus récents. Les expéditions d'Égypte et de Morée leur servent de modèles. Avec des moyens limités, chichement alloués par le commandement dont la priorité est au combat, ils relèvent des itinéraires et en extrapolent des cartes.
Cette « invention » ne va pas sans friction. Les cartographes n'évoluent pas dans un territoire vierge. Les techniques utilisées en métropole s'avèrent inadaptées à la colonie, aux spécificités de sa topographie, à l'exotisme de sa toponymie. Des normes de représentation spécifiques doivent être forgées. Et l'exploration suppose la rencontre avec l'indigène, la négociation ardue de son accord, l'usage des savoirs vernaculaires. Qui croire ? les témoignages des autochtones, rendus peu fiables par des traductions hésitantes et des orthographes changeantes ? Ou les sources romaines – dont on oublie qu'elles furent elles aussi confectionnées sur la base de témoignages similaires ?
L'établissement de la carte devient plus délicat encore lorsqu'on atteint la frontière. Pour deux raisons. D'une part, la frontière-ligne, importée d'Occident, destinée à enclore un territoire et à assigner une identité à ceux qui le peuplent, est inadaptée aux modes de vie circulaires des populations nomades qui habitent ces marches. D'autre part, on pourrait penser que sa délimitation ne pose pas de problèmes puisque l'Algérie est entourée par des possessions françaises ; mais ce serait méconnaître les rivalités bureaucratiques qui opposent le ministère de l'Intérieur (dont dépend l'Algérie) à celui des Colonies.

La carte donne l'illusion d'un espace lisse, connu, balisé et délimité. L'image est illusoire : le territoire est accidenté, largement inconnu, pas toujours sûr. Tout bien considéré, la carte est un mirage.
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
25 septembre 2014
L’intérêt majeur de l’ouvrage réside dans une analyse des constructions historiques et des imaginaires spatiaux, qui permet de comprendre les logiques qui ont « figé des représentations territoriales vouées à marquer durablement, et bien au-delà des indépendances, l’espace et ses usages » (p. 292).
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees

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Vidéo de Hélène Blais
Conférence de Camille Lefebvre et Hélène BlaisLa construction de l'exploration comme phénomène médiatique et scientifique a fait disparaître une grande partie de ceux et celles qui la rendaient possible ou qui la pratiquaient. Les travaux historiques des dernières années ont cherché à retrouver les traces de ces hommes et ces femmes – exploratrices, explorateurs non-européens, intermédiaires, guides, interprètes – qui avaient été oubliés dans le grand récit européocentré des découvertes. Mais comment donner à voir ce renouvellement historiographique ?Dialogue entre Camille Lefebvre, historienne, directrice de recherche au CNRS à l'Institut des mondes africains, et Hélène Blais, professeure d'histoire contemporaine à l'ENS Paris, co-commissaire de l'exposition.Conférence enregistrée le 17 mai 2022 à la BnF I François-Mitterrand.En savoir plus sur cette exposition :https://www.bnf.fr/fr/agenda/visages-de-lexploration-au-xixe-siecle
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