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Un nouveau petit livre de Christian Bobin qui m'a profondément touchée.
J'ai songé en le lisant aux livres de Antonio Moresco. La forme et le style d'écriture ne sont pas les mêmes. Mais Christian Bobin comme Antonio Moresco prête une telle attention aux êtres et aux choses, aux "petite lumières" qui les habitent, qu'il parvient à abolir la frontière entre la vie et la mort.
Une simple phrase et tout est dit :

"Le manque est la lumière donnée à tous."
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« Il n’y a aucune différence entre les larmes et les rires »
Noiresclairs alors ? Rien n’est moins sûr en poésie, la surprise est omniprésente.

Première surprise : un nouveau Bobin au milieu de la déferlante de livres de la rentrée littéraire ? Voilà qui est étonnant de mon point de vue tant l’auteur en marge de l’agitation du monde trace solitaire son sillon littéraire, livre avec parcimonie sa poésie, sa musique intérieure.
Mais qu’importe la date, pourvu qu’on ait l’émerveillement poétique !

Deuxième surprise agréable, le format inhabituel du recueil, plus large, plus ample, donne paradoxalement la sensation de s’approprier un cahier intime plus qu’un livre ; la dédicace confirme cette impression : « Pour Ghislaine ce livre hanté ».

Noireclaire donc, l’assemblage féminin improbable, le clair-obscur des souvenirs de la femme aimée, disparue trop tôt, il y a déjà vingt ans et pourtant bien vivante dans l’âme du poète grâce à ses mots, son amour, sa force. Dans ce nouveau recueil, « La plus que vive » est plus que jamais présente, elle irradie toutes les pages. Rien de plus normal en effet, elle est « Absente pour cause d’extase ».

Ainsi Christian Bobin a encore réussi à me toucher en réunissant des fragments de vie, d’amour, d’évidences personnelles tout en se heurtant sans amertume ni sensiblerie à l’infranchissable.
« Je demande mon chemin à quelqu’un qui m’égare du côté du pont des morts. » Mais dans le même temps, « La voix enrouée des morts s’éclaircit au bord de la fontaine de papier. »

L’ample et l’anodin, le sourire et les larmes…pour délivrer un magnifique message d’espoir.
« Je t'écris pour t'emmener plus loin que ta mort. »
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Je lis depuis de très nombreuses années les textes de Christian Bobin, dont j'aime infiniment la petite musique si spéciale, si épurée...si poétique

Cette fois encore je suis bouleversée, admirative... de tout ce que l'auteur signifie, exprime en des mots d'une limpidité extraordinaire... et pourtant là, je sors de ce livre avec un sentiment très fort d'oppression, de peine, car après vingt ans... la disparition de la femme aimée reste lancinante, omnisciente , fulgurante... alors notre auteur, bien sûr, aime la vie, les petites lumières magiques du quotidien, la poésie extrême des instants, de Dame Nature....mais le coeur reste transpercé de "couteaux"..impitoyables...

"Comprends-moi: je veux juste te dire que respirer, simplement respirer sans toi, faire un pas en direction de la fenêtre que la neige dévore, c'est recevoir des milliards de coups de couteau. " (p. 68)


je reprends ce court texte...et je tombe sur la dédicace :
"Pour Ghislaine ce livre hanté"... et cet adjectif "Hanté"... me paraît convenir on ne peut mieux...à ce qui m'a traversé comme émotions contradictoires en lisant à petits pas, ce texte "pulvérisant" d'amour mais aussi de peine inconsolable... même si il y a les mots, l'écriture, l'amour, la beauté de l'existence et de l'extraordinaire littérature, qui soutiennent, aident à ne pas désespérer complètement...


"Comprends-moi: je veux juste te dire que respirer, simplement respirer sans toi,faire un pas en direction de la fenêtre que la neige dévore, c'est recevoir des
milliards de coups de couteau. " (p. 68)


"Ce soir il neige sur ta tombe. Les poètes russes avec leurs gueules cassées et leurs bonnets d'astrakan viennent me voir. Ils sont morts bien avant ta naissance. Ils me parlent de toi. La vie est atteinte, son secret est levé dès qu'un livre accueille le déchirant et le pur. J'écoute le chant de quelques fous des années trente- Des Russes qui dans la nuit se penchent avec moi sur ta tombe." (p. 68)

Mais comme chaque fois la lumière et l'espérance résident également au fond du plus sombre: l'absence de l'Etre aimé: "« Je t'écris pour t'emmener plus loin que ta mort. ».

Je ne peux que réitérer mon bouleversement intense à la lecture de ce dernier texte... je l'ai débuté cette nuit... ne l'ai pas lâché...même si il est bref... comme tous les écrits de Christian Bobin, il est nécessaire de les lire lentement ,de s'imprégner de chaque mot...et je me permets d'achever cette très imparfaite chronique par cet extrait qui formule tant du Remède qu'est l'Ecriture:

"L'écriture quand je ne lui donne pas la main, je lui réserve toutes mes pensées, comme ce paysan qui au fond de son lit pense à ses bêtes, aux soins qu'il faudra leur donner au matin. Qui m'a appris à écrire ? Sans doute la voûte bleutée des hortensias, le temps que mettait Dieu à venir et bien sûr ta nonchalance- cette brutale décision de ne jamais désespérer. (p. 15)
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« Ta voix est accrochée aux silences de ce monde comme le crin doré d'un cheval aux barbelés d'une barrière. »

J'ai hésité. Longtemps. Puis je me suis retenue. Tant que j'ai pu. « Une goutte d'eau se suicide dans l'évier après une longue hésitation. » Et les vannes ont lâché. Cette phrase de Bobin est assez emblématique de ce que j'ai ressenti en lisant Noireclaire. Il ne se contentait pas de me dire, de me faire ressentir ...je voyais les choses, mêmes les plus sombres, les plus douloureuses aussi « L'abandon est ce tremblement de terre que la bête du coeur devine avant qu'il n'arrive. » J'étais touchée. Pas tout de suite, certes. Mais au fil de la lecture la boule, celle qui serre au fond de la gorge est apparue. J'ai commencé par ralentir la lecture. J'ai essayé de trouver des prétextes (genre, c'est un exercice de style, il parle un peu de fleurs, un peu d'une femme, un peu de ci de ça) et puis j'ai été prise dans le tsunami, la déferlante des émotions. Tsunami, ce mot japonais qui signifie « vague d'orage », c'est exactement ça. Bobin nous berce comme le ressac pour nous foudroyer d'un éclair « La reine du jeu d'échecs, quand elle tombe, c'est le ciel étoilé qui tombe. Chaque case de l'échiquier devient un puits rempli de cris », entre deux espaces aériens « Ce journal de la veille dans le caniveau : un gant mort, une ruche en ruine. Si les poèmes ne connaissent pas cette fin c'est parce qu'ils donnent des nouvelles du ciel, jamais du monde », aérant son texte d'intervalles salvateurs. J'ai vécu une partie de sa douleur au travers de ses volutes fleuries.

« Lire est une passion lente. S'émerveiller d'un rire gravé dans l'air va plus vite à l'essentiel. »
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Le retour de Christian Bobin à la poésie nous donne un livre sublime. La marque des grands auteurs est d'arriver à dire beaucoup de choses en peu de mots, et c'est la cas ici. L'auteur, nous parle avec subtilité d'amour, de mort, du quotidien... des milles et une petites choses, bonnes ou mauvaises, qui font la richesse de la vie. Magnifique !
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Noireclaire est une lettre d'amour à une amie disparue voilà vingt ans. C'est un long poème en prose, une déclaration d'amour à la nature, à la poésie, à la vie, à l'amour. C'est un petit ouvrage qui se lit d'une traite.
Noireclaire est habité par la poésie, la poésie des mots du quotidien. Bobin jette un pont entre la vie et la mort, il ne s'agit pas de se détacher de l'être perdu, mais de le conserver toujours vivant. Les traces du souvenir disparaissent peu à peu mais il réussit à faire un travail de résurrection en conservant la beauté, la joie de son amour grâce aux symboles, aux images. L'écriture de Bobin lui permet de préserver en lui une partie toujours présente de la personne disparue.
Un petit livre émouvant,sincère, grave et délicat.
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Un beau livre de Christian Bobin ; remplie d'humanité ,de profondeur ..
Comme chaque fois , il trouve les mots pour montrer la lumière dans la noirceur de la vie.
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Dans Noireclaire, Christian Bobin, dessine le visage d'une femme aimée, disparue depuis vingt ans. Ce recueil diffuse une lumière tremblotante et on suit le poète à travers les fragments qu'il partage.
Sa poésie est profonde, sait dire l'insignifiance du quotidien, la grandeur de la nature, l'inéluctable de la mort et la douleur d'un deuil inconsolable.
Une tasse à café, une Gauloise bleue, un moineau, une fleur, un arbre, un chat prennent vie, rappellent l'être chéri.
D'autres fantômes viennent en écho : un poète chinois, Néfertiti, Kafka, la musique de Bach, les touches noires et claires d'un piano que l'on effleure. L'écriture est une prégnance, « une cicatrice enfantine, la rêverie d'un oiseau qui oublie sa faim. »
Christian Bobin porte une voix authentique, sincère, à la fois grave et lumineuse. Ces morceaux poétiques nous émeuvent voire nous bouleversent. Il faut bien sûr se laisser porter par ses mots dont certains retentissent longtemps dans le silence de la lecture.
Le poète distille ses réminiscences du bonheur tâchées des douleurs de celui qui continue à vivre sans son amour.
Noireclaire est un petit recueil où parfois une seule phrase remplit le clair de la page comme une trace noire, un signe dans le néant.
Noireclaire, mariage de l'infini et de la vie.
Lien : https://valeriehervy.wordpre..
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"Très beau petit livre de Bobin adressé à celle qu'il aimait. Beaucoup de pureté, de douceur, de lumière. "

Ceci était ma première critique, mais après relecture du livre, je voudrais la compléter.

J'ai toujours aimé Bobin, je l'aimerai toujours, aussi ai-je aimé ce petit livre sensible, poétique, qui éclaire sur la vie et la mort.

Cependant, si je veux être honnête, et même si ça me fait mal de penser ainsi car j'aime vraiment infiniment cet auteur, je suis restée un peu sur ma faim...
J'ai comme l'impression que parfois Bobin se répète, qu'il n'ose plus aller plus loin que ce à quoi il nous a habitués, que le succès a bloqué son inspiration. Pour avoir lu tous ses livres, je "n'entends plus son cœur battre" comme il le laissait battre avant, dans ses livres "d'avant le succès". Impression qu'il se complaît un peu toujours dans les mêmes figures de styles, qu'il n'ose plus innover, se livrer, comme il le faisait avant de connaître cette vague de grand succès. Je ressens une forme de "blocage".
J'espère le voir se "réveiller", nous surprendre, dans ses prochains livres.
Ce qui n'empêche que j'ai quand même beaucoup aimé "Noireclaire".
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J'ouvre un livre et c'est le ciel que j'ouvre
Il nous a quitté discrètement comme il a vécu, simplement, et nous sommes riches des mots qu'il nous laisse, j'ai choisi de relire La Plus que Vive et NoireClaire.
Entre les deux livres presque vingt ans ont passé et la présence est toujours vive.
Les mots en offrandes à la bien aimée disparue beaucoup trop tôt, ils disent la vie.
La pérennité des absents dans le coeur des vivants. Pas dans ce qui est figé comme les photos, non les échos du rire qui résonnent toujours, les lieux et les gestes associés.
« Je te parle à voix basse, je te parle à voix folle. »
Elle, c'est Ghislaine et nous aurions aimé être son amie.
Comme tous les grands poètes c'est intime et universel.
Lire Christian Bobin c'est aussi vouloir noter à l'envi toutes ces pépites ; chaque mot est un trésor.
Sans grandiloquence, sans fioritures, juste la simplicité l'apanage des plus grands.
Son oeuvre nous dit de nous émerveiller encore et encore.
« Je suis toujours étonné de voir le peu de liberté que chacun s'autorise, cette manière de coller sa respiration à la vitre des conventions, et la buée que cela donne, l'empêchement de vivre, d'aimer. »
Vous lire Monsieur c'est faire de belles rencontres emplies de sens, de miel et de vie. Merci.
Lire est une passion lente. En cet après-midi de lecture, je fus absente pour cause d'extase, mais si présente à la vie, la vraie, la seule.
©Chantal Lafon

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