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Pierre Brévignon (Traducteur)
EAN : 9782809803839
400 pages
L'Archipel (06/10/2010)
3.7/5   15 notes
Résumé :
1934, comté de Franklin, Virginie, un Etat célèbre pour le trafic d’alcool. Sherwood Anderson arrive à Rocky Mount pour écrire un article sur une femme produisant du whisky de contrebande. L’abrogation de la Prohibition a certes été votée quelques mois plus tôt, mais bon nombre de citoyens se livrent encore au commerce illégal pour survivre ou échapper aux taxes. Un grand procès de bootleggers doit prochainement s’ouvrir, que Sherwood tente de couvrir.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Formidable voyage en Virginie des années 30, parmi les planteurs de tabac, ces hommes durs et fiers, profitant, lors de la prohibition, de la demande d'alcool pour faire naître un peu plus d'argent de leurs terres de poussière rouge.

le choix du titre français me plaît mais l'original, The Wettest County in the World, sonne haut et clair ! Car il faut savoir que “Dans le comté (Franklin), on prétend que 99% des habitants fabriquent de l'alcool illégal ou sont liés au trafic d'alcool.” (Official record on Law observance & enforcement 1935)

le roman, vie quotidienne des moonshiners de Virginie, passant du tabac à l'alambic pendant les années de la Prohibition, les relations avec la corruption institutionnalisée par le procureur du comté, Carter Lee, prélevant sa dîme sur les transactions illégales contre la protection policière, coups et blessures, vies et morts, cette petite histoire dans la grande histoire se finira en 35 lors d'un procès historique : celui de Carter Lee contre les Bondurant. La tribu Bondurant, installée en Virginie au long de la Blackwater : le Père Granville et les fils Forrrest, Howard et Jack et les femmes silencieuses et dures derrières leurs hommes.


Roman dans le roman, l'enquête de Sherwood Anderson (1876-1941) en 1935. Matt Bondurant utilise l'oeil de cet écrivain, témoin critique et passionné des transformations humaines entraînées par l'essor du capitalisme industriel aux États-Unis, de la fin du XIXe siècle jusqu'à la crise de 1929. Il décrit ses relations avec Faulkner et Hemingway et son questionnement littéraire et social. “La littérature est une chose qui nous dépasse.”. Anderson publia en 36 son dernier roman, Kit Brandon, image de Willie Carter Sharpe, égérie des briseurs de blocus.


Conclusion : Romancée et réelle, la vie quotidienne insérée habilement dans l'Histoire, terre sauvage, hommes durs, deux angles de vue, des dimensions littéraire, historique et sociale, une magnifique traduction de Pierre Brévignon qui a surement dû trahir pour notre plaisir…

…tout appelle au plaisir de la lecture dans ce roman historique et familial, aux accents sudistes


Note : La chronique peut se parcourir ou bien, en prendre le temps d'aller sur chacun des liens hypertextes à la rencontre des faits…

Merci à BOB, Blog a book pour cette chance de lire un si bon livre américain.


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Roman de Matt Bondurant.

Années 1930, comté de Franklin en Viriginie. Howard, Forrest et Jack Bondurant arrosent la région d'alcool de contrebande. Howard, revenu de la première guerre mondiale, dissimule une blessure intime derrière une apparence de brute et une soif irraisonnée d'alcool. Sanguin et brutal, il veut faire fortune vite. Forrest est le cerveau, c'est lui qui organise la production et la distribution, sous la façade très factice d'une station-service. C'est aussi lui qui s'oppose au diktat des autorités locales et qui refuse de payer la taxe. Jack, le benjamin, est pétri d'ambitions démesurées et de rêves de réussite flamboyants. Régulièrement, les frères Bondurant s'opposent au shérif et à ses adjoints, et au-delà s'opposent au procureur Carter Lee. Les coups de feu, la violence et la légende qui entourent les Bondurant attirent l'attention d'un écrivain-journaliste: Sherwood Anderson, celui dont Hemingway et Faulkner ont moqué le tout en s'en inspirant.

La Prohibition levée en 1933 et l'Alcohol Tax Unit offrent un arrière-plan intéressant pour un roman qui aurait pu l'être davantage. L'intrigue est là, les personnages aussi. Mais la construction du récit empêche la sauce de prendre... On navigue entre les années 1929, 1930, 1933, 1935, dont la mention n'est pas systématique en début de chapitres. La confusion temporelle, si elle est voulue, dessert l'histoire et le rythme.

Les descriptions de distilleries clandestines, d'alambics de fortune et de caches montagneuses sont belles et rugueuses, mais elles sentent le cliché, la poussière. Rien de nouveau dans ces peintures d'un monde clandestin. Pourtant, on sent bien la volonté de ces hommes assoiffés d'alcool et d'argent. La crise de 1929 et la sécheresse de 1930 sont des malheurs supplémentaires dans la vie rude des habitants du comté de Franklin. Ce comté, réputé pour être le plus violent des États-Unis et celui où circule le plus d'alcool, est un décor angoissant, âpre et plein de promesses trop peu exploitées. le roman noir n'est pas au rendez-vous, ou pas tout à fait.

L'auteur est le petit-fils d'un des frères Bondurant. Il fait oeuvre de récit familial mais c'est la fiction qui l'emporte maladroitement. La conclusion est clairement autobiographique, mais les 300 pages précédentes sont de l'ordre du roman, du fictionnel. Les extraits des gazettes locales sont un ancrage dans la réalité, mais ils sont anecdotiques. La fiction aurait pu l'emporter sans problème - j'aurais d'ailleurs préféré - mais le mélange des genres est mal maîtrisé.

Sherwood Anderson, personne réelle, entre dans la fiction par la petite porte. Il est censé rapporter les faits, mener l'enquête, pour en faire un article. Sa présence est plus qu'anecdotique, elle frise le ridicule. Il sert de faire-valoir à l'auteur lui-même. Auteur méconnu et sous-estimé, il ne regagne pas en noblesse dans ce texte. Obsédé par Willie Carter Shape, genre de Calamity Jane de la Prohibition, il mène une investigation plate et peu active. Blessé par les critiques et les moqueries de ses contemporains, il ressasse un rêve d'écrivain et de reconnaissance littéraire. Si la littérature lui sort des tripes, comme il le prétend, elle n'est pas mise à l'honneur dans le texte de Matt Bondurant.

La lecture de ce texte ne m'a pas déplu. J'ai lu le livre assez vite en attendant que quelque chose se passe, que les pistes soient suivies ou qu'elles se rejoignent. Je l'ai fini sans difficulté mais avec un sentiment de pas-assez. C'est vraiment dommage parce que ce récit promettait beaucoup et les frères Bondurant, "des types disent qu'à force de fabriquer leur whisky, il est entré dans leur sang. [...] Il s'est ancré en eux et n'en est plus reparti." (p. 234), incarnent sans mal des personnages noirs à souhait, comme on voudrait en croiser plus souvent.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Une période, celle de la prohibition aux Etats-Unis, une période où la fabrication, le transport, l'importation et la vente de boisson alcoolisée étaient interdites. Dès le 29 janvier 1919 les états furent privés d'alcool. Un endroit, le comté de Franklin en Virginie occidentale, le comté le plus humide des Etats-Unis. Des personnages, trois frères que la vie n'a guère épargnés et qui se livre au trafic d'alcool.

Au commencement, la grippe espagnole qui décime nombre d'habitants, notamment les voisins des Bondurant avant d'atteindre leur demeure et d'y soustraire la mère et deux des filles. le reste de la famille composée de Granville Bondurant, le père, des trois fils, Forrest, Howard et Jack et d'une des filles Emmy, survivront la mort dans l'âme à la perte des leurs.
Quelques années plus tard, on retrouve les trois frères en plein trafic d'alcool qu'ils produisent eux même ; chacun des frères a une personnalité distincte complétant ainsi les défauts des autres : Forrest le dure à cuire qui a failli mourir égorgé, Howard le vétéran de la première guerre, colosse et alcoolique et enfin le jeune Jack qui n'a d'yeux que pour la richesse et pour Bertha.
Tout se passe très bien, l'alcool coule à flot, l'argent rentre dans les caisses et les autorités ferment les yeux mais tout ce gâte lorsque le procureur Lee Carter décide de toucher sa part. Les frères Bondurant eux refuse de payer, de vrais dure à cuire !

L'enquête menée par Sherwood Anderson, écrivain, demeurant dans une maison d'hôte, à la recherche d'information sur une grande Bootlegger* Willie Carter Sharpe va le pousser à s'intéresser à l'histoire des Bondurant et notamment sur ce qui se passa à Maggodee Creek. Mais dans ce genre de comté lorsque l'on pose une question on n'obtint que le bruit du vent pour réponse.

Des scènes dignes d'un film de gangsters mais aussi des scènes de la vie quotidienne celles de la vie aux champs, une vie suspendue aux bon vouloir du ciel. Et puis il y a des dialogues brutaux et tendres et les drames qui se succèdent.
Trafic, corruption et conspiration sont les maîtres mots de ce roman qui retrace sous un aspect légèrement fictionnel une saga familiale car les « héros » n'étaient autres que le grand-père et les grands oncles de l'auteur.



*Bootlegger est un terme américain qui signifie « l'homme qui cache une bouteille dans sa botte » et concerne tout particulièrement le trafic d'alcool qui s'est instauré aux Etats-Unis et au Canada entre les années 1917 et 1935.


Maison d'hôtes : http://www.claibornehouse.net/
Site de Matt Bondurant : http://www.mattbondurant.com/

Lien : http://www.stemilou.over-blo..
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Un excellent roman de prohibition. le film était un régal, le livre ne déçoit aucunement.
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Une bonne histoire et de bons personnages desservis par une écriture prétentieuse
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
De la foudre blanche, l'alcool distillé

“Jack fit tourner la bonbonne lentement et observa les bulles. Elles avaient la forme de boules iridescentes qui scintillaient en s’élevant dans le liquide avant de se dissoudre en minuscules particules de lumière – au moins soixante degrés. Correct, pensa Jack, même si le goût est horrible. Ils pouvaient toujours le couper avec de l’eau, le colorer avec du charbon, de l’iode ou un peu d’écorce et le faire passer pour un whisky malté. Cricket avait ce talent unique de réussir à se passer des procédés ou des ingrédients essentiels. Plus d’une fois, ils avaient transformé une eau de ruisseau boueuse en whisky de maïs, un alcool dont la belle teinte brune et trouble provenait non pas du tabac ou de l’écorce qu’ils y ajoutaient mais des sédiments argileux présents dans l’eau dont ils s’étaient servis. Ils ne l’avaient distillée qu’une seule fois, sans conviction, dans une boîte de conserve rafistolée avec, pour tout serpentin, un vieux radiateur relié à un seau en fer-blanc et, en guise de filtre, le feutre crasseux de Cricket.”


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Revendiquer constamment sa virilité est le meilleur aveu d'un défaut de virilité. On ne passe pas son temps à revendiquer quelque chose que l'on porte en soi.
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“C’est nous qui contrôlons la peur des autres, tu comprends ? Sans cette peur, nous sommes des hommes morts.” Forrest dixit
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Des types disent qu'à force de fabriquer leur whisky, il est entré dans leur sang. [...] Il s'est ancré en eux et n'en est plus reparti. (p. 234),
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Des Hommes sans Loi Bande Annonce VF
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