Ce livre avait tout pour me plaire et effectivement il m'a beaucoup plu sans toutefois me renverser. La petite histoire dans la Grande, ça j'adore mais, malgré le vif plaisir de lecture, j'ai regretté un manque de profondeur.
Nous sommes à Bologne, en Italie, en 1975 dans la majestueuse propriété des Morganti. Cette famille de richissimes promoteurs immobiliers a fait fortune en deux générations, sans vraiment de scrupules. Ils vivent avec faste, éclat et beaucoup d'humour, avec trois générations : Gianni, le grand-père qui adore sa famille, pose un regard décalé sur le monde et amusé sur lui-même, Manon, la grand-mère, aussi belle que cultivée, qui sait rester elle-même sans rien céder aux conventions, Giulio, le fils et sa femme Elena, moins flamboyants et leur fille, la petite Olivia, une petite au caractère bien trempé qui deviendra une femme à l'avenant.
Olivia n'est pas la seule enfant. Elle est élevée avec Valério, le narrateur de cette très jolie histoire. Valerio comprend au début du livre que même s'il partage tout avec Olivia, il n'est pas un Morganti. Lui il est le fils du jardinier et de la bonne, laquelle bonne est très ambitieuse d'ailleurs. Les enfants sont très liés et le resteront : ils ne cesseront dans leurs vies d'ados puis d'adultes de se quitter et de se retrouver, encore et toujours, ne parvenant jamais à être aussi proches d'une autre personne qu'ils l'ont été l'un de l'autre.
Le livre nous retrace quatre décennies de l'histoire italienne et nous fait vivre de l'intérieur les grands drames du pays (les attentats terroristes des années de plomb, la menace permanente d'enlèvement des enfants, la montée de la corruption, la collusion des affaires et des intérêts publics, l'arrivée de Berlusconi avec les dérives afférentes) et les malheurs familiaux, qui ne sont pas si petits, avec les mariages, les tromperies et les désunions, les naissances et les décès. Nous voyageons aussi de Bologne à Rome et ressentons tout le charme de cette ambiance italienne.
La qualité de la plume est également au rendez-vous, avec une légèreté et un caractère quasiment virevoltant qui emporte le lecteur et rend la lecture agréable et prenante.
Pour atteindre le coup de coeur, il m'a manqué de la profondeur, davantage de gravité, à la manière de l'amour au temps du choléra de
Gabriel Garcia Marquez, l'un de mes livres culte, auquel j'ai beaucoup pensé, car les deux histoires ont beaucoup de points commun. J'aurais notamment aimé mieux comprendre le personnage d'Olivia, pleine de charme mais quand même survolée. Certains chapitres relèvent de l'exercice de style réussi mais du coup on reste un peu à l'extérieur. le tout se lit en étant intéressée et charmée mais pas aspirée et captée. Cela n'en reste pas moins une très jolie lecture.