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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après un court séjour en 2004, où l'on fait connaissance de la famille Raybert, qui accueille des entants abimés, on effectue un bon temporel de 20 ans pour atterrir chez les Snout. Que s'est-il passé ce matin là, après qu'Hervé Snout a pris son vélo pour se rendre au travail ? Comment a t-il pu se volatiliser ainsi ? le jour de son anniversaire, de surcroît ! La voisine qui passe sa journée derrière ses rideaux l'a bien vu partir de sa maison, mais personne ne l'a vu arriver à l'abattoir…


La communication au sein du couple étant réduite à peu de choses, son épouse ne s'est pas inquiétée immédiatement. D'ailleurs, les gendarmes qu'elle avertit ne semblent pas persuadés d'une recherche intensive soit nécessaire. Tant de personnes disparaissent ainsi chaque année, de leur plein gré, pour se créer une autre vie ailleurs !…

Pourtant peu à peu, avec les confidences de l'entourage, une personnalité se dessine. Ce chef d'une petite entreprise est loin de faire l'unanimité autour de lui.

L'originalité de la construction du roman apparaît dans la deuxième partie, puisque nous passons de l'autre côté du miroir…

La quête de la vérité est un puissant appât pour créer l'addiction. Comprendre ce qui s'est passé et découvrir peu à peu la personnalité de cet homme qui ne suscite pas l'empathie. L'auteur n'y va pas de main morte pour imaginer le scénario. S'y ajoutent la violence inhérente à la vie quotidienne dans un abattoir : de quoi alimenter le militantisme végétarien !


Un roman fort, noir, une ironie mordante, habilement construit, difficile à oublier.

345 pages Denoël 10 janvier 2024

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Ne lisez pas La Disparition d'Hervé Snout, si vous êtes sensibles à la maltraitance enfantine, la maltraitance animale et les détails très crus de ce qui se passe dans un abattoir.

Je me suis fiée, au résumé sur Babelio, un livre surement marrant qui va me faire du bien. Je peux vous dire que c'est gore, des scènes difficiles. J'avoue, qu'une fois commencé, je voulais savoir ce qu'il advenait d'Hervé Snout, je n'ai pas été déçue….

La famille Raybert, Alain, le père, a son garage, qui a pour nom « La Générale », Nadine, la mère s'occupe de gosses placés par l'aide sociale, ils ont un fils unique Gabin, super gentil, il s'entend avec tout le monde. Un soir de l'été 2004, ils annoncent à leur fils, qu'ils vont accueillir Gustave, un ado qui a subi de multiples maltraitances, humiliations, brutalités et actes de torture, de la part de ses mère et grand-mère. Donc elle lui demande le meilleur accueil, comme il l'avait toujours fait, comme un frère, ni plus ni moins.

Nous passons au 16 avril 2024, chez les Snout, une belle maison cossue avec tout le confort moderne. Odile Snout, trente-huit ans, une belle blonde, aux formes harmonieuses qui attire les regards. Odile est l'épouse d'Hervé Snout, directeur des établissements Snout et la mère de leurs deux enfants, Eddy et Tara, des jumeaux dizygotes âgés de quatorze ans.

Depuis seize ans, elle est la secrétaire de l'adjoint à la culture, dans la mairie de sa commune. Elle a préparé un boeuf bourguignon, pour l'anniversaire de son mari. Les heures passent, toujours personne, Quelque chose ne tourne pas rond et l'angoisse commence à monter. Ses enfants ont faim, ils finissent par manger. le lendemain, elle téléphone de partout et finit par aller déclarer la disparition de son mari à la gendarmerie. le lieutenant ne semble pas inquiet. Hervé finira par rentrer chez lui, et reprendre son travail. On a bien le droit de disparaître.

Les chapitres alternent, entre, avant et après la disparition. Bien écrit, une très forte tension nous étreint jusqu'au final, il faut avoir le coeur bien accroché.

Dans une langue incisive, Olivier Bordaçarre brosse une analyse glaçante du monde du travail, du couple et de la vie de famille. A lire pour ceux qui osent....

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Dans le paysage littéraire contemporain, Olivier Bordaçarre s'est distingué par son style incisif et ses intrigues captivantes. Son dernier roman, "La Disparition d'Hervé Snout", publié aux éditions Denoël en janvier 2024, ne fait pas exception à cette règle et s'inscrit dans la continuité de certains de ses romans précédents, tel que "Appartement 816". Avec "La Disparition d'Hervé Snout", Bordaçarre nous plonge dans un récit où la tension narrative est palpable dès les premières pages.

Le roman s'ouvre sur une scène de vie familiale apparemment banale : Odile Snout prépare un boeuf bourguignon pour l'anniversaire de son mari, Hervé. Cependant, l'atmosphère se charge d'angoisse lorsque Hervé ne rentre pas à la maison. La disparition soudaine du directeur des établissements Snout, un abattoir, entraîne le lecteur dans une enquête haletante. Les chapitres alternent entre les moments précédant et suivant la disparition, créant un rythme qui maintient le suspense.

Bordaçarre excelle dans la construction de personnages complexes et nuancés. Odile, par exemple, est loin d'être une simple épouse inquiète ; elle est une femme aux multiples facettes, dont la vie se trouve bouleversée par l'absence de son mari. L'auteur dépeint avec brio les dynamiques familiales et les non-dits qui s'accumulent au fil du temps. La communication réduite au sein du couple Snout est un fil conducteur qui souligne les failles de leur relation et, par extension, les travers de la société moderne.

Le roman aborde des thèmes difficiles tels que la maltraitance enfantine et animale, ainsi que la brutalité du monde du travail. Ces éléments sont traités avec une langue incisive qui ne manque pas de choquer, mais qui sert également de métaphore pour les rapports humains. Bordaçarre ne craint pas de plonger le lecteur dans un tourbillon d'horreurs familiales et professionnelles, tout en offrant une réflexion sur les délires existentiels qui animent ses personnages.

Si l'on peut reprocher au roman certaines scènes particulièrement crues, il faut reconnaître que ces moments contribuent à l'authenticité de l'histoire. Ils ne sont pas gratuits, mais participent à la peinture d'un portrait sans concession de la réalité. La force de "La Disparition d'Hervé Snout" réside dans sa capacité à ébranler le lecteur, à le confronter à des vérités inconfortables, tout en le tenant en haleine jusqu'au dénouement.

La prose de Bordaçarre est dotée d'une poésie du quotidien qui contraste avec la dureté des sujets abordés. C'est cette dualité qui confère au roman sa puissance et son originalité. L'auteur parvient à tisser un scénario parfait, où chaque détail a son importance et contribue à l'ensemble de l'oeuvre.

En somme, "La Disparition d'Hervé Snout" est un roman qui marque par son intensité et son audace. Il est à la fois un drame familial poignant et un commentaire social percutant. Olivier Bordaçarre confirme son statut d'écrivain à suivre, capable de nous offrir des histoires qui résonnent longtemps après avoir refermé le livre.

Je recommande vivement ce roman à tous ceux qui osent s'aventurer au-delà du confort des récits conventionnels et qui sont prêts à être dérangés, déroutés, et, au fond, profondément touchés.

Bonne lecture.

Michel.


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Ce livre, « La disparition d'Hervé Snout » est un vrai OVNI littéraire ! Il commence par un prologue assez mystérieux, daté de 2004, qu'on pense d'abord hors sujet vu le résumé du livre. Et puis, pourtant, il se révèlera très instructif sur le passé de certains personnages, après plus d'un tiers de l'histoire.

Vient, ensuite, le récit proprement dit qui se déroule en 2024. Alors qu'Hervé Snout est parti, comme chaque matin, à vélo en direction de son boulot, sa femme lui a préparé un dîner de fête à l'occasion de son anniversaire. Bien qu'Odile et leurs deux enfants (Tara et Eddy) l'attendent pour fêter ça, les heures passent et Hervé ne rentre pas…

Alors que les pièces du puzzle se mettent en place, petit à petit, sans empressement, on se retrouve dans la tête des personnages afin qu'ils nous racontent leur vécu personnel en débutant par Odile mais aussi avec les deux enfants du couple.

Au fil des pages et des révélations des divers protagonistes, on se rend compte que le portrait du principal intéressé est loin d'être sans anicroche… C'est alors que l'introspection dans l'esprit d'Hervé peut commencer et là, vous en aurez pour votre argent !

J'ai trouvé l'écriture d'Olivier Bordaçarre tout simplement stupéfiante et ce, dans le bon sens du terme. Il peut vous narrer les pires horreurs avec une plume élégante et addictive. D'un style à la fois bien souvent critique mais également aussi vif et mordant…

J'ai beaucoup apprécié le sens des détails dont a fait preuve l'auteur, tout au long de l'intrigue. Ce roman noir ne peut vous laisser indifférent. Ironique et original, je suis certaine de ne pas l'oublier de sitôt.

A découvrir !

Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Harcèlement, quels dramatiques dégâts produis-tu sur des vies entières !

Ne connaissant pas encore cet auteur et remarquant très vite au fil de ma lecture qu'Olivier Bordaçarre avait un réel talent de conteur, je suis partie en recherche de sa bio. On comprend que ce talent pourrait être lié à ses autres talents professionnelles. Il a débuté par le métier d'acteur de théâtre et spectacles divers. Il devient très vite formateur en techniques théâtrales et animateur d'ateliers de théâtre et d'écriture. Il écrira alors ses propres créations théâtrales. En 2006 il écrit son premier roman « Géométrie variable ». La disparition d'Hervé Snout est son dixième roman.

L'histoire du livre.
Il faut la débuter par un prologue qui relate une courte histoire familiale qui s'est passée en 2004. L'auteur y présente un couple, Nadine et Alain Raybert, qui ont un fils, Gabin. Leur maison héberge des enfants placés où tous savent qu'ils repartiront un jour, mais auxquels ils veulent donner un moment de chaleur, de bien-être, parfois un nouveau départ dans une vie chaotique. C'est le cas du jeune Gustave.
Puis nous oublions toute cette histoire jusqu'à près de la moitié du livre, moment auquel on voit réemmerger des personnages.

Au début effectif du roman, on est parachuté au 16 avril 2024, journée anniversaire du père de famille, Hervé Snout. Odile Snout, 38 ans, attend le retour de son mari afin de partager un diner d'anniversaire avec leur jumeaux de 14 ans, Eddy et Tara. Toute leur vie est très organisée, l'environnement très High-tech, leur vie file tout doux. Oui mais, aucune nouvelle, ni retour de l'époux ce soir-là. La tension monte très vite.

L'auteur nous plonge ensuite dans la tête des personnages. La vie de l'épouse ainsi que le vécu des jumeaux ont été minutieusement décortiqués. Les personnages gravitant tout autour vont progressivement révéler de multiples facettes de ce cher Monsieur Snout. Plein de petits détails jalonnent le récit et rendent la lecture agréable. Notre petite tête est occupée à inventorier, ranger, essayer de deviner ce que cache sa disparition, ou plus simplement ce que cache ce cher Hervé.

L'écriture d'Olivier Bordaçarre est fluide, juste, contemporaine et sans bavures. La construction est bien faite. Les chapitres alternent entre avant, pendant et après la disparition. Bel angle de vue.
En refermant le livre, je me suis posé des questions : pourquoi n'a-t-on pas davantage parlé de cet auteur ? Ses précédents livres étaient-ils moins bons ? Pour quelles raisons a-t-il été aussi peu visibilisé, si peu mis en avant par les médias ? A fouiller.
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Assurément un roman très noir mais l'auteur instaure par sa narration détachée (et parfois très cynique) un regard d'entomologiste sur ses personnages ce qui permet de surplomber le récit sans ressentir une empathie trop douloureuse pour toutes les victimes conscientes ou inconscientes de ce récit.
Partant de la disparition soudaine du directeur de l'abattoir de la région, l'auteur décrit avec une froide lucidité un monde chaotique où le sens de la vie (au sens de signification et direction) est en voie de disparition. L'abattoir, lieu où se passe une grande partie de l'action, décrit un univers cacophonique ou la violence, la peur, la souffrance et la détresse deviennent métaphoriquement le reflet de la vie intérieure d'une bonne partie de notre société. Au travers de plusieurs destins, et de la vie d'une famille "lambda" d'aujourd'hui, l'auteur brosse le tableau d'un monde devenu brutal, inhumain, barbare et déboussolé. La faute à quoi et à qui ?
Moi qui suis plutôt « âme sensible », j'ai quand même parfaitement réussi à tenir jusqu'au bout malgré les avertissements de lecteurs ou lectrices. Il est vrai que les scènes d'abattoirs ne sont pas réjouissantes mais si elles n'étaient pas là, ce texte n'aurait aucun sens. Si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à lire les critiques babéliennes sur le sujet. Il y en a d'excellentes.
Résumé :
Odile Snout s'affaire dans la cuisine de son pavillon cossu. le boeuf bourguignon qui a mijoté toute la journée est prêt. Avec ses deux adolescents, elle attend son époux, dont on fête ce soir-là l'anniversaire. Les heures passent et Hervé ne se montre pas. Quelque chose ne tourne pas rond chez les Snout et l'angoisse commence à monter. le lendemain matin, à la gendarmerie, le lieutenant ne semble pas inquiet. Hervé finira par rentrer chez lui, et reprendre son travail. On a bien le droit de disparaître.
Dans sa langue incisive d'où émerge une poésie du quotidien, Olivier Bordaçarre brosse une analyse glaçante du monde du travail, du couple et de la vie de famille.

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Hervé Snout alors. Quelle était donc la shortlist des autres noms potentiels ? Je paierais cher pour la zieuter. Car c'est qu'il en a sous la semelle Olivier Bordaçarre, je me carapatais de mon boulot merdique pour aller le lire sous mon plaid. Sans doute un brave type, impertinent comme il faut, qui rigole du dedans et vous fait des clins d'oeil complices.

Cette fable noire au cynisme jouissif a décapé mes soirées. L'auteur a eu le pif pour consteller mon imaginaire gêné d'une galaxie de personnages aux qualités morales excellemment douteuses. Y'a quelques mandales qui se sont perdues, croyez-moi. Ma main me démangeait fort face à ces objets hétéroclites que je voulais voir prendre cher.

Dans la famille Snout, je demande : papa Hervé, le viriliste crétin nous réjouissant par son affligeante médiocrité. Maman Odile, dont la douceur de la peau n'a d'égale que l'aridité matrinoniale traversée. Lara, la fille, au sens aigu sur mille choses, carrément scintillante face à son frère Eddy, âne bâté encombrant trop occupé à se branlocher sur sa tablette.

Le reste n'est pas piqué des hannetons, cerclé dans un decorum désarmant d'abattoir. Ça sanguinole, suinte le sang vicié, de sales types se donnant des airs d'importance, dégorgeant leur masculinité en jouant du menton dans une insolence excessive.

Bordaçarre nous tire à bord d'un sacré merdier et je le remercie pour cet ouvrage qui fleure bon le sang frais. L'entreprise était ambitieuse, pénétrer l'opacité des abattoirs, leur impénétrable moiteur qui fait lamper l'air par la bouche, des viscères par kilomètres, luisants comme des limaces, écoeurants et avilissants pour qui s'y frotte. J'aime beaucoup l'idée, celle de convoquer les lecteurs face à leur propre ambiguïté, la tension interne soulevée par l'implacable vérité : l'industrie de la viande est gratinée.

Vous êtes avertis du danger, mûrs à point pour un cas de conscience, car se cogner le fonctionnement de la mise à mort des bestiaux, c'est signé, votre flexitarisme va en prendre pour son grade. Ça ou vous êtes un vieux con.

J'ai surnagé les premiers chapitres comme un petit chiot pas doué. C'est que l'archétype des personnages m'a fait tirer la langue, je les ai trouvés à ça de la caricature : l'expression d'un virilisme toxique se gargarisant connement dans une violence extrême, la gaminette lesbo-végé-dans-le-turfu, le flic alcoolique aux tendances suicidaires, l'époux pervers, l'écolier tourmenté et harcelé, bref des personnages modelés par un certain schématisme.

Mais que Monsieur Bordaçarre se rassure, je n'ai pas sombré, mon errance a retrouvé sa stabilité, il m'a repêché in extremis en retravaillant à sa sauce les canons qui peuplent nos imaginaires collectifs. Il enjambe les idées poussiéreuses façon vieille France chiante émaillant son écrit de problématiques actuelles. J'ai trouvé le petit père sensible aux idées nouvelles : le rapport au vivant et à l'écologie, la masculinité désirable, la transmission filiale, la santé mentale... je valide.
Une lecture corrosive et divertissante.
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Ces nouvelles couvertures de la maison d'édition Denöel sont plus qu'intrigantes et la curiosité peut s'avérer payante comme ce fut le cas ici pour moi avec cette lecture.

J'ai tout d'abord été séduite par la plume de l'auteur et un brin déboussolée par l'enchainement du premier et deuxième chapitre, j'ai d'ailleurs recommencé ma lecture à 2 reprises à ce sujet.

Trés rapidement nous suivons la famille d'Hervé Snout, en effet celui-ci directeur d'un abattoir n'est pas présent au repas du soir sur la date de son 45ème anniversaire.

Nous allons suivre la famille, sa femme et ses enfants concernant l'absence d'Hervé et les questionnement de chacun concernant celle-ci, les interrogations de sa femme en premier lieux puis celles de ses enfants adolescent.

Puis dans une seconde partie nous allons nous intéresser au dernier moment d'Hervé Snout avant sa disparition sur son lieu de travail, je préféré prévenir Hervé étant directement d'un abattoir il y a beaucoup de scènes concernant la mise à mort de beaucoup d'animaux et même si j'ai le coeur bien accroché, j'avoue avoir refermé ce livre à plusieurs reprises à ce sujet.

Il y a cependant un côté haletant avec en bonus ce compte à rebours et le récit est avalé à grande vitesse.

De petites facilités mais je pardonne celles-ci car la plume de l'auteur est vraiment très sympathique à lire et je n'ai pas encore lu de thriller dans ce cadre.

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Ce roman est comme une vague. Il se forme doucement dans les premières pages, pour venir se briser violemment sur les personnages.

L'auteur alterne avec beaucoup de maîtrise les scènes avant et après la Disparition d'Hervé Snout.

2004 - Famille Raybert : c'est une famille d'accueil pour mineurs en difficulté. Ils reçoivent Gustave, un adolescent maltraité, torturé par se mère et grand-mère. « Ses mère et grand-mère rivalisent d'ingéniosité, galvanisées par l'alcool, la haine, la bêtise et l'esprit de compétition. »
Le fils de la famille, Gabin, le prend immédiatement sous son aile.
Entre les deux garçons, l'affection est solide et sincère.

16 avril 2024 – Dix heures et 34 minutes après la disparition.
Famille Snout : le père, Hervé, patron d'un abattoir de bovins et de porcs, disparaît sans laisser de traces. Il est parti au travail, comme d'habitude, en vélo… Sa femme, Odile, est inquiète. Elle, qui voulait retisser les liens de leur union plutôt distendue à l'occasion de son anniversaire…
Elle se décide à alerter a police, qui pense plutôt à un départ volontaire et ne prend pas très au sérieux son angoisse.
Une famille en apparence unie. Odile est une jolie quadra blonde qui trompe généreusement son mari. Les deux ados, Eddy et Tara, un garçon et une fille, faux jumeaux, sont à l'opposé l'un de l'autre.
Au fur et à mesure des jours qui défilent après la disparition, le lecteur pénètre un peu plus dans l'intimité de cette famille et se pose des questions.

18 avril 2024 – deux jours après la disparition – salle de musculation
Le lecteur fait connaissance avec 3 salariés de l'abattoir : trois « bourrins » de la fonte, racistes, brutaux et limités.

Deuxième partie : avant la disparition
23 février 2024 – 53 jours avant la disparition
Le lecteur fait la connaissance d'Hervé Snout, odieux, infect, pourri, carnassier, au propre et au figuré, et surtout du fonctionnement de l'abattoir, des gens qui y travaillent. On retrouvera nos 3 bourrins et les 2 fils Raybert.

Les +++ :
- Un scenario magistralement conçu où le lecteur ne lâche rien tant qu'il ne connaît pas la vérité. Et même quand il la connait, oh ! Dure et terrifiante réalité, il veut savoir ce qui va arriver après…

- La déshumanisation de l'abattoir, traité comme un personnage à part : « On ne peut travailler dans un tel endroit sans devenir fou. ». Est-ce lui qui corrompt les gens qui y travaillent, ou sert-il d'exutoire aux cassés de la vie, aux barbares ?

- Des personnages très campés, attachants ou répulsifs. « Gentils » ou « pourris ». Et encore…. Certains « gentils », ont des facettes bien noires…

- La puissance des blessures de l'enfance, et leurs conséquences dramatiques quand elles ressurgissent.

- Une dénonciation féroce de la bêtise, de la lâcheté.

Les ---
- Les scènes de mise à mort des animaux, les rires gras, le sadisme sont difficiles. Je comprends bien qu'il faut les décrire, les subir puisque l'auteur les dénonce. Mais si vous êtes comme moi, ultra sensible au bien-être animal, il faut passer ces pages. le faire ne m'a pas empêchée de suivre parfaitement le déroulé de l'intrigue. Donc, ces séquences sont sans doute utiles. Etait-il nécessaire de les faire aussi abondantes ? Chaque lecteur répondra….

- Les deux gendarmes sont plutôt caricaturaux. le lieutenant gentil qui tombe amoureux d'Odile Snout, le capitaine, qui ne croit plus en rien, et surtout plus en l'utilité des forces de l'ordre….

«Si les abattoirs avaient des murs en verre, tout le monde serait végétarien » Paul McCartney

Magnifique thriller que l'on peut amputer des scènes d'abattage.

Lu dans le cadre du Prix Orange 2024.
Merci à la Fondation Orange et aux éditions Denoël de m'avoir permis de découvrir cet auteur talentueux.

Lien : https://commelaplume.blogspo..
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La disparition d'Hervé Snout c'est l'enfer du quotidien, de la vie "normale" mis en roman.

Un couple qui bat de l'aile après des années de mariage entouré de leurs deux ados névrosés qui s'éloignent petit à petit. Un travail qui rend littéralement cinglé et où l'alcool est le seul et unique moyen de ne pas sombré dans la folie. Un enfant brisé physiquement et surtout psychologiquement recueilli dans une famille aimante. Mais le mal est fait. C'est déjà trop tard pour lui.
Et puis... Une disparition mystérieuse.

Tous ces petits riens de la vie, mis bout à bout, tous ces trucs normaux de l'existence, quand ils s'enchaînent d'un coup, ouvrent les portes de l'enfer.

La disparition d'Hervé Snout est un roman noir plein de frustration, rempli de fureur et dégorgeant de sang ! Un choc littéraire comme on veut en lire plus souvent.

Une dernière chose mais pas des moindres (et même si la formule est éculée elle a toute sa place pour ce roman) : âme sensible s'abstenir (vraiment).

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