Un beau matin du mois d'août 1936, Fernand Torrès, un jeune homme de bonne famille, débarque à Paris. Envoyé à la capitale pour y suivre des études de médecine, il y retrouve son ami de régiment, André. Première surprise, celui-ci a viré coco ! Entre lutte des classes et poursuite du guilledou, Fernand a bien du pain sur la planche.
Ce premier tome du Recul du Fusil commence, toute proportion gardée, à la manière de la Comédie Humaine de
Balzac. Fernand, tel Rastignac, monte à la grande ville et apprend vite, souvent à ses dépends, les rouages de la société. Ses premières tentatives de séduction se révèlent catastrophiques et, s'il se retrouve mouillé dans l'action politique militante, c'est plus par mégarde que par conviction. Malheureusement, les différentes étapes de la « formation » du héros se succèdent sans trop de liens apparents. le scénario de Sébastien Bordas (Docteur Heraclius Gloss) ressemble à une collection d'anecdotes, toujours très amusantes, mais manque foncièrement de structure. Fernand apprend et finit par se forger un sacré caractère. Cette évolution, racontée bien trop brusquement peine à convaincre sur la longueur. En arrière plan, l'ancrage du récit à l'époque du Front Populaire et de la montée des fascismes en Europe apporte un petit air historique tout à fait appréciable.
En plus du scénario, qui rappelle beaucoup le Gus de
Christophe Blain, l'auteur paye également son « dû graphique » au dessinateur du Réducteur de Vitesse. Malgré la forte parenté entre le sujet et le traitement graphique,
Jean-Sébastien Bordas ne se limite pas à faire du sous-Blain. Son style propre est déjà en place. La mise en scène générale, notamment la construction des scènes d'actions, est très bien pensée. Les angles de vue sont originaux et, souvent, audacieux. La fuite de Fernand et André sur les toits de Paris, par exemple, est particulièrement dynamique et entraînante.
Un premier volume sympathique qui se laisse lire avec plaisir.