Il y a une jeune fille, seule survivante d'une tragédie qui survint des années plus tôt. Cette jeune fille est élevée par des petits hommes qui lui apprennent à manger des framboises en croquant la vie à pleine dents. Elle décide ensuite de partir découvrir le monde. Émerveillée, elle voit, sent, touche, écoute, apprend, éprouve. Elle croise la route de Jilano, une guide, un ami, un maître, et tellement plus, qui arpentera la Voie à ses côtés et l'aidera à prendre son envol. Elle apprendra à se découvrir réellement. Elle est Ellana. Elle est vivante. Elle est libre. Elle est marchombre.
Une. Grande. Claque. Non, pas vraiment une claque, plutôt une brise, un vent pur, beau, libre, doux et rempli de poésie. D'habitude j'essaye toujours de donner un plan à mes critiques pour ne pas me perdre et ne rien oublier mais pour celle-là, ça va être très compliqué. Crois-moi, ce roman est plus qu'un coup de coeur, si je pouvais, je lui mettrais 10, 100, 1000 étoiles.
Que cette chronique va être difficile à écrire, comment retranscrire ces sentiments qui m'ont parcourut quand je lisais ce roman ? Comment exprimer cet amour que j'éprouve envers chaque personnage ? Comment expliquer cette sensation que je ressentais à chaque page que je tournais, chaque phrase que je lisais, chaque mot que je déchiffrais ?
Je vais tenter, mais je ne promets rien. Mais, même s'il s'avère que ma critique n'est absolument pas convaincante, il faudrait que chaque personne essaye de lire ce roman, au moins une fois. Pour moi, je pense sincèrement qu'il restera mon coup de coeur à vie, je n'en trouverais pas un qui me marquera autant que lui.
Mais commençons d'abord par le commencement. Dans ce roman, on suit Ellana, qui m'avait fascinée et captivée dans les deux premières trilogies de
Pierre Bottero, et que j'ai été extrêmement heureuse de retrouver. Au début de l'histoire, ce n'est pas Ellana, la marchombre libre et forte que nous connaissons qu'on suit, mais une jeune fille. Une jeune fille dont on ne connaît pas le prénom, une jeune fille qui a survécu bien malgré elle, à une attaque de Raïs qui a causé la mort de ses parents et une jeune fille qui est ensuite élevée par des Petits. Elle est très curieuse, pleine de sagesse et d'intelligence en dépit de son jeune âge et, pour elle, chaque question à deux réponses : celle du savant et celle du poète. le savant est terre-à-terre, raisonnable et précis ; le poète est beauté, justesse et liberté.
J'ai absolument adoré, admiré et respecté la personnalité d'Ellana. Elle est éprise de liberté et veut à tout prix découvrir le monde, les gens, la vie. Indépendante, sûre d'elle et libre, son dicton est de ne pas dépendre des autres et de ne laisser personne dépendre de soi. En plus de nous donner goût à la liberté, de nous faire nous rendre compte que notre vie est finalement bien monotone et, peut-être, de nous permettre de remettre en question nos choix et décisions, Ellana nous fait réfléchir, penser, regarder la vie, les gens, le monde et les relations d'une autre manière. C'est, comme je le disais, une jeune fille extrêmement vive et intelligente, qui se pose énormément de questions sur tout et n'importe quoi. Il y a notamment une question, qui la suit tout au long du roman et dont elle trouve la réponse au fil de sa vie, et nous au fil de notre lecture : ‘'Est-ce raisonnable de s'attacher aux gens alors qu'à tout moment ils pouvaient vous être arrachés ?''. Je te laisse réfléchir à ça…
Mais revenons à nos moutons. Les Petits. Ce sont des petites personnes, arrivant à peu près à la taille d'un adulte, qui vivent dans la paix et l'amitié tout en mangeant des framboises. Oukilip et Pilipip sont des Petits. Ils sont sympathiques, drôles et insouciants, bien qu'un peu… perdus de temps en temps. Ces deux-là recueillent une jeune fille, retrouvée au milieu des restes d'une attaque, d'un carnage, d'une boucherie. N'ayant absolument pas l'habitude de s'occuper d'enfants, ils la laissent sauter d'arbres en arbres grâce à de périlleuses pirouettes, essayer d'apprivoiser un ours-élastique avec des framboises et explorer la forêt des Petits de fond en comble. Ce fut une des premières étapes de la vie d'Ellana.
On va ensuite apprendre la manière dont elle reçoit, apprivoise et adopte le nom d'Ellana, la suivre dans sa découverte de la ville, de la foule et du monde. Elle va vivre, apprendre et expérimenter des tas de choses, voir des paysages magnifiques et rencontrer des gens merveilleux. Un jour son chemin croise celui de Jilano. Et tout change à nouveau. Il va lui ouvrir les yeux sur une Voie qu'elle parcourt depuis toute petite, mais qu'elle n'a jamais remarqué. Celle des marchombres.
Commence alors ma partie préféré du roman : son apprentissage avec Jilano. Ellana enchaîne combats, entraînements, crochetage de serrures, lancer de poignard, tir-à-l'arc, escalade, course, baignade dans des rivières glacées… Mais surtout, elle apprend. Poésie, harmonie, partage. Pour moi ce sont les trois maîtres-mots que je retire de cet apprentissage.
Jilano… Lui je l'aime, comme tous les personnages qui peuplent cette histoire. Avant-tout, j'aime la relation qui se tisse entre lui et Ellana. Il n'y a pas de bons mots pour la décrire, ce n'est sûrement pas une relation amoureuse, ni fraternelle, ni paternelle et bien plus qu'une amitié. Elle est forte, puissante, merveilleuse, belle, pure, douce, pleine de respect. Indescriptible. C'est la relation maître-apprentie. Guide-apprentie.
C'est pour moi le meilleur livre de
Pierre Bottero, celui dans lequel sa plume est la plus belle et mon livre préféré (oui, il dépasse ‘'Tes mots sur mes lèvres'' qui détenait la première place depuis bien longtemps…). Arrêtons-nous sur sa plume le temps de quelques lignes. Les marchombres sont, pour moi, avant tous des poètes, qui voient la vie d'une toute autre manière, en prenant le temps d'apprécier chaque petite chose que la nature nous offre et en les exploitant au mieux. Qui dit poète, dit bien évidemment poème, et ce roman est truffé de magnifiques poèmes marchombres, exprimant chacun quelque chose de fort et de beau. Chaque phrase que prononcent Ellana, Jilano ou même Sayanel, chaque paysage de ce livre, chaque sensation que ressentent les personnages, chaque combat, action… Tout est absolument doux, frappant et poétique. Je pense que c'est cet ouvrage qui a laissé le plus d'espace à la plume splendide de
Pierre Bottero et ça se ressent. Ce roman est à l'image même de son héroïne, libre et marchombre.
Un immense coup de coeur.