Sarah ! Je te voudrais collée à moi tout le temps. Tu ne sais pas ce qu'est l'horreur d'être coupé de l'autre, dans le noir, quand le noir se remplit de soupçon.. (...)
Raphaël, après tout , souffrait du même mal que moi: il ne doutait pas du monde, il doutait de lui, de son aptitude à retenir ceux qu'il aimait. (p. 87)
Chacun s'enferme, comme moi, dans le cocon qu'il tisse. Cocon invisible où un seul se relie à un seul. Autour, le monde existe, surabondant. Il déborde des journaux, des bulletins d'informations, des images en marée. mais ce monde est à tous et il n'est à personne. Je ne tiens en vie que par ce lien, heureux ou douloureux, qui fait exister, dans cet océan d'êtres humains anonymes, un homme, une femme. (p. 82)
"Sarah, tu me rends mes yeux !" Raphaël m'a dit cela. Il s'est arrêté sur le trottoir et il m'a embrassée. Il détestait pourtant se donner en spectacle. Se donner à voir est si dangereux quand on ne peut renvoyer le regard, quand un jugement ne peut croiser l'autre. (p. 36)