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Agatha Christie, je ne connaissais que les romans policiers. Avec ce roman « pur » écrit sous un pseudonyme, je découvre une auteure aux talents multiples.
Nous sommes dans les années 20. Lors de l'inauguration du nouvel Opéra national de Londres, « le Pain du Géant » fait sensation. Il est l'oeuvre d'un compositeur nommé Boris Groen. Qui est cet homme qui vient révolutionner le monde musical ? Qui pense que la musique n'est pas faite pour être figurative mais devrait être comme les mathématiques, une science pure ?
Agatha Christie aurait aimé faire carrière dans la musique et a d'ailleurs suivi des cours de chants et de solfège. Sa grande timidité l'empêchera cependant de réaliser son rêve. Au fil des pages, on sent dans ses commentaires et ses références, sa grande connaissance et sa passion de l'opéra.
Ecrit dans les années trente, ce roman nous offre un panorama assez précis -et sans concession- de la vie bourgeoise de cette époque. Sous une plume drôle et cruelle à la fois,
Agatha Christie dénonce la condition de la femme, l'éducation des enfants, la lâcheté des hommes, l'ennui des uns et des autres et la superficialité de ce milieu qu'elle connait bien. Avant-gardiste, féministe avant l'heure, elle glisse nombre de ses réflexions personnelles dans ce roman dynamique, bouleversant les convenances.
Pas de meurtre ici, mais des morts. Celle d'un père d'abord, d'une tante, mais aussi mort à soi-même, à l'enfance et au passage trahisons et déceptions. « Les choses qui meurent perdurent et les choses qui restent périssent. » écrit Vernon Deyre, le héros.
Et au coeur de cette intrigue, la musique. Abhorrée d'abord, adulée ensuite, au point d'en faire une quête impossible de l'absolu, une unique raison de vivre. Bref, une histoire racontée avec brio, vive et surprenante, aux nombreux rebondissements, malgré de longues et précises descriptions, caractéristiques du style anglais et de l'auteure.
Un excellent moment de lecture et une découverte bien agréable.