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EAN : 9782924519035
305 pages
La Peuplade (22/08/2015)
3.69/5   8 notes
Résumé :
Souleye et sa famille arrivent du Sénégal et s'installent à Montréal. Ils veulent « devenir d'ici », ne pas se retourner. Mais tout ne se passe pas comme prévu, et P'pa se retrouve dans le sous-sol de l'appartement, où il se met à creuser un trou. Ou est-ce un puits ? Son esprit semble en transit entre deux continents. Pour Souleye, les questions fusent et les réponses n'ont pas de formes connues. Simplement, il faut reboucher la folie de P'pa. Souleye, que sa nouve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Comme point de départ à son roman, David Bouchet pose la question s'il vaut mieux être con que d'être un raté? et comme on dit familièrement ici, vaut-il mieux passer pour un cave plutôt que de passer pour un « looser«?
La question est loin d'être anodine, surtout dans la tête d'un enfant d'âge scolaire, et que cette question ne soit pas de nature académique, qu'elle provienne de la vie réelle des jeunes dans la rue, ceux d'hier comme ceux d'aujourd'hui: donc intemporelle! enjolive sa problématique.

Cette question: con ou raté interpelle un garçon d'une douzaine d'année que l'on surnomme Soleil qui vit avec son grand frère et sa petite soeur dans une famille d'immigrants du Sénégal. Dès le départ, Soleil prend position en faveur du raté, mais la question possède d'autres implications qui seront élucidées en cours de lecture du roman.
Il y a sa mère qui est une sorte « winner » parce qu'elle a trouvé du travail ici alors qu'elle avait de la difficulté à en trouver dans son pays d'origine. Puis il y a son père qui passe pour un « looser » parce qu'il n'aboutit pas à trouver un emploi ici, alors que c'était facile pour lui d'en trouver dans son pays d'origine. Petit à petit, le père va se décourager, sa condition psychologique va se détériorer; le trou qu'il va creuser sous terre est une métaphore pour sa condition d'exclus. On suit chacune des étapes qui le conduira à son hospitalisation avant de le suivre dans sa réhabilitation.

Le regard que pose Soleil sur la société du Québec est intéressant à cause d'un constant va-et-vient entre la culture sénégalaise et la culture québécoise. « Au Sénégal on dit « boutique de Guinéen », ici on dit « dépanneur ». Au Sénégal, lorsqu'on déménage: « on ne dit pas qu'on va quitter. On s'en va tout d'un coup et tout le monde nous cherche ».

Le jeune garçon porte sur la société québécoise un regard différent, comme s'il regardait une chose pour la première fois et j'ajouterais que ce regard se pose avec plus d'objectivité parce que cette personne n'est pas encore impliquée personnellement dans son nouveau monde. Ce qui produit une lecture qui arrive à nous surprendre avec des constats que le lecteur n'avait pas réalisé.

Alors qu'il se trouve dans une piscine publique de Montréal, Soleil remarque que l'homme blanc est plus corpulent du tronc que des membres alors que c'est l'inverse pour l'homme noir avec des membres qui sont allongés.

On retrouve dans le mode de pensée Sénégalaise un peu de cette naïveté mélangé avec du gros bon sens et une dose de pensée magique qui fait vivre les choses inanimées qui sont autour de nous, et qui nous fait penser aux comparaisons entre la culture québécoise et Sénégalaise que l'on retrouve chez Boucar Diouf, cet humoriste québécois qui est aussi d'origine Sénégalaise.

Voilà une lecture instructive qui ne nous laisse pas indifférent.

Daniel Saindon
Montréal, le.2 mai 2016
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Souleye Gueye à 12 ans. Il arrive avec sa famille à Montréal pour entamer une nouvelle vie. C'est une histoire de migrants avec ses tristesses, ses découvertes, son déracinement et peu à peu son enracinement. En tout cas pour les plus jeunes, parce que tout est plus dur pour les parents. Surtout pour P'pa. Émigrer c'est partir en exil et ça P'pa le sait bien puisqu'il a donné pour instruction à sa famille de ne pas se retourner. Jamais.

"Je comprends pourquoi il ne faut pas se retourner. Parce que plus le temps passe et plus se retourner devient difficile, les visages s'effacent, mais le souvenir reste et il torture, ce souvenir." (p.224)

Mais voilà P'pa n'arrive pas à trouver du travail et un jour un boudiouman va lui voler ses souvenirs. Alors, P'pa va s'enfoncer dans la folie, s'installer au sous-sol et s'acharner à y creuser un trou. Un trou très profond.
Et Souleye, que son amie Charlotte a baptisé Soleil, lui, va s'acharner tout au long du roman à reboucher la folie de P'pa.

Au travers des questions qu'il se pose avec une certaine candeur, il nous fait vivre le courage de sa mère qui doit seule élever 3 enfants pendant que P'pa est à l'hôpital, la folie de son père qu'il croit passagère comme si celui-ci n'était encore qu'en transit entre deux cultures, deux continents, son amitié avec Charlotte mais surtout la découverte des us et coutumes de son nouveau pays et la difficulté d'être différent.

"C'est vrai que c'est compliqué, quand même. Et ils parlent de minorités visibles, pour dire tout ceux qui vivent ici et qui ne sont pas comme eux. Visibles, car pas blancs. Et nous on en est. Comme on est noirs, on se démarque et on nous voit. Mais P'pa, il voulait aussi rajouter la notion de minorité audible parce que lui, il a l'accent français, et au téléphone, ça s'entend."

C'est savoureux même si le sujet est grave car il traite des questions d'identité, d'immigration et de racisme. Et David Bouchet a su éviter de tomber dans le misérabilisme, en utilisant un enfant au regard empli de naïveté, d'ouverture et d'humanité.
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Avec son premier roman SOLEIL, l'auteur David Bouchet (Daouda Toubab) nous illumine par son écriture et jette un peu de lumière sur une histoire plutôt ombrageuse, une histoire de migrants, qui nous est transmise à travers les mots du jeune Souleyman, 12 ans, rebaptisé Soleil par son amie Charlotte.

Soleil est certainement une histoire de déracinement, mais c'est aussi une histoire de famille, d'amitié et d'humanité. Soleil est un jeune et courageux sénégalais venu s'installer au Canada avec sa famille, sans plus regarder en arrière. Parce que comme le dira son père à leur arrivée au pays : «c'est une nouvelle vie qui commence. Tout se passe devant nous maintenant… Et surtout, il ne faut pas se retourner.»

Mais tout ne se passe pas toujours comme on l'espère et les espoirs sont souvent déçus. le père qui voulait se réaliser, devenir un migrant que les gens admirent, n'y est pas arrivé. Petit à petit, il s'est enfermé dans le sous-sol, ne voulait plus en sortir, puis s'est mis à y creuser un trou et à s'y enfoncer un peu plus chaque jour.

Au-delà de la question de la folie du père, l'auteur pose un regard juste et neutre sur les questions d'identité, d'immigration et de racisme.

Un roman tout en lumière, un roman qui, malgré tout, fait du bien!
Lien : http://carnetdunelibraire.co..
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Soleil est un livre à lire et relire en ces temps où la xénophobie fait rage. Apprendre à comprendre l'autre, à l'accepter, surtout, apprendre de l'autre, dans toute l'amour qu'on peut s'apporter.
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critiques presse (1)
LaPresse
15 septembre 2015
Une histoire de migrants (...) comme des millions d'autres que l'on voit aux actualités en ce moment. Mais celle-ci est vue, vécue et vaincue par un courageux enfant sénégalais.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ils ont aussi des animaux. Surtout des chiens. Parce qu’ici, la vie de chien, c’est une belle vie en maudit. Ça, c’est typiquement québécois comme expression, “en maudit”, mais ce n’est pas tout le monde qui doit l’employer. C’est-à-dire que les chiens ont une vie ici qui est meilleure que la vie de beaucoup d’enfants au Sénégal et ailleurs dans le monde aussi. Et je n’exagère vraiment pas. Je connais beaucoup de talibés de Dakar, ces petits enfants de la rue qui mendient dix-huit heures par jour, qui préféreraient être chien à Montréal. Ici, un chien, c’est un être à part entière. On lui doit respect et politesse. On lui met un manteau et des chaussettes l’hiver. Il a ses propres salons de beauté et de coiffure.
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« Car les Québécois, ils ont facilement peur. Et ce n’est pas une peur normale, comme des monstres ou de la mort. C’est une peur de fondre. Malgré le froid. P’pa nous a dit ça, c’est une peur de se dissoudre comme un cachet dans l’eau, et c’est très compliqué de l’expliquer ou de la comprendre parce qu’elle n’est pas reconnue comme les autres. Et pourtant, beaucoup d’Africains l’ont connue, cette peur, beaucoup d’humains à travers la planète. Avec cette peur, on ne fait pas de grimaces ou de tremblements de mâchoire, on ne devient pas bleu quand on est blanc. Ce n’est pas physique. C’est une peur cachée qui coule avec le sang dans les veines et qui irrigue leur cœur. “C’est une vraie peur sauvage”, dit P’pa, une peur préhistorique qui date de très longtemps. La peur de disparaître. C’est la même peur que les Amérindiens (moi, je croyais que c’était “les amers Indiens” au début et je ne comprenais pas si c’était une histoire de goût ou de caractère), et je comprenais ce que P’pa me disait quand il parlait du problème de fondre. Parce que les Amérindiens (ici, on dit aussi “Premières Nations” ou “Autochtones”), qui sont ceux qui ont vraiment découvert Christophe Colomb, se sont fait dissoudre aussi par la colonisation des Blancs. Et voilà pourquoi les Québécois ont peur. »
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On peut rester longtemps sans rien se dire, Charlotte
et moi, sans se regarder, juste être l’un à côté de l’autre,
sans voir le temps passer. C’est seulement la présence
qui compte. On est comme des vieux amis, c’est comme
si on se connaissait depuis toute notre vie. Le silence
parle entre nous. On écoute la ville, on observe les gens,
on suit les nuages, on leur invente des noms et une histoire.
Puis on revient sur terre, on trace des dessins avec
des petites branches sèches dans la neige. Charlotte
dessine beaucoup de coeurs, des coeurs pas très arrondis,
presque carrés, avec des angles.
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