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EAN : 9781517466909
168 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (19/09/2015)
4.23/5   22 notes
Résumé :
Lorsque les morts se mettent à sortir de leurs tombes, les questions fusent : Comment est-ce possible ? Quel danger ces zombies représentent-ils pour les vivants ? Que faire d’eux ? Tandis que les journalistes s’enthousiasment et que les médecins s’émerveillent, les politiques tergiversent, le tout formant un brouhaha grotesque. L’inaction devient coupable lorsque le nombre de zombies devient préoccupant, chaque semaine en offrant des milliers supplémentaires. Faut-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Je continue à apprécier la plume et la variété des thèmes abordés par Monsieur Bouffanges, et si parler de zombies n'est pas original en soi, le faire de cette façon l'est bel et bien.
Pour commencer, il y a le contexte franco/français de cette histoire, et le rôle qui va être assigné à ces non-vivants, ces êtres revenus... à la vie ? pas vraiment, et c'est là l'un des aspects intéressants de cette lecture, car les problèmes engendrés par ce phénomène vont soulever beaucoup de questions, et surtout énormément de problèmes.
Sujet de curiosité minoritaire et par conséquent très bien supporté et toléré au début, le cas des zombies ne va pas tarder à entrer dans une autre dimension quand les cas de "retours" à la vie vont se multiplier de façon exponentielle jusqu'à devenir un sujet de crise au niveau national.
Crise politique, crise sanitaire, crise de conscience, l'auteur va s'en donner à coeur joie, car au-delà de cette histoire se cache une caricature pas toujours tendre de notre société, critique souvent facile même si talentueuse que je ne commenterai pas ici.
La question que je me suis posée tout au long de cette lecture est de comprendre le rôle dévolu aux zombies dans cette histoire aux différents niveaux de lecture, je ne suis pas sûr d'être entré dans la tête de l'auteur pour pouvoir le définir.
En fait peu importe, ce qui compte c'est qu'une fois de plus, Bouffanges a réussi à me captiver et à me garder attentif jusqu'au bout, et ça, j'apprécie toujours.
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Un célèbre copain, qui s'appelle Aristote, me confiait il n'y a pas si longtemps : « Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer. »
Et voilà qu'un certain Bouffanges, et néanmoins ami, propose une autre vision de l'humanité, un peu moins maritime certes : il y aurait donc selon lui les vivants, les morts et les non-morts.
Non-morts, c'est un doux euphémisme pour dire zombies, vous l'aurez compris au titre...
Jusqu'à présent je n'ai jamais vu de zombies sauf dans les films fantastiques et aussi en politique. Mais moi je vous parle ici de la vraie vie.
Dans ce récit, tout commence par un fait divers, puis un second, et un troisième qui va corroborer des faits convergents... Des personnes semblent revenir de la mort, frapper à la porte des vivants, de leurs proches... Les événements se traduisent tout d'abord par une forme d'incompréhension du milieu médical... Rapidement, reliés par les journaux locaux, ils prennent un retentissement médiatique sans précédent à l'échelle nationale...
Les premiers symptômes montrent bien que ce ne sont ni des vivants, ni des morts...
Le milieu médical va même les désigner sous le nom, le beau nom grave de thanatorésistants...
Au départ bien sûr, on cherche à minimiser les faits, à tous les échelons où des décisions se prennent, ou ne se prennent pas d'ailleurs...
Le pouvoir politique finit par s'affoler, - il met un peu de temps à réagir comme d'habitude, puis commence à être ébranlé. On appelle cela une crise.
Même l'Église s'en mêle... Il n'y a jamais eu autant de "fidèles" à aller à la messe. C'est un peu comme dans Manon des Sources, lorsque l'eau avait disparu...
Au début, ces zombies m'ont paru innocents, sauf à considérer que suspendre une cardiologue en milieu hospitalier dans l'exercice de ses fonctions, créer une crise politique majeure, soulever le couvercle posé sur le problème du financement public des hôpitaux, sont loin d'être innocents...
Dans les rares films fantastiques que j'ai vus et aussi sur la chaîne de Public Sénat, j'ai eu l'occasion d'observer des zombies... Ils se ressemblent tous dans leurs allures d'avancer...
Il y a souvent des zones d'ombre dans leurs territoires de prédilection, l'endroit d'où ils viennent aussi, des marécages, pour ne pas dire des marigots, ils se reconnaissent aussi à leur manière de se dévorer entre eux, surtout lorsqu'ils sont proches les uns des autres, dans le même clan... Je parle bien sûr des zombies, je dis ça pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté dans mes propos...
Le récit de Bouffanges se lit d'une traite, à la manière dont nous appréhendons aujourd'hui l'information. Des flashs infos courts, des dépêches de l'AFP, des reportages de chaînes locales ou nationales, des conférences de presse, des réunions interministérielles de crise...
À l'Assemblée Nationale on s'invective.
Chacun y va de sa petite musique...
Moi je préfère la petite musique de nuit de Mozart.
Des tombes se soulèvent, des êtres frémissent, s'élèvent, bougent, avancent...
Bientôt ils sont des milliers, on ne sait plus que faire pour les accueillir, les prendre en charge, les concentrer dans des lieux dédiés, les détruire peut-être comme le propose un célèbre parti d'extrême-droite... Au fond, ils étaient morts déjà, qu'est-ce que ça va changer ? argumentent-ils...
Ces lieux dédiés, on les appelle tout d'abord des centres de rétention, mais les chargés de communication des ministères ont trouvé que c'était mieux de parler désormais de centres d'accueil. Cela faisait plus propre sur le papier...
Dans cette bataille politique avec pour toile de fond les élections présidentielles, on oublierait presque que ce sont des pères, des mères, des frères, des enfants dont il s'agit, ce sont les morts ou plutôt les non-morts de ceux qui survivent dans cette société à la dérive, car c'est bien d'une société en déliquescence lâche et immorale dont on parle ici, une société qui s'effondre, une dystopie sociopolitique...
J'ai déterré ce texte entre les vivants et les morts...
Une ironie mordante voire caustique traverse le récit, et à chaque fois je me disais : tiens ça me rappelle quelque chose ! Je cherchais l'évocation d'un récit de fiction lointain qui me parviendrait parmi ces Mémoires d'outre-tombe... En vérité, brusquement le déclic me vint comme une claque : cet univers impitoyable se déroulait sous mes yeux, sous ma fenêtre... Cette société était bien la nôtre dans sa manière de traiter la différence...
La déliquescence du service public. Où commence où s'arrête la question du bien commun. Les intérêts privés quand le bien collectif n'est plus préservé et qui prennent le pas puisque la nature a horreur du vide... Tout était là sous mes yeux ahuris...
Comment ne pas voir ici une triste pantomime de notre société qui part en ... qui part en..., - vous mettrez le mot qui convient et qui vous pend aux lèvres...
C'est un récit court, morcelé au premier abord, construit sur un rythme addictif. Les découpages se couturent très vite en une logique implacable autour d'un fil conducteur tendu vers son dénouement. Un texte prenant, touchant, dérangeant, cruel, qui nous entraîne de gré ou de force devant le miroir que nous renvoie notre société...
Chapeau bas, Bouffanges !

Merci à toi Nicola de m'avoir invité à cette lecture !
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Mon tour est enfin venu de découvrir Bouffanges, grâce à "Zombies", livre que j'ai vu passer un certain nombre de fois parmi mes amis babelionautes. Je remercie tout particulièrement @NicolaK, qui s'est proposée spontanément de m'envoyer quelques ouvrages de l'auteur. Après quelques couacs de la Poste (ça m'apprendra à préférer lire sur papier plutôt qu'en numérique), et maintenant que j'ai enfin terminé mes emprunts à la bibliothèque, je peux désormais m'y consacrer. Je n'avais pas prévu de commencer par celui-ci, mais le thème du mois d'octobre voulant que je lise un livre avec des créatures fantastiques/surnaturelles (défi mensuel de Booknode), "Zombies" s'est donc finalement retrouvé tout en haut de ma pal prioritaire.

Dans une petite ville de Corrèze, au domicile de la famille Grelon, Sylvain est en train de mater "Z comme Zombie" à la télé lorsqu'on frappe à la porte. Il ouvre et se retrouve nez à nez avec sa grand-mère... qui a été enterrée quelques jours plus tôt... Admise aux urgences de l'hôpital de Limoges, les médecins ne comprennent pas comment cette petite vieille dame de 73 ans peut être autant en forme et avoir un tel appétit alors que son système cardiaque et respiratoire ne fonctionne plus... Madame Grelon est le premier thanatorésistant recensé, bien d'autres après elle sortiront de leur tombe. Leur nombre devient préoccupant : il y en a des centaines de milliers...

À noter en premier lieu et essentiellement l'originalité du style de narration : comme une sorte de reconstitution ou d'état des lieux, les faits sont relatés sous forme de rapports et de compte-rendus, d'articles de journaux ou de revues scientifiques, de flash infos radiophoniques ou télévisuels, d'extraits d'émissions TV diverses, d'interviews ou de débats politiques, etc. C'est assez impersonnel, puisqu'il n'y a en fait pas de personnages, bien que certains reviennent assez souvent. C'est assez inhabituel, mais finalement très réussi et ingénieux. Cela nous permet de suivre les événements de points de vue très divers : médical et scientifique, politique et gouvernemental, médiatique, sociologique et économique, religieux, sanitaire, moral et éthique également.

Le ton donné se veut ironique et satirique, pour peu qu'on sache lire entre les lignes (ou pas, ce n'est pas toujours nécessaire). C'est subtilement et intelligemment bien construit. Je n'ai d'ailleurs pu m'empêcher de faire un parallèle avec la gestion de la crise sanitaire due à la Covid-19 (alors que ce livre est paru en 2015...) ou encore faire le rapprochement entre les centres de rétention administrative qui accueillent les immigrés et les centres d'accueil dans lesquels sont parqués les thanatorésistants...

Loin des zombies qu'on a l'habitude de voir ou de lire, ceux de Bouffanges sont juste des revenants sortis de leur tombe. S'ils ont un appétit vorace et qu'ils émettent une odeur quelque peu putride, ils ne sont pas méchants, ni violents, ils ne sont pas sanguinolents et décérébrés, ne se nourrissent pas non plus de chair humaine. Des êtres "normaux" si l'on peut dire, qui ne peuvent s'exprimer et cicatriser, mais qui gardent un esprit vif et ressentent la douleur. Pas d'horreurs, ni d'épouvantes donc. Pas de quoi nous dégoûter non plus. Très soft finalement.

Mais beaucoup de "politiquement incorrect" qui dénonce subrepticement un système gouvernemental incompétent, qui se fiche bien de son peuple et ne se préoccupe essentiellement que des prochaines élections présidentielles...

Un livre sans réelles émotions mais dont le style impeccable de l'auteur se suffit à lui-même : cruellement satirique.
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« D'un raz-de-marée qui les a jetés là
Marins des trottoirs sans port ni belles histoires
Les seuls embruns sur leur visage
Sont ceux du dédain sur leur passage »
Mano Solo

Après avoir découvert « Rodden Eiland » qui proposait une très intéressante réflexion sur la société, la démocratie, je retrouve le style inimitable de Bouffanges dans ce nouveau récit à la fois sérieux et humoristique.
A première vue, cette histoire de zombies est très éloignée de mes lectures habituelles et de ma zone confort, mais ce récit emprunte d'autres chemins qui ne me sont pas inconnus. En effet, il s'écarte des schémas classiques du genre pour proposer une réflexion autour de la place des réfugiés dans notre société.
Ce n'est donc pas dans ce roman que vous trouverez des pages ruisselantes de sang dans lesquelles l'espèce humaine vit ses dernières heures, où les survivants luttent face à des hordes déchaînées de morts-vivants.

Dans « Zombies », l'auteur inverse les rôles et les zombies sont des personnes défuntes, autrefois aimées et respectées, qui se réveillent dans leur corps mort, en décomposition. Bien entendu, elles ont les grandes caractéristiques des morts vivants : absence d'activités cardio-respiratoires, absence d'interaction sociale et d'échanges.
J'aurais dû les trouver repoussantes mais j'ai eu, au contraire, de l'empathie pour ces zombies, ces rescapés qui se retrouvent propulser dans un monde qui n'est plus le leur, qui ne veut plus d'eux et les rejette.

*
Le récit débute lorsqu'une première femme revient à la vie alors qu'elle était enterrée depuis trois jours dans le caveau familial.

« La façon dont la septuagénaire est parvenue à s'extraire de son cercueil, puis à refouler la terre qui l'ensevelissait reste un mystère. On ne peut toutefois s'empêcher de songer à son calvaire si elle avait été inhumée dans un caveau lourdement fermé de marbre. »

Et puis, d'autres morts se mettent à sortir de leur tombe et ce qui au départ était vécu comme un miracle devient très vite un problème majeur. Et puis, ce sont des milliers de morts qui reviennent à la vie.
Que faire des tous ces morts-vivants qui mangent comme quatre, qui se décomposent et encombrent les hôpitaux par la nécessité de soins ?

« Elle pensa au calvaire que serait maintenant la vie de sa patiente. Elle serait mise à l'écart, utilisée à des fins scientifiques comme un vulgaire rat de laboratoire, pour servir de méprisables ambitions personnelles. »

*
Dès les premières pages, puisant dans les faits réels que l'on reconnaît sans mal, Bouffanges installe une atmosphère remarquablement addictive, teintée d'un humour ironique et noir.
Dans une succession de chapitres courts et rythmés, Bouffanges mélange avec fluidité, tranches de vie, faits divers relayés par différents médias, rapports scientifiques, réunions de service entre médecins, réunions de crise au gouvernement, … mettant en scène tous les acteurs de ce drame, politiciens, syndicalistes, médecins, religieux, familles des défunts, réseaux sociaux, …

Chacun y va de ses idées pour régler ce regrettable problème qui devient très vite une crise humanitaire, sanitaire, économique et politique.

Bouffanges se livre ainsi à une reconstitution de cette crise majeure en tenant compte des pensées, des réactions, des prises de décisions de toutes les parties prenantes. L'auteur se joue des prétentions, de l'hypocrisie, de l'arrivisme, du manque d'humanité de tout ce petit monde.
Leurs paroles m'ont fait sourire, d'un sourire un peu désabusé tellement elles ont été dites et redites lors de discours ou d'émissions télévisées, tellement ces mots sont creux, ne laissant parler que l'égo et la suffisance de ces hommes avides de belles paroles et de bons mots.

*
« L'homme est capable du meilleur comme du pire, mais c'est vraiment dans le pire qu'il est le meilleur. »
Corbin

Dans ce récit, les hommes, pour assouvir leurs ambitions mesquines, sont capables des pires travers. Ils font preuve d'intolérance, de médiocrité, d'hypocrisie, d'indécence, de malhonnêteté, d'immoralité face à ces personnes vulnérables, mutiques qui n'ont pas les mots pour se défendre, allant jusqu'à les déshumaniser, violer leurs droits car plus tout à fait humaines.

La fin m'a plu, comme si, parfois, le destin se mêlait du sort des hommes et renvoyait l'ascenseur !

*
En rendant hommage à « À tous les morts-vivants de Méditerranée », l'auteur aborde les questions relatives aux crises migratoires, au statut des réfugiés, à leur protection et leur intégration dans la société.
Il interroge également sur les notions de responsabilités individuelles et collectives, de même que leurs implications tant éthiques que morales.

*
Pour conclure, Bouffanges propose, avec ce récit court et sans temps mort, une lecture originale qui renouvelle le mythe des zombies. Elle échappe au cliché des morts vivants pour embrasser des problématiques sociétales d'aujourd'hui.
En refermant ce livre, je me suis demandée si, en définitive, les zombies n'étaient pas nous-mêmes, des individus de plus en plus égocentriques, individualistes, ultra-connectés mais incapable de voir la détresse et la misère devant nos yeux.

Ce très bon roman est à découvrir. Pour ma part, je ne manquerai pas de poursuivre avec Calamity Zombie.

*
Un grand merci à tous mes ami.es, NicolaK, Yaena, Elea, Bernard, Patrick qui ont su trouver les mots pour me faire venir dans leur univers.
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Zombies: quand j'entends ce mot, je vois tout de suite les créatures effrayantes des croyances vaudoues ou des films d'horreur, qui reviennent à la vie pour aller dévorer les vivants.
Ici il n'en est rien. le phénomène se passe en France et uniquement en France. Les zombies, ou non-morts, ou thanato-résistants comme ils seront successivement désignés, sont des personnes récemment décédées qui reviennent à la vie, mais qui même s'ils sont dotés d'un appétit vorace, ne se jettent pas sur les vivants pour les dévorer, ... au moins dans un premier temps.
Il ne sont plus morts, ils ne sont cependant pas revenus complètement à la vie: pas de respiration, pas de coeur qui bat, pas de sang qui circule, et en conséquence, pas de possibilité de guérison de leurs blessures.

Un phénomène donc complétement inédit, que la société dans son ensemble a du mal à appréhender. Et c'est là que l'auteur nous réjouit, malgré la dureté du livre, nous réjouit par son humour , mais nous glace aussi quand on assiste à l'évolution des prises en charge du phénomène.

La critique est dure, et ils sont nombreux à en être la cible , qu'ils s'agissent des médecins, plus avides de publications et de reconnaissance que susceptibles de compassion ou d'empathie, à quelques exceptions près, des politiques niant l'ampleur du problème, puis s'en emparant pour racoler les électeurs, ou se débarrassant de la "patate chaude" vers leurs opposants ou plus simple encore vers des membres de leur propre formation.
Les journalistes ne sont pas épargnés, ni les réseaux sociaux dans leurs dérives qui renchérissent sur les évènements.

Tout cela est mis en valeur par la forme choisie par l'auteur, successions de communiqués, d'extraits d'émission, de communications médicales, de compte-rendus de réunion, et aussi plus classiquement de relations d'évènements, chacun de ces chapitres ne prenant que quelques lignes. La lecture est donc rapide, prenante, addictive.

L'issue sera tragique.

A coté de toutes ces personnes aux commandes, ce livre nous pose à chacun la question: Qu'aurions-nous pu faire? comment aurions nous réagi ?
et j'ai trouvé très instructive l'évolution d'Étienne, volontaire dans un centre pour être proche de sa tante, plein d'empathie pour ces morts vivants, qui finira par renier tous ses principes.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
4.Réunion de service, hôpital de Limoges, mercredi 9 décembre

Dr Lieberman : Quelqu’un a-t-il une explication ?
Dr Hugues : Évidemment que non, personne n’a d’explication !
Dr Lieberman : Dr Hugues, cessez de systématiquement me manquer de respect. Ce n’est pas parce que nous traversons une crise qu’il faut oublier à qui vous vous adressez…
Dr Hugues : Alors, cessez de poser des questions idiotes. Vous espérez vraiment que quelqu’un va vous expliquer, comme ça, au débotté, comment une vieille dame de 73 ans peut vivre sans battement cardiaque ?
Dr Paillet : Arrêtez de vous disputer, et reprenons, si vous voulez bien. On peut essayer de faire un tour de table des éléments dont nous disposons ?
Dr Lieberman : Bonne idée. Commençons par ce qui a l’air d’aller bien. Dr Paillet, côté neurologie ?
Dr Paillet : Réflexes centraux normaux, réflexes médullaires idem. Peut-être une légère hyperréflexie des membres inférieurs, mais le scan a montré plusieurs hernies discales lombaires, et une spondylose assez marquée.
Dr Hugues : La pleine forme, en somme ?
Dr Paillet : Pour son âge, c’est plutôt la forme de mon côté, oui.
Dr Lieberman : Dr Lambert ? Côté orthopédie, tout va bien aussi ?
Dr Lambert : Parfaitement. Je dirais même plutôt trop bien. Mince, elle a quand même réussi à excaver cinq mètres cubes de terre après avoir défoncé son cercueil…
Dr Lieberman : Dr Franck ?
Dr Franck : Nickel. Une tuyauterie de première ! Elle dévore tout ce qui lui tombe sous la dent, et elle nous a déjà fait une selle ce matin.
Dr Hugues : Ah, la gastro-entéro, quelle belle spécialité !
Dr Lieberman : Dr Hugues ! Puisque vous avez envie de parler, allez-y, comment ça se passe niveau cardiopulmonaire ?
Dr Hugues : Ah, mais très, très bien. Parfait, même. Pas un battement cardiaque depuis qu’elle est ici, le diaphragme en grève, et les poumons doivent être affiliés au même syndicat, manifestement.
Dr Lieberman : Vous êtes sûre de vos machines, Dr Hugues ?
Dr Hugues : Non, évidemment, mais figurez-vous que j’ai été jusqu’à me donner la peine de poser mon stéthoscope, histoire de vérifier…
Dr Lieberman : Et ?
Dr Hugues : Et c’est soit son cœur et ses poumons qui sont en rade, soit mes oreilles.
Dr Lieberman : Qu’est-ce que vous préconisez comme examens ?
Dr Hugues : Mais rien du tout, j’ai déjà tout fait, il n’y a pas à tergiverser quarante ans, cette bonne femme est une morte vivante, point barre.
Dr Lieberman : Arrêtez de débiter des âneries, Dr Hugues, nom d’une pipe ! Bon, on va la transférer aux contagieux, dans une salle à l’écart. Restreignez l’autorisation d’accès aux seuls médecins présents ici, jusqu’à ce qu’on en sache plus…
Dr Franck : Excusez-moi, mais si Vanessa dit vrai, ne faudrait-il pas prévenir les autorités ?
Dr Lieberman : Je ne tiens pas à passer pour un fou furieux, donc on attend d’avoir pu trouver une explication rationnelle. Et d’ici là, pas un mot aux journaleux, c’est bien clair pour tout le monde ?
Dr Hugues : Comptez sur nous, Chef ! Pas question de mettre en péril votre place à la direction de l’hôpital.
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_ Un directeur d'hôpital qui m'appelle en personne, je suppose que vous avez dû en faire une belle et que vous comptez sur moi pour sauver votre pomme !
_ Mais non !
Eh bien ça tombe bien, j'en ai marre de devoir passer mon temps à réparer les bourdes de tout le monde.
_ Écoutez-moi bon sang ! Monsieur le Préfet, ce patient n'est pas mort. Il ne respire pas, son cœur ne bat pas, il n'a pas une goutte de sang, mais nous lui avons réparé son fémur, et il est en forme, il mange, il se déplace...
_ Vous vous foutez de moi, c'est ça ?
_ Je n'ai jamais été aussi sérieux.
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En repensant au Dr Ribeiras du centre de Dijon, qui avait publié le premier cas de décès d'un non-mort, le Dr Lieberman enrageait. Tout le monde se doutait que la décapitation tuerait un non-mort, mais l'étude expérimentale restait délicate. Eux avaient eu la chance d'avoir un résident avec une très large plaie au cou, qui se résumait à la colonne vertébrale, quelques muscles et l'œsophage. Il avait suffit d'une simple chute dans un escalier aux marches de béton pour que la tête se détache.
Le Dr Lieberman ne put s'empêcher de songer combien le sort s'acharnait contre lui, réservant à d'autres la chance et la gloire.
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1.Extrait de Z comme Zombie, film de Sergio Fernandez
Tamara Jones était dévastée par le chagrin. Était-ce l’évident fardeau de sa tristesse, ou sa conception particulière du vêtement de deuil, elle suscitait immédiatement la compassion.
Steven et elle avaient eu un accident de voiture quatre jours plus tôt. On n’avait pas bien vu, mais une ombre furtive, surgissant au milieu de la route, avait contraint le jeune homme à un écart qui avait encastré sa Mustang dans un platane – ou un chêne, comment savoir, en pleine nuit ? Lorsqu’elle s’était réveillée, le cuir chevelu ensanglanté, Tamara n’avait pu que constater combien la mort avait enlaidi ce qui avait été son petit ami ; son œil gauche pendant mollement sur sa joue lui donnait un petit quelque chose de ridicule qui avait fait pousser à Tamara un long hurlement.
Le lendemain de l’enterrement, Tamara avait choisi de s’isoler dans la vieille baraque de bûcheron de Steven, afin de commencer son deuil. Après s’être préparé un sandwich au soja dans la cuisine, en fredonnant un air de Blanche-Neige et les Sept Nains, elle se dirigea vers la chambre. Laissant tomber à terre la chemise de bûcheron, héritée de son amant regretté, qui dissimulait — à peine — des dessous dont l’éclat de couleurs n’avait d’égal que la pénibilité du deuil, elle s’apprêtait à entrer sous les draps, lorsqu’on tambourina à la porte. Tamara se releva, se dirigea en ondulant jusqu’à l’entrée, s’apprêta à ouvrir quand tout compte fait, elle préféra jeter un œil au judas.
Steven était de retour, dans un état de délabrement avancé, son œil droit ne semblant à présent guère plus vaillant que le gauche, qui lui chatouillait la narine. Le teint verdâtre, la peau vermineuse, il émettait, entre deux salves de bave purulente, des grognements dont la traduction exacte restait indécise, mais appartenant plutôt au champ lexical de la mauvaise intention.
Tamara fit quelques pas en arrière, avec toujours ce soin attentif au déhanchement qui est l’apanage des femmes déterminées, puis articula son plus beau hurlement, tandis que Steven défonçait la porte à grands coups de poing, confirmant son intention manifeste de reprendre possession, au choix, de sa maison ou de sa fiancée. Ou des deux.

(Incipit)
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Steven était de retour, dans un état de délabrement avancé, son œil droit ne semblant à présent guère plus vaillant que le gauche, qui lui chatouillait la narine. Le teint verdâtre, la peau vermineuse, il émettait, entre deux salves de bave purulente, des grognements dont la traduction exacte restait indécise, mais appartenant plutôt au champ lexical de la mauvaise intention.
Tamara fit quelques pas en arrière, avec toujours ce soin attentif au déhanchement qui est l’apanage des femmes déterminées, puis articula son plus beau hurlement, tandis que Steven défonçait la porte à grands coups de poing, confirmant son intention manifeste de reprendre possession, au choix, de sa maison ou de sa fiancée. Ou des deux.
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